4 (2 0 0 9 ) STUDIA BOBOLANUM «Vous êtes le Corps du Christ» Card. Albert Vanhoye SJ Religions and Religious tolerance Msgr George Frendo OP La théologie face à Darwin François Euvé SJ STUDIA BOBOLANUM La notion de «religion» dans la théologie de Joseph Moingt Zbigniew Kubacki SJ Il Mistero del Nome Jacek Bolewski SJ Ethics and Spirituality Anna Abram Contemplatio ad amorem Wacław Królikowski SJ Die Jesuiten im Bildungswesen Russlands Georg Schuppener ISSN 1 6 4 2 -5 6 5 0 4 (2009) Die Feier der Begräbnisliturgie in den altorientalischen Vasyl’ Rudeyko 4 (2009) STUDIA BOBOLANUM STUDIA BOBOLANUM Assistant Editors Zbigniew Kubacki SJ (Editor), Artur Filipowicz SJ (Deputy Editor), Jacek Bolewski SJ, Dariusz Gardocki SJ, Paweł Kapusta SJ, Jerzy Seremak SJ Editorial Council Piotr Kasiłowski SJ, Józef Kulisz SJ, Zygmunt Perz SJ, Franciszek Sieg SJ, Marek Sokołowski SJ, Tadeusz Woloszyn SJ Reviewers in the curren volume Rev. Jan Decyk, Paweł Góralczyk SAC Editing Hanna Stompor Graphics Krzysztof Stefaniuk Technical Editing Beata Stepnowska ISSN 1642-5650 Published by The North Polish Province of the Society of Jesus Publishers RHETOS IMPRIMI POTEST The North Polish Province of the Society of Jesus L.dz. 2006/14/P, Warsaw, February 04, 2005 Dariusz Kowalczyk SJ, Provincial Print ARWIL s.c. 03-456 Warsaw, ul. Czereśniowa 16 Contens A RT I C L E S Card. albert vanhoye SJ p. 5 "Vous êtes le Corps du Christ" Msgr George Frendo OP p. 15 Religions and Religious tolerance Francois euve SJ p. 21 La théologie face à Darwin Zbigniew Kubacki SJ p. 37 La notion de «religion» dans la théologie de Joseph Moingt Jacek Bolewski SJ p. 53 Il Mistero del Nome: “Io sono l’Immacolata Concezione” Anna Abram p. 69 Ethics and Spirituality: Self-Sufficiency or Symbiosis? Wacław Królikowski SJ p. 83 L’originalità della Contemplatio ad amorem negli Esercizi spirituali di sant'Ignazio di Loyola Georg Schuppener p. 105 Die Jesuiten im Bildungswesen Russlands vom 17. bis zum 19. Jahrhundert Vasyl' Rudeyko p. 133 Die Feier der Begräbnisliturgie in den altorientalischen Kirchen BOO K R E V I E W S p. 145 Jacek Bolewski SJ: M. Lesiecki CP, Teologiczna pasja. Problematyka konkupiscencji śladami Karla Rahnera, Wyd. Rhetos, Warszawa 2009, [La passione teologica. La problematica della concupiscenza secondo Karl Rahner], pp. 383. „Vous êtes le Corps du Christ”. StBob4(2009) s. 5-14 «Vous êtes le Corps du Christ» Card. Albert Vanhoye SJ Pontificio Istituto Biblico Roma, Italia Dans sa Première Lettre aux Corinthiens, S. Paul a l’audace de leur dire: «Vous êtes le Corps du Christ» (1 Co 12,27), affirmation surprenante, stupéfiante, et d’autre part, extrêmement stimulante. Comment peut-on dire à un groupe de personnes humaines qu’elles sont le Corps du Christ, Fils de Dieu? Sur quoi se base cette affirmation? Comment faut-il la comprendre? Quelles conséquences faut-il en tirer? quelles espérances? quelles exigences pour notre manière de vivre? 1.Diversité dans le Corps du Christ et unité L’affirmation de la Première aux Corinthiens vient dans un contexte où S. Paul parle de l’unité du corps et de la nécessaire diversité des membres du corps, et cela à propos de la diversité des charismes. L’apôtre écrit: «De même que le corps est un, tout en ayant plusieurs membres, et que tous les membres du corps, en dépit de leur pluralité, ne forment qu’un seul corps, ainsi en est-il du Christ» (1 Co 12,12). Étant tous membres d’un même corps, le Corps du Christ, nous avons à maintenir notre unité et à accepter notre diversité, car unité ne signifie pas uniformité, l’apôtre insiste sur ce point. Il insiste sur la nécessaire diversité dans l’unité. Car la diversité n’est pas seulement tolérable, elle est nécessaire pour la vie du corps humain elle est nécessaire pour la vie du Corps du Christ. S. Paul demande: «Si tout le corps était oeil, où serait l’ouïe? Si tout était ouïe, où serait l’odorat? Mais Dieu a placé les membres et chacun d’eux, dans le corps, selon qu’il l’a voulu. Si le tout était un seul membre, où serait le corps? Mais il y a plusieurs membres et un seul corps » (12,17-20). Il faut donc être accueillant à la diversité et attentif à garder l’unité. L’unité ne doit pas être uniformité, et la diversité ne doit pas devenir division. Ces réflexions de l’apôtre n’ont rien perdu de leur actualité, car, chez certains chrétiens, existe la tendance à exiger l’uniformité en croyant servir l’unité et chez d’autres la tendance à exagérer la 5 Albert Vanhoye SJ 6 diversité sans se soucier de l’unité. S. Paul s’est préoccupé d’aider les chrétiens à surmonter le complexe d’infériorité que certaines différences pouvaient provoquer chez les uns et le complexe de supériorité chez les autres. Voyant dans la communauté beaucoup de grands charismatiques, capables de parler un langage inspiré ou de prophétiser, les chrétiens plus modestes avaient l’impression de ne pas appartenir vraiment à la communauté. S. Paul leur fait comprendre que leur différence ne les exclut nullement, car l’unité du corps a besoin de la diversité de ses membres. L’apôtre écrit: «Si le pied se met à dire: Puisque je ne suis pas une main, je ne fais pas partie du corps, cette raison ne vaut pas. Elle ne l’empêche pas de faire partie du corps» (12,15). Le pied représente le chrétien capable de marcher, c’est-à-dire de se conduire en chrétien dans une existence ordinaire; la main représente le chrétien charismatique, capable de toutes sortes d’initiatives et de réalisations admirables. S. Paul dit au chrétien ordinaire qu’il n’a pas à se déprimer: il fait vraiment partie du Corps du Christ. Autre exemple: «Si l’oreille se met à dire: Puisque je ne suis pas un oeil, je ne fais pas partie du corps, cette raison ne vaut pas, elle ne l’empêche pas de faire partie du corps» (12,16). L’oreille représente le simple chrétien capable d’entendre la Parole de Dieu et de lui obéir, l’oeil représente le chrétien charismatique qui, quand il prie, a des visions. Contre le complexe de supériorité des grands charismatiques, S. Paul déclare: «L’oeil ne peut pas dire à la main: Je n’ai pas besoin de toi, ni la tête ne peut pas dire aux pieds: Je n’ai pas besoin de vous. Car les membres du corps qui paraissent plus faibles sont nécessaires» (12,21-22). S. Paul nous dit que notre corps nous donne une leçon de solidarité que nous devons suivre. «Un membre souffre-t-il? Tous les membres souffrent avec lui. Un membre est-il à l’honneur? Tous les membres prennent part à sa joie» (12,26). Dans l’Eglise, dit S. Paul, Dieu a mis une grande diversité de fonctions et de dons. «Il en est que Dieu a établis dans l’Eglise premièrement comme apôtres, deuxièmement comme prophètes, troisièmement comme enseignants… Puis il y a des miracles, puis des dons de guérisons, le don d’assister, de gouverner, de parler en langues». Cette diversité doit être accueillie avec joie. C’est «dans l’amour» que le Corps du Christ se construit. S. Paul souligne fortement l’importance fondamentale de l’amour qui vient de Dieu, de la charité. Les Corinthiens étaient fascinés par les charismes de connaissance, le parler en langues, la prophétie. Au début de sa lettre, S. Paul reconnaît que, dans le Christ, ils ont été «comblés de toutes les richesses, toutes celles de la parole et toutes celles de la connaissance» (1 Co 1,5). Il se garde bien de les féliciter de leur grande charité, car il s’apprête à les réprimander, dans les versets suivants, à cause des divisions qui déchirent leur communauté „Vous êtes le Corps du Christ”. (1,11; 3,3). Leur enthousiasme pour les charismes extraordinaires nuisait aussi, nous l’avons vu, à l’unité, provoquant des complexes d’infériorité chez les uns et des attitudes de suffisance et d’exclusion chez les autres. S. Paul s’est donc préoccupé de corriger l’échelle de valeurs qu’ils avaient adoptée et qui attribuait la première place au parler en langues et la deuxième au charisme de prophétie, ne se souciant pas du tout de la charité. 2. Le chemin de l’amour Après avoir expliqué que dans l’Eglise il faut accepter les différences et se maintenir dans l’unité, S. Paul conclut en disant: «Aspirez aux dons de plus grande valeur» (12,31) et il annonce qu’il va leur montrer un chemin «excessivement» bon. - S. Paul, vous le savez, aime parler d’excès, de surabondance; dans le Nouveau Testament, il est le seul auteur qui utilise le mot grec hyperbolē, qui a ce sens, ainsi que le verbe et l’adverbe correspondants, et il les utilise non moins de 14 fois. - En entendant lire ce passage de la lettre qui leur était adressée, les Corinthiens ont certainement dressé l’oreille, car ils étaient «avides de dons spirituels», S. Paul le leur dit (14,12). Ils se seront demandé quel pouvait être le don extraordinaire que l’apôtre appelait «un chemin excessivement bon». Ils n’ont pas tardé à être renseignés. Ils ont entendu que S. Paul leur indiquait le chemin de l’amour. Il s’en prenait à leurs plus grands charismes et leur préférait très résolument l’amour. S. Paul, en effet, déclare: «Quand bien même je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas l’amour, je ne suis qu’un bronze qui résonne, une cymbale qui retentit»(13,1); quelle douche froide pour les enthousiastes du parler en langues, être réduits à n’être qu’un instrument qui ne donne même pas une mélodie, mais fait seulement du bruit. Remarquez toutefois la délicatesse de l’apôtre; ce n’est pas les Corinthiens qu’il met dans cette situation hypothétique, c’est lui-même. Il ne leur dit pas: «Quand vous parleriez les langues des hommes et des anges, sans avoir l’amour…»; il dit: «Quand je parlerais… sans avoir l’amour…». Il évite ainsi de heurter de front son auditoire et lui facilite l’acceptation de la leçon. Après s’en être pris au parler en langues, il s’en prend à l’autre charisme plus apprécié par les Corinthiens, celui de la prophétie, et il élargit son discours à tout le domaine des connaissances en disant: «Quand j’aurais le don de prophétie et que je saurais tous les mystères et toute la connaissance, quand j’aurais la plénitude de la foi, une foi à transporter les montagnes, si je n’ai pas l’amour, je ne suis rien » (13,2). On ne peut pas être plus tranchant: la surabondance des dons de connaissance, et même de foi, ne me donne aucune valeur, si je n’ai pas l’amour. S. Paul ajoute alors un 3e exemple, encore plus étonnant que les deux premiers, car il s’agit apparemment d’actions extrêmement généreuses, qui sembleraient manifester beaucoup d’amour. S. Paul déclare: «Quand bien 7 Albert Vanhoye SJ 8 même je distribuerais tous mes biens en aumônes, quand je livrerais mon corps aux flammes, si je n’ai pas l’amour, cela ne me sert à rien» (13,3). Le cas envisagé est celui d’actions ostensiblement généreuses, mais réalisées pour se faire valoir. S. Paul rejoint ici l’enseignement de Jésus dans le discours de la montagne: «Gardez-vous de pratiquer ce qui est juste devant les hommes pour attirer leurs regards…Quand tu fais l’aumône, ne va pas le claironner devant toi… afin d’être honoré des hommes…» (Mt 6,1-2). La tentation est toujours grande de chercher à être estimé, admiré, mais alors, on n’est plus dans le règne de l’amour, on n’est plus le corps du Christ, car le corps du Christ est animé par l’amour, il se construit dans l’amour. S. Paul fait ensuite un très bel éloge de l’amour de charité, qui est doux et humble. Puis, de nouveau, il l’oppose aux charismes en disant: «L’amour ne disparaît jamais. Les prophéties seront abolies; les langues cesseront; la connaissance sera abolie» (13,8). «La foi, l’espérance et la charité demeurent, ces trois là, mais la plus grande, c’est la charité» (13,13). Entre parenthèses, on entend parfois dire que la charité est le plus grand des charismes. C’est là une erreur. S. Paul ne dit nullement cela, il dit que la charité est la plus grande des trois vertus théologales, ce qui est très différent, et il l’oppose aux charismes. On peut et on doit dire que la charité est le plus grand des dons de Dieu, car «Dieu est amour»; l’amour de charité nous fait participer à la vie même de Dieu. Mais la charité n’est pas un charisme, car les charismes sont des dons spirituels qui sont distribués de façon diversifiée: tel charisme à celui-ci, tel autre à celui-là. Aucun charisme n’est indispensable pour vivre en chrétien, tandis que les vertus théologales sont constamment indispensables pour la vie chrétienne et, plus que les autres, la charité; sans l’amour de charité, je le répète, on n’est plus membre du Corps du Christ, car ce corps est animé par l’amour. 3. Les bases de l’affirmation Cela dit, cherchons maintenant sur quoi se base l’affirmation de S. Paul: Vous êtes le Corps du Christ. Cela devrait nous conduire à mieux comprendre le sens de cette expression. Je pense que la première origine est à chercher dans l’épisode fondamental de l’apparition du Christ à S. Paul sur la route de Damas et plus précisément dans les paroles que le Christ glorieux lui a adressées: «Saoul, Saoul, pourquoi me persécutes-tu?» (Ac 9,4). J’ai transcrit très exactement le nom prononcé deux fois par le Christ, car ce détail ne manque pas d’importance pour la discussion d’historicité. Il y a, en effet, un problème d’historicité, non pas pour l’événement lui-même, qui est garanti par plusieurs affirmations de S. Paul, mais pour les détails du récit que nous en donne S. Luc; ces détails sont formulés à la façon de Luc et peuvent donc être matériellement un peu inexacts. Les paroles attribuées ici à Jésus par Luc sont-elles parfaitement „Vous êtes le Corps du Christ”. exactes? Oui, car la manière dont le nom de Paul est prononcé par Jésus montre que S. Luc a voulu ici reproduire exactement ce que Jésus a dit en cette circonstance. Dans les Actes des Apôtres, vous le savez, Paul s’appelle d’abord Saul, en grec Saūlos; plus tard, après la conversion du proconsul de Chypre, qui s’appelait Serge Paul, l’apôtre est appelé Paul, en grec Paulos. Mais dans les trois récits des Actes des Apôtres qui racontent la conversion de S. Paul - car S. Luc la raconte trois fois - Jésus ne dit pas Saulos, mais Saoul, ce qui correspond au nom de l’apôtre en hébreu. Dans les trois récits, d’autres détails ne restent pas identiques; certains varient même beaucoup; mais celui-là ne varie pas, ce qui nous garantit l’exactitude de ces paroles. Paul persécutait les chrétiens. Jésus ne lui a pas dit: «Pourquoi persécutes-tu mes disciples?»; il lui a dit: «Pourquoi me persécutes-tu?» et ensuite: «Je suis Jésus que tu persécutes». (Ac 9,4-5; 22,7-8; 26,14-15). Paul a certainement été frappé par cette façon de présenter les choses. Il a compris qu’entre les disciples et Jésus, il y avait une union étroite, que Jésus et ses disciples formaient une unité, de sorte que persécuter des chrétiens, c’était s’en prendre à Jésus lui-même. Paul a-t-il pu comprendre aussitôt que les chrétiens sont les membres du corps du Christ? Cela n’est pas probable, mais il a été mis sur la voie de cette découverte. 4. La solidarité établie par le mystère pascal Ce qui l’a amené à l’approfondir, c’est certainement sa méditation du mystère pascal du Christ et des deux sacrements qui unissent les croyants à ce mystère, le baptême et l’eucharistie. Le mystère pascal du Christ, en effet, est un mystère qui établit une solidarité extrêmement étroite entre le Christ et nous. Pour établir cette complète solidarité, Jésus, dans sa Passion, a accepté le sort des pires criminels, le sort des condamnés à mort. Il l’annonce lui-même dans l’évangile de Luc, lorsqu’il dit à ses disciples: «Il faut que s’accomplisse en moi cette parole de l’Ecriture: Il a été mis au rang des malfaiteurs» (Lc 22,37; Is 53,12). Jésus est descendu jusqu’à ce niveau-là, le niveau le plus bas, pour établir, entre lui et nous, une solidarité qui nous sauve en nous unissant à lui. Cette solidarité nous sauve, parce qu’elle a mis, jusqu’à ce niveau-là, l’amour qui vient de Dieu et la grâce. 5. Union au Corps du Christ par le baptême Cette solidarité établie par Jésus ne devient effective pour un pécheur que s’il l’accepte de son plein gré et y adhère de tout son être. Cela se réalise par la foi et le baptême. S. Paul a compris que le baptême fait de nous des membres du Corps du Christ en nous immergeant dans son mystère pascal. C’est par immersion, en effet, que le baptême s’administrait le plus souvent dans les premiers siècles et l’immersion est un symbole beaucoup plus parlant 9 Albert Vanhoye SJ 10 que le baptême par ablution, qui donne seulement l’idée d’une purification. Engloutie dans l’eau, la personne est comme morte. Revenue à l’air libre, elle est comme ressuscitée. Aux Romains S. Paul écrit: «Baptisés dans le Christ, c’est dans sa mort que tous nous avons été baptisés. Nous avons été ensevelis avec lui par le baptême dans sa mort, afin que, comme le Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous vivions nous aussi dans une vie nouvelle» (Rm 6,3-4). S. Paul dit alors que nous sommes devenus un même être avec le Christ (sumphutos) et il conclut: «regardez-vous comme morts au péché et vivants pour Dieu dans le Christ Jésus» (6,11). Notre acceptation de la solidarité établie par le Christ nous délivre radicalement du péché et nous donne la possibilité merveilleuse de ne plus commettre de faute grave; les membres du Corps du Christ ont cette possibilité, car la vie nouvelle du Christ les envahit et les pousse à vivre dans l’amour généreux. Ils ont évidemment le devoir de réaliser cette possibilité. S. Paul le leur dit avec insistance. «Nous qui sommes morts au péché, comment continuer à vivre en lui?» (Rm 6,2). «Que le péché ne règne donc pas dans votre corps mortel, de manière à vous plier à ses convoitises […] offrez-vous à Dieu comme des vivants revenus de la mort et faites de vos membres des armes qui combattent pour la juste cause au service de Dieu. Le péché, en effet, ne dominera pas sur vous, car vous n’êtes pas sous la loi, mais sous la grâce» (Rm 6,12-14). S. Paul explique ailleurs que, sous le régime de la loi, les hommes, qui sont tous pécheurs, se trouvent dans une situation désespérée, car la loi s’impose aux pécheurs de l’extérieur, elle est écrite sur deux tables de pierre, elle ne change rien au coeur du pécheur, qui est mauvais, elle ne peut que condamner le pécheur et le punir. La grâce, au contraire, est un courant de vie qui pénètre à l’intérieur du croyant et lui donne la force de résister au mal et de faire le bien, en accomplissant avec amour la volonté de Dieu, qui est une volonté d’amour. 6. «Le Christ vit en moi» Le baptême unit au Christ celui qui le reçoit avec foi. Cette union au Christ est une union vitale; elle triomphe du péché, qui est une mort, et elle établit une communication de vie, une communion de vie. S. Paul en a fait l’expérience et il le dit dans sa Lettre aux Galates: «J’ai été crucifié avec le Christ et je vis, non plus moi, mais le Christ vit en moi» (Ga 2,19-20). Quelle audace dans cette déclaration! Elle exprime une union très forte avec le Christ, union non seulement affective, mais existentielle, vitale, basée sur une double conviction. La première est que le Christ a pris avec lui dans sa mort tous les croyants; la deuxième est que cet événement ne reste pas enfermé dans les limites chronologiques de sa date, mais qu’il a une efficacité toujours présente. C’est une mort qui produit une vie radicalement nouvelle, transmise ainsi au croyant. Étant encore dans la vie terrestre, le croyant „Vous êtes le Corps du Christ”. se trouve en relation avec la Passion du Christ et sa mort sur la croix; cette relation conditionne sa participation à la vie du Christ ressuscité, participation déjà effective, quoiqu’elle soit encore imparfaite et susceptible d’être interrompue. S. Paul recevait en lui à tout moment la vie du Christ ressuscité, en même temps qu’une participation à sa mort, à sa mort victorieuse de la mort grâce à la force d’un amour infini. S. Paul mourait continuellement à son moi, dans une docilité parfaite à l’enseignement de Jésus, qui nous demande de renoncer à nous-mêmes et de porter notre croix (Mt 16,24). Cette mort à lui-même, à son amour-propre, à son orgueil et à son égoïsme, ouvrait le passage en lui à la vie du Christ ressuscité qui l’envahissait et le transformait, de sorte que son existence était moins sa vie à lui que la vie du Christ en lui. L’affirmation de S. Paul, «le Christ vit en moi», est une stupéfiante nouveauté. Pour l’expliquer, des situations analogues ont été proposées; par exemple, la présence d’un esprit prophétique dans une personne humaine, ou le cas de Socrate, qui, disait-on, était guidé intérieurement en certaines circonstances par ce qu’on appelait son «génie», une sorte d’ange gardien. Ces analogies sont faibles. Ici il s’agit d’un homme, le Christ, qui vit continuellement dans un autre homme, le croyant, de façon tellement réelle que la vie du croyant devient vie du Christ en lui plutôt que vie du croyant lui-même. La phrase suivante nous permet d’approfondir un peu ce mystère. S. Paul s’y exprime autrement. Il écrit: «Ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi du Fils de Dieu, qui m’a aimé et s’est livré pour moi» (Ga 2,20b). Auparavant, S. Paul a dit: «Ce n’est plus moi qui vis». Il retouche cette déclaration; il admet qu’il vit encore sur terre. Son existence mortelle n’est pas terminée. Il vit encore «dans la chair», c’est-à-dire dans la condition humaine qui nous est commune, avec ses limitations et ses faiblesses, une existence qui comporte beaucoup d’épreuves et qui est sujette à la tentation, à la souffrance et à la mort. Être Corps du Christ ne nous fait pas sortir de la condition humaine. S. Paul a dit: «C’est le Christ qui vit en moi»; il précise cette affirmation en disant: «Je vis dans la foi du Fils de Dieu…»; cela nous fait comprendre de quelle manière le Christ prend possession de la vie de S. Paul. Il ne s’agit pas d’une substitution violente d’une personnalité à l’autre, comme dans le cas des possédés du démon; il ne s’agit pas non plus d’un état d’inspiration mystique. S. Paul parle ailleurs d’extases mystiques qu’il a eues parfois (2 Co 12,1-5). Ici, le cas est différent, car l’affirmation ne se limite pas à quelques moments privilégiés de son existence, elle s’étend à l’ensemble de sa vie sur la terre. C’est par la foi que la vie du Christ pénètre en lui. Le Christ ne s’impose pas à lui, mais se propose à son adhésion de foi. L’absolue fiabilité du Fils de Dieu ouvre à tous la possibilité de la vie dans la foi, qui est vie du Christ dans le chrétien et vie du chrétien dans le Christ, merveilleuse intériorité réciproque. La foi ne se présente pas ici comme 11 Albert Vanhoye SJ un assentiment de l’esprit à certaines vérités, mais comme une adhésion de tout l’être à la personne du Christ. La fin de la phrase indique la base de cette adhésion. La foi se fonde sur la parfaite fiabilité du Fils de Dieu «qui m’a aimé et s’est livré pour moi». Deux motifs font du Christ un appui absolument sûr pour la foi: sa dignté très haute de «Fils de Dieu» et son amour extrême pour nous. La filiation divine du Christ a été pleinement manifestée par sa résurrection (cf. Rm 1,4). Son amour extrême pour nous a été révélé par sa Passion. 7. L’union au Christ par l’eucharistie 12 L’union des croyants avec le Christ est renforcée, jour après jour, par un autre sacrement, l’eucharistie. Nous devons à S. Paul le récit le plus ancien de l’institution de ce sacrement. Il se trouve dans la 1e aux Cor., ch. 11. S. Paul nous dit que c’est «dans la nuit où il était livré» (1 Co 11,23) que Jésus institua l’eucharistie. Les évangélistes ajoutent que Jésus était conscient de cette situation dramatique et qu’avant de prendre le pain, puis la coupe de vin, il déclara à ses disciples: «En vérité, je vous le dis, l’un de vous me livrera» (Mt 26,21). L’engrenage des événements qui allaient amener Jésus à une condamnation et à une mort infâme s’était déjà mis en mouvement. Judas avait comploté avec les ennemis de Jésus. Jésus en était conscient. Il pouvait encore se mouvoir librement. Quelques heures plus tard, on l’arrêterait, il serait lié et ne pourrait plus agir avec liberté. Moins encore, lorsqu’il serait cloué sur la croix. De quelle façon Jésus employa -t-il ses derniers moments de liberté, sachant que son ministère on ne peut plus généreux au service de Dieu et de ses frères et de ses sśurs allait être brutalement interrompu par une trahison, la faute la plus odieuse et la plus contraire à un dynamisme d’alliance, celle qui blesse le plus cruellement le coeur. Quelle serait la réaction humaine à laquelle on pourrait s’attendre dans des circonstances aussi odieuses? Voyons ce que fut la réaction du prophète Jérémie dans une situation semblable. Averti d’un complot tramé contre lui, Jérémie horrifié s’adresse à Dieu et lui crie: «Seigneur tout-puissant, juste juge, qui sondes les reins et les coeurs, puissé-je voir ta vengeance sur ces gens, car c’est à toi que j’ai remis ma cause» (Jr 11,20; 20,12). Telle est la réaction humaine qu’on peut estimer normale dans des circonstances d’odieuse injustice, une réaction qui prend acte de la rupture des relations et pousse cette rupture jusqu’au bout. 8. La victoire de l’amour A la Dernière Cène, Jésus a une réaction complètement différente. Il surmonte sa tristesse et au lieu de renoncer, comme Jérémie, à son attitude généreuse, il la pousse à l’extrême et se sert des événements de rupture pour „Vous êtes le Corps du Christ”. fonder l’alliance, pour offrir à tous la communion. Jésus rend l’événement présent à l’avance, il rend sa propre mort présente à l’avance dans le pain rompu, dans le vin versé, et il la transforme en sacrifice d’alliance, au profit de tous ses frères et de toutes ses soeurs en humanité. Il n’est pas possible d’imaginer une plus grande générosité, ni une transformation plus radicale de l’événement lui-même. On ne peut, en effet, imaginer des circonstances plus contraires à la fondation d’une alliance. Jésus savait qu’il était trahi par Judas, qu’il allait être renié par Pierre, abandonné par les autres apôtres, arrêté comme un malfaiteur, accusé par des faux témoins, condamné avec la pire des injustices, tourné en dérision, maltraité, mis à mort. Et ces événements atrocement cruels et injustes, il les transforme en don d’amour et de communion. Si nous y pensions sérieusement, nous devrions en être stupéfaits. Mais nous sommes trop habitués à la célébration de l’eucharistie et nous ne nous rendons pas compte de la transformation extraordinaire effectuée par Jésus et de l’extrême générosité de coeur qui a été nécessaire pour concevoir cette transformation et pour la réaliser. Lorsque nous recevons la communion, le corps et le sang du Christ mettent en nous cette force d’amour qui nous fait devenir toujours mieux Corps du Christ, membres du Corps du Christ, et qui devrait nous rendre capables de surmonter tous les obstacles qui s’opposent à l’amour et de les transformer en occasions de victoire de l’amour. De la part de Jésus, l’institution de l’eucharistie a été une complète victoire de l’amour sur le mal et sur la mort. Grâce à la force de cette victoire, nous devrions faire sans cesse triompher l’amour en nous et autour de nous. Entre le Christ et nous, l’eucharistie établit une union qui est immanence réciproque, intériorité réciproque. Dans son discours sur le Pain de Vie, Jésus l’a dit: «Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui» (Jn 6,56). Il ne s’agit donc pas simplement d’une alliance qui met les personnes l’une à côté de l’autre, mais d’une alliance qui met les personnes l’une dans l’autre, chose inimaginable avant cette réalisation extraordinaire. Par la communion, le Christ vient en nous, pour nous mettre en lui. Et non seulement pour nous mettre en lui, mais pour nous assimiler à lui, pour nous faire devenir membres de son Corps. S. Augustin l’a dit, l’eucharistie est un aliment d’un genre très particulier, car elle inverse les rapports habituels. Normalement, la nourriture est assimilée par celui qui la mange, c’est-à-dire qu’elle lui devient semblable, elle perd sa nature propre et devient partie de son corps. Dans la communion, le rapport s’établit en sens inverse: cette nourriture nous assimile à elle, elle nous fait semblables à elle, elle nous fait devenir Corps du Christ. Il ne s’agit pas, évidemment, du même genre d’assimilation; au lieu d’une assimilation matérielle, physiologique, c’est une assimilation spirituelle qui se produit, et elle ne se produit pas automatiquement, comme notre digestion, qui ne dépend pas de notre volonté; elle suscite notre assen- 13 Albert Vanhoye SJ timent. Elle ne nous fait devenir Corps du Christ que si nous l’accueillons dans la foi, l’espérance et l’amour, et que si nous nous nourrissons en même temps de la Parole du Christ. C’est pourquoi la célébration de l’eucharistie commence par une liturgie de la Parole de Dieu. Se nourrir du corps et du sang du Christ est un privilège inestimable, une source de grâces inépuisable. L’eucharistie nous fait vivre de la vie même du Christ, elle nous remplit de l’Esprit-Saint qui jaillit du coeur transpercé de Jésus; elle nous donne accès à l’intimité du Père; elle nous fait devenir Corps du Christ, toujours plus parfaitement. *** L’affirmation audacieuse de S. Paul, «vous êtes le Corps du Christ», est d’une profondeur extraordinaire. Il ne faut pas oublier qu’elle est en rapport étroit avec le mystère pascal du Christ, victoire complète de son amour sur toutes les forces du mal et de la mort. Puisque nous sommes le Corps du Christ, nous sommes envahis par l’amour qui nous pousse à remporter de belles victoires, nous aussi. A ce don merveilleux du Seigneur, nous avons à correspondre avec grande confiance et pleine générosité. 14 Religions and Religious tolerance StBob4(2009) s. 15-20 Religions and Religious Tolerance Msgr George Frendo O.P. Albania 1. Religion Can we still speak of religion in a secularized society? In a meeting for European Dominican Provincials in 1993, in which I was present, Hervé Légrand, a French Dominican theologian, said that we must give up speaking of secularization, which he said is a very ambiguous term. Let us rather speak of social change and consequently of the need for the enculturation of religion. Without entering into a discussion about the difference between secularization and secularism and about the different definitions attributed to either of them, I merely want to point out the way in which the process of secularism is usually defined. It is generally defined as that process by which God is gradually excluded first from public life, then from family life and finally also from personal life. But can we state that in actual fact we are living in a world in which God, or rather belief in God, is excluded? Many contemporary sociologists of religion, like Peter Berger, Francis Fukuyama and Grace Davie, argue that this is not the case. It is true that religious practice is dwindling in many western countries, but that does not mean that contemporary man has become a non-believer. At the most we can say that this is a non-practising society, but not a non-believing society. Grace Davie, who first used the phrase “believing without belonging” to depict the religious situation of contemporary Europe, illustrates her point by referring to two events: the 11th September in New York, and the sinking of the Baltic ferry, the Estonia, off the shores of Sweden. In both cases, where did the people go? “Straight to their churches”. Sweden is supposedly the most secular society in Europe. Yet the Swedish people went to the churches; “they expected them to be 15 George Frendo OP there, they expected the Archbishop to articulate on their behalf the meaning of that terrible event” .1 When, more than a decade ago, Jacques Delors spoke of the need “to give a soul to Europe”, and when, only two years ago Nicolas Sarkozy, then Minister for the Interior in France, in his interesting book La République, les Religions, l’Espérance spoke of religion as furnishing man with that spiritual hope which the State cannot give, they were both, in my opinion, expressing man’s unquenchable thirst for God and man’s basic need to enter into communion with God. No one and nothing, not even Enver Hoxha’s militant anti-theism, can eradicate man’s spiritual yearning for God. Man cannot deny God without, at the same time, denying himself. St Augustine described this yearning for God in that famous expression of his: “You have made us for yourself, Lord, and our heart is restless, until it rests in you”. 2. Religious Tolerance 16 Pope John XXIII, in his Encyclical Letter Pacem in Terris, published in 1963 (shortly before his death) considered religious freedom as one of the fundamental human rights which is based on the dignity of the human person. The Vatican Council’s Declaration on Religious Freedom goes on to explain that this freedom means that nobody is forced to act against his convictions in religious matters in private or in public. Moreover, it states that “this right of the human person to religious freedom must be given such recognition in the constitutional order of society as will make it a civil right” (n. 2). The Declaration also welcomed the fact that “religious freedom has already been declared a civil right in most constitutions and has been given solemn recognition in international documents” (n. 15). Is it still necessary to speak of religious freedom and tolerance in the post -modern and post-1989 pluralistic world? Is religious intolerance compatible with a pluralistic society? Or rather is it imaginable that in a pluralistic society religious intolerance can still be possible? I think that since only 60 years ago (that is, until the end of World War II; and some would say even until 1960) a definition of society necessarily included a community of ideas. And this community of ideas included common religious beliefs and moral standards. Religious non-conformity was allowed only so long as it was private. This is still the case today with some countries. The Significance of the Religious Factor in the Construction of a Humane and Democratic Europe, in a symposium on The Role of the Communities of Faith and Co-operation for a Common European Future, Brussels 12-13 November 2001. 1 Religions and Religious tolerance But the new epoch of post-modernism brought with it what we now call “pluralism”, not only political, but also cultural, religious, etc. So long as this means tolerance in the face of political, cultural, and religious differences, that is well and good. But there are many side-effects of pluralism. I shall refer to only two of them. First, pluralism tends to relativise moral principles and the very concept of religion itself. This eventually leads to a neutral attitude in the face of values. But this is a misunderstanding of tolerance. Tolerance and peaceful cohabitation do not mean sacrificing moral absolutes and religious beliefs. A second side-effect of pluralism is what I consider as the great paradox or irony of pluralism: the birth of new forms of conflicts and intolerance. Jonathan Sacks, the Chief Rabbi of the Hebrew communities of the British Commonwealth, in his very interesting book The Persistence of Faith, makes this observation: “Pluralism leads us to expect a growth of tolerance, while in fact it lays the ground for new forms of intolerance. By dismantling and privatising the concept of a common good, it means that no one position is forced to come to terms with the reality of any other. It is no accident that as pluralism has gained ground, there has been a sharp increase in racial tension and anti-semitism”. And as a matter of fact, we have seen this happen in many ex-communist, but also in some western European countries, where new forms of fundamentalisms, dangerous nationalisms, and racisms and nazism have emerged. Can religions be sources of conflicts and intolerance? John Lennon’s popular song Imagine dreams of a world where there will be no religion, and this, he says, will lead to a peaceful life. As if religion is the sole or main stumbling block for a peaceful society! The ex-Archbishop of Canterbury Dr George Carey affirmed that religion “is often a potent binding agent for societies and cultures, part of their fundamental sense of self. And in situations where conflicts arise between communities so defined, politicians and others will often use religion as a way of justifying and even sharpening the conflict.” And in our own times we have witnessed the truth of this statement. Just think of the conflicts in the Balkans, where religion has been instrumentalised by politicians who have given a religious physiognomy to the wars they were waging, as if these were conflicts between Muslims and Orthodox Christians. Or the conflicts in Northern Ireland, where conflicts between proBritain and pro-Ireland assumed the form of conflicts between Protestants and Catholics. Prince El Hassan bin Talal was certainly right when he affirmed, in the general assembly of the World Conference on Religion and Peace held in Amman, Jordan, in November 1999: “What are described as ‘religious conflicts’ usually have little to do with religion and even less to do with religious 17 George Frendo OP 18 doctrine”. And in a similar vein Bodo Hombach, in an address given in Budapest just one year after the conflict in Kosovo, at the time when he was Special Co-Ordinator of the Stability Pact for South Eastern Europe, made this bold statement: “Peace and reconciliation are key religious themes of our times. But we should be conscious that very recently, and not at all far from here, cynical and greedy people instrumentalised religion to help fan the flames of conflict to achieve their brutal-usually in some form, economic-ends”. Religions have an educative role. They educate their followers to respect the irreplaceable dignity and rights of the human person. A prophetic voice in sixteenth century Spain, the Dominican Francesco de Vitoria, in his celebrated book De Indis and in his Declaration on Human Rights emphatically stated that no Emperor or Pope has the right to wage a war or to invade a country with the scope of Christianizing that country; nor can anybody be obliged to embrace any religion against his will and convictions. Religions are for peace, because religions are expressions of belief in and communion with God, creator of all mankind. And this lays the basis for true brotherhood and genuine peace. If in certain circumstances it would seem that this is not true, then we must admit that there is a misconception or instrumentalization of religion and of God himself. No war can ever be waged in the name of God. 3. Beyond Tolerance Albania has always boasted of its tradition of peaceful inter-religious coexistence, and rightly so. Prior to his visit to Albania, on the 25th April 1993, Pope John Paul II said: “I earnestly desire that this visit will serve to strengthen the traditional bonds of fraternal cohabitation which have characterized the relations among the different religions in your country.” And the former President of the Republic, Alfred Moisiu, in his address to Albanian Ambassadors serving in different countries, on the 30th August 2002 made this comment: “We cannot ignore the existence of different religions in our country, rather we appreciate their role for the creation of an atmosphere of tolerance in our society. Albania can boast of the harmonious co-existence among religious communities. A fundamental characteristic of Albanian civilization is its religious tolerance, and this leaves no room for fundamentalists of any religion whatsoever.” One might ask what is the reason for this tradition of peaceful interreligious cohabitation in Albania. Quite often Albanians themselves answer this question by referring to a renowned Albanian author, Pashko Vasa, who said that the religion of the Albanians is “Albanianism”: religion, they say, is secondary to Albanians, so long as there is their national identity that unites them. Personally I do not agree with such a statement. In my opinion, Albania can boast of its peaceful inter-religious cohabitation because in its political Religions and Religious tolerance history there has been no “Ayatollah Khumeini” or “Slovodan Milloshevich” who made use of religion for political aims. But to what extent are we giving witness of a peaceful co-existence that goes beyond mere tolerance? Tolerance is the bare minimum required for a peaceful coexistence. I’m ok, you’re ok; I mind my own business, and you mind yours. But religion demands more than that. It is not enough just to have a drink together with the Orthodox, Muslims, and Bektashians on the occasion of Easter or Bajram. I here refer to a Russian Orthodox theologian, Olivier Clément, who coined the phrase prophetic partnership.2 In other words, we must make a common effort to discover the common prophetic role of our religions. And here we need to stress the importance of an inter-religious dialogue, And by “dialogue” I do not mean a road to relativism, ideological or doctrinal compromise, or syncretism, nor just finding a way towards a passive acceptance of our “being different”, a modus vivendi, nor even just a peaceful co-existence. As Joseph Ellul has duly observed: “Inter-religious dialogue is based on mutual respect, but also upon sincerity and frankness, Its role is not that of suppressing differences, but at looking at them as a means for creating mutual understanding, respect and enrichment. It implies maintaining one’s religious identity while respecting that of the other, it demands listening as well as speaking. It is an ongoing challenge to deepen one’s own faith while appreciating that of the other”. 3 Discovering our common prophetic role demands first of all an act of faith in the one true and living God who is love; an act of faith in our common dignity as human beings created by God in his own image; and an act of faith in our common vocation to know God, to love him and to know he loves us and so to enter into communion with him and listen to him. In his message for the World Day of Peace, 1st January 2002, Pope John Paul II emphasized the specific responsibility of religious leaders, whether Christian or non-Christian. He said that they must collaborate to eradicate the social and cultural causes of terrorism as they teach the dignity of the human person and to jointly engage themselves in the promotion of peace. I would like to conclude this talk by quoting from the final message of the Inter-religious Assembly held in the Vatican City in October 1999: “We appeal to religious leaders to promote the spirit of dialogue within their respective communities and to be ready to engage in dialogue themselves with civil society at all levels. We appeal to all the leaders of the world, whatever Witnessing in a Secularized Society, in: G. Lemopoulos (ed.), Your Will be Done: Orthodoxy in Mission, WCC, Geneva 1989, p. 112. 3 Secularism, Pluralism and the Rediscovery of Religion. 2 19 George Frendo OP their field of influence, to refuse to allow religion to be used to incite hatred and violence; to refuse to allow religion to be used to justify discrimination; to respect the role of religion in society at international, national and local levels; to eradicate poverty and strive for social and economic justice”. I think that these words provide us with an excellent programme for further inter-religious dialogue and collaboration! 20 La théologie face à Darwin StBob 4(2009), s. 21-35 La théologie face à Darwin François Euvé SJ Centre Sèvres – cultés Jésuites de Paris, Paris, France Darwin est l’une des plus grandes figures de l’histoire des sciences parce qu’il a su, à certains égards du moins, dépasser les valeurs de son temps pour forger une idée potentiellement fertile pour les décennies à venir (Peter Bowler, Darwin, p.267). Les débats persistants autour du créationnisme ou du „dessein intelligent” (Intelligent design) montrent que la proposition d’une vision évolutive du monde vivant telle qu’elle a été formulée pour la première fois par Charles Darwin il y a cent cinquante ans continue à questionner la vision religieuse du monde et de l’homme. Sous bien des aspects on pourrait voir ces débats comme de faux problèmes, surtout lorsqu’ils prétendent asseoir la perspective chrétienne sur une lecture fondamentaliste de l’Écriture ou qu’ils se réfèrent à des théories „scientifiques” que récuse la quasi-totalité des spécialistes. L’évolution du monde vivant est aujourd’hui un fait reconnu. En outre, à défaut de pouvoir être qualifiée de „doctrine”, la théorie darwinienne constitue désormais le cadre global dans lequel s’effectuent aujourd’hui les recherches en biologie. Quels que soient les débats internes à la communauté des biologistes concernant les divers mécanismes de l’évolution, un consensus s’est établi autour de l’idée d’une provenance unique de tous les organismes vivants, y compris ceux qui constituent l’espèce humaine, dont ils sont issus selon un processus de très longue durée, pour une bonne part imprévisible, et dans lequel la sélection naturelle joue un rôle prépondérant. Le fait que certaines idées de Darwin n’aient pas été retenues par la suite ne met pas en question la vision d’ensemble. On ne sait pas ce que sera l’état des connaissances scientifiques dans un siècle, le déroulement de la science étant aussi imprédictible que le processus évolutif lui-même, mais il serait imprudent de tabler sur une remise en cause radicale de l’apport de Darwin 21 François Euvé SJ et de ses successeurs, aussi difficile soit-il parfois de l’intégrer dans notre conception habituelle du monde. 1. L’apport darwinien 22 Qu’est-ce qui est effectivement en cause? De l’apport darwinien, je retiendrais ici trois composantes, sur lesquelles il nous faudra revenir plus en détail. C’est d’abord la vision évolutive comme telle. Les espèces qui composent le monde vivant se transforment et engendrent de nouvelles espèces, y compris l’espèce humaine (laissant de côté ici la difficile et toujours controversée question de la définition de l’espèce); elles n’apparaissent pas indépendamment les unes des autres, comme dans la vision ancienne où leur apparition nécessitait une „création spéciale”. Ceci n’est pas une proposition propre à Darwin; elle lui préexiste, l’hypothèse évolutive ayant été formulée dès le xviiie siècle par Maupertuis et au début du xixe par Lamarck et le propre grand-père de Charles, Erasmus Darwin. Mais l’un de ses mérites est d’avoir fourni une impressionnante masse documentaire et d’avoir proposé un mécanisme plausible, la sélection naturelle. Comme l’écrit Peter Bowler, „la grande réussite de Darwin fut d’amener la majorité de ses contemporains à reconsidérer leur attitude vis-à-vis du concept de base de l’évolution”.1 De ce fait, à partir de Darwin, l’idée d’une évolution ou d’une transformation des espèces à partir d’un ancêtre commun est largement acceptée, ce qui n’était pas le cas avant lui. Dans les années 1850, de nombreux savants tiennent encore à des „créations spéciales”; ce n’est plus le cas vingt ans plus tard. Un deuxième apport se situe sur le plan épistémologique. Une difficulté de réception de l’śuvre darwinienne dans le monde scientifique de son temps venait de ce qu’il ne procédait pas dans ses travaux d’une manière inductive, se contentant de collecter des faits bien établis sans „feindre d’hypothèses” selon l’expression newtonienne. Ses propositions sont d’ordre hypothétique, les hypothèses étant soumises dans un deuxième temps au verdict de l’expérience, sans perdre pour autant complètement leur statut d’hypothèses, du fait de la complexité d’interprétation des expériences dans le monde vivant: Darwin reconnaît que personne n’a jamais observé de transformations d’espèces. Les propositions scientifiques conservent un caractère provisoire, elles restent toujours discutables, même celles qui sont largement confirmées par l’expérimentation et qui servent de support à l’élaboration d’autres propositions subordonnées. À certains égards, on peut dire que la science nouvelle ne prétend plus fournir des „certitudes” solides sur lesquelles le progrès des connaissances pourra s’appuyer sans craindre de remise en question. La connaissance n’est jamais acquise une fois pour toutes car le saut imaginatif P. Bowler, Darwin, tr. D. Becquemont et F. Grembert, Paris, Flammarion, 1995, p.170. 1 La théologie face à Darwin que représente l’hypothèse est toujours en excès à l’égard de sa vérification factuelle. Une des difficultés de la théorie darwinienne vient de la reconnaissance qu’elle n’est pas infaillible2. Malgré les envies de quelques uns de ses zélateurs, elle ne peut pas revendiquer à son profit la „certitude” qui s’attache habituellement aux „doctrines” scientifiques établies. Mais c’est aussi peutêtre ce qui la rend plus „humaine”. Selon l’interprétation d’Ilya Prigogine, les lois de la nature „ne traitent plus de certitudes mais de possibilités. Elles affirment le devenir et non plus seulement l’être”.3 Un troisième apport a été perçu moins nettement sur le moment, voire occulté par certains interprètes du fait de son caractère troublant. Le mécanisme de la sélection naturelle, qui opère a posteriori sur des variations en apparence aléatoires (dont la cause n’est pas corrélée à ce qui serait „bon” pour l’organisme), conduit à une sorte de tâtonnement dans l’histoire évolutive dont l’issue reste largement imprédictible. Dans cette théorie, „il ne peut y avoir de tendance qui pousse les espèces à évoluer dans une certaine direction. [ ] L’évolution se poursuivant, on aura encore plus de ramifications et de divergences”.4 Alors que beaucoup de contemporains de Darwin voyaient dans l’évolution une exemplification naturelle du progrès social auquel ils aspiraient, Darwin lui-même restait sceptique devant l’idée qu’il pourrait y avoir une amélioration continue de la nature, une ascension irréversible vers son accomplissement et, par voie de conséquence, un progrès nécessaire des sociétés humaines. Le processus évolutif n’obéit pas à une finalité, il n’est pas la réalisation d’un programme, mais un procès ouvert d’essais et d’erreurs. Ceci a d’évidentes conséquences sur le statut de l’humain. Du sein de la théorie de l’évolution, on ne peut voir cette dernière comme nécessairement orientée vers l’émergence de l’espèce humaine dans son état présent. Parmi les paléontologistes, il subsiste des débats sur l’existence de grandes „directions” dans le processus évolutif.5 Mais on reconnaît largement que les figures concrètes des espèces émergentes ne sont pas prédictibles à partir de la connaissance que l’on peut avoir des espèces vivantes antérieures. Dire que „l’histoire de la nature évolue vers l’homme” comme le fait Karl Rahner,6 inspiré peut-être par Teilhard de Chardin, n’est pas une proposition T. Lepeltier, Darwin hérétique: L’éternel retour du créationnisme, Paris, Éd. du Seuil, 2007, p.109. 3 I. Prigogine, La fin des certitudes. Temps, chaos et les lois de la nature, Paris, Odile Jacob, 1996, p.179. 4 P. Bowler, Darwin, op. cit., p.26. 5 M. Godinot, ,,Évolution des mammifères et des primates: peut-on parler de progrès? Quel rôle pour le hasard?’’, in E. Charmetant et F. Euvé, dir., La Place de l’homme dans la nature, Paris, Mediasèvres, 2009, p.27-39. 6 K. Rahner, Science, évolution et pensée chrétienne, Paris, Desclée de Brouwer, 1967, p.135. 2 23 François Euvé SJ acceptable dans le champ de la théorie biologique de l’évolution. En revanche, le biologiste, en tant que personne humaine désireuse de donner un sens à son existence peut affirmer à la suite du grand généticien Theodosius Dobzhansky que „l’homme n’est pas le centre matériel de l’univers, mais il peut en être le centre spirituel”.7 2. Résonances religieuses 24 Les résonances religieuses de la nouvelle théorie darwinienne ont été très précoces. Il faut souligner d’emblée qu’elles sont plus complexes qu’on ne le dit habituellement. Contrairement à l’idée encore répandue qu’il y aurait une incompatibilité foncière entre la théorie de l’évolution et la théologie chrétienne, il s’est trouvé assez tôt des penseurs chrétiens pour estimer cette nouvelle théorie, non seulement sur le plan scientifique, mais aussi comme occasion de réflexion et d’approfondissement de la théologie chrétienne. Bien que cette réception religieuse positive ne soit pas sans ambiguïté, elle mérite d’être mentionnée. Elle est d’ailleurs plurielle et certaines de ces formes peuvent nous aider à réfléchir encore aujourd’hui8. Avant de revenir sur les dossiers significatifs, on peut tenter de définir quelques lieux plus conflictuels en suivant le schéma des trois apports proposés à l’instant. Une première difficulté tient à la vision évolutive elle-même dans la mesure où elle prétend expliquer l’admirable diversité du vivant, son étonnante adaptation et la merveilleuse disposition des organes qui composent les individus sans recourir à une cause extranaturelle, autrement dit, à un Créateur transcendant sa création. Elle entre en conflit avec la célèbre Théologie naturelle de William Paley dont l’argumentation apologétique se fondait précisément sur l’étonnement devant une adaptation qui ne semblait pas avoir de causes „naturelles” (l’exemple significatif est la structure de l’oeil). On pourra objecter que le principe de l’explication naturaliste n’est que le prolongement de la démarche inaugurée par Galilée et Newton pour rendre compte du fonctionnement de l’univers. À la limite, la grande „mécanique” cosmique ne nécessite plus qu’un concepteur actif au commencement de Th. Dobzhansky, L’homme en évolution, tr. G. et S. Pasteur, Paris, Flammarion, 1966, p.391. 8 Cf. J. Moore, The Post-Darwinian Controversies. A study of the Protestant struggle to comme to terms with Darwin in Great Britain and America 1870-1900, Cambridge University Press, 1979; H. Paul, The Edge of Contingency. French Catholic Reaction to Scientific Change from Darwin to Duhem, Gainesville, University Press of Florida, 1979; M. Artigas et al., Negociating Darwin. The Vatican confronts evolution. 1877-1902, Baltimore, John Hopkins, 2006; P. Bowler, Monkey Trials and Gorilla Sermons. Evolution and Christianity from Darwin to Intelligent Design, Cambridge (MA), Harvard University Press, 2007. 7 La théologie face à Darwin l’univers, qui, une fois son ‚uvre réalisée, n’a qu’à se retirer dans son „ciel”. Jusqu’alors, cela ne concernait que le monde physique, considéré comme le cadre neutre de l’histoire humaine. Il en va désormais de ce qui se produit dans le monde vivant dont on postule que l’humanité fait partie intégrante. Tout ce qu’on y observe ne serait que le résultat d’un processus quasiment „mécanique”, aveugle, sans recours nécessaire à l’intervention d’une intelligence extérieure.9 La deuxième difficulté n’est pas sans rapport avec la nouvelle épistémologie qui se dessine. Il semblait acquis que la compréhension du monde, dans toutes ses dimensions, relevait de la lecture des „deux livres”, selon une métaphore qui remonte à saint Augustin, le livre de la nature et le livre de l’Écriture sainte. Le déchiffrement de ces deux livres se complétait harmonieusement, même si l’on admettait qu’ils ne se situent pas tout à fait sur le même plan (la tradition protestante séparant plus nettement les deux livres que ne le fait la tradition catholique). Dans la perspective darwinienne, le déchiffrement du livre de la nature n’est pas aisé. Il se fait au gré d’un va et vient entre formulation d’hypothèses et vérifications expérimentales, toujours révisables. Qu’en est-il du livre de l’Écriture? On sait bien qu’on n’a pas attendu Darwin pour procéder à une lecture critique de la Bible. Celle qui lui est contemporaine, surtout dans le monde germanique, n’est pas directement corrélée à la diffusion de la théorie de l’évolution. Mais certains analystes y ont vu une connexion indirecte, sous la forme de la mise en cause d’une lecture fondamentaliste qui cherche dans le texte une base solide pour édifier un propos marqué de certitude. La troisième difficulté est liée au caractère en apparence aléatoire du processus évolutif. Si l’on peut, à la rigueur, voir Dieu à l’oeuvre à l’origine de l’univers ou de la vie, ce que Darwin ne refuse pas, il paraît difficile de le voir agir dans le cours d’une histoire qui semble n’exhiber aucune direction particulière. Cette nouvelle théorie ne met-elle pas en cause radicalement l’idée d’un „dessein” divin ou d’une „providence”? C’est d’autant plus le cas que la sélection naturelle implique l’idée d’une „lutte pour la vie” dont le vainqueur est le plus fort, à défaut d’être celui qui fait montre de plus grandes qualités morales. Serait-ce que l’histoire du vivant, et l’histoire humaine qui y est incluse, ressemblerait à une grande compétition sans qu’aucune instance extérieure n’en garantisse la „moralité”? Il se pourrait bien alors que le darwinisme serve de justification scientifique à une idéologie „libérale” dont le seul principe est la compétition qui donne l’avantage aux C’est l’argument des partisans du ,,dessein intelligent’’: pour eux, il existe une ,,complexité irréductible’’ dans la structure des organismes vivants qui ne peut s’expliquer par le seul jeu des forces naturelles. 9 25 François Euvé SJ 26 plus forts. C’est bien dans ce sens qu’il fut parfois compris, qu’on l’approuve ou qu’on le déplore. Derrière tous ces débats, c’est en fin de compte de l’homme qu’il s’agit. Même si la théorie de l’évolution, dans sa première formulation, L’Origine des espèces au moyen de la sélection naturelle, ne s’appliquait qu’au monde végétal et animal, les lecteurs et les commentateurs ne s’y sont pas trompés, sans attendre la parution du deuxième volet de son oeuvre, La Filiation de l’homme, douze ans plus tard. Darwin semblait mettre en cause la spécificité de la créature humaine, „image de Dieu”. Karl Rahner faisait remarquer que dans toute science, aussi spécialisée soit-elle, c’est en fin de compte de l’homme dont il est question: „Directement ou indirectement, toutes les sciences naturelles engagent une anthropologie; elles disent toutes quelque chose sur l’homme”.10 Elles prennent partie sur le tout de l’homme même lorsqu’elles s’efforcent de ne pas dépasser leurs limites. „Le facteur humain (das Humanum) constitue par lui-même un élément caché intrinsèque à chaque science et la mettant en question, la poussant à dépasser ses propres limites et à entrer en contact avec toutes les autres sciences”.11 C’est à ce titre que le théologien ne peut rester indifférent aux débats sous-jacents, car il est le témoin de ce qu’on doit parler de ce facteur humain, aussi insaisissable soit-il et doive-t-il rester. 3. La place du théologien Avant de revenir sur les dossiers plus spécifiques, il est souhaitable de dire un mot sur la situation du théologien dans ces débats. À certains égards, le développement d’une vision évolutive a favorisé une plus nette distinction des domaines. J’ai déjà fait allusion à la séparation des „deux livres” que l’on peut trouver en particulier dans la réflexion luthérienne (le calvinisme a un intérêt plus marqué pour la nature). Une distinction forte entre „création” et „salut” marque l’héritage protestant. Il est contrebalancé, surtout en Angleterre, par le courant de la „théologie naturelle” qui se met en place à l’âge des „Lumières”, mais dont on ne peut ignorer la tendance à minimiser l’idée d’une „révélation” au sein de l’histoire au profit d’un accent mis sur la permanence d’une nature. Cette théologie naturelle est à son tour critiquée par des théologiens qui promeuvent un retour résolu à l’Écriture. Il ne faut pas oublier qu’avant même que Darwin ne récuse sur le plan scientifique la théologie naturelle de William Paley qui avait accompagné sa formation à Cambridge, John Henry Newman l’avait déjà soumise à la critique dans ses K. Rahner, Zum Verhältnis von Naturwissenschaften und Theologie, Schriften zur Theologie, Band XIV, Zürich, Benziger, 1980, p.63. 11 Id, Die Theologie im interdisziplinären Gespräch der Wissenschaften, Schriften zur Theologie, Band X, Zürich, Bensinger, 1972, p.97. 10 La théologie face à Darwin sermons universitaires12. Dans la distinction des domaines, il en va du respect de l’ordre du créé. Une théologie de la création qui voit dans cette dernière un don authentique et sans retour du Créateur, admet volontiers que le savant puisse déchiffrer le fonctionnement du monde sans y trouver nécessairement la trace d’une instance créatrice. Ce déchiffrement reste de l’ordre du possible; il est laissé à la liberté interprétative de celui qui le met en śuvre. L’horizon humain de ces débats, le „facteur humain” pour reprendre l’expression rahnérienne, empêche pourtant de s’en tenir à une simple démarcation des plans. Il est certain que le théologien n’a pas à intervenir dans la technicité des débats de spécialistes. Il peut néanmoins souligner l’arrièreplan de ces débats. Pourquoi fait-on de la science? On pourra répondre: par simple curiosité. La réponse est un peu courte. L’entreprise scientifique a un enjeu plus profond. On ne se contentera pas non plus d’une réponse utilitaire. L’amélioration de la condition humaine (pensons à la médecine) est un objectif noble, qui fait naître de grandes entreprises. Mais il y a sans doute plus profond. Le désir de connaître le monde est aussi un désir de se connaître, en postulant que la connaissance de soi passe d’une manière plus ou moins directe par la connaissance du monde. Si une théologie „naturelle” qui déchiffre un peu trop rapidement des signes de l’action divine dans le fonctionnement du monde est contestable, une théologie „de la nature” a sa place dans la pensée chrétienne. S’ajoute à cela un autre facteur. Toute connaissance, aussi spécialisée soit-elle, tend à étendre son champ au-delà des limites dans lesquelles elle est censée se tenir. Cette traversée des limites n’est pas un mal en soi, si l’on réalise que le moteur - souvent caché - de la connaissance d’objets particuliers est une connaissance plus globale. Elle peut le devenir si cela signifie la domination d’un point de vue particulier au détriment d’autres possibles, lorsque, par exemple, une théorie particulière s’érige en „théorie du tout” ou lorsqu’une branche de biologie prétend avoir élucidé le „secret de la vie”. C’est toute l’ambiguïté de la démarche scientifique, ancienne aussi bien que moderne, que Karl Rahner désigne par la „concupiscence gnoséologique”.13 „Savoir c’est pouvoir”» avait relevé Francis Bacon. La connaissance assure une emprise sur son objet. L’objectivation de la démarche gnoséologique lui donne une maîtrise d’autant plus forte qu’il s’agit effectivement d’un „objet” et non pas d’un „sujet” que sa liberté soustrait pour une part à toute connai J. H. Newman, Fifteen Sermons preached before the University of Oxford, Sermon X, Londres, Longmans, 1900, p.211-233. On peut noter que, dans sa correspondance, Newman reçoit positivement l’oeuvre darwinienne, au titre de la séparation des domaines (voir en particulier la lettre du 22 mai 1968 au chanoine Walker ou celle du 5 juin 1870 à E. B. Pusey). 13 Cf. K. Rahner, Die Theologie im interdisziplinären Gespräch der Wissenschaften, opc. cit., p.99. 12 27 François Euvé SJ 28 ssance exhaustive. Le théologien peut être alors le témoin d’une impossible totalisation, dans la mesure où il se fait le témoin du Mystère radicalement insaisissable. Le but n’est donc pas d’unir les forces de la science et de la théologie pour parvenir à une connaissance complète de l’humain, le théologien (ou déjà le philosophe) apportant ce qui „manquerait” au scientifique pour atteindre un accomplissement qui se situerait dans le champ de la connaissance objective. Tout scientifique honnête reconnaîtra les lacunes de ses théories; il reconnaîtra même qu’une théorie scientifique est nécessairement lacunaire puisque, à l’encontre d’une conception naïvement objectiviste, la connaissance implique une interaction entre sujet et objet, à l’extérieur de laquelle le sujet ne peut se situer.14 Ce n’est pas la fonction du théologien de combler ces „blancs” de la théorie. À certains égards, son apport serait même l’inverse: faire en sorte que la théorie scientifique reste toujours ouverte vers ce qui est au-delà d’elle-même, dans la mesure où cette ouverture est ce qui permet la relation, le dialogue, à l’encontre de toutes les entreprises totalisantes. C’est la fonction du dialogue interdisciplinaire s’il est effectivement „un dialogue ouvert dont le débouché concret ne peut être prévu par aucune des parties”.15 On fera remarquer que la théologie n’a pas toujours échappé à la tentation totalisante. La „concupiscence gnoséologique” touche aussi le théologien. Mais le Mystère dont il est le témoin peut l’aider à en déjouer les pièges. 4. L’idée d’évolution C’est le mot d’évolution qui a d’abord retenu l’attention. Les premiers débats autour de la théorie darwinienne mettaient en opposition deux visions du monde. Pour en comprendre les vrais enjeux, il faut les situer dans le contexte d’une société (anglaise, mais le même est vrai, mutatis mutandis, pour les sociétés française ou allemande de l’époque) en profonde mutation. L’ordre social ancien, aristocratique, ecclésiastique et rural, était en train de céder le pas à une nouvelle topographie. Les figures montantes sont celles de l’ingénieur, du scientifique, de l’entrepreneur. La référence n’est plus l’ordre traditionnel qui se perpétue de génération en génération mais l’idée d’un progrès social qui se réalise par une meilleure connaissance du monde (et, accessoirement, par une plus grande compétition entre les personnes ou les entreprises). Dès avant Darwin, et malgré ses réserves et ses doutes, l’idée d’évolution est comprise comme synonyme d’un progrès qui passe par la remise en question de l’ordre établipar „une alliance ambiguë de non- ,,D’une certaine manière, nous créons la réalité phénoménale’’ (Hervé Zwirn, Les limites de la connaissance, Paris, Odile Jacob, 2000, p.359). 15 K. Rahner, Zum Verhältnis von Naturwissenschaften und Theologie, op. cit., p.72. 14 La théologie face à Darwin conformistes religieux et d’hommes politiques radicaux”.16 Herbert Spencer est le héraut de ce courant de pensée dont l’influence déborde largement l’Angleterre. Ainsi la première opposition religieuse est de nature simplement conservatrice. On pourra invoquer des arguments théologiques, la référence est plutôt sociale. C’est la crainte, que l’on retrouvera par la suite, surtout en période d’incertitude sur l’avenir de l’humanité, comme c’est le cas aujourd’hui, que le „darwinisme” n’entraîne une perte des repères traditionnels, sociaux et moraux, qui sont indispensables à la bonne marche de la société. Si l’homme „descend du singe”, il n’est plus possible de lui attribuer une âme immortelle, fondement de la morale. Comme le dit un article de la Edinburgh Review de 1871, relatif à la parution de La Filiation de l’homme, le deuxième grand ouvrage de Darwin, „si notre humanité n’est que le produit naturel des facultés modifiées des animaux, les hommes les plus sérieux seront obligés de renoncer aux motifs qui les ont poussés à vivre une vie noble et vertueuse comme reposant sur une erreur [ ] et les révélations de Dieu et l’espoir d’une vie future, de douces rêveries inventées pour le bien de la société. Si ce point de vue est vrai, une révolution de la pensée est imminente, et elle ébranlera la société jusqu’à ses fondations, en détruisant la sainteté de la conscience et le sens religieux”. On trouverait aisément de nombreuses références identiques. Plus intéressante est la réception positive de l’oeuvre darwinienne dans les milieux chrétiens au nom même d’un progrès social. Les études historiques ont relevé le grand nombre de jeunes théologiens ou hommes d’Église qui manifestèrent alors leur adhésion enthousiaste à la nouvelle théorie.17 Un cas significatif est celui de Frederick Temple, futur archevêque de Canterbury, écrivant en 1860: „La doctrine de l’Évolution laisse l’argument en faveur d’un créateur intelligent et d’un Gouverneur de la terre plus solide qu’il n’était auparavant”. Ces théologiens sont représentatifs du courant „libéral” qui connut son heure de gloire dans les dernières années du xixe siècle et dans les premières années du xxe, avant de passer à l’arrière-plan dans l’effondrement de la société occidentale du fait de la première guerre mondiale. À bien des égards, la pensée de Pierre Teilhard de Chardin, dont l’influence a été considérable dans le monde catholique, s’inscrit dans une telle perspective. Il serait sans doute abusif de qualifier Teilhard de penseur „libéral”, un qualificatif qui n’a pas bonne presse dans la tradition catholique.18 Mais son adhésion au „transformisme” s’accompagne d’une foi dans P. Bowler, Darwin, op. cit., p.37. Cf. J. Moore, Post-Darwinian Controversies, op. cit., ch. 10. 18 Ce que n’hésite pas à faire P. Bowler (Monkey Trials, op. cit., p.8-9). 16 17 29 François Euvé SJ un progrès global qui concerne non seulement l’humanité mais l’univers dans son ensemble. 5. Hypothèse et décision 30 La mutation épistémologique qu’entraîne la théorie darwinienne n’est pas sans impact sur la démarche théologique. On pourra estimer, surtout dans la perspective protestante, qu’une théologie biblique n’a pas à se fonder sur une cosmologie, quelle qu’elle soit19. Ce fut pourtant une tendance fréquente, qui ne fait d’ailleurs que prolonger la démarche de grands courants de la pensée antique, comme le stoïcisme, dans lesquels la considération du cosmos constituait une sorte de fondement au discours plus spécifique portant sur l’agir humain. Cela pouvait être encore pratiqué dans le cadre de la physique classique qui mettait en valeur un ordre cosmique, garanti par Celui que Newton appelait le „Seigneur du monde”.20 Sans prétendre faire dériver la morale d’une cosmologie, on pouvait souligner des résonances entre ces deux ordres, donnant à la première un fondement réputé stable. La théorie darwinienne ne permet plus cette dérivation. Et ceci pour deux raisons. La première tient à une épistémologie qui conserve jusqu’au bout une dimension hypothétique. La deuxième serait plutôt d’ordre éthique. Darwin avait bien perçu que le fonctionnement du monde vivant ne pouvait servir de référence à l’agir de l’homme. C’était d’autant plus frappant que le modèle qui avait servi de déclencheur pour proposer l’hypothèse de la sélection naturelle était précisément un modèle social, celui de Thomas Malthus, dont Darwin ne cautionnait pas particulièrement l’application aux sociétés humaines. Opérer une telle dérivation revenait à encourager exclusivement la compétition et l’élimination des faibles au profit des forts. Certains ne se privèrent pas de le faire, en se réclamant de l’héritage darwinien (ce que l’on appelle le „darwinisme social”), malgré les réticences de Darwin luimême. Si l’on s’en tient à une interprétation plus stricte, on doit reconnaître que l’élaboration d’une réflexion éthique doit se faire sur d’autres bases que ,,Les chrétiens ont toujours été fort mal inspirés lorsqu’ils ont cru devoir considérer tel ou tel système comme l’expression adéquate de la pensée de l’Eglise à propos de la création envisagée sans référence à la Parole de Dieu’’ (K. Barth, Esquisse d’une dogmatique, Genève, Labor et Fides, 1984, p.89-90). 20 ,,Cet admirable arrangement du soleil, des planètes et des comètes, ne peut être que l’ouvrage d’un être tout-puissant et intelligent. [ ] Cet Être infini gouverne tout, non comme l’âme du monde, mais comme le Seigneur de toutes choses’’. (Isaac Newton, extraits du ,,Scholium generale’’ qui termine le troisième livre des Principia Mathematica Philosophiae Naturalis, in Jean-Pierre Verdet, Penser l’univers, Paris, Gallimard, 1998, pp.129). 19 La théologie face à Darwin l’étude scientifique du fonctionnement du monde vivant, autrement dit que l’éthique ne peut se ramener à une éthologie. Cela rejoint d’une certaine façon les débats autour de la lecture de l’Écriture. Le fondamentalisme voudrait y trouver une base assurée dont l’application éthique serait directe. Il se trouve que l’Écriture est, dans sa lettre même, suffisamment plurielle pour rendre nécessaire une interprétation que le texte comme tel n’impose pas. Ce n’est pas le lieu ici de débattre d’herméneutique biblique. Mais il n’est pas fortuit de constater que les grands débats qui s’y rapportent aient été concomitants des débats autour de la vision évolutive du vivant. Une raison simple est que le nouveau tableau du monde ne concordait pas avec le récit biblique pris à la lettre, ne serait-ce qu’en termes de chronologie. Plus fondamentalement, il en va de la place centrale de la décision. Réfléchissant sur le rapport entre théologie et science, Karl Rahner souligne la nécessité d’une option à prendre dont aucune connaissance prétendument „certaine” ne pourrait dispenser. On ne peut prétexter de l’absence de certitude objective pour „prendre une attitude existentielle d’attente”.21 L’attente est impossible car la vie exige une décision, un engagement. Ceci ne relève pas à l’inverse de l’arbitraire dans la mesure où la décision se greffe sur une foi première, une remise de soi, la réponse à un appel qui me précède. La démarche scientifique „suppose un a priori métaphysique et historique qui la guide absolument”.22 La réflexion épistémologique, en particulier celle qu’ouvre le fonctionnement effectif de la biologie évolutive, permet de mettre en évidence ce point: l’accomplissement de l’attitude humaine authentique n’est pas dans la certitude de la connaissance objective mais dans une libre décision de la personne qui la place à l’égard du monde qui l’entoure, et tout particulièrement des autres personnes (et de Dieu) dans une attitude d’ouverture réceptive et de confiance. 6. Une histoire imprévisible La vision évolutive du vivant nous fait percevoir le monde comme radicalement historique. À l’égard de la perspective mécanique de la science classique, ceci peut paraître une nouveauté. Pourtant, à y regarder de plus près, cette étape s’avère cohérente avec le grand mouvement de la science depuis les premiers temps de la modernité. Pour Jean-Claude Ameisen, „depuis le xve siècle, la science occidentale redécouvre le mouvement, le changement, l’impermanence [ ] Peu à peu, inexorablement, il se révèle qu’à toutes les échelles que construisent les innombrables interactions des composants élémentaires de la matière, de l’infinitésimal et du plus proche K. Rahner, Science, évolution et pensée chrétienne, op. cit., p.68. Ibid., p. 36. 21 22 31 François Euvé SJ 32 au gigantesque et au plus lointain, tout bouge, tout change, tout se transforme”.23 Il faut se souvenir qu’un événement emblématique de la naissance de la science moderne est l’observation par Galilée de la topographie des corps célestes, la lune en particulier, telle qu’il la rapporte dans Le Messager céleste (Sidereus nuncius). Ce qu’il „voit” est une forme non parfaitement sphérique, contrastant avec ce que devrait être la forme d’un corps céleste selon le principe de la perfection immuable du ciel. Petit à petit, l’astronomie établira que l’apparente stabilité du ciel, garantie traditionnelle de la permanence de l’univers, n’est qu’un cas particulier de processus plus fondamentaux dont le déroulement futur se révèle de plus en plus imprédictible. Ceci met en cause l’idée d’un progrès inéluctable qui devrait s’accomplir quoi qu’il arrive, en dépit des obstacles dont la mauvaise volonté des acteurs humains, car il représenterait une loi fondamentale de l’univers. Darwin avait raison de critiquer ceux qui interprétaient sa théorie dans le sens d’un soutien „scientifique” au progrès social. On peut souhaiter voir s’améliorer la condition humaine, comme c’était son cas, sans pour autant penser qu’il serait garanti par une sorte de loi inhérente au fonctionnement du monde. Réaliser ce progrès relève d’un engagement, d’une certaine foi en l’avenir, qui peut être motivée, mais sans garantie ultime de réussite. La faiblesse des théologies libérales, progressistes, vient de ce qu’elles tendent à minimiser la question de la souffrance et du mal, à laquelle d’ailleurs Darwin était particulièrement sensible, comme le montre sa correspondance. Ces maux existent bien, ce qu’il est difficile de nier. Mais, selon la thèse „libérale”, ils seraient voués à disparaître à la longue car ils ne représenteraient que la face d’ombre d’une histoire globalement lumineuse. L’adhésion au progrès entraîne à voir en particulier dans le péché une sorte de „scorie” que la marche en avant du processus évolutif fera disparaître peu à peu. Pour l’évêque anglican Barnes, célèbre prédicateur du début du xxe siècle, „l’état de pécheur de l’homme (human sinfulness) est simplement une relique de notre ascendance animale que nous avons maintenant à vaincre, et non pas le signe d’une séparation d’avec Dieu qui ne pouvait être rachetée que par le sacrifice de Son fils”.24 Les époques paisibles sont plus favorables aux théologies libérales que les périodes de crises. On a déjà souligné qu’une certaine faillite de ces théologies était consécutive à la première guerre mondiale. Par contraste, d’autres courants théologiques prirent le relais, retrouvant en particulier la doctrine du péché originel à laquelle les „libéraux” n’accordaient pas une grande importance. Il n’est pas fortuit que le courant „créationniste”soit J.-C. Ameisen, Dans la lumière et les ombres. Darwin et le bouleversement du monde, Paris, Fayard/Seuil, 2008, p.299. 24 Cité par Peter Bowler, Monkey Trials and Gorilla Sermons, op. cit., p.169-170. 23 La théologie face à Darwin apparu aux États-Unis au moment où la société, marquée par la guerre et la révolution bolchevique, s’apprêtait à affronter la grande crise de 1929. Mais on peut adhérer à une vision darwinienne sans partager le préjugé progressiste. Dans sa grande étude historique de la réception du darwinisme dans le monde anglo-saxon, James Moore relève l’existence d’un courant d’inspiration calvinienne qui voit une résonance possible entre une perspective strictement darwinienne et le message biblique25. L’idée d’une contingence du monde qui ne révèle à l’observateur aucun plan préétabli n’est pas incompatible avec le Dieu biblique dont le dessein salutaire est caché aux yeux des hommes. Même si l’observation des phénomènes naturels nous fait voir une certaine „direction” évolutive (montée de complexité par exemple), voire un certain progrès sous la forme d’une amélioration des performances, cela ne doit pas être confondu avec l’accomplissement du salut voulu par Dieu. Le „dessein” de Dieu est un dessein de salut pour le monde, dont les figures concrètes restent insaisissable par la connaissance humaine. La distinction des plans est marquée entre ce qui est accessible à la connaissance humaine et le Mystère absolu qui n’est pas davantage saisissable par le théologien que par qui que ce soit. Une fois encore, le théologien se doit d’être le témoin de ce Mystère, rejetant toute entreprise qui voudrait l’élucider pour en faire un objet de connaissance, c’est-à-dire de maîtrise par l’homme. 7. Au-delà de Darwin Il serait insuffisant d’en rester à une expression essentiellement critique. Le théologien n’est pas seulement le gardien du Mystère, le protégeant contre toute intrusion idolâtrique. Il en est positivement le témoin actif. Le dessein salutaire ne relève pas de la connaissance scientifique, quoiqu’en voudraient les tenants du „dessein intelligent”». Pour autant, Dieu se révèle à l’oeuvre dans le monde et pas seulement sur un mode „spirituel”. Il est légitime de parler théologiquement (mais non scientifiquement) d’une finalité de l’univers, la réalisation de quelque chose de bon qui est en quelque façon impérissable.26 Une vie humaine ne peut être sensée dans un cosmos insensé.27 Le dogme de l’incarnation nous oblige à contempler sa manifestation concrète et son agir dans une personne humaine. Mais cette contemplation est plus de l’ordre d’une „reconnaissance” que d’une connaissance. Évoquer l’incarnation de Dieu en Jésus-Christ est dire que cette reconnaissance met en jeu des personnes, des sujets, et non des choses, des objets. Reconnaître J. Moore, op. cit., ch. 11. J. Haught, Deeper than Darwin. The Prospect for Religion in the Age of Evolution, Boulder, Westview, 2003, p.24. 27 Id, God after Darwin. A theology of evolution, Boulder, Westview, 2000, p.122. 25 26 33 François Euvé SJ 34 l’action divine dans le monde passe par la connaissance du monde mais ne s’y arrête pas. Elle exige un engagement de la liberté. C’est cela qui amène à critiquer les interprétations matérialistes de la théorie darwinienne qui s’appuient sur elle pour dénier toute autre dimension au monde que ce que l’on peut en saisir. On sait que le nom de Darwin sert de caution scientifique à des entreprises athées militantes comme celle de Richard Dawkins; elles oublient souvent que Darwin lui-même s’est toujours gardé d’instrumentaliser sa théorie dans ce sens, malgré (ou à cause?) de son agnosticisme proclamé. Une telle interprétation matérialistes reviendrait à réduire l’être à ce que l’on connaît (ou croit connaître) déjà. Cela reviendrait en fin de compte à nier toute historicité réelle. Rien de réellement nouveau ne pourrait survenir, puisque tout se ferait dans un enchaînement nécessaire de causes et d’effets. John Haught relève avec finesse que cette attitude débouche sur un résultat contraire à sa visée première: elle s’avère nuisible à la science dont la démarche suppose que la réalité dépasse ce que l’on peut en saisir. La quête scientifique suppose en effet une réalité en excès, aucune hypothèse ne correspondant parfaitement à la réalité visée.28 Positivement, ces réflexions sont une invitation à redonner à la théologie le goût de l’avenir. Il existe une secrète connivence entre le préjugé matérialiste qui explique le présent à partir du passé et une théologie qui voudrait qu’un „plan divin” ait depuis le commencement réglé le cours du monde. À certains égards, l’un et l’autre relève d’un „pessimisme cosmique” qui doute de la capacité de la création à se renouveler29. L’idée de création doit plutôt s’exprimer au futur, non comme ce qui arrive nécessairement parce que c’est programmé depuis toujours, mais comme la promesse adressée à l’homme que son désir le plus authentique s’accomplira d’une manière inédite, c’est -à-dire largement en excès à l’égard des représentations qu’il peut s’en faire. L’accomplissement est à la fois de l’ordre d’une attente et d’un dépassement de ce que cette attente contient encore de fixation sur soi. La „vie” est davantage que l’„ordre”. Il est sans doute préférable de parler de promesse que de dessein, compte tenu des ambiguïtés de ce mot. Il ne s’agit pas d’un plan mais d’une parole, adressée par un sujet libre à un autre sujet libre, suscitant par le fait même sa liberté. La promesse n’est pas une prédiction, si l’on comprend par ce mot un savoir anticipateur qui aurait accès à la clé d’un déroulement inéluctable30. Son accomplissement se fait au gré d’une relation de personne à personne dans un don réciproque. Le modèle biblique est la promesse faite à Abraham: „je ferai de toi une grande nation” (Gen 12,2). C’est la réponse Id, Deeper than Darwin, op. cit., p.145. Cf. id, God after Darwin, op. cit., p.107. 30 J. Haught, Mystery and Promise. A theology of revelation, Collegeville, The Liturgical Press, 1993, p.168. 28 29 La théologie face à Darwin à une attente, à un manque, à un désir. C’est parce qu’il y a une souffrance qui n’est pas niée qu’une parole de promesse peut être entendue. De plus, ce manque sera comblé à condition que soit déjoué le piège de la possession, de la „concupiscence”: vouloir retenir pour soi le don qui est fait (Abraham doit être „séparé” d’Isaac, Gen 22). Car la promesse dépasse la personne d’Abraham pour concerner potentiellement l’humanité entière. Telle pourrait être la contribution propre de la théologie: parler de Dieu comme de ce mystère infiniment proche de l’homme, qui „n’est pas un objet particulier de savoir à côté des autres objets, mais l’infinité qui est toujours antérieure au mouvement de connaissance, et à l’intérieur de laquelle ce mouvement poursuit sans fin sa course limitée”.31. Cela n’aurait pas de sens de vouloir établir une connexion entre la théorie darwinienne de l’évolution et une vision chrétienne de l’histoire du salut. L’une des leçons que l’on peut tirer des confrontations du passé est l’invitation à distinguer les plans. Mais la position inverse, la séparation, est aussi préjudiciable. Cela aboutirait à rendre inaudible la parole théologique. Il faut plutôt encourager un dialogue ouvert dans la confiance que notre temps est celui de la promesse. La distinction des plans est précisément ce qui permet d’instaurer un dialogue au gré duquel se révèle une attente que viendra combler la promesse de Dieu. K. Rahner, Wissenschaft als „Konfession“?, Schriften zur Theologie, Band III, Einsiedeln, Benzinger, 1956, p. 458 (tr. fr.: Science, évolution et pensée chrétienne, op. cit., p.21). 31 35 La notion de „religion” dans la théologie de Joseph Moingt StBob4(2009) s. 37-52 La notion de «religion» dans la théologie de Joseph Moingt Zbigniew Kubacki SJ Faculté Pontificale de Théologie - Bobolanum Varsovie, Pologne La notion de religion apparaît un peu partout dans la théologie de J. Moingt. Elle est l’une des notions centrales de sa théologie dans la mesure où c’est sur le terrain de la religion que s’exprime le plus la question de l’identité de Dieu. C’est une notion centrale aussi parce qu’elle renvoie au phénomène de la mort culturelle de Dieu, qui est l’une des préocupations imotrantes de J. Moingt. Bref, la notion de religion constitue un arrière-fond qui sous-tend toute sa réflexion théologique. Cela d’autant plus que le concept central de sa théologie, celui de la «nouveauté de Dieu», est mis en opposition à celui du «bien-connu de Dieu» de la religion. La notion de religion est fortement présente dans ces deux grands livres, dans L’homme qui venait de Dieu au moment où il décrit l’attitude de Jésus face à la religion, et dans Dieu qui vient à l’homme, notamment où il traite de la mission de l’Église dans le contexte du pluralisme religieux et la laïcité occidentale. Ces deux contextes constitueront l’horizon de notre analyse. 1. Jesus face à la religion L’attitude de Jésus face à la religion des pères constitue pour J. Moingt le point de départ de toute sa réflexion sur la religion. A plusieurs reprises notre auteur souligne la dimension religieuse de la vie et de la mort de Jésus. Selon lui, si on nie dans la vie et notamment dans le procès de Jésus cette dimension-là, on ne comprend pas la naissance du christianisme. Jésus est 37 Zbigniew Kubacki SJ 38 mort pour des motifs religieux, car c’est ici que la question de la relation à Dieu et de son identité même se pose de la manière la plus radicale. D’après lui, dans le procès de Jésus «c’est le «système religieux» qui se défend contre une liberté religieuse qui le brave»1, et il précise que c’est «la religion en général»2 qui est responsable de sa mort. La question politique posée par Pilate: «Es-tu le roi des Juifs?», n’était que l’autre face de la question religieuse du grand prêtre: «Es-tu le Fils de Dieu?». Pour J. Moingt c’est cette question là qui est centrale. Le procès de Jésus avant d’être politique est surtout et d’abord un conflit religieux. «C’est un conflit religieux, qui portait directement sur la relation des hommes à Dieu, et par voie de conséquences, sur l’identité de Dieu; un conflit radical puisqu’ il devait aboutir à une condamnation à mort pour motifs de blasphème»3. Les adversaires de Jésus, constate J. Moingt, étaient des gens religieux, pieux et de bonne foi. Jésus avait beaucoup de points communs notamment avec les pharisiens, par exemple la même croyance dans la résurrection des morts. Mais ce qui les distinguait, c’était la conception de Dieu, la manière d’en parler et de se rapporter à lui. Jésus a annoncé le Royaume de Dieu en disant qu’il est proche. C’est cette annonce qui l’a opposé à sa religion et à toutes formes de religion. Dans l’annonce du Royaume, Dieu s’est révélé différent par rapport au bien-connu de Dieu de la tradition juive. Jésus a enseigné à ses auditeurs et à ses disciples une approche de Dieu qui mettait en question les voies de la religion traditionnelle. J. Moingt distingue une triple opposition entre la voie vers Dieu que proposait la religion juive et celle que proposait Jésus: «Il leur apprenait à aller vers Dieu par la voie de la foi, qui pouvait s’opposer à la tradition; par l’amour du prochain, qui prenait le pas sur l’obéissance à la Loi; et par la foi en lui-même, qui menaçait de supplanter le culte du Temple»4. Cette triple opposition, bien qu’elle a des conséquences politiques, est d’abord de nature religieuse. La religion est définie par J. Moingt comme «l’ensemble des mentalités collectives, des images et des institutions, des actes religieux, du culte et de la morale»5. Selon lui, un peu dans le sens de la conception de Karl Barth, elle est principalement une réalité qui vient de l’homme et de sa culture. L’une des caractéristiques de la religion, c’est qu’elle est plus tournée vers le passé que vers l’avenir. «Toute authenticité d’une religion, constate-t-il, est de relire (relegere, J. Moingt , Le Dieu des chrétiens, in: La plus belle histoire de Dieu, Seuil, Paris, 1997, p. 125. 2 Ibid., p. 124. 3 Id, L’homme qui venait de Dieu, Cerf, Paris, 1993, p. 459. 4 Ibid., p. 462. 5 Id, Le Dieu des chrétiens, p. 124. 1 La notion de „religion” dans la théologie de Joseph Moingt selon l’étymologie fournie par Cicéron), de répéter son passé, elle est liée à la mémoire»6. «Pour la sagesse religieuse «c’est le vieux qui est bon» (Lc 5, 39)»7. Sûre de sa tradition, la religion juive prétendait détenir le privilège de dire Dieu, celui du bien-connu de Dieu de nos pères, de la Loi, du Temple, de l’histoire d’Israël. Elle se méfiait de l’enseignement prophétique et eschatologique. Elle se méfiait aussi d’un «souvenir dangereux» de la tradition. Or, constate J. Moingt, telle était l’attitude et l’enseignement de Jésus. En annonçant le Royaume de Dieu à venir, il invitait ses auditeurs à se détourner du passé pour accueillir la nouveauté du Royaume. Il pratiquait le «souvenir dangereux»8. Il invoquait le mauvais traitement que dans le passé la religion avait infligé aux prophètes de Dieu. Cela ne pouvait que déranger l’assurance et la confiance de la religion. Aussi la forme de son enseignement divergeait par rapport à celle des scribes. Ceux-ci commentaient principalement destextes sacrés, alors que Jésus enseignait en paraboles. Il inventait ses discours et surtout – le point le plus dangereux pour la religion – il se présentait comme celui qui tire son savoir de Dieu, de sa familiarité avec lui. A travers tout cela il mettait en cause le bien-connu du Dieu de la religion des scribes et des pharisiens. Dans son enseignement la religion traditionnelle était dépossédée du privilège de dire Dieu. L’ensemble de ces caractéristiques amène J. Moingt à constater que Jésus «n’était pas un homme de religion, mais de foi et d’expérience de Dieu»9. Id , L’homme qui venait de Dieu, p. 463. Ibid., p. 464. 8 J. Moingt fait ici référence à l’expression de J.-B. Metz dans La foi dans l’histoire et la société. Essai de théologie fondamentale pratique, Cerf, Paris, 1979. Cité in J.Moingt , L’homme qui venait de Dieu, p. 464, note 4. Par rapport à l’expression de J-B. Metz, J. Moingt déclare qu’elle peut être renversée en ce sens que ce sont non seulement les chrétiens qui peuvent et doivent pratiquer le «souvenir dangereux» de l’événement de JésusChrist, mais que lui-même le pratiquait par rapport à la tradition d’Israël. 9 J. Moingt L’homme qui venait de Dieu, p. 466. Voir aussi id, La révélation du salut dans la mort du Christ, p.142. L’auteur y déclare que Jésus était un homme de foi plus qu’un homme de religion (ou d’église). Liberté à l’égard des prêtres, des chefs et des docteurs de sa religion; liberté à l’égard des coutumes et des pratiques religieuses; même à l’égard des institutions les plus sacrées comme le sabbat; liberté surtout d’interprétation des Écritures et des traditions; liberté à l’égard de Dieu même, - dans sa démarche vers Dieu: il l’appelle son Père, - dans son rapport à Dieu: il refuse de demander à Dieu les signes qu’on lui réclame, - dans son assurance: car sa soumission à Dieu et sa confiance sont, à l’adresse de Dieu, une tranquille provocation, mais la plus forte, à faire advenir son Règne. Tous ces traits, conclut J. Moingt, soulignent le caractère d’immédiateté de la relation de Jésus à Dieu: il ne s’appuie pas sur l’extériorité de la religion, pour aller à Dieu, c’est par une démarche toute personnelle, au plus intime de sa conscience, en abandonnant tous les appuis humains, qu’il s’avance, tout seul, vers Dieu. On peut dire qu’aucun homme n’a vécu pour Dieu et avec Dieu et ne s’est approché de Dieu plus que lui. 6 7 39 Zbigniew Kubacki SJ 40 La distinction entre la foi et la religion est un point important dans la réflexion de J. Moingt. Cependant il ne faut pas la comprendre comme la simple opposition de deux termes. Cette distinction est située et comprise dans la logique de la loi dialectique. J. Moingt ne conteste pas le fait que la religion puisse être habitée et travaillée par l’Esprit de Dieu. Parlant de l’expérience impersonnelle du divin dans les religions il la qualifie d’authentique. Ce qui y est authentique c’est l’action de l’Esprit-Saint qui projette l’homme, du dedans, vers Dieu et vers la foi. Mais il y a dans la religion une dimension qui vient principalement de l’homme, et qui empêche la foi, c’està-dire la vraie expérience de Dieu. Pour être plus précis il faudrait dire que ce qu’il critique ce n’est pas la religion telle quelle, mais son esprit. L’esprit de la religion est une attitude qui consiste à figer le fondement de la religion dans un livre, dans des rites et des institutions, à s’enfermer dans le passé de la tradition et du bien-connu de Dieu. C’est un esprit qui par conséquent empêche l’Esprit-Saint de projeter l’homme de l’intérieur de lui-même vers Dieu. Dans ce sens, l’esprit de la religion s’oppose à l’Esprit-Saint. Dit encore autrement, J. Moingt ne critique pas la religion en général, mais il critique la religion qui est fermée sur l’avènement de l’Esprit de Dieu. Ceci est manifeste quand il explique le conflit qui opposait Jésus et ses adversaires. Car, pour lui, le conflit qui a opposé Jésus et ceux qui au non de la religion et de Dieu l’ont accusé comme blasphémateur, a été le conflit entre une religion et une autre, «une religion renfermée sur son culte et son passé» et «une religion ouverte sur l’avenir par la foi»10. L’enjeu principal en était l’identité même de Dieu. La foi demande donc le dépassement de la religion, de son esprit qui l’enferme dans son culte et son passé. Quand J. Moingt, s’appuyant sur l’attitude de Jésus, critique la religion et lui oppose la foi, ce n’est pas pour supprimer purement et simplement la première et ne garder que la seconde. Il ne le fait pas, car il constate que l’attitude de Jésus lui-même par rapport à la religion était différente. J. Moingt affirme clairement qu’il n’est pas question de demander à Jésus de couvrir de son autorité quelque opposition formelle entre la foi et la religion, ni simplement de les dissocier comme deux voies parallèles et étrangères l’une à l’autre. Il admet volontiers aussi que Jésus «méditait les Écritures, même s’il en fait peu état, qu’il était un observateur zélé de la Loi, même s’il prenait des libertés à son égard, et qu’il aimait le Temple, même si les évangiles ne le montrent jamais participant aux célébrations qui s’y déroulent»11. Tout cela pour dire que pour Jésus il ne s’agissait pas purement et simplement d’opposer la foi et la religion. Le rapport entre les deux, tel qu’il se manifeste dans l’attitude même de Jésus, Id, L’homme qui venait de Dieu, p. 556. Ibid., p. 467. 10 11 La notion de „religion” dans la théologie de Joseph Moingt est un rapport de dépassement de la religion par et dans la foi. On pourrait dire aussi que c’est une attitude qui libère la religion de son esprit pour la disposer à l’action de l’Esprit-Saint. Dans l’attitude de Jésus «la foi dépasse la religion, en la traversant, mais sans s’y enfermer»12. Voilà la spécificité de la foi de Jésus. Pour J. Moingt c’est aussi l’attitude fondamentale qui doit caractériser la foi de tout chrétien. Le christianisme est une religion en tant qu’elle est le dépassement continu de la religion, ou plus exactement en tant qu’elle est le dépassement continu de l’esprit religieux qui a tendance à enfermer Dieu dans le bien-connu du passé. Jésus a trouvé ce principe de dépassement dans le judaïsme même, et notamment chez les prophètes. Sa foi a été façonnée par le judaïsme qui en lui-même était travaillé par l’opposition entre la foi et la religion, entre une religion fermée et une religion ouverte. Ce qui différenciait principalement la religion d’Israël de toutes les autres religions de l’Orient ancien c’était justement sa foi. «Non que les païens soient démunis de foi, mais leurs religions ne la requièrent pas formellement, elles peuvent même s’en passer sans dommage, car la foi ne se confond pas avec la piété ni avec l’adoration ni avec le culte, et plusieurs religions de l’Antiquité ne paraissent pas en faire cas» 13. La différence c’est que les religions païennes sont basées sur le culte, sur un système d’échange (expiatoire) avec la divinité, alors que la religion d’Israël est basée sur la foi qui a une structure d’alliance. La religion d’Israël est tournée vers l’invisibilité de Dieu, un Dieu de la promesse, d’une histoire toujours à venir. C’est une religion du désir de voir Dieu qui est à-venir. C’est pourquoi seule la foi peut soutenir ce désir et cette promesse. Cependant souvent les israélites, lassés d’attendre, se mettaient à pratiquer la religion à la façon des païens, dont le risque le plus redoutable était de mettre la main sur Dieu, de réduire le rapport de l’homme avec Dieu au système d’échange avec, au centre, les sacrifices d’expiations. Les prophètes, dont Jésus évoquait le souvenir, les avertissaient disant que Dieu ne veut pas de sacrifices, mais qu’il demande la foi et la miséricorde. Les histoires d’Abraham, de Moïse, de David et des prophètes montrent que la foi dans la parole et la promesse de Dieu obligeait «Israël à toujours se tenir en mouvement, à partir, à aller de l’avant, à regarder en direction de l’avenir, de lui interdire de se replier en direction de l’avenir, de lui interdire de se replier sur son passé, d’enfermer Dieu dans des documents sacrés et des lieux saints (…). La foi obligeait Israël à toujours chercher Dieu ailleurs, à toujours attendre du nouveau, et donc à dépasser sans cesse les limites d’une religion solidement installée dans des textes, des lois, des traditions, des institutions, des célébrations, et ferme- Ibid., p. 467. Ibid., p. 555. 12 13 41 Zbigniew Kubacki SJ ment retranchée dans la sécurité de son passé»14. C’est à ce type de religion que Jésus s’opposait. Il s’opposait à l’esprit de la religion qui étant enfermée dans la sécurité du passé pensait contenir le fondement de la foi et le bienconnu de Dieu. Les deux exemples par excellence de l’attitude nouvelle de Jésus est son comportement à l’égard de la Loi et du Temple. 1.1. L’accomplissement de la Loi 42 «La Loi est la structure essentielle de la religion, car elle régit l’ensemble des relations de l’homme à Dieu, au prochain, à la communauté, la totalité de ses comportements moraux, rituels, sociaux»15. La première référence évangélique où s’exprime l’attitude de Jésus à l’égard de la Loi est le fameux texte de Mt 5,17: «N’allez pas croire que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes, je ne suis pas venu abolir mais accomplir». Pour l’interprétation de ce texte J. Moingt renvoie à l’article de P. Beauchamp «L’évangile de Matthieu et l’héritage d’Israël»16. Celui-ci conclut qu’à la fin de l’évangile Jésus envoie ses disciples enseigner non les commandements de Moïse, mais «tout ce que je vous ai commandé». Dans cette perspective-là, le texte de Mt 5, 19 pouvait être lu «comme parole de Jésus signifiant que c’est toute la Torah qu’il avait réinterprétée ab initio, non spéculativement, mais en l’orientant vers une pratique transformée»17. P. Beauchamp souligne encore que la nouveauté du rapport de Jésus à l’égard de la Loi «a son principe dans le «Je suis venu»»18. Pour sa part J. Moingt constate que Jésus ne se tenait pas au-dessus de la Loi, mais qu’il «la puisait à la source même qu’est l’Esprit de Dieu, ce qui lui permettait de l’observer en toute liberté filiale, sans attachement servile à sa lettre»19. Pour être rigoureux il faut dire que Jésus n’a pas détruit ces anciens repères, mais qu’il les a transformés en les intériorisant en lui: «c’est lui qui dit la vérité des Écritures puisqu’il en fait le sens; et de la Loi, car il connaît et fait la volonté de Dieu; et du Temple, car Dieu est avec lui et en lui; et de l’histoire d’Israël, car les promesses du passé lui sont destinées et s’accomplissent en lui»20. La manière dont Jésus a accompli la Loi est montrée par plusieurs exemples. Le premier est son enseignement sur l’adultère. En expliquant le texte de Mt 5, 27-28 J. Moingt constate que Jésus «montre que le péché n’est pas dans la transgression matérielle du précepte, mais dans le dérèglement Ibid., p. 468. Id, L’homme qui venait de Dieu, p. 470-471. 16 Voir P. Beauchamp, L’évangile de Matthieu et l’héritage d’Israël, RSR 76/1, 1988, p. 5-38. 17 Ibid., p. 37. 18 Ibid., p. 35-36. 19 J. Moingt, L’homme qui venait de Dieu, p. 472. 20 Ibid., p. 556. 14 15 La notion de „religion” dans la théologie de Joseph Moingt de la volonté, dans l’intention du cśur, et que la moralité, par conséquent, ne vient pas de l’obéissance formelle à la lettre de la Loi, mais du jugement de la raison. Il ne va pas au-delà de la lettre pour lui donner une plus grand extension et rigueur, mais pour atteindre l’intention, le royaume des fins morales, et pour manifester la source de la moralité. Il accomplit ainsi le sens plénier de la Loi, en même temps qu’il affranchit l’individu d’un assujettissement servile à sa lettre: il rend possible à l’homme de devenir le sujet de la loi morale intérieure»21. La notion d’accomplissement sous-jacente dans ce passage est à comprendre dans la perspective de la loi dialectique du dépassement. Il en résulte tout d’abord, que Jésus ne supprime pas purement et simplement la lettre de la Loi mais qu’il va «au-delà de la lettre». Dans cette attitude il ne s’agit pas de donner à la lettre de la Loi une plus grande extension et rigueur. Ce serait encore l’attitude propre à la démarche scolastique où le dépassement signifiait un «supplément» au déjà-là. Selon J. Moingt, aller au-delà de la lettre signifie pour Jésus dépasser la lettre pour réaliser son esprit, pour atteindre son intention. Un deuxième exemple est son attitude à l’égard du sabbat. J. Moingt revient ici sur l’épisode de la guérison de l’homme à la main desséchée le jour du sabbat (Mc 3, 1-6; Mt 12, 9-14). Jésus révèle le sens caché du sabbat dans cette double question: «Est-il permis, le jours du sabbat, de faire du bien plutôt que du mal, de sauver une vie plutôt que de la tuer?» (Mc 3,4). L’interprétation qu’il donne de l’attitude de Jésus consiste à dire que l’interdiction de travailler ce jour-là n’empêche pas de faire du bien à quelqu’un, si l’occasion s’en présente. «Ce qui revenait à mettre les obligations de la moralité au-dessus des interdits de droits sacré»22, puisque le droit de l’autre est plus sacré que celui de la religion. Et ceci parce que tout ce que Dieu a fait, il l’a fait pour le bien de l’homme. Ce qui revient à dire que l’accomplissement du sabbat est dans le dépassement de sa lettre. Il peut même arriver que l’accomplissement signifie s’opposer à la lettre de la Loi pour garder son esprit. J. Moingt l’illustre en citant le beau texte d’E. Jüngel qui commentant les mêmes textes évangéliques constate: «En accomplissant la loi par l’amour qui la devance, Jésus – on ne peut éviter cette raide expression – a mis la loi en conflit avec la loi»23. Jésus a fait éclater la Loi de l’intérieur, Ibid., p. 472-473. Ibid., p. 475. 23 E. Jüngel, Dieu mystère du monde, t. 2, Cerf, Paris, 1983, p. 218. 21 22 43 Zbigniew Kubacki SJ 44 en passant par elle et en la dépassant dans son accomplissement qui est une nouveauté radicale24. Le dernier exemple que nous avons choisi pour parler de la notion de l’accomplissement de la Loi par Jésus est son enseignement sur le plus grand commandement (Mt 23,36.38; Mc 12, 28). L’amour de Dieu et du prochain étaient les deux commandements de la Loi. Sur l’importance de ces commandements il existait un accord total entre Jésus et ses adversaires. La nouveauté apportée par Jésus est qu’il souligne «l’identité de nature et l’égalité de valeur» entre les deux commandements qui, en définitif, pour lui, ne font qu’un. Soulignant cela, J. Moingt précise comment dans cet enseignement Jésus accomplit la Loi. «Dans l’esprit de Jésus (…) l’amour de Dieu et du prochain était érigé en principe suprême de moralité, de jugement de liberté, non pour dispenser facilement de l’observance de ‘petits’ préceptes, mais pour discerner en toute occasion quelle est ‘la volonté de mon Père qui est aux cieux’ (Mt 7, 21) ; c’est le principe qui affranchit de la servitude de la lettre, en poussant le plus loin les exigences de la loi selon son esprit25. Le fonctionnement dialectique du principe de l’accomplissement est ici évident. Il ne s’agit pas simplement de supprimer l’observance des préceptes de la Loi, mais il s’agit de dépasser la lettre de ses préceptes pour pouvoir pleinement réaliser son esprit, c’est-à-dire les intentions profondes de Dieu. En s’appuyant sur l’enseignement de Paul, J. Moingt déclare que l’accomplissement de la Loi selon les intentions profondes de Dieu est l’amour du prochain: «celui qui aime son prochain a pleinement accompli la loi» ( Rm 13, 8); «la loi toute entière trouve son accomplissement en cette unique parole: Tu aimeras ton prochain comme toi-même» (Gal 5, 14). La charité est l’accomplissement de la Loi parce qu’elle apporte avec elle la liberté et ainsi elle affranchit de l’assujettissement aux préceptes rituels et cultuels. Le caractère dialectique et nouveau de la notion de l’accomplissement de la Loi est remarquablement souligné aussi par P. Beauchamp. En commentant toujours le même épisode, il écrit: «la Loi révèle les cśurs en séparant ceux qui sont en dessous de ses exigences (cśurs accusateurs et homicides) et ceux qui les dépassent «accomplissant» le sabbat par un geste de guérison que la loi du sabbat ne demandait pas. Cf. P. Beauchamp, L’évangile de Matthieu et l’héritage d’Israël, op. cit., p. 16. L’accomplissement de la Loi est dans son dépassement. C’est un point qui est aussi souligné par J. Miler. A partir de l’analyse de Mt 12 l’auteur souligne que les pharisiens «ne veulent pas mettre Jésus à mort parce qu’il aurait transgressé la Loi mais parce qu’ils ont perçu dans la manière dont Jésus la pratiquait que l’accomplissement signifiait la fin de la Loi comme ce qui séparait Israël et les Nations» (159). Pour qualifier la manière dont Jésus a accompli la Loi, lui aussi emploie le mot «dépassement». Cf. J. Miler, Les citations d’accomplissement dans l’évangile de Matthieu. Thèse de doctorat en exégèse biblique. Institut Biblique Pontifical. Faculté Biblique. Rome, 1996, p. 151-159. 25 J. Moingt, L’homme qui venait de Dieu, p. 479. 24 La notion de „religion” dans la théologie de Joseph Moingt L’accomplissement de la Loi signifie aussi l’abolition de certaines restrictions de la lettre. J. Moingt le démontre à partir de cette déclaration de Jésus: «Vous avez appris qu’il a été dit: Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Et bien! moi, je vous dis: Aimez vos ennemis, priez pour vos persécuteurs; ainsi serez-vous fils de votre Père qui est aux cieux, car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons» (Mt 5, 43-45». Quand la notion de prochain se réduit aux «proches», le précepte de leur porter secours en cas de besoin n’inclut pas les autres personnes. L’accomplissement de ce précepte consiste donc dans son abolition, c’est-à-dire dans son dépassement en direction de «quiconque (qui) est dans le besoin, y compris de son ennemi, y compris au risque de sa propre vie»26. L’accomplissement de la Loi par Jésus signifie aussi l’abolition de toutes les barrières érigées par la loi religieuse, par exemple celles qui séparent les purs et les impurs, les saints et les pécheurs. Et en dernier ressort, l’accomplissement de la Loi qu’apporte Jésus «c’est d’avoir ouvert aux hommes une autre voie d’accès à Dieu que celle du sacré, la voie profane de la relation au prochain, la relation éthique vécue comme service d’autrui et poussée jusqu’au sacrifice de soi»27. 1.2. L’accomplissement du Temple Le Temple est un symbole de la religion par excellence, un lieu de prière et de sacrifices. Comme le souligne Ch. Perrot, même si certains Juifs de la Diaspora favorisaient un culte purement spirituel dans les maisons de prière, «chez les autres juifs, le Temple de Jérusalem et les sacrifices ne sont jamais mis en question pour autant. (…) Le système sacrificiel exigé par la Tôrah était accepté»28. Dans son attitude critique par rapport au Temple Jésus n’était pas seul. Les milieux baptistes mettaient principalement en cause le Temple, en tant que lieu de sacrifices sanglants. Une fois encore J. Moingt caractérise l’attitude de Jésus par rapport au Temple, au moyen de la notion d’accomplissement. Jésus accomplit le Temple comme il a accompli la Loi et les Prophètes. «L’action de Jésus dans le Temple ne constituait pas un désaveu formel du culte qui était pratiqué, ni une tentative séditieuse de prise de pouvoir, elle a même pu être interprétée, mais après coup et par ses disciples, comme un geste de piété et de zèle (voir Jn 2, 17), d’autant plus frappant que les évangélistes sont discrets jusqu’à l’extrême sur le chapitre de sa piété liturgique»29. L’attitude de Jésus consiste à purifier le Temple de toute sa fonction sacrificielle qui tout en servant Dieu se servait de lui en l’enfermant dans 28 29 26 27 Ibid., p. 482. Ibid., p. 485-486. Ch. Perrot, Jésus et l’histoire, Desclée, Paris, 1979 p. 143. J. Moingt, L’homme qui venait de Dieu, p. 507. 45 Zbigniew Kubacki SJ 46 le bien-connu de la religion. L’annonce de la destruction du Temple est l’argument central dans la condamnation de Jésus par le Sanhédrin. Selon J. Moingt, il faut le prendre au sérieux. Dans l’annonce de la destruction du Temple, J. Moingt lit l’annonce de la destruction du monde religieux en général, c’est-à-dire du monde qui enferme Dieu dans le bien-connu de sa tradition et de son culte sacrificiel. Mais en même temps la distinction qu’il fait entre la compréhension de la religion par Jésus et celle des Lumières montre que son approche de la religion est une approche dialectique, située dans la perspective de la théologie de l’accomplissement. «Quand il (Jésus) annonce l’adoration ‘en esprit et en vérité’ et l’oppose à celle qui se pratique dans les temples, il n’inaugure pas une ‘religion intérieure’, purifiée de toute ritualité, comme le comprendront les hommes des Lumières, mais il enlève aux symboles religieux – aux symboles de toute religion, juive comme samaritaine ou païenne – leur puissance de domination et d’envoûtement, il libère la vérité qu’ils détiennent captive et qui ne peut pas être en eux s’ils ne renvoient ailleurs, à son corps détruit et reconstruit en tout autre corps souffrant et libéré de sa souffrance. La communication qu’il noue avec une femme ‘interdite’ (Jn 4, 9), au mépris de l’impureté rituelle qui s’ensuivait, devient le signe inaugural, l’ ‘heure’ du culte nouveau selon l’esprit de l’Évangile»30. 2. L’église comme «religion de l’Èvangile» J. Moingt appeler l’Église la «religion de l’Évangile». C’est sa singularité et son identité par rapport aux autres religions. Il le dit notamment quand il traite de la mission de l’Église dans le contexte du pluralisme religieux et la laïcité occidentale dans le tome 2/2 de Dieu qui vient vers l’homme. D’abord il rentre en discussion avec ceux qui soutiennent de la thèse que les religions non chrétiennes sont expressément et formellement conçues et voulues par Dieu. C’est la thèse tenue par des théologiens de l’option dite «pluraliste» comme John Hick, Raymundo Panikkar, Paul F. Knitter mais aussi, avec des accents différemment répartis, par certains théologiens de l’option dite «inclusiviste» comme Karl Rahner, Jacques Dupuis et Claude Géffré, tous cités par Moingt. Tous ces théologiens considèrent les religions non chrétiennes comme «voies de révélation» et «voie de salut» conçues et voulues par Dieu. Ce qui les amène, en conséquence, à parler du pluralisme religieux comme «pluralisme de principe». Le premier argument de J. Moingt à l’encontre de cette opinion est souligner l’ambiguïté du mot même «religion» dans ces théologies. Son deuxième argument à l’encontre de l’opinion qui accepte le pluralisme religieux comme «pluralisme de principe» est de dire que «le salut ne peut Ibid., p. 515. 30 La notion de „religion” dans la théologie de Joseph Moingt être l’oeuvre des religions» mais qu’il «se fait dans l’unique événement de Jésus, qui transcende le cours de l’histoire parce qu’il est avènement de Dieu parmi nous»31. Ici, comme dans les textes précédents, la religion est comprise comme une réalité qui vient de l’homme et de sa culture. Admettre ainsi que les religions non chrétiennes sont des «voies de salut» équivaut, pour lui, «de ramener le salut aux oeuvres de religion»32, ce qu’il considère comme la grave erreur des théories extrêmes du pluralisme, semblable dasn un certain sens à celle de l’exclusivisme ecclésiocentrique. Celui-là «liait la médiation du Christ à un rite religieux déterminé, le baptême reçu au nom de Jésus; celles-là écartent la médiation du Christ en tant qu’elle empêche de lier le salut à d’autres institutions religieuses que le christianisme; ici et là, l’erreur était et demeure d’identifier le salut à un paradigme religieux»33. Cette critique est certainement vraie par rapport à la position de J. Hick et d ‘autres comme lui qui refusent l’unique médiation du Christ dans le salut de tous, l’affirmation centrale du Nouveau Testament. Ainsi, justement, ce sont des religions qui deviennent les médiations du salut d’un dieu qui n’est plus même un dieu personnel mais une Réalité Ultime. Est-ce que cette critique de J. Moingt concerne aussi la position de Karl Rahner, Jacques Dupuis et Claude Géffré qui unanimement, et dans l’opposition justement à la position pluraliste, défendent l’unicité de la médiation salvifique du Christ? Je ne le pense pas. Néanmoins sa critique ainsi exprimée met le doit sur le risque que peuvent courir certains théologiens. C’est le risque de ceux qui, investis dans le dialogue judéo-chrétien, admettent la théorie de «deux voies de salut»: l’une pour les Juifs à travers la Thora, l’autre pour les chrétiens et tous les autres par le Christ. Critiquant la conception théologique du pluralisme religieux comme pluralisme de principe, J. Moingt tout de même accorde une valeur positive aux religions. Les religions, d’après lui, peuvent être considérées comme des «moyens» dont Dieu «se sert» «pour sauver les hommes en éclairant leurs croyances religieuses par les illuminations de son Verbe et en sanctifiant leurs pratiques religieuses par les purifications de l’Esprit Saint de manière à orienter l’esprit et la vie de ces croyants en direction du salut qu’il [Dieu] leur a apporté en Jésus Christ». Mais, dit-il, elles ne peuvent pas être traitées comme «voulues par Dieu à titre de voies de révélation et de salut, conçues formellement comme telles»34. En parlant de la mission de l’Église dans le contexte la laïcité occidentale J. Moingt revient sur la notion de religion pour redire que «la Bible travaille pour Dieu contre la religion». Et il précise: Id, Dieu qui vient à l’homme. De l’apparition à la naissance de Dieu, t. 2, Cerf, Paris, 2007, p. 946. 32 Ibid., p. 947. 33 Ibid., p. 957-948. 34 Ibid., p. 947 et 946. 31 47 Zbigniew Kubacki SJ 48 «non pas contre l’appartenance à une religion, mais contre les garanties de salut qu’elles se flattent toute de procurer à leurs croyants, pour affermir leur emprise sur eux, au détriment de la confiance qui doit être mise dans la seule grâce de Dieu; et c’est la raison en plus de ne pas penser que Dieu aurait expressément confié aux religions la garde et la grâce du salut»35. Cela dit, comme dans le livres L’homme qui venait de Dieu, aussi dans son livre Dieu qui vient vers l’homme J. Moingt présente un jugement nuancé sur la religion. A la suite de Paul Tillich il reconnaît l’apport positif de la religion comme «‘état d’être saisi par une préoccupation ultime’, qui répond ‘à la question du sens de notre vie’»36. Mais il reconnaît aussi, toujours en suivant le théologien protestant, que dans cette définition large de la religion entrent les quasi-religions comme les grandes idéologies du XX siècle – fascisme, national-socialisme, communisme, mouvement socialiste protestant, humanise libérale – ou aujourd’hui nombreuses sectes. Il cite de nouveau Tillich, avec qui sur ce point il est complètement d’accord, comme celui-ci écrit: «Dans la lutte pour Dieu contre la religion, celui qui lutte pour Dieu se trouve dans la situation paradoxale d’être obligé de se servir de la religion pour combattre la religion»37. Ceci, constate J. Moingt, est aussi vrai pour le christianisme comme religion. La définition préférée de J. Moingt pour dire qu’est-ce que c’est le christianisme et l’Église consiste à dire que l’Église est «la religion de l’Évangile» c’est-à-dire de l’annonce du Royaume de Dieu. Car, dit-il, l’Église, qui naissait autour de Jésus, «naissait des semences du Royaume que sa parole jetait et faisait germer dans les coeurs de ceux qui l’entourait»38, et c’est toujours son identité fondamentale et aussi sa mission principale. Jésus, dit aussi J. Moingt, n’a pas fondé une nouvelle religion. Ce n’est pas de lui que l’Église a reçu sa forme de religion. Elle s’est la donné elle-même au cours des siècles. Mais «c’est de lui cependant, directement et de lui seul, qu’elle tient son identité, à savoir de l’ordre donné à ses apôtres de partir et d’aller en tous lieux annoncer son Évangile»39. C’est en cela que consiste aussi son universalité. Sa vocation et mission fondamentale n’est pas de marquer tous les hommes du signe de baptême et devenir ainsi «le lieu universel du salut» mais elle consiste à «faire retentir la voix de l’Évangile dans le monde entier et jusqu’à la fin des siècles» et conduire tous les hommes «au baptême spirituel dont Jésus disait devoir être lui-même baptisé, celui de la vie livrée Ibid., p. 978. Ibid., p. 953. 37 P. Tillich, Le Christianisme et le Religins, Paris, Aubier-Montaigne, 1968, p. 165. Cité dans J. Moingt, Dieu qui vient à l’homme. De l’apparition à la naissance de Dieu, t. 2, p. 955. 38 Ibid, , t. 2, p. 976. 39 Ibid., p. 984. 35 36 La notion de „religion” dans la théologie de Joseph Moingt par amour des autres, purifiée et consacrée par la Parole de vérité dont il avait abreuvé ses disciples»40. Le propre de l’Église en tant que religion de l’Évangile est d’annoncer le salut de Dieu qui a été fait une fois pour toute en Jésus-Christ, l’unique Médiateur. Or; la conséquence que «ce médiateur est unique, de la même façon et pour la même raison que Dieu est unique, a pour la première signification de nier ou de supprimer toute autre médiation, toute prétention de quelque autorité religieuse que ce soit, en dehors de Jésus, à s’interposer entre Dieu et les hommes, et la précision que ce rôle incombe à un homme, et à un seul, informe que le chemin du salut passe par l’humanité de cet homme». Voilà la justification pourquoi, selon J. Moingt, un théologien chrétien ne peut pas accepter de paradigme pluraliste ni pluralisme religieux comme «pluralisme de principe». Et il poursuit cette argumentation en disant: «C’est la conclusion logique de la mort de Jésus sur la croix, mort hors religion d’un blasphémateur condamné au nom d’une loi religieuse et rejeté par son peuple, mort qui déclenche de la part de Dieu, non le rejet de ce peuple, mais, bien au contraire, l’accomplissement des promesses qui lui avaient été faites, c’est-à-dire le venue des temps messianiques, avec cette clause, toutefois, qu’elle étendues à l’universalité des peuples, maintenant que cette mort avait détruit l’obstacle qui les séparait et qui les maintenait en état de rivalité et de haine, à savoir l’obstacle de la loi religieuse qui privilégie les uns en excluant les autres du salut (Ep 2,11-18)»41. Voilà pourquoi même par rapport au judaïsme le théologie chrétien ne peut pas admettre la théorie d’une double voie de salue: l’une pour les Juifs sans le Christ; d’autres pour tous les autres par le Christ. Voilà aussi pourquoi, à la suite de Vatican II, ce que fait aussi J. Moingt, on peut parler de l’Église comme «sacrement de salut», à condition de bien souligner, comme le fait le texte conciliaire dans la Constitution Lumen gentium 1, qu’elle est ce sacrement en tant qu’elle est «dans le Christ», et non pas sans lui ou à côté de lui. La conception de religion qui ressort un peut partout ces pages est la même que dans les autres textes de J. Moingt à savoir que la religion est principalement une réalité qui vient de l’homme. Alors, bien évidement, Dieu peut s’en servir comme moyen pour sauver les hommes, et de fait, il fait ainsi, mais, du point de vie chrétien on ne peut pas admettre la prétention de quelque autorité religieuse que ce soit, en dehors de Jésus, à s’interposer entre Dieu et les hommes. Dans le texte cité plus haut J. Moingt dit bien «Jésus» et ne dit pas, comme propose p.ex. J. Dupuis, le «Verbe comme tel» dont l’action salvifique, aussi bien avant qu’après l’incarnation, dépasserait sa médiation Ibid., p. 989. Ibid., p. 995. 40 41 49 Zbigniew Kubacki SJ 50 en Jésus42. Le texte de J. Moingt s’inscrit dans la ligne droite de l’enseignement de Vaticant II qui dans la Constitution Gaudium et spes, au nr 22, aussi parle de Jésus comme Verbe de Dieu incarné: «Par son Incarnation, le Fils de Dieu s’est un quelque sorte uni lui-même à tout homme». Voilà pourquoi, à la différence des théologiens comme J. Dupuis et Cl. Géffré qui, eux, s’appliquent à distinguer entre Jésus-Christ comme l’«unique Médiateur», avec quelques précisions ou distinctions supplémenterais, et les religions comme les «médiations participées»43, J. Moingt réserve la notion de «médiation» à Jésus-Christ seul, et les religions qualifient de «moyens» dont Dieu se sert. Car, pour lui, le salut de Dieu, compris comme accomplissement de son projet créateur de Dieu-Trinité, est «apporté par cet individu singulier»44 et rien d’autre. C’est lui l’unique «voie» du salut. Non seulement les autres religions mais aussi l’Église devrait cesser d’identifier la voie du salut à sa particularité religieuse pour proclamer et célébrer la gratuité et l’universalité du salut en Jésus Christ. Ainsi, dit-il, «elle advient du même coup à sa vraie catholicité, et la conscience vraie de sa mission universelle de salut»45. Car la voie du salut ce n’est pas la religion mais c’est l’Évangile, c’est le Christ et son Esprit. Car c’est l’Esprit, envoyé par le Christ ressuscité, «porte aux hommes le salut accompli pour tous par Jésus une fois pour toutes ... le dépose au plus profond des esprits et des coeurs, mettant sur la voie du salut quiconque répond à ses appels, se laisse instruire par lui dans la connaissance de soi-même et de Dieu, conduire par lui selon l’esprit évangélique qu’il insinue en eux, et guider à la suite du Christ sur la voie royale de la Croix, celle de l’amour qui livre sa vie». Et J. Moingt ajoute: «Ce salut par l’Esprit ne se fait ‘pas indépendamment’ de l’Eglise ... car il est l’Esprit du Christ, uni de principe à son corps ecclésial. Mais il n’y est pas enfermé comme dans un lieu ni conditionné par ses structures ni soumis au pouvoir qui s’y exerce ...»46. Voilà pourquoi l’Église est d’abord une religion de l’Évangile. 3. Conclusion En résumant l’approche de J. Moingt de la notion de religion, nous pouvons dire d’abord qu’il commence sa réflexion à partir de l’attitude de Jésus vis-à-vis de la religion. Plusieurs fois J. Moingt souligne qu’en se présentant d’abord comme homme de foi et d’expérience de Dieu, Jésus Voir J. Dupuis, Le Verbe de Dieu, Jésus Christ et les religions du monde, NTR 123 (2001), pp. 533, 537, 538, 539, 540, 543, 544. 43 Voir id, La rencontre du christianisme et des relirions. De l’affrontement au dialogue, Cerf, Paris, 2001, p. 253-299. 44 J. Moingt, Dieu qui vient à l’homme. De l’apparition à la naissance de Dieu, t. 2, p. 1020. 45 Ibid., p. 1022. 46 Ibid., p. 744. 42 La notion de „religion” dans la théologie de Joseph Moingt a apporté «le concept nouveau (dialectique) d’une religion affranchie des limites de la religion»47. Telle est aussi son approche à lui de la religion. Jésus a mis en cause les institutions et les pratiques religieuses et notamment la confiance et l’assurance que les gens religieux ont coutume d’y mettre. C’est une attitude que J. Moingt retient comme importante aussi pour l’Église d’aujourd’hui dans son vie interne par rapport à ces institutions et ses pratiques religieuses et dans son rapport avec les autres religions, ou à la théologie chrétienne des religions. Jésus dans son annonce, au cśur de laquelle est l’idée d’une nouvelle relation à Dieu, a déstabilisé la religion trop assurée d’ellemême. J. Moingt va jusqu’à dire que le procès et la mort de Jésus sont «une sortie de Dieu hors la religion»48. C’est dans le silence de Dieu sur la croix qu’il voit cette sortie de Dieu. Car, dit-il, sur la croix, Dieu «perd l’éclat de la divinité que les religions confèrent aux êtres divins»49. Autrement dit, la sortie de Dieu hors la religion signifie sa sortie hors de l’idée de Dieu que les hommes reçoivent de la religion, ou plus exactement que les hommes se construisent dans la religion. Le christianisme devient ainsi en quelques sortes la fin de la religion. Cependant, une fois dit cela, J. Moingt précise qu’il ne faut pas comprendre cette déclaration comme une simple suppression de la religion. Lui-même reconnaît que la religion est un soutien naturel de la foi. Il reconnaît que le christianisme est aussi une religion, mais sa singularité, qui ne doit jamais être perdue, c’est que c’est une «religion de l’Évangile». Dans les sillages de la pensée de K. Barth J. Moingt ne cesse de souligner une tension qui existe entre la foi et la religion. Il la détecte déjà dans l’Ancien Testament, notamment chez les Prophètes, et ensuite chez Jésus. Le juste rapport entre la foi et la religion voit comme une perpétuelle tension dialectique. D’une part, dit-il, «Dieu s’est révélé historiquement dans des événements de rencontre, de relation Je-Tu (…) en suscitant l’écoute, la foi et l’obéissance des humains (…). Dans cette perspective, Dieu se révèle par soi et pour soi à la foi, et non directement dans l’élément religieux (…)». Mais, d’autre part, aussi par rapport à la foi «la religion est (…) son être-là au monde, son existence-pour-nous dans l’histoire, en tant qu’elle est l’extériorisation de la foi dans l’existence du croyant et la trace historique, dans l’existence d’un peuple, d’un événement historique de révélation»50. J. Moingt reconnaît donc que le christianisme, en tant que l’expression publique et sociale de la foi, est aussi une religion mais, redisions le une fois de plus, une «religion de l’Evangile». «C’est normal, car une religion – christianisme compris – est l’expression collective de la foi, avec des signes religieux de toutes sortes, 49 50 47 48 Id, L’homme qui venait de Dieu, p. 52. Id, Le Dieu des chrétiens, p. 129. Id, L’homme qui venait de Dieu, p. 603. Ibid., p. 604. 51 Zbigniew Kubacki SJ un culte, des «sacrements»»51. Il insiste sur le fait que Jésus nous enseigne le dépassement toujours nécessaire de la religion, de ses pratiques et de son culte en direction de la foi. C’est peut-être un apport que le christianisme peut contribuer dans les dialogue avec les autres religions. Mais d’abord, c’est e christianisme a toujours besoin d’être évangélisé pour être «une religion radicalement différente de toutes les autres en cela qu’il n’est pas que religion, mais d’abord et essentiellement l’Évangile, et la religion qu’il constitue en tant que société historique est la mise en forme et la mise en śuvre de l’Évangile, comme relation vécue des croyants à Dieu et aux hommes à travers le Christ, comme communauté de foi et de vie évangélique»52. Autrement dit, le christianisme ne doit jamais oublier que ce qui fait son identité et particularité c’est qu’il est et doit demeurer une religion de l’Évangile53. En terminant, il n’est pas inutile de rappeler que J. Moingt n’exclut pas a priori le culte religieux. Mais, il affirme que selon l’esprit de l’Évangile le meilleur culte à rendre à Dieu, c’est le service du prochain, c’est l’amour des autres54. C’est aussi l’action de grâce c’est-à-dire l’eucharistie. 52 Id, Le Dieu des chrétiens, p. 132. Id, Rencontre des religions, «Études», 366/1, janvier 1987, p. 108-109. 53 Cette thèse de J. Moingt est partagée aussi par Claude Geffré. Cf. Cl.Geffre, La singularité du christianisme, in: Penser la foi. Recherches en théologie aujourd’hui. Mélanges offerts à Joseph Moingt, Cerf, Assas éditions, Paris, 1993, p. 356, note 3. La différence entre les deux théologiens porte sur la conception du rapport entre le christianisme et les autres religions. 54 Voir. J.Moingt, Dieu qui vient à l’homme. De l’apparition à la naissance de Dieu, t. 2, p. 1037-1038. 51 52 Il Misterio del Nome: „Io sono l’Immacolata Concezione”. StBob4(2009) s. 53-67 Il Mistero del Nome: “Io sono l’Immacolata Concezione” Jacek Bolewski SJ Pontificia Facoltà di Teologia - Bobolanum Varsavia, Polonia Durante la sua ultima Eucaristia celebrata a Lourdes, il 15 agosto 2004, Giovanni Paolo II tenne un’omelia che iniziava con le parole: “´Que soy era Immaculada Councepciou´. Queste parole che Maria rivolse a Bernadette il 25 marzo 1858, risuonano con intensità tutta particolare nell’anno in cui la Chiesa celebra il centocinquantesimo anniversario della proclamazione del dogma formulato dal Beato Pio IX nella Costituzione apostolica Ineffabilis Deus”.1 Le parole mariane risuonano con la stessa forza anche centocinquanta anni dopo che furono pronunciate per la prima volta; vogliamo dedicare la nostra attenzione al mistero che esprimono. Mi lascio guidare anche dalle successive parole del grande Papa: “Ho desiderato vivamente di compiere questo pellegrinaggio a Lourdes, per ricordare un evento che continua a rendere gloria alla Trinità una e indivisa. La concezione immacolata di Maria è il segno dell’amore gratuito del Padre, l’espressione perfetta della redenzione operata dal Figlio, l’inizio di una vita totalmente disponibile all’azione dello Spirito”.2 Colpisce qui una connessione del mistero dell’Immacolata Concezione con il mistero della Santa Trinità. Continuando la nostra riflessione, cerchiamo di trovare il senso di questa connessione. 1. Non solamente Immacolata... Ricordiamoci le singole fasi dell’apparizione a Lourdes che portarono alla rivelazione del Nome. L’inizio fu il primo elemento importante. Era una mattinata fredda dell’11 febbraio 1858 quando Bernardette uscì con altre Secondo il testo nel: „L’Osservatore Romano” (P) 10/2004, 16. Ibidem. 1 2 53 Jacek Bolewski SJ 54 ragazze a cercare stecchi di legna per il caminetto. In un certo posto le ragazze dovevano attraversare l’acqua di un piccolo canale a valle del fiume Gave. Preparandosi a passare l’acqua, la ragazza si sedette sulla riva per togliere gli zoccoli e le calze. All’improvviso, come raccontava dopo al prete durante la confessione, udii un rumore, come s e c i f o s s e s t a t o u n c o l p o di vento”, dopodiché nella cavità della grotta sull’altra riva del fiume apparve una “luce dolce” e all’interno della luce “una cosa bianca sotto forma di una signora”. Il confessore rimase stupito in particolare dalle parole che precedevano la visione stessa; pensò allo Spirito Santo nel giorno di Pentecoste (Atti degli Apostoli 2,2) e non capiva come Bernardette potesse formulare qualcosa che superava le sue capacità mentali. Chiese soltanto, “ispirato da Dio” – come egli stesso confessò più tardi – se egli poteva raccontare la visione al parroco, e Bernadette accettò3. Il curato non fu interessato, contrariamente ad altri... Le visioni successive attiravano sempre più testimoni, e già il 18 febbraio una signora anziana che accompagnava Bernadette alla grotta non solo impose alla ragazza di chiedere al “fantasma” il suo nome ma le diede anche una penna e un pezzo di carta per segnare il nome. Quando Bernadette presentò la richiesta, sentì dalla bocca dell’Apparsa: “N’ey pas necessári” (Non è necessario); nello stesso tempo l’Apparsa le chiese di “avere la cortesia di venire qui per quindici giorni” (L 59). Si diffuse la voce che alla ragazza apparisse la Vergine Santissima. Bernadette comunque era più precisa. Durante il primo interrogatorio fatto da un commissario di polizia rispose alla domanda: “Io non dico di aver visto la Vergine Santissima”, aggiungendo che vide: “Una cosa bianca”. Il commissario rimase disorientato e chiese dei chiarimenti: “Una cosa o una persona?” La risposta fu: “Ciò [Aquero] ha la forma di una fanciulla [damisèle]” (L 77). Anche dopo Bernadette definiva spesso la figura misteriosa come “ciò”, anche se altre persone si convincevano sempre di più che si trattasse di Maria. I giorni successivi portarono alla scoperta (il 25 febbraio) di una fontana che doveva diventare il più famoso ed attraente frutto delle visioni di Lourdes. Secondo le parole della visionaria: “La signora mi ha detto: ´Vai alla fonte per lavarti e bere´” (L 121). L’azione purificante della fontana fa pensare di nuovo all’opera dello Spirito Santo. La visione del 2 marzo pone un nuova compito alla ragazza: “Vai a dire ai preti che si venga qui in processione e che qui si costruisca una cappella”. Questo fece sì che Bernadette si presentasse per la prima volta davanti al parroco. Era difficile per lui accettare la richiesta comunicatagli dalla ragazza, tanto più che mentre egli R. Laurentin, Lourdes. Cronaca di un mistero (la traduzione dal francese: Lourdes. Récit authentique des apparitions, Paris 1987), Mondadori, Milano 2007, 41s (usiamo nel testo l´abbreviazione: L + numero della pagina). 3 Il Misterio del Nome: „Io sono l’Immacolata Concezione”. insisteva perché gli dicesse chi era la signora incontrata, la ragazza rispose: “Non lo so”, e aggiunse poi che si presentò: “Una cosa che assomiglia alla Signora” (L 157). Il curato voleva che la ragazza chiedesse il nome alla Figura. Dopo la visione successiva, Bernadette disse che „la Signora continuava a volere la cappella”. Alla domanda del parroco se avesse chiesto il nome alla Signora, la ragazza rispose: “Sì, ma non faceva altro che sorridere”. Il parroco non solo ripeté la sua richiesta ma chiese anche un segno, ossia egli voleva che fiorisse un roseto nella grotta. Bernardette passò la richiesta alla Signora durante la visione del 4 marzo quindi nell’ultimo dei quindici giorni promessi per le visite nella grotta. Ella lo raccontò poi al parroco con queste parole: “Le ho chiesto il suo nome... Ha sorriso. Le ho chiesto di far fiorire il roseto, ha sorriso ancora. Ma vuole sempre la cappella” (L 198). Siccome il parroco subordinava la costruzione della cappella alla rivelazione del nome, la questione rimaneva aperta. La ragazza smise di recarsi alla grotta poiché andava lì soltanto su richiesta della Signora. Dopo tre settimane però sentì la “necessità” di andare alla grotta. Fu il 25 marzo, la festa dell’Annunciazione. Bernardette decise subito di continuare a chiedere il nome fino ad avere una risposta. Preparò una domanda e l’imparò a memoria: “S i g n o r a , volete aver la cortesia di dirmi chi siete, per favore”. Bernadette ripetè la domanda tre volte, ma la Signora sorrideva sempre. La ragazza insisteva. Il più eminente cronista delle visioni di Lourdes, René Laurentin, così descrive il seguito: “Alla quarta domanda, la Signora non sorride più. Tenendo le due braccia aperte, alza gli occhi guardando al cielo, poi dice, giungendo le mani all’altezza del petto: ‘Que soy era Immaculada Councepciou’” (L 220). Alla rivelazione del nome sono legati altri due fatti che dimostrano che “ciò” significa più che solo Immacolata. Rammentiamo che Bernardette non capiva il significato delle parole che le furono trasmesse, quindi se le ripeteva recandosi dal parroco per non scordarle. E quando fu entrata, gridò: “Io sono l’Immacolata Concezione”. Sembrava che la ragazza parlasse di se stessa come se il nome della Signora fosse anche il suo! Il parroco dominò il suo iniziale stupore e si oppose dicendo che una donna non poteva avere tale nome e che la ragazza probabilmente l’aveva frainteso o l’aveva capito male. In seguito, alla visionaria furono suggerite altre versioni che sembravano le più logiche; forse Maria disse: “Sono Immacolata Vergine” o “Vergine Immacolatamente Concepita”, oppure: “Sono Maria, Immacolata Concezione”. Ma Bernadette non si fece confondere le idee. Questo diede da pensare al parroco. Gli venne in mente che il nome nascondesse una figura retorica come quella quando uno invece di dire: “E’ una cosa molto bianca” dice “E’ puro biancore”. Di conseguenza, Maria Immacolatamente Concepita meriterebbe il nome di Immacolata Concezione. Rimane quindi una domanda se non esista 55 Jacek Bolewski SJ un ulteriore significato di tutto ciò, visto che il nome indica qualcosa in più che solamente l’Immacolata? 2. In unità con il Figlio 56 I suddetti fatti richiedono un’interpretazione teologica. Soffermiamoci sul significato della data della visione che ha rivelato il nome. L’Annunciazione non è altro che la comunicazione della concezione del Figlio di Maria come Figlio di Dio. Il Suo concepimento fu non solo verginale ma anche immacolato, libero dal peccato originale. Di conseguenza, il nome rivelato a Lourdes nel giorno in cui si celebra l’immacolata concezione di Gesù, indica anche Gesù stesso. L’Immacolata Concezione come mistero di Maria va oltre Maria stessa poiché include anche il Figlio con il quale Ella si unisce in modo così essenziale. Considerando l’unità di entrambi i misteri, partiamo dall’immacolata concezione di Gesù, rivelata prima di quella di Maria. La nozione che dopo fu riferita a Sua Madre, prima riguardava Lui. La Bibbia Lo presenta come “agnello immacolato” (in greco: amomos; in latino: immaculatus), precisando che “Egli fu predestinato già prima della fondazione del mondo [pro kataboles kosmou], ma si è manifestato negli ultimi tempi per voi” (1P 1,19n). E’ significativo che questa menzione dell’immacolata concezione di Gesù non si limiti solo alla Sua vita terrena dal momento del concepimento, ma Lo presenta nel piano eterno di Dio, legato alla creazione, e quindi assomiglia ad un’altra espressione riferita a noi come scelti dal Padre in Cristo: “In lui ci ha scelti prima della creazione del mondo [pro kataboles kosmou], per essere santi e immacolati [amomous] al suo cospetto nella carità” (Ef 1,4). E la liturgia della Chiesa ha applicato le ultime parole a Maria nelle letture della parola di Dio per la sollennità dell’Immacolata Concezione. Torniamo ancora alla sorgente dell’essere immacolato di Gesù, di Maria e di noi – in un piano eterno del Creatore. Soffermiamoci sul mistero del Figlio di Dio incarnato. Tutta la sua vita terrena è stata la realizzazione della missione dell’Agnello, che “toglie” (ho airon) il peccato del mondo (Gv 1,29). Questo “togliere” rimane il mistero del Suo essere immacolato: da un lato prende su di sé e “porta” la peccaminosità umana fino al punto che Egli stesso possa essere considerato come peccatore (2 Cor 5,21), e dall’altro lato grazie alla Sua continua innocenza non cede al peccato ma lo toglie definitivamente, fino ad annientarlo pienamente. Quanto si è realizzato nella morte di Gesù, quando “con uno Spirito eterno offrì se stesso senza macchia [amomos]” (Ebr 9,14), permette di considerare la Sua stessa incarnazione come il nuovo sacrificio opposto ai sacrifici dell’Antico Testamento. Ecco, in questo modo si può attribuire al Figlio di Dio venuto nel mondo le parole indirizzate al Padre: “Tu non hai voluto né sacrificio né offerta, un corpo invece mi hai preparato. Non hai gradito né olocausti né sacrifici per il peccato. Allora ho detto: Ecco, io vengo – poiché di me sta scritto nel rotolo del libro – per fare, o Dio, Il Misterio del Nome: „Io sono l’Immacolata Concezione”. la tua volontà”. L’autore della Lettera agli Ebrei aggiunge poi: „Ed è appunto per quella volontà che noi siamo stati santificati, per mezzo dell’offerta del corpo di Gesù Cristo, fatta una volta per sempre” (Ebr 10,5-7. 10). L’immacolata concezione del Figlio di Dio incarnato fu espressa in maniera particolarmente chiara nella descrizione dell’Annunciazione. Il Bambino concepito è definito come “Santo” e chiamato “Figlio di Dio”, poiché, come viene annunciato a Sua Madre: “Lo Spirito Santo scenderà su di te, su te stenderà la sua ombra la potenza dell’Altissimo” (Lc 1,35). Si chiarisce così il lato positivo dell’essere immacolato inteso come santità, il dono dello Spirito Santo: il ciò è meglio di un’affermazione negativa sull’immacolata concezione o sul non essere stato macchiato dal peccato. Continuando, la santa concezione del Figlio di Dio suppone non solo la Sua unità personale con lo Spirito Santo ma anche l’azione dello Spirito Santo sulla Madre del Concepito. Questo si esprime nelle parole che annunciano a Maria che è kecharitomene, non solo “piena di grazia” come si dice anche di altri santi (di Stefano che è pleres charitos, “pieno di grazia” – Atti 6,8), ma anche “trasformata da grazia”4 che opera in Maria anche prima per prepararLa alla santa concezione del Figlio. Da molto tempo fu notato che nella bocca dell’Angelo kecharitomene sostituisce il nome di Maria, come se fosse il suo nuovo nome. Soltanto dopo – questo termine fu esteso a tutta la sua vita, dal momento del concepimento nel seno di sua madre. Quindi, oggi mentre riconosciamo definitivamente la sua immacolata concezione, possiamo chiamarLa Kecharitomene come se questo nome fosse attribuito a Maria dal momento del suo concepimento il quale fu “trasformato da grazia”, e fu semplicemente santo – dalla forza dello Spirito Santo. La santa concezione di Gesù intesa come opera dello Spirito Santo su Sua Madre suppone quindi la sua santità, e non solo al momento del concepimento del Figlio ma dal momento della concezione di Maria nel grembo di sua madre. Questa unità è espressa nella nostra lingua dalla nozione: “immacolata concezione di Maria”. Questa nozione ha un doppio significato: dice non solo come fu concepita Maria ma anche che Maria concepì in maniera immacolata suo Figlio. L’unità di questi due significati fu presentata da un grande poeta inglese, gesuita Gerard Manley Hopkins. Nel poema Deutschland si rivolge a Cristo con le parole che lodano Sua Madre: For so conceivèd, so to conceive thee is done; il gioco di parole del testo originale può essere espresso in modo seguente: “Se Ella fu concepita così, così fu Cfr. le considerazioni del I. de la Potterie citate nel: J. Bolewski, Biała Bogini, Czarna Madonna... Maryjne światło w ezoterycznym odcieniu [La Dea bianca, la Madonna nera... Lume mariano nel chiaroscuro esoterico] Wyd. Rhetos, Warszawa 2005, 343-347. 4 57 Jacek Bolewski SJ data la Tua concezione”.5 Nonostante tutto, il suddetto doppio senso porta ad un equivoco legato all’identificazione dei due significati. Di conseguenza, alcune persone, cercando di distinguerli con maggiore chiarezza, parlano nell’inizio di Gesù – di una concezione “attiva” di Maria opponendola alla concezione “passiva” di Ella stessa.6 In questo senso, la Sua “passiva” immacolata concezione La preparò alla concezione “attiva” che era inoltre verginale. Comunque, entrambi i significati, sia “passivo”, che “attivo” dell’immacolata concezione di Maria con Gesù derivano dall’unica azione dello Spirito Santo. 3. In unità con lo Spirito Santo 58 Lo Spirito Santo è una Persona nell’ unico vero Dio alla quale si attribuisce in modo particolare l’opera dell’unità. Se il Padre è Colui che Ama il Figlio Amato, lo Spirito è l’amore personificato che unisce le Persone divine nella comunione della reciprocità. Perciò tra i carismi, tra i doni che derivano dallo Spirito Santo, come il dono “più grande” e “più perfetto” agli occhi dell’Apostolo appare l’amore (1Cor 12,31s) sul quale in un altro posto l’Apostolo aggiunge che “l’amore di Dio è stato riversato nei nostri cuori per mezzo dello Spirito Santo che ci è stato dato” (Romani 5,5). L’amore-agape costituisce una comunione dell’unità sia in Dio che tra gli uomini. In seguito ci apriamo al “dono di unità nello Spirito Santo” (2Cor 13,3), in particolare di unità tra Gesù e Sua Madre – nel mistero dell’Immacolata Concezione. Abbiamo già rilevato le tracce dell’opera dello Spirito Santo a Lourdes, prima agli inizi della visione che fu anticipata da un “rumore” dal cielo, e poi nello scoprire la fonte dell’acqua, un altro segno “dell’acqua viva” sanatrice che Gesù univa nei Vangeli al dono dello Spirito Santo (cfr. Gv 7,37s). Nella stessa direzione va anche il nome rivelato finalmente su richiesta della visionaria. Possiamo completare l’intuizione del parroco che cercava la luce nel passaggio dal “bianco” alla “pura bianchezza”. Se “immacolato” significa “santo”, il passaggio dall’essere immacolato alla santità indica lo Spirito Santo come la fonte. Indirizza quindi, allo Spirito Santo il nome in cui si unisce l’immacolata concezione della Madre e del Figlio come opera dello Spirito Santo. Il legame del nome rivelato a Lourdes con lo Spirito Santo fu scoperto anche da san Massimiliano Maria Kolbe. Egli dedicò tutta la sua vita allo studio del mistero dell’Immacolata Concezione, non solo nella riflessione teologica, ma anche con maggiore intensità nelle opere dedicate completamente all’Immacolata. Intuiva le profondità nascoste nel misterioso nome. In una delle sue lettere scriveva: „‘L’Immacolatamente Concepita’ si lascia Cfr. G.M. Hopkins, Wybór poezji, tł. S. Barańczak, Wyd. Znak, Kraków 1981, 41. 6 Cfr. G. Söll, Mariologie, Herder, Freiburg 1978, 40. 5 Il Misterio del Nome: „Io sono l’Immacolata Concezione”. capire un po’, ma ‘l’Immacolata Concezione’ è piena di segreti consolanti”.7 Nella stessa lettera, troviamo altre affermazioni importanti e sorprendenti. Da una parte, il santo constata: “Ella è di Dio. E’ di Dio in modo perfetto – fino al punto di essere come se fosse una parte della Santissima Trinità, pur essendo una creatura finita. (...) L’Immacolata è la Sposa dello Spirito Santo in modo indicibile... Ha lo stesso Figlio che il Padre Celeste. Che Famiglia Indicibile?!...” Dall’altra parte, descrive il mistero della sua maternità: “Cosa significa la Madre – lo sappiamo, ma la Madre di Dio – non lo riusciamo a capire nella mente, nella testa finita. Solo Dio stesso capisce perfettamente cosa significa ‘Immacolata’. (...) è Madre di Dio!... Questo fa venire le vertigini... è come se fosse sopra Dio, come una madre è sopra i figli che la devono onorare...” Anche a noi vengono le vertigini del santo mentre studiamo le sue parole! Dobbiamo ricordare le parole “come se” che precedono le affermazioni le più vertiginose: la Madre come se fosse una parte della Santissima Trinità, come se fosse sopra Dio... Ovviamente, le parole del santo non solo possono, ma anche devono essere interpretate in modo ortodosso; il contesto per altro non lascia dubbi sul significato corretto delle affermazioni suggestive. Tuttavia, dobbiamo sollevare un’osservazione critica circa uno dei titoli attribuiti a Maria, anche se tradizionale. Chiamare Maria la Sposa dello Spirito Santo è infelice in quanto semplicemente non biblico o addirittura antibiblico. In primo luogo, la Persona dello Spirito Santo, legata alla parola ebraica ruah (femminile!), che è al fianco del Padre e del Figlio, è la parte femminile, materna dell’unico Dio. Perciò le parole di Massimiliano che parla della Madre come “parte” della Santissima Trinità si riferiscono direttamente alla terza Persona Divina, e a Maria indirettamente in quanto ella è particolarmente legata alla terza Persona Divina. In secondo luogo, se consideriamo Maria come Sposa, nella luce del Vangelo di San Giovanni, Ella è la Sposa al fianco del Figlio come Sposo, poiché compare non solo come Madre di Cristo, ma anche come Madre spirituale dei credenti, immagine dell’Ecclesia, la Sposa spirituale del Figlio di Dio.8 Il completamento delle riflessioni del santo rimane valido anche di fronte alla sua ultima e più importante intuizione sul mistero del Nome. Egli lasciò i suoi pensieri, come se fossero una specie di testamento, scritto il giorno (17 febbraio 1941) in cui fu arrestato per entrare sulla via che lo portò alla morte in Auschwitz. Nella sua riflessione, Massimiliano partì dal mistero della Trinità, essendosi concentrato sulla persona dello Spirito Santo inteso come “Frutto dell’Amore del Padre e del Figlio”. Come il concepimento di una vita creata è il frutto dell’amore creato, così lo Spirito come il frutto dell’amore Divino La lettera dal 12 IV 1933 r. scritta all´italiano: Św. Maksymilian Maria Kolbe, Pisma. Część I, Wyd. Ojców Franciszkanów, Niepokalanów 2007, 653-655. Da qui anche le altre citazioni. 8 Cfr. J. Bolewski, Biała Bogini, Czarna Madonna, op.cit., 376n, 403n. 7 59 Jacek Bolewski SJ 60 è la concezione increata, il prototipo di ogni concepimento della vita nell’Universo: “lo Spirito è quindi la santissima concezione, infinitamente santa, immacolata”. Studiando poi l’unità dell’Immacolata con lo Spirito Santo, Massimiliano La chiama anche la Sposa dello Spirito Santo. Questo lo porta alla conclusione: “Se nelle creature, la sposa riceve il nome dello sposo perché gli appartiene, si unisce a lui, assomiglia a lui e in unione con lui diventa un principio creativo della vita, tanto più il nome dello Spirito Santo, l’Immacolata Concezione, è il nome di colei in cui lo Spirito vive dell’amore fecondo in tutto l’ordine soprannaturale”.9 E come completare le riflessioni del santo nella luce biblica? Lo Spirito Santo non è solo il “Frutto” dell’amore del Padre e del Figlio, come l’esprime la formula tradizionale della sua provenienza dal Padre “e Figlio” (Filioque). Il concepimento umano del Figlio “dallo Spirito Santo” (Matteo 1,20) dimostra che si può dire anche del Figlio che proviene dal Padre e “dallo Spirito” (Spirituque).10 Distinguiamo questa seconda verità complementaria nell’immacolata concezione sia di Gesù che di Maria, dove in una dimensione umana appare il mistero del Dio stesso: il Figlio concepito nell’amore (nello Spirito Santo e nella Madre) nasce dal Padre. Quindi invece di dire: il Figlio di Dio nasce nell’amore dal Padre, è possibile dire: nella Santa Concezione il Figlio di Dio nasce dal Padre. Rammentiamo inoltre ciò che è scritto nel prologo del Vangelo di San Giovanni: “In principio era il Verbo... presso Dio”... Anche qui possiamo ritrovare il mistero nascosto dello Spirito inteso come l’Immacolata Concezione – Principio che poi è descritto come “seno del Padre” (1,18) dal quale esce e al quale torna il Figlio-Verbo. L’Immacolata Concezione come amore in Dio assume una forma particolare nella Madre. Come il Figlio si è incarnato in Gesù, così lo Spirito Santo che rimane immateriale, si è rivelato in Maria proprio come Santa Concezione – non solo nella concezione del Figlio, ma anche nell’immacolata concezione di Maria. 4. “Sapienza… multiforme” Abbiamo individuato nel nome “Io sono l’Immacolata Concezione” il legame tra il mistero mariano e la persona del Figlio e dello Spirito Santo. La comunione di due Persone Divine, a differenza del Padre, porta ad una successiva dimensione nel mistero del Nome – legata alla Sapienza. Nell’Antico Testamento, la Sapienza assume diverse forme, come se fossero sottintese, aperte a più interpretazioni, e quindi anche ad un multiforme compi Św. Maksymilian Maria Kolbe, Pisma. Część II, Wyd. Ojców Franciszkanów, Niepokalanów 2008, 683n. 10 Questa formula proposta dal P. Evdokimov viene presentata dettagliatamente nel: J. Bolewski, Początek w Bogu. Jedność dziewiczego i niepokalanego poczęcia [L´inizio in Dio. L´unità della concezione verginale ed immacolata], WAM, Kraków 1998, 389n. 9 Il Misterio del Nome: „Io sono l’Immacolata Concezione”. mento nel Nuovo Testamento. Ricordiamo brevemente: il sottinteso riguarda prima la questione se la Sapienza sia creata o increata… Da un lato, essa parla espressamente di se stessa: “Il Signore mi ha creato all’inizio della sua attività, prima di ogni sua opera, fin d’allora” (Proverbi 8,22s). Però dall’altro lato, siccome esiste “da sempre” ed accompagna il Creatore nella creazione del mondo, che essa stessa precede, può essere considerata talmente vicina a Dio che siede in trono accanto a Dio (Sapienza 9,4) – come Persona Divina. L’Antico Testamento non ammetteva infatti più persone presenti in Dio, ma Gesù che ha rivelato il Nuovo Testamento e se stesso come Figlio di Dio in unità con lo Spirito Santo, permette di capire meglio anche il mistero della Sapienza Divina. Nel Nuovo Testamento domina la corrente che identifica la Sapienza Divina con la Parola creatrice intesa come la seconda Persona della Trinità. Lo dimostrava già nell’Antico Testamento il Libro Sapienza, dove la Sapienza appare anche come la Parola che opera nella storia della salvezza (cfr. Sapienza 18,14s). In Alessandria, dove fu scritto il Libro, nacque inoltre il concetto di Filone: la Sapienza come il Logos significava qui non solo la Parola, ma anche la Mente Divina, manifestata nella storia della creazione e della salvezza, tuttavia sottoposta al Creatore come l’unico Dio.11 Anche se riconosciamo l’influenza alessandrina sul Prologo del Vangelo di San Giovanni, la visione evangelica del Logos, inteso come Dio, costituisce indubbiamente una novità della rivelazione cristiana, il nuovo concetto di un monoteismo nel quale l’unità di Dio appare grazie a Gesù come la comunione del Figlio con il Padre nello Spirito Santo. Eppure le espressioni veterotestamentarie sulla Sapienza permettono di collegare la Sapienza anche alla persona dello Spirito Santo come lo fece Ireneo di Lione12. Resta quindi fermo che ci sia una chiara distinzione tra la Sapienza e il Padre – nella comunione di altre due Persone divine delle quali la distinzione in riferimento alla Sapienza rimane indeterminata ed imprecisa. Se passiamo invece ad una dimensione esplicitamente creata della Sapienza, si aprono di nuovo diverse possibilità. In riferimento alla persona di Gesù Cristo si chiarisce una duplice unità delle caratteristiche create e increate della Sapienza – nell’’unione ipostatica di due nature di Gesù, divina ed umana. La sapienza creata (questa volta scritta in minuscolo!), non Divina – può assumere anche altre forme: essa è una visione, preesistente nel Creatore, dell’umanità come creata “con la Sapienza” (Sapienza 9,2) cui esistenza nel mondo appare – nella prima coppia umana all’inizio dell’umanità, Cfr. D. Mrugalski, Logos. Filozoficzne i teologiczne źródła idei wczesnochrześcijańskiej, WAM, Kraków 2006, 143-153. 12 Cfr. Katechizm Kościoła Katolickiego [Il Catechismo della Chiesa Cattolica], Pallotinum, Poznań 1994, n. 292. 11 61 Jacek Bolewski SJ 62 che una volta commesso il peccato ha bisogno di una purificazione con la forza dell’azione salvifica di Gesù che come nuovo Adamo rivela la nuova umanità non solo in se stesso ma anche nell’Ecclesia e in Maria che la personifica. Tutte le sopraelencate dimensioni della Sapienza sono presentate in modo più completo nelle Lettera agli Efesini dove l’Apostolo riassume la sua riflessione con le parole che spiegano “qual è l’adempimento del mistero nascosto da secoli nella mente di Dio, creatore dell’universo”, aggiungendo: “perché sia manifestata ora, per mezzo della Chiesa, la multiforme sapienza di Dio” (Ef 3,9s)... E’ proprio la Chiesa-l’Ecclesia che unisce diverse manifestazioni della Sapienza. La prima manifestazione della Sapienza, menzionata nella Lettera, è che “in Cristo” siamo stati scelti “prima della creazione del mondo, per essere santi e immacolati”. L’Apostolo intende qui “noi” come membri dell’Ecclesia che non ha cominciato ad esistere solo dopo la venuta di Gesù Cristo al mondo e dopo la Sua opera di salvezza. Se la salvezza è descritta qui come anakefalaiosis, la nuova unificazione in Cristo come Capo (kefale–caput), quindi la ricapitolazione13, ossia questo “di nuovo” significa che l’unità precedente attinta dalla scelta “in Cristo” fu disturbata negli uomini dal peccato e quindi richiedeva non solo l’incarnazione di Gesù, prevista già all’inizio, ma anche “la redenzione mediante il suo sangue” (1,7). Le successive riflessioni della Lettera spiegano l’importanza di Cristo per l’umanità in due immagini. La prima, nella quale Cristo appare come Capo, Lo unisce al Corpo, all’Ecclesia che è “il Suo Corpo” (1,23). E da questo punto di vista, Gesù non solo è chiamato “il Capo del Corpo”, ma opera anche come “Salvatore del Corpo” (5,23). L’ultima nozione conferma che l’Ecclesia intesa come Corpo di Cristo esisteva già prima della salvezza che fu necessaria a causa della sua peccaminosità. Il ciò si presenta in modo ancora più chiaro nella seconda immagine: invece di una relazione “organica” Capo-Corpo appare la sua personificazione nella quale Cristo diventa lo Sposo, e l’Ecclesia la Sua Sposa. In questa prospettiva, l’opera di salvezza può essere descritta come la morte dello Sposo che ha dato la vita per la sua Sposa peccaminosa per “renderla santa, purificandola per mezzo del lavacro dell’acqua” e per farla comparire davanti a sé come „santa e immacolata” (5,25-27). Infine, come lo sfondo di queste due immagini, l’Apostolo ricorda le parole bibliche sulla prima coppia umana come la sorgente dell’umanità grazie al fatto che essa nel rapporto coniugale è diventata “una carne sola”. Ed aggiunge: “Questo mistero è grande; lo dico in riferimento a Cristo e alla Chiesa” (5,31-32). Cfr. H. Schlier, Der Brief an die Epheser. Ein Kommentar, Patmos-Verlag, Düsseldorf 1965, 64; anche: J. Bolewski, Mądrość i misterium ‘Listu do Efezjan’, „Studia Bobolanum” 1(2005), 15-35. 13 Il Misterio del Nome: „Io sono l’Immacolata Concezione”. Ecco, come il mistero dell’Ecclesia, nascosta in Cristo, “prima della costituzione del mondo”, si è manifestato nel mondo, a partire da Adamo ed Eva. Se Adamo viene considerato come “figura” di Cristo (cfr. Romani 5,14), allora Eva, come “madre di tutti i viventi” (Genesi 3,20), può essere considerata come la figura dell’Ecclesia, vista come Madre. Le indicazioni paoline si sviluppano agli inizi della tradizione ecclesiale nell’epoca postapostolica. L’autore di una lettera del secondo secolo dopo Cristo, nota come Seconda lettera di S. Clemente ai Corinzi parlava della “prima Ecclesia, Ecclesia spirituale che fu fondata prima del sole e della luna”. Lo giustifica in doppio modo. Da un lato richiama la creazione dell’uomo come uomo e donna, aggiungendo: “Cristo è uomo, l’Ecclesia è donna”. Dall’altro lato ricorda: anche “gli Apostoli affermano che l’Ecclesia non è da oggi, ma da secoli. Ella fu spirituale come nostro Gesù e comparì negli ultimi giorni per salvarci. Quest’Ecclesia spirituale diventò visibile nel corpo di Cristo”.14 Notiamo che la Lettera agli Efesini può essere considerata come la suddetta testimonianza apostolica.15 Si sta chiarendo gradualmente: la nostra scelta in Cristo per essere “santi e immacolati” si nasconde nel mistero dell’Ecclesia come la visione originale dell’umanità creata “nella Sapienza”. In questa visione, l’umanità era, fin dal principio, “santa e immacolata”. Ciò è stato offuscato dal peccato e solo adesso grazie a Gesù l’Ecclesia dimostra la sua figura originale: di Eva “rinnovata” al fianco di Cristo come nuovo Adamo. Nelle due persone storiche – di Gesù e di Maria – si riconosce l’Immacolata Concezione: il mistero del concepimento nel tempo umano come segno di Origine Eterna in Dio. Nel nome “Io sono l’Immacolata Concezione”, l’Immacolata porta la nostra attenzione fuori da se stessa – all’immacolata concezione del Figlio con la forza dello Spirito Santo. Di conseguenza, essa rappresenta la Sapienza, non solo quella increata che unisce la seconda e la terza Persona in Dio, ma anche quella creata. E’ l’immagine dell’Ecclesia non solo quella che si rivelò nella figura rinnovata grazie alla purificazione nel sangue dell’Agnello, suo Sposo, ma anche quella originale, prevista dal piano eterno del Creatore, nella quale preesistevano in Lui tutti gli uomini – santi e immacolati. Il legame tra l’Immacolata Concezione e il mistero della Sapienza trova conferma anche nella bolla dogmatica Ineffabilis Deus del Beato Pio IX dell’8 dicembre 1854. Il Papa descrive Maria con le parole che assomigliano alle parole della Sapienza nell’Antico Testamento. “Fin dall’inizio e prima dei secoli il Padre scelse e dispose che al Figlio fosse assicurata una Madre Citato secondo: Pierwsi świadkowie. Wybór najstarszych pism chrześcijańskich, tł. A. Świderkówka, ed. M. Starowieyski, Wyd. Znak, Kraków 1988, 115. 15 La nota formulata dal M. Starowieyski: ibidem, 487. 14 63 Jacek Bolewski SJ 64 dalla quale Egli, fatto carne, sarebbe nato ´nella pienezza dei tempi´. Dio l’ha tanto amata ´prima di ogni creatura´ con un amore così grande che ´in Lei trovasse il più grande compiacimento´”. Il Papa ricorre alla tradizione liturgica: „Con questo atto significativo mise in evidenza che la Concezione della Vergine doveva essere venerata in modo singolare, straordinario e di gran lunga superiore a quello degli altri uomini: pienamente santo, dal momento che la Chiesa celebra solamente le feste dei Santi. Perciò le stesse parole che nella Scrittura si riferiscono alla Sapienza increata e descrivono le sue origini eterne, la chiesa era solita utilizzare sia nelle preghiere sacerdotali, sia nella Santa Messa, per applicarle alla concezione della stessa Vergine, perché entrambe erano state stabilite nell’unico e identico decreto dell’Incarnazione della Divina Sapienza”.16 La visione presentata qui chiarisce non solo il dogma, definito solennemente alla fine della bolla, ma anche il mistero del Nome rivelato (e apparso) a Lourdes. Le ultime affermazioni citate confermano: le parole veterotestamentarie della Sapienza che parlano del suo contributo alla creazione, nella luce del Nuovo Testamento sono state legate al mistero dell’Incarnazione in modo tale che la Sapienza “increata” rivela l’azione Divina nell’Incarnazione e la creazione di Maria indica la preparazione dell’uomo capace di accettare l’Incarnazione. In altre parole: il mistero dell’Incarnazione, iniziato nel mondo come immacolata concezione di Gesù, è annunciato dalla precedente concezione di Sua Madre. Questa comunione dell’Immacolata Concezione nella quale il Figlio Divino si unisce alla sua Madre umana nel mistero del principio, è aperto sia alla Sapienza Divina, sia alla visione, inclusa nella Sapienza Divina, della creazione dell’umanità come santa e immacolata. Perciò l’Immacolata che si rivela a Lourdes svela, nel mistero del Nome, anche l’Ecclesia che è personificata da Lei stessa e rinnovata dal suo Sposo nella sua figura da sempre prestabilita – in un santo e immacolato principio. Nell’Ecclesia, come visione originale dell’umanità, prevista e creata “nella Sapienza”, si nasconde la verità più profonda del nostro principio in Dio. 5. In nome dell’Amore Nella sua ultima omelia dedicata all’Immacolata Concezione alla festa dell’8 dicembre 2004, Giovanni Paolo II disse: “Contempliamo quest’oggi l’umile fanciulla di Nazaret santa e immacolata al cospetto di Dio nella carità (cfr Ef 1,4), quella ´carità´, che nella sua fonte originaria, è Dio stesso, uno e trino. Opera sublime della Santissima Trinità è l’Immacolata Concezione Beato Pio IX, Ineffabilis Deus. O Niepokalanym Poczęciu Najświętszej Maryi Panny, Wyd. Ojców Franciszkanów, Niepokalanów 2003, 11-12, 15. 16 Il Misterio del Nome: „Io sono l’Immacolata Concezione”. della Madre del Redentore”.17 Questo ci lascia ancora riflettere come nel nome: “Io sono l’Immacolata Concezione” si svela l’Amore Divino. Il primo segno, ci è stato rivelato dall’intuizione di san Massimiliano: Maria, l’Immacolata Concezione è il nome dello Spirito Santo inteso come carità che unisce il Padre al Figlio. Questo significa che l’azione dello Spirito Santo per l’immacolata concezione di Gesù e di Maria è una rivelazione dell’amore divino che poi si manifesta in tutta la loro vita. Nel nome “Io sono l’Immacolata Concezione” si unisce la dimensione increata della Concezione come mistero del Principio Divino con l’elemento creato che fu “iniziato” nel tempo. Nelle sue riflessioni precedenti san Massimiliano si concentrava sull’elemento temporale della “concezione” perciò sottolineava, rispetto a Maria: “Si chiama anche Concezione ma non così come Gesù che anche se concepito, comunque come Dio esiste da sempre”.18 In modo simile, argomentava nella riflessione Suo nome confrontando insieme il significato: “Io sono l’Immacolata Concezione” con il nome di Dio che rivelando il suo nome a Mosè disse: ‘Io sono colui che sono’ [Esodo 3,14] perché Dio è da secoli, per secoli, e da sempre esiste”.19 L’intenzione di Massimiliano fu quella di indicare la diversità di questi due nomi: l’essere di Dio consiste “nell’esistere senza alcun limite né di tempo, né di qualsiasi altro aspetto”. Invece “l’Immacolata cominciò ad esistere nel tempo”. “Infatti Gesù Cristo, Dio-Uomo” iniziò la sua esistenza dal concepimento nel tempo. Però Egli fu piuttosto concepito, invece di essere la concezione stessa come nel caso di Maria, poiché come Dio Figlio di Dio esisteva senza inizio. Quindi [Ella] essendo la concezione, si distingue da Lui”. La riflessione portava alla conclusione: “Solo ad Ella spetta questo nome e quindi è il suo nome reale”. Finché Massimiliano si limitava all’aspetto temporale della concezione -principio, opponeva Maria a Dio che è “senza principio”. Solamente alla fine quando egli unì l’Immacolata Concezione al nome dello Spirito Santo, riconobbe l’aspetto più profondo, atemporale della Concezione-Principio in Dio stesso e la Sua rivelazione particolare nell’inizio temporale, nell’immacolata concezione di Maria. In questa luce, le riflessioni precedenti del santo richiedono un’ulteriore sviluppo a cui egli stesso non ebbe più tempo di dedicarsi: il divino “IO SONO” (Esodo 3,15) si dischiude a: “Io sono l’Immacolata Concezione”... Colui che dice nell’Antico Testamento “IO SONO” non è solo Dio dei patriarchi – Dio del passato. IO SONO – non cessa di rivelarsi – in ogni istante che viene – nell’avvenire che si apre grazie al suo venire. Il nome nasconde Giovanni Paolo II, Homilia na uroczystość Niepokalanego Poczęcia podczas Eucharystii w Bazylice Santa Maria Maggiore (Rzym, 8 XII 2004); cit. secondo: „L’Osservatore Romano” (P) 2/2005, 24. 18 Św. Maksymilian Maria Kolbe, Pisma. Część II, 664. 19 Ibidem, 686. 17 65 Jacek Bolewski SJ 66 quindi un mistero – di pienezza dell’essere, che si rivela gradualmente nel tempo fino alla “pienezza dei tempi”. Gli avvenimenti successivi dimostreranno con maggiore precisione tutto ciò, Chi sia Colui che è – “quando venne la pienezza del tempo Dio mandò il suo Figlio, nato da donna... ha mandato nei nostri cuori lo Spirito del suo Figlio che grida: Abbà, Padre!” (Ga 4,4.6). Io sono... Sono io... Il nome noto dall’Antico Testamento, è presente nel Nuovo Testamento – nella bocca del Figlio, nel Vangelo del suo discepolo amato. Mentre il Nome si rivela nella sua forma più pura, nello stesso “Sono io” di Gesù senza nessun altro complemento, si rivela esplicitamente la sua forza divina (J 18,5s). Gli altri complementi “aggiungono”, chi sia Gesù: pane della vita, luce, resurrezione, via, verità, vita20... I complementi svelano e spiegano quello che è compreso nel “Sono io” del Figlio. In lui proprio come Figlio si rivela nel modo più completo “Io sono” del Padre che l’ha mandato. E come il Figlio rivela il Padre in tutta la sua vita, azione e in tutto il suo essere terreno, il Padre l’ha rivelato nello Spirito Santo, completando mediante la resurrezione e l’invio “dello Spirito di Suo Figlio nei nostri cuori” la Sua opera che prima, nei momenti chiave della via terrena del Figlio, apriva lo Spirito, a partire dalla Sua concezione nel grembo della Madre. Le dichiarazioni in prima persona diventano le parole rivelatrici di Dio che Egli pronuncia di sé stesso. Il Vangelo e le Lettere del discepolo amato contengono soltanto due affermazioni che possono essere considerate come una risposta esplicita alla domanda chi Egli sia. Gesù dice: “Dio è spirito” (Gv 4,24), e Giovanni aggiunge: “Dio è amore” (1Gv 4,16). In effetti, le affermazioni non distinguono direttamente nessuna delle Persone Divine, ma in modo particolare possono essere riferite allo Spirito Santo. E’ lui, lo Spirito dell’amore che unisce non solo il Padre e il Figlio ma che comprende anche tutti quelli che nella comunione fraterna di fede si aprono al mistero dell’unità delle Persone divine. Il legame delle due affermazioni giovannee diventa più chiaro alla luce dell’intuizione di san Massimiliano. Quando il santo chiamò lo Spirito Santo con il nome di Immacolata Concezione in Dio stesso, il punto di partenza per lui fu proprio l’amore che unisce il Padre e il Figlio – nello Spirito Santo. L’ultima espressione rimane valida anche quando lo Spirito Santo non è inteso unilateralmente come il “frutto” dell’amore del Padre e del Figlio. Siccome è l’amore del Padre dal quale nasce il Figlio, anche il Figlio può essere chiamato il suo frutto nel quale si rivela la forza feconda dello Spirito Santo21 Gv 6,35.48; 8,12; 11,25; 14,6; cfr.: R. Schnackenburg, Das Johannesevangelium II. Teil. Kommentar zu Kap. 5-12, Herder, Freiburg 1971, 59-70. 21 P. Evdokimov, Prawosławie [L´ortodossia], tł. J.Klinger, IW Pax, Warszawa 1964, 154; cfr. anche: J. Warzeszak, Działanie Ducha Świętego w świecie i w Kościele według średniowiecznej szkoły franciszkańskiej [L´azione dello Spirito Santo nel mondo e nella Chiesa secondo la medievale scuola francescana], Wyd. Ojców Franciszkanów, Niepokalanów 1992, 74-78. 20 Il Misterio del Nome: „Io sono l’Immacolata Concezione”. – della Concezione dall’amore del Padre. In quanto, quindi, in seguito alle affermazioni giovannee, il Nome divino trova il suo complemento” in “Io sono Spirito dell’Amore”, così anche nella luce delle riflessioni di san Massimiliano è legittimo aggiungere: “Io sono l’Immacolata Concezione”... Il nome rivelato a Lourdes comprende anche quanto chiarito dalle future visioni, in particolare le più importanti di Fatima. Nelle apparizioni dell’Angelo, meno note, dell’anno 1916, i bambini sentirono: “I cuori di Gesù e di Maria hanno su di voi disegni di misericordia”. Invece, le più note apparizioni di Maria, del 1917, portarono come messaggio centrale le parole dell’Immacolata: “Ma alla fine il Mio Cuore Immacolato trionferà”. Notiamo che come il Nome di Lourdes univa l’immacolata concezione di Maria con Gesù, il messaggio di Fatima unì il Cuore Immacolato della Madre al Santissimo Cuore del Figlio. Questo passaggio dalla Concezione al Cuore è contestualmente legato al desiderio di “mostrare al mondo tante misericordie”. Infatti, nella tradizione cristiana, è proprio il Cuore Divino che simbolizza la misericordia dimostrata da Dio ai peccatori. E perciò l’amore manifestato nell’Immacolata Concezione si rivela più chiaramente nel Cuore Immacolato – come Misericordia. Ribadiamo alla fine: la Persona che si rivela come l’Immacolata Concezione pronuncia queste parole con gli occhi alzati “verso il cielo”, indicando quindi dove dobbiamo cercare la fonte del mistero. Le nostre riflessioni confermano quanto abbiamo detto finora: nella Persona della Madre di Gesù si manifesta una personificazione umana dell’inizio in Dio stesso che può essere unita, sotto aspetto increato, con lo Spirito Santo, e sotto aspetto creato, con la Sapienza che include anche la visione iniziale dell’umanità – nella sua natura originariamente santa e immacolata, successivamente rivelata nell’umana Madre di Dio e nel suo Figlio, e infine nell’Ecclesia. Tutto questo appare come una cosa sola, se contempliamo l’Immacolata “al cospetto di Dio nell’amore (cfr. Ef 1,4), quello ´amore´, la cui fonte originaria, è Dio stesso, uno e trino”. 67 Ethics and Spirituality: Self-Sufficiency or Symbiosis? StBob 4(2009) s. 69-81 Ethics and Spirituality: Self-Sufficiency or Symbiosis? Anna Abram, Heythrop College, University of London London, England Christian faith, expressed through moral life and spirituality, cannot exist in separate spaces. Although the relationship between morality and spirituality is not always straightforward these two domains are not at odds1. They are intimately connected in such a way that a person cannot fully develop his or her potential as a human being without integrating them into one reality. This, however, doesn’t mean that morality and spirituality are the same thing. In fact, equating moral and spiritual life is not helpful as it tends to confuse rather than clarify issues raised by the relationship between morality and spirituality. By making an inquiry into this relationship, without attenuating the distinctiveness of the two domains, this article will attempt to clarify some of the issues and make a few connections. The investigation will be two fold: first, it will examine the tie between moral and spiritual domains; secondly, it will explore the relationship between the two discourses, ethics (including theological ethics) and spirituality. Moral and spiritual domains (as implied in the former) and academic reflection on them (as implied in the latter) are influenced and informed by each other. Splitting the subject into two distinctions and thereby proposing four notions for inve Mark O’Keefe makes a similar point when he says that ‘although we commonly 1 distinguish between a Christian moral life and a Christian spiritual life, in the daily existence of Christian men and women these “lives” are, of course, one’Becoming Good, Becoming Holy: On the Relationship of Christian Ethics and Spirituality, Mahwah: New Jersey: Paulist Press, 1995, p. 9. 69 Anna Abram stigation may seem unnecessary or somewhat artificial. The split, however, has only one aim: a clarification of what is both obvious and complex. The ‘obvious’ is that morality and spirituality are like two sides of the same coin2; the ‘complexity’ is the nature of the overlaps between them. For the purpose of this study we will distinguish between what William Spohn (inspired by Bernard McGinn) helpfully labels: ‘morality’, ‘ethics’, ‘practiced spirituality’ and ‘reflective spirituality’3. ‘Morality’ and ‘practiced spirituality’ are notions of the first order. They refer to concrete bahaviours, practices, perceptions, etc. ‘Ethics’ (a study of morality) and ‘reflective spirituality’ (a study of practiced spirituality) are notions of the second order. We will undertake an exploration of the meanings, the uses and interrelatedness of these four notions. We hope to unveil some promising as well as problematic connections between ethics and spirituality. 1. What do the ‘handbooks’ say? 70 Looking through the literature on the subject, it becomes clear that morality and spirituality have usually (though not always) been treated as if they were separate entities. Reading some of the texts on either of the subjects, the single coin analogy to which we alluded above doesn’t make much sense. The handbooks of moral theology rarely refer to spirituality nor does Christian spirituality material have any serious engagement with the discourse of ethics. This lacuna seems to be rooted in the preoccupation with sins in pastoral texts and in ministry as well as in the idea of confession, and related to it, the development of penitential books. At first these books, which began to appear in the sixth century (as work of the Celtic and Anglo-Saxon churches) did reflect the link between morality and spirituality. The link however got weakened by the development in the twelfth century of a new genre of literature known as summae confessorum (in response to the disciplinary decree of Pope Innocent II and the Fourth Lateran Council requiring the annual confession of sins). These works had a juridical character and tone. In this climate theology and spirituality began to go separate ways. The separation went even further in response to the Reformation and the Church’s need to have a defensive posture. The Council of Trent (1545-1563) aimed at establishing a clear line between Protestant and Catholic. Theology became neatly divided into dogmatic and moral theology, the latter closely linked with canon law. Another genre of literature was developed: Institutiones theologiae moralis (manuals of moral theology) This analogy is borrowed from Michael Barnes’ Editorial, see “The Way Supple- 2 ment” 88(1997), p. 4. W. C. Spohn, Spirituality and Ethics: Exploring the Connections, “Theological 3 Studies” 58(1997), downloaded via http://www.questia.com, 18 August 2009. Ethics and Spirituality: Self-Sufficiency or Symbiosis? which seemed to widen the gap even further4. The gap continued to grow over the next few centuries except for a short interruption in the XVIII century when a renewal of moral theology was attempted at the University of Tubingen, Germany, by John Michael Sailer, Bishop of Ratisbon and his follower John Baptist Hirscher5. Apart from this attempt, the two discourses have hardly dialogued with each other. The writers and scholars from the respective disciplines have been mistrustful of each other. Until recently it has been almost impossible to find in a theological dictionary an entry that would seriously speak about morality and spirituality as linked with each other. When they did speak, as in the case of A New Dictionary of Christian Ethics, the tone was predominantly critical and not helpful towards establishing a positive relationship. An entry in this particular publication is entitled ‘Mysticism and Ethics’, most of which reads as a disapproval of mysticism and presents ethics as superior to it. Undoubtedly, there are forms of mysticism that are self-centred and not conducive to moral growth. Equally, there are ethical theories that are completely uninterested, due to their preoccupation with human acts, in the spiritual dimension of the actor. But, not all mysticism should be treated in a dismissive manner or all ethics seen as irrelevant to mysticism. The situation, thankfully, is changing, and there are good signs of interdisciplinary engagements. A glimpse of this change can be found in a very impressive essay ‘Christian Spirituality and Theological Ethics’ by William Spohn in The Blackwell Companion to Christian Spirituality6. Several contemporary authors, both ethicists and spirituality scholars, take on a task of exploring the relationship between ethics and spirituality, and, more specifically, between moral theology (theological ethics) and Christian spirituality. Some moral theologians such as Vincent MacNamara involve psychology in these discussions and attempt to make connections between ethics, spirituality and psychology7; others, including Vigen Guroian8, refer to literature in order to show the link between the spiritual and the moral. For an excellent presentation of the history of moral theology and more information 4 5 6 7 8 on the above see J. Mahoney, The Making of Moral Theology. Oxford: Clarendon Press, 1987. For a detail information on this attempt to renew moral theology see T. O’Connell, History of Moral Theology, in: M.A Hayes and L.Gearon (eds). Contemporary Catholic Theology: A Reader. Gracewing, Leominster, 1998. W. C. Spohn, Christian Spirituality and Theological Ethics, in: A. Holder (ed.). The Blackwell Companion to Christian Spirituality, Oxford: Blackwell, 2005, pp 269-285. See, for example, V. MacNamara, The Moral Journey, “The Way Supplement” 88(1997), 6-15; id, New Life for Old: On Desire and Becoming Human, Dublin: The Columba Press, 2004. See, for example, V. Guroian, Rallying the Really Human Things: The Moral Imagination in Politics, Literature, and Everyday Life. Wilmington: ISI Books, 2005. 71 Anna Abram A very good theological study of this link can be found in Richard Gula’s The Call to Holiness9. Another inspiring publication is a selection of essays dedicated to the morality-spirituality debate in a British journal of Christian spirituality The Way published in 199710. An unusual (excellent) philosophical treatment of the spiritual dimension is presented by John Cottingham in his The Spiritual Dimension: Religion, Philosophy and Human Value11. Philip Sheldrake, Daniel Maguire and Peter J. Paris are amongst a growing number of spirituality scholars who write about the distinctive interconnection of spirituality and ethics12 2. Morality and Spirituality: A Lived Experience 72 Morality is what we do or should do, how we behave or ought to behave, how we respond to different values (including our ultimate value), and what we see as our duty or obligation. It reflects the customs, norms and codes of conduct that prevail in our society, all of which reflect our understanding of right and wrong, good and bad. Morality refers to a lived experienceof this understanding. Ethics is a study of morality. In other words, it is a study of the lived experience of what we understand as right, wrong, good and bad; it is a reflection on human behaviour in the light of this understanding. Gula defines morality as being about ‘acquiring those virtues and doing those actions that enhance the full flourishing of human life in community and in harmony with the environment’ and ethics as the ‘common way of referring to the disciplined way of thinking about who is a good person and what are right and wrong actions’13. Spirituality (or lived spirituality) seems to be a more difficult notion to define. For some, in popular usage, it may be associated with meditation courses, New Age movements, yoga or tai chi. For others, it may evoke certain religious practices, usually the more ‘sophisticated’ or unconventional ones, which we can find in most world faiths. For example, in Judaism, it is Kabala; in Islam, Sufism; in Christianity, amongst others, Carmelite tradition. Spirituality, in our contemporary world, unlike religion, is a safe and largely tolerant concept. Non-religious people care about it and, most likely, would R. M.Gula, The Call to Holiness: Embracing a Fully Christian Life. New York: 9 Paulist Press, 2003. See “The Way Supplement” 88(1997). 11 J. Cottingham, The Spiritual Dimension: Religion, Philosophy and Human Value 10 Cambridge: CUP, 2005. See, for example, P. Sheldrake, Images of Holiness: Explorations in Contempo- 12 rary Spirituality. London: Darton, Longmann and Todd, 1987; D. C. Maguire, The Moral Core of Judaism and Christianity: Reclaiming the Revolution. Minneapolis: Fortress, 1993; P. J. Paris, The Spirituality of African Peoples: The Search for a Common Moral Discourse. Minneapolis: Fortress, 1995. 13 R. M. Gula, The Call to Holiness, p.24. Ethics and Spirituality: Self-Sufficiency or Symbiosis? agree that the loss of a spiritual dimension would leave our human existence impoverished. The idea of spirituality doesn’t seem to provoke the kind of (polarised) reaction we find in the case of religion. Although there is a connection between religion and spirituality, they are distinct. It will be beyond the scope of this study to explore the religion-spirituality link except pointing out that in cognitive developmental theories, the spiritual stage is higher than the religious stages; however, in order to reach the higher stages one usually goes through the religious stages. Another interesting point is that while the content of the lower stages includes reference to the role of specific religious doctrines in a person’s development, the spiritual stage no longer refers to such doctrines; this stage is sometimes labeled as the ‘universal faith’ stage. James Fowler’s theory of faith development14 is an example of this approach. For him, individuals such as Mother Theresa and Mahatma Gandhi represent the ‘universal faith’ stage – they not only moved beyond what was ‘doctrinal’ in their faith growth but also successfully integrated the spiritual with the moral. Sandra Schneiders sees spirituality as connected with religion. She defines it as ‘religious self-transcendence that provides integrity and meaning to life by situating the person within the horizon of ultimacy’15. A simpler yet more telling definition is offered by Philip Sheldrake: ‘spirituality is how we stand before God in the context of our everyday lives’16. It seems that ‘spirituality’ is associated with ‘everyday life’s’ activities and attitudes which are irrespective of metaphysical commitment or doctrinal allegiances. Although there is more than one type of spirituality, there are at least three elements that the different types have in common: (1) a recognition that there is something deeper to human life than what is externally obvious. There is a deeper level of experience, deeper self, deeper reality (related to God, the supernatural spirit, etc); (2) a search for ways that could enable us to touch, realize, and articulate this ‘deeper’ domain; (3) concrete activities which fill the creative and meditative space in us and fulfill the search; for those who believe in the supernatural they make the relationship with it more direct and alive. This last element stresses an important aspect of spirituality: spirituality is more concerned with ways of living rather than doctrines subscribed to, with activities rather than theories, with praxis rather than belief even if the belief system has an important role to play in the search. It is not surprising that St Ignatius of Loyola didn’t call his training manual ‘spiritual theories’ but ‘spiritual exercises’. J. Fowler, Stages of Faith: The Psychology of Human Development and Quest for 14 Meaning. San Francisco: Harper and Row, 1981. S. M. Schneiders, Theology and Spirituality, Strangers, Rivals, or Partners? “Hori- 15 zons” 13 (1986), 253. P. Sheldrake, Images of Holiness, p.2 16 73 Anna Abram 74 Michael Downey notices two recurrent themes in the multiple varieties of spirituality – the first corresponds to what we have suggested above regarding recognition, the second connects more directly with the moral domain: ‘first, and most importantly, there is an awareness that there are levels of reality not immediately apparent [...]. Second, there is a quest for personal integration in the face of forces of fragmentation, and depersonalization’. 17 Since this quest is usually directed to the highest value in the person’s system of beliefs, spirituality has a direct allusion to morality. In the Christian context the most often quoted definition of ‘Christian spirituality’ is one put forward by Bernard McGinn: ‘Christian spirituality is the lived experience of Christian belief in both its general and more specialized forms [...]. It is possible to distinguish spirituality from doctrine in that it concentrates not on faith itself, but on the reaction that faith arouses in religious consciousness and practice. It can likewise be distinguished from Christian ethics in that it treats not all human actions in their relation to God, but those acts in which the relation to God is immediate and explicit’18. This definition as well as Downey’s second point are useful to our study. They help us identify several generic connections and differences between spirituality and morality: spirituality and morality are a lived experience of a belief; they are neither doctrines nor theories but rather practical reactions to what is understood as being or having the highest value in our lives; only immediate and explicit actions in the relation to God are the subject of Christian spiritual enquiries while ethics is interested in all human actions. This last point requires some attention as it is not clear how exactly McGinn’s distinction between the two types of actions works. Perhaps what is confusing is the term ‘action’ which in ethics pertains more to one’s external behaviour while in spirituality this term has a much wider meaning and use. Spohn can be helpful in clarifying this point. He explains that lived spirituality ‘refers to the practice of transformative, affective, practical, and holistic disciplines that seek to connect the person with reality’s deepest meanings. It is concerned not primarily with isolated experiences such as visions or insights, but with a way of life that consciously seeks to live in tune with ultimate or comprehensive realities’19. ‘Reflective spirituality’ seems to be about the ‘interpretation and communication of this particular experience as experience’20. Actions or activities mentioned in McGinn’s definition may mean disciplines which are supposed to engage the whole person so that their way of life can be understood as transformative journey towards ultimate M. Downey, Understanding Christian Spirituality. New York: Paulist, 1996, p.14. B. McGinn, John Meyendorff, and Jean Leclercq, Christian Spirituality: Origins 17 18 to the Twelfth Century. New York: Crossroad, 1985, p. xv-xvi. W. C. Spohn, Spirituality and Ethics. 20 Ibid. 19 Ethics and Spirituality: Self-Sufficiency or Symbiosis? realities. Undoubtedly, this transformation is expressed in the daily living out of our relational lives. It is visible in our practical responses to claims that life makes on us. In other words, it is visible in the moral life. Morality and lived spirituality overlap in the sense that a true inner transformation (the subject of lived spirituality) results in the way of life that promotes goodness and rightness (the subject of morality). Disciplines or devotional practices often seek to instill virtues or good traits of character. Although we can now see more clearly the links between the moral and the spiritual, it is also becoming clearer that there are aspects of each domain that are unique: spirituality often addresses regions of experience that seem to be beyond the reach of ordinary morality. When looking, for example, at the stories of Dietrich Bonhoeffer and Sophie Sholl (both of whom stood on the side of the oppressed and actively participated in the resistance movement in the Nazi Germany) it is hard to know what sort of inner movements took place within them; what sort of internal processes unfolded so that they were able to situate themselves against the conventional. Ethics wouldn’t seem to have appropriate disciplinary tools to grasp this reality. What we do know is that Sophie’s and Dietrich’s spiritual states resulted in their most courageous behaviours. We also know that their actions for the good of others and a certain ‘mystical’ union with the (ultimate) Good (which for Bonhoeffer was represented in his love for Christ; for Sholl, in her love for humanity) generated some powerful contemporary spiritualities. It is probably fair to say that morality does not emphasize personal transformation and holistic integration to the degree that lived spirituality does. On the other hand, spirituality cannot offer precision in working out what moral behaviour requires of us in a concrete situation. Moral skills and spiritual skills are somewhat different and they require different ways of learning. Perhaps spirituality should be the starting point; it is spirituality when we begin to explore individual values as well as ultimate value. Spohn suggests that many accounts of lived spirituality are more pedagogical than versions of morality: ‘they inculcate a way of life by practices of study, meditation, and compassion that develop certain intellectual, moral, and religious capacities’21. He goes on to explain that ‘with the help of a guide or director, these practices help the person break with an unauthentic way of existence in order to embrace a more authentic level, usually through contact with more radical level of reality’22. Living in a ‘deep’ way requires ongoing transformation, a conversion from inauthenticity to authenticity, practices of study, meditation, openness to ultimate realities and identification of the highest value. It also requires Ibid. Ibid. 21 22 75 Anna Abram 76 a mature recognition that we are moral beings in a multitude of relationships (with others, close and distant ones, and with ourselves), all of which make different demands on us. MacNamara states this quite neatly: ‘we experience ourselves as moral beings’23. In other words, we know from our own experience that we have responsibilities and duties towards others and towards ourselves – we know that life makes claim on us. Holistic integration of our experience as moral beings takes place in the spiritual space in us and, as MacNamara puts it, ‘becoming moral is a long, delicate and difficult journey inward’24. It is a journey of interior practices and disciplines through which we not only hope to learn spiritual skills, discover that we want to be moral but what a true expression of this desire is. ‘Not to be alive to the moral call is to have an undeveloped heart’25 and it suggests that there is something fundamentally lacking in us as human beings. The issue of lacking, failure and the need for personal transformation are precisely the issues which spirituality can address and from which morality can benefit. Gula takes this point (on spirituality benefiting morality) even further and helpfully clarifies: ‘spirituality can never be separated from morality as some external aid that helps the good [….] Spirituality is the wellspring of the moral life. That is to say that morality arises from, rather than generates, spirituality […] Morality reveals one’s spirituality’26. This means that all we do, how we live, how we relate to others, ourselves and the whole environment reveals how we are internally, what we genuinely value and how we organize our life experience around what gives us ultimate value. Our life history is the reflection of our spiritual history; it tells us where our heart has or hasn’t been regarding this value. Morality without spirituality is narrow and in danger of losing access to some profound moral truths. Some moral truths we discover through spirituality. Morality without spirituality can be perceived as a code imposed by an outsider or Creator-God under threat of punishment. We are too familiar with the consequences of this understanding. Our history (social, religious, national, etc) offers us countless examples of what happens when morality does not respect the interior nature of the human life and inhibits the spiritual dimension. One of the ways of preventing this from happening is a proper inter-disciplinary engagement: spirituality can safeguard ethics from being viewed as imposed codes under the threat of punishment while ethics can safeguard spirituality from becoming an isolated discourse removed from the social praxis. 25 26 23 24 V. MacNamara, The Moral Journey, p. 7. Ibid. Ibid. R. M. Gula, The Call to Holiness, p.37. Ethics and Spirituality: Self-Sufficiency or Symbiosis? 3. Ethics and Reflective Spirituality: An Interdisciplinary Perspective It is probably helpful to recognize that neither ethics nor spirituality is a homogeneous discourse. Many of the claims we will make in this section are generic and don’t touch specific concerns of, let’s say, business or environmental ethics in relation to spirituality. It is also worth pointing out that unlike ethics - an academic discipline with a long history and with several well established sub-disciplines (moral theology, bioethics, social ethics, etc), spirituality is relatively new, and it is still perceived by some as a branch of theology (ascetic theology). Our approach here is based on the premise that both ethics, especially theological ethics and spirituality, although related to theology, are distinct disciplines. When brought together, both have potential for enriching each other. Spohn suggests that perception, motivation, and identity are ‘three regions of moral experience where the concerns and practices of spirituality are supplementing, if not supplanting, formal ethical approaches’.27 Regarding perception he points out that what we value depends on what we pay attention to and how we pay attention to it. Resources for attentiveness may be derived from spirituality, especially desert spirituality which fosters a discipline of self-emptying and solidarity with the suffering. Spohn sees special value in the practice of detachment in order to attach oneself to a transcendent goodness: ‘attachment to a transcendent goodness and beauty detaches us from sentimental distortion of the other, thereby freeing us to appreciate the other as it is’28. We may argue that spiritual practices do not guarantee moral improvement. We cannot be sure that contemplating beauty, admiring and respecting natural creation will make us admire human beings in the same way. Nevertheless, as we learn from several Greek philosophers, contemplation of that kind is a virtue or an image of virtue. Spohn believes that at the level of perception, ‘the practices of spirituality do not threaten ethics, but they can correct the abstract and universal emphases of some philosophies that neglect the particular contours of actual persons and unique situations’29. Regarding motivation, he shows how spirituality, by attending to virtues and vices, corrects impartialist forms of ethics. By referring to the example of Gustavo Gutierrez, he demonstrates that it is not a theory of justice or just war thinking but Gospel dispositions that informed the Latin American struggle for liberation and in turn this struggle gave a new meaning to these dispositions. The dispositions he has in mind include: ‘conversion as a requirement for solidarity, gratuitousness as the atmosphere W. C. Spohn, Spirituality and Ethics. Ibid. 29 Ibid. 27 28 77 Anna Abram 78 for effective action, joy as the victory over suffering, spiritual childhood, radical dependence on God as the requirement for commitment to the poor, and community born out of solitude’30. The encounter with God that occurs in identifying with the poor in Christian faith is the most powerful motivation for becoming the kind of person one is called to be by Christ. Identity is the region of the moral experience that is central to both spirituality and ethics (especially to virtue or character ethics). According to Spohn, ‘spirituality usually adds a transformative urgency to the question of identity. When the self overidentifies with external goods like success, power, and pleasure, it is bound to be inauthentic. Spiritualities insist on conversion and dedication to worthwhile sources of meaning in order to forge a genuine identity’31. These days the question of identity lies at the heart of discussions about the environmental crisis or the current economic downturn. Spiritual practices and disciplines (especially, meditation) can contribute to a reinterpretation of personal identity in the light of what is going around us: ‘by accepting and yielding to [...] groundlessness I can discover that I have always been grounded not as a self-contained being but as one manifestation of a web of relationships which encompasses everything.’32 So far we have concentrated primarily on the contribution of reflective spirituality to ethics. However, reflective spirituality remains incomplete without reference to ethics. Amongst other things spirituality can learn from ethics how to reflect on spiritual experience in a disciplined and normative way. More importantly it can help to set parameters for what is acceptable within spiritual life and what genuinely promotes the moral good and not narcissistic good feelings; the former fosters flourishing while the latter contribute to self-deception. Another place where ethics can complement spirituality is the sphere of sacredness. Sometime reference to and contact with the sacred can be employed as an instrument to advance a particular ideology and social program. Critical ethical reflection can help to detect the problem. Jean Porter suggests that, of the different schools of ethics, virtue ethics in particular can be of service to spirituality. It can, for example, help to identify what is common to the Christian life, in contrast to the distinctive characteristics of particular spiritualities. Porter, a theological ethicist and a follower of Aquinas, explains the implication of Aquinas’ theory of virtue for spirituality. She suggests that any authentic Christian life incorporates the theological and cardinal virtues. Since the practice of the virtues requires the cultivation of certain perceptions and sensibilities, as well as the performance of certain kinds of actions, the practice of charity with other Christian virtues Ibid. Ibid. 32 Ibid. 30 31 Ethics and Spirituality: Self-Sufficiency or Symbiosis? involves the cultivation of awareness of God’s love and reflection on what it means to act in response to that love. She explains the basic link between virtues and spirituality as follows: ‘for the Christian, the cultivation of the virtues will normally take the form of the practice of a spirituality. At the same time, the forms which the Christian virtues take will vary in accordance with the circumstances and the vocation of the individual’33. Using an example of a soldier and a mother Porter says: ‘both the soldier and the mother of a family are often called on to show a charitable courage, but the particular actions which express that courage will most likely be quite different, even if in each case recognizably the acts of courage’34. Porter makes an important point here which enables us to see spirituality in a more flexible way: while the practice of the Christian virtues requires the individual to practice spirituality, there is no one spirituality associated with the virtues. Each Christian, perhaps through the use of prudence (practical reason), needs to implement or discover a set of spiritual practices which are appropriate to his or her own situation, and, as Porter stresses, for that matter, his or her own temperament. Accounts of Christian virtues, which Porter and other contemporary theological ethicists offer us35, can help find a way to justify new and unfamiliar forms of spirituality. Ethicists can help spiritual scholars to formulate the criteria by which they can distinguish legitimate and healthy forms of the spiritual life from those which distort the message of the Gospel or are in some way destructive or unhealthy. Porter makes a very direct point when she says: ‘Since the life of Christian virtue is essentially the life of charity, that is to say, a life of love for God and neighbour, then any form of spirituality which involves hostility or contempt towards other persons, or to God and the good creation that God has given us, is ruled out as a valid Christian spirituality’36. Ethics can help to work out what valid spirituality means; it is certainly the spirituality based on the love of God, one’s neighbour and oneself (including one’s own body). Spirituality can expand ethics beyond its usual concerns about actions and decision making. In the end, so much of our moral life takes place before we make moral decisions. Spirituality reminds us that the quality of our lives in their totalities determines our ability to discern. J. Porter, Catholic Moral Theology, Ignatian Spirituality, and Virtue Ethics, 33 “The Way Supplement” 88(1997), p. 31. Ibid. 35 Different than Porter’s accounts of virtues can be found, for example, in J. Keenan, 34 Proposing Cardinal Virtues, “Theological Studies” 56(1995), 709-729; S. Pinckaers, Rediscovering Virtue, “The Thomist.” 60 (1996), p.361-378. 36 J. Porter, Catholic Moral Theology, Ignatian Spirituality, and Virtue Ethics, p. 33. 79 Anna Abram 80 *** This study brings us to conclude that the interests of reflected spirituality and ethics overlap considerably. The subject of both is the human agent in search of the ultimate end with a desire to respond to it in an appropriate way. Although spirituality cannot do the work of ethics nor ethics can do the work of spirituality, nevertheless the two discourses can work together. We may even stretch this point and say that the two discourses are insufficient on their own. At their best, their relationship is symbiotic. We hope we have succeeded in showing some of the benefits of this interdisciplinary symbiosis. From the point of view of ethics, it is clear that cooperation between the two discourses is most fruitful when we engage agent-based schools of ethics like virtue ethics (rather than deontological or consequentialist theories). Overall, ethics can encourage the study of spirituality to move beyond historical, psychological, and sociological description to normative reflection. Spirituality can expand the scope of ethics beyond a strictly formal or impartialist accounts. Richard Gula is convinced that ‘spirituality without morality is disembodied; morality without spirituality is rootless’37. Obstacles in interdisciplinary cooperation arise when, on the one hand, ethics becomes cut off from an adequate and holistic view of morality, and, on the other, when a lived spirituality is cut off from an adequate reflective spirituality, that is, from traditions and communities that are empowered to provide normative ethical categories. Spohn points to other problems that arise in the relation of lived spirituality to ethics: ‘some practitioners want spiritual practices to “do the work” of ethical reflection by immediately and intuitively grounding their preferred way of life. Conversely, some ethicists consider the practices of spirituality to be sectarian because they are not accountable to public criteria of truth and meaning’38. When we bring ethics and spirituality together, our debates on what constitutes good life, what holiness and wholeness mean, how holiness and rightness relate to each other, can be promising and fruitful. When these two discourses interact there is no need for us to be overwhelmed by rules, norms and actions nor to deny their role in order to acknowledge that other human dimensions (which spirituality takes on board) such as the emotions, the way in which one construes a situation, tendencies to react in certain ways and, in short, all the indefinable factors which make up one’s character, are also important. The two discourses flourish when their relationship is of the critical-dialogical type. M. R Gula, The Call to Holiness, p. 5. W. C. Spohn, Spirituality and Ethics. 37 38 Ethics and Spirituality: Self-Sufficiency or Symbiosis? For the Christian it is not just the spiritual moral life that matters nor is it just the moral life. It is one’s entire life ‘as understood, felt, imagined, and decided upon in relationship to God, in Christ Jesus, empowered by the Spirit’39 that matters. MacNamara articulates this so well when he says that for the Christian ‘the spiritual quest arrives at a sharing in the faith of Jesus Christ which is that the source, ultimate meaning and final destiny of all existence is the one whom he called ‘Abba’. One who has found that has found life. The Christian is to live moral life in the explicit light of this faith. In the context of this, everything, and not least moral life, is linked to God. God is known as the answer to the question that we are’40. Faith through spirituality gives a vision that bears on the moral situation. It seems that in the end the distinction between ethics (morality) and spirituality is a distinction without a difference. 81 Wolski, Spirituality, in: Komonchak, Collins and Lane (eds). The New Dictionary 39 of Theology. Dublin: The Liturgical Press, 1987, p.972. V. MacNamara, The Moral Journey, p. 13. 40 L’originalita della Contemplatio ad amorem StBob4(2009) s. 83-103 L’originalità della Contemplatio ad amorem negli Esercizi spirituali di sant’Ignazio di Loyola Wacław Królikowski SJ Czechowice-Dziedzice, Polonia Non è per caso che sant’Ignazio metta la Contemplazione per ottenere l’amore (=CA) alla fine degli Esercizi1 come il coronamento e culmine di tutto il cammino spirituale in essi proposto2. Nemmeno il titolo che sant’ Ignazio pone all’inizio di questo esercizio: “Contemplación para alcanzar amor”, rimane senza ragione. Visto questo, vogliamo vedere in che cosa consiste l’originalità della CA. Perché viene chiamata contemplazione, e non meditazione? Quale è il suo rapporto con gli altri esercizi proposti nel libretto di sant’Ignazio? Bisogna anche vedere quale è il significato dell’amore in questa «Contemplazione», nei confronti con gli altri esercizi proposti negli Esercizi. Le risposte a queste domande ci aiuterà a vedere meglio l’originalità della CA. 1. Il significato della contemplazione nella Contemplatio ad amorem Nella ricerca sul significato della contemplazione nella CA ci rivolgiamo prima di tutto al «Principio e Fondamento», che si trova all’inizio della «Prima settimana» degli Esercizi, e all’esercizio ivi proposto, in qualche modo piazzato fuori degli esercizi delle «Quattro settimane» proposte. Cfr. Ejercicios Espirituales (=EE) [230-237], in: Obras, Edición ������������������������� Manual, Transcri- 1 pción, introducciones y notas de Ignacio Iparraguirre, S.I., Candido de Dalmases, S.I., y Manuel Ruiz Jurado, S.I., Quinta edición revisada y corregida (=Obras), BAC, Madrid 1991, 272-273. 2 Cfr. W. Królikowski, Vero posto della Contemplatio ad amorem negli Esercizi spirituali di sant’Ignazio di Loyola, „Studia Bobolanum” 4 (2007) 101-141. 83 Wacław Królikowski SJ 1.1. La CA e il «Principio e Fondamento» 84 Il «Principio e Fondamento» (PeF) è la base di tutto l’edificio morale e spirituale degli Esercizi: “Basis totius aedificii moralis et spiritualis”3. È un portico, un riassunto di tutti gli Esercizi [46, 169, 177, 179, 189…, 233], “la raíz y la fuerza motriz de toda la vida espiritual”4. La verità che si trova nel PeF influisce tutti gli Esercizi, sviluppandosi nelle diverse tappe di essi, e arrivando al loro culmine nella CA. Dall’altra parte la CA è “un desarrollo y una explicitación del Principio y Fundamento”5. Per questo chiediamo: In che cosa la CA somiglia al PeF e in che cosa si differenzia? La CA è in certo senso simile al PeF perché sia l’uno come l’altro esercizio non si riferisce a un mistero della vita di Gesù, a un evento storico, vissuto da Cristo, e che sarebbe contemplato, ma alla verità, a un oggetto astratto, in questo caso fondamentale per un cristiano, che sviluppandosi lungo il cammino degli Esercizi, arriva al suo culmine, cioè all’Amore. Il teocentrismo e cristocentrismo, presente nella CA, lo incontriamo anche nel PeF. Il PeF, una «méditation fondamentale»6, pur essendo una sintesi anticipata di tutti gli Esercizi, come osserva il P. Hugo Rahner, S.I., una specie di «apriori» di essi, quello in cui Ignazio visse e pensò, la «forma mentis», cui si deve ispirare ogni ulteriore meditazione e contemplazione7, è un esercizio ben diverso da tutte le meditazioni e le contemplazioni delle «Quattro settimane» degli Esercizi, e anche dalla CA. In questa, come la chiama il P. Jesé Calveras, S.I.: «consideración»8, viene sottolineata di più la nostra dipendenza da Dio, mentre la CA ci fa vedere il Dio che si dona a noi. Nel PeF noi usiamo le creature per entrare nella relazione con Dio, invece nella CA è Dio che usa la sua creazione per dare se stesso a noi; il PeF richiede principalmente la risposta di servizio, mentre la CA quella di gratitudine; nel Directoria Exercitiorum Spiritualium (1540-1599) (=D.), Edidit, ex integro refecit 3 4 5 6 7 8 et novis textibus auxit Ignatius Iparraguirre S.I., MHSI, Romae 1955, vol. 76,33, 34,43(103), 643. D. López Tejada, Los Ejercicios Espirituales de San Ignacio de Loyola. Comentario y textos afines, EDIBESA, Madrid 1998, 143. Il PeF sostanzialmente ha le sue radici, come tutti gli Esercizi, nella «grande illuminazione» di sant’Ignazio presso il fiume Cardoner, nelle esperienze sublimi di Manresa, anche se non si escludono le altre fonti che potevano influire su sant’Ignazio nell’ultima redazione di questo esercizio; cfr. M. Ruiz Jurado, Hacia las fuentes del principio y fundamento de los Ejercicios, „Gregorianum” 58/4 (1977) 752-754. I. Iglesias, La Contemplación para alcanzar amor en la dinámica de los Ejercicios Espirituales, „Manresa” 59 (1987) 374. Secondo il P. Jacques Lewis, S.I., è un altro nome del PeF; cfr.J. Lewis, Connaissance des Exercices spirituels de saint Ignace, Montréal 1981, 80. Cfr. H. Rahner, Notes pour servir à l’étude des Exercices, Enghien-Chantilly 1954, 21. J. Calveras, Qué fruto se ha de sacar de los Ejercicios Espirituales de San Ignacio. Texto para cursillos de Ejercicios, Barcelona 1950², 163. L’originalita della Contemplatio ad amorem PeF si concretizzano le condizioni del servizio (l’uso proprio e l’indifferenza) e si presentano come l’oggetto da raggiungere da parte dell’esercitante. L’offerta di se stesso invece nella CA è presente come offerta amorosa e spontanea, come meta d’amore raggiunta9. Anche se i due testi sono complementari, però, in essi si vede molto chiara la differenza fra “l’intelletto” e “l’affetto”, oppure “puramente ascetico” e “contemplativo”. La differenza, proveniente dallo sviluppo continuo, che si svolge fra il PeF e la CA, riguarda anche il modo della preghiera. Ma anche nel tipo di orazione che propone. Nel PeF l’esercitante è chiamato a conoscere Dio Creatore con i suoi doni della creazione, che devono aiutarlo nel conseguimento del fine per cui è stato creato, cioè “para alabar, hacer reverencia y servir a Dios nuestro Señor, y mediante esto salvar su ánima” (EE, 23). L’esercitante fa dunque una considerazione, una certa meditazione dell’universo creato da Dio, dei beni del Creatore, che sulla faccia della terra creati per lui, affinché lo aiutino nel conseguimento del fine della sua vita. Dio ha creato l’universo, “pour le contempler, pour en être le prêtre auprès de Dieu, et peut-être celui qui l’introduit dans la glorification (cf. Rm 8, 19-21)”10. Il P. Ignacio Casanovas, S.I., applicando la struttura della meditazione ignaziana alla materia del PeF, propone, dopo l’orazione preparatoria (cfr. EE, 46), il 1° preludio, che riguarda la composizione del luogo; e il 2° preludio, nel quale l’esercitante chiede a Dio nostro Signore quello che vuole e desidera11. Però, “il PeF non è una meditazione sulla creazione”12, nel senso ignaziano, né la contemplazione di essa. La preghiera qui proposta, anche se ispira ogni ulteriore meditazione e contemplazione degli Esercizi13, non ha lo stesso carattere e contenuto che quella della CA. Nella CA, invece, dove Dio si manifesta piuttosto come l’Amore, la preghiera che propone sant’Ignazio, è una penetrazione contemplativa superiore a quelle del PeF, e a quelle sperimentate durante le «Quattro settimane». In questa “mirada contemplativa”14, l’esercitante è chiamato a contemplare non soltanto i doni della creazione, ma anche quelli della redenzione (cfr. EE, 234). Nella CA l’accento nuovo appare nell’immanenza di Dio in ogni creatura, a livello sia di natura sia di grazia. Non si smentisce che le creature siano mediazioni; Dio però non è soltanto il trascendente al di là delle creature. Perciò, nella CA l’esercitante «osserva» come Dio abita nelle creature Cfr. CH. A. Bernard, Eléments pour un Directoire des Exercices, Roma 1971, 73. J. Lewis, Connaissance des Exercices, op. cit., 81. 11 Cfr. I. Casanovas, Comentario y explanación de los Ejercicios Espirituales de San 9 10 Ignacio de Loyola, Barcelona 1956², 15. S. Rendina, Principio e Fondamento, „Appunti di Spiritualità” 24 (1988) 11. 13 Cfr. Ch. A. Bernard, Pour mieux donner les Exercices ignatiens, Roma 1980, 44. 14 M. Ruiz Jurado, Para encontrar la voluntad de Dios. Guía de Ejercicios Espirituales, 12 Madrid 2002, 136. 85 Wacław Królikowski SJ 86 (cfr. EE, 235); «considera» come Dio lavora per lui in tutte le cose create sulla faccia della terra (cfr. EE, 236); e «osserva» come, tutti i beni e doni discendono dall’alto per santificare la nostra vita nell’unione con Dio Amore. Nel PeF le creature appaiono anche nella loro ambiguità (infatti potrebbero impedire anziché favorire il raggiungimento del fine), qui invece, “appaiono in luce decisamente positiva: si può (e si deve) amare e servire sua Divina Maestà in tutte le cose, «en todo» (EE, 233)”. Non per questo c’è contraddizione tra PeF e CA: “Le creature infatti non sono mai considerate in assoluto, ma in relazione a Dio e all’uomo”15. È proprio la visione di questo rapporto che si modifica con l’itinerario di continua conversione e trasformazione interna dell’esercitante; e giunge a conferire una diversa prospettiva alla CA. Si tratta di un processo della crescita di carattere spirale, nel quale “todos los elementos (Dios, hombre, cosas) están presentes siempre, en todas las fases y se van retomando continuamente desde un nuevo ángulo de contemplación, que en la CA alcanza su grado máximo de profundidad y de simplificación a la vez”16. La preghiera proposta nella CA, dopo lo sviluppo di carattere spirale lungo le «Quattro settimane», è più profonda, più diretta nel rapporto con il Signore di quella del PeF. In questa contemplazione, l’esercitante sperimentando profondamente e in tutto l’Amore che si dona, entra pienamente nello scambio vicendevole con Dio Amore, e nell’offerta piena di se stesso, espressa nella preghiera Suscipe. Nel PeF l’esercitante ha il desiderio di scegliere solamente quello “que más nos conduce para el fin que somos criados” (EE, 23), invece qui, nella CA, si tratta dell’atto totale, della decisione profonda, ispirata dal Signore, di amare e servire la Sua divina Maestà, “más en las obras que en las palabras” (EE, 230). Come dice il P. Lewis: “L’oblation de soi, dans le «Suscipe», se hausse à un degré suprême de passion spirituelle dans une offrande où l’on ne se réserve rien, avec la persuasion que l’Amour suffit. Vraiment, par l’»Ad amorem», et même par les «manières de prier» qui vont s’approfondissant, on acquiert une haute spiritualité, un état d’attention aimante au Seigneur, «en une communication réciproque» (n. 231), réalisée «dans les actes plus que dans les paroles» (n. 230). La vie elle-même devient amour; on trouve en tout Celui qui aime en tout; et dans l’action, on lui est un «instrument uni» (Const. 813)”17. S. Rendina, La «Contemplazio ad amorem» coronamento di tutti gli Esercizi, 15 „Appunti di Spiritualità” 41 (1995) 61. I. Iglesias, La Contemplación para alcanzar amor en la dinámica de los Ejercicios 16 Espirituales, „Manresa” 59 (1987) 375. J. Lewis, Notes sur la Contemplation ad amorem, „Cahiers de Spiritualité Igna- 17 tienne” 20 (1996) 19. L’originalita della Contemplatio ad amorem 1.2. La CA e i «Tre modi di pregare» I «Tre modi di pregare» (cfr. EE, 238-260), uno dei documenti “aptissima et valde utilia profectui spirituali”18, offrono i nuovi metodi di preghiera, “en los que con toda suavidad y gran penetración psicológica tiende San Ignacio el puente entre el examen, la oración vocal y la meditación”19. Incontriamo qua metodi molto utili per rivivere il sentimento spirituale delle orazioni vocali più usate. Ma perché non potranno servire per altri nel pregare in diverse cirostanze e ciascuno al livello in cui Dio lo colloca nella vita ordinaria? Il «Primo modo di pregare» (cfr. EE, 238-248), che non è propriamente un’orazione, somiglia piuttosto a un esame, ed è parte esenziale degli Esercizi cosi detti «lievi» (cfr. EE, 18). È distinto qualitativamente dal «Secondo» e «Terzo modo di pregare» (cfr. EE, 249-260), i quali sono una “mezcla de oración vocal y mental que tiene por objeto el ahondamiento en los contenidos básicos de la fe”20. Nessuno di questi «Modi di pregare» è una contemplazione, anche se sant’Ignazio dice che il «Secondo modo di pregare», si fa “contemplando la significación de cada palabra de la oración” (EE, 249). Perché la materia propria della «contemplazione», secondo sant’Igazio, ha il suo posto nelle contemplazioni dei misteri della vita di Cristo, cominciando dalla «Seconda settimana» degli Esercizi. La CA, anche se, sotto alcuni punti di vista somiglia a questi «Modi di pregare», sostanzialmente però è diversa. Il «Primo modo di pregare» consiste nel riflettere sui “diez mandamientos y los siete peccados mortales, las tres potencias del ánima y los cinco sentidos corporales” (EE, 238), e non astrattamente ma in un modo pratico. Nell’orazione preparatoria chiede la grazia a Dio nostro Signore “para que pueda conoscer en lo que he faltado acerca los diez mandamientos”, e così pure chiedere grazia e aiuto “para me enmendar adelante, demandando perfecta inteligencia dellos para mejor guardallos, y para mayor gloria y alabanza de su divina majestad” (EE, 240). Proprio qui si vede forse più chiaramente la differenza fra questo modo di pregare e la CA. In seguito viene la riflessione sulla materia adatta (cfr. EE, 241-242); poi, accusandosi per le mancanze, la petizione per emendarsi in avvenire (cfr. EE, 243); e alla fine l’orazione conclusiva. Tale struttura e materia somiliano molto all’»Esame generale» (cfr. EE, 43). Il «Primo modo di pregare», come tale, “es un curso breve de Ejercicios, destinado a ordenar los hábitos de vida conforme a la voluntad salvífica D. 33, 34, 43 (256), 735. Obras, op. cit., 274, la nota 136. 20 S. Arzubialde, Ejercicios Espirituales de S. Ignacio. Historia y Análisis, Mensajero18 19 Sal Terrae, Bilbao-Santander 1991, 515. 87 Wacław Królikowski SJ 88 de Dios y a la transformación de las facultades y sentidos del hombre”21, invece la CA è dedicata alla persona già purificata, illuminata e unita con Dio, e che in essa si unisce con Lui anchora di più. Scopo di questo modo di pregare è totalmente diverso dalla CA che suppone la tappa della purificazione, illuminata elezione e l’unione lungo il cammino della Passione e risurezzione di Gesù. In questo modo di pregare la persona chiede la grazia “para que pueda conoscer en lo que he faltado acerca los diez mandamientos”, e anche l’aiuto “para me enmendar adelante, demandando perfecta inteligencia dellos para mejor guardallos, y para mayor gloria y alabanza de su divina majestad” (EE, 240). Invece nella CA l’esercitante non chiede in che cosa ha mancato nei confronti con Dio, ma chiede “conoscimiento intero de todo bien recibido, para que yo, enteramente reconosciendo, pueda en todo amar y servir a su divina majestad” (EE, 233). Non è soltanto un aproccio negativo, un desiderio di non offenderlo più, ma un riferimento massimamente positivo per poter “en todo amar y servir a su divina majestad” (EE, 233). Nel «Secondo modo di pregare» (cfr. EE, 249-257), l’esercitante segue lo stesso metodo di prima, ma adesso “contemplando la significación de cada palabra de la oración” (EE, 249). Così si deve fare con ogni parola del Pater noster o di “otra oración qualquiera que desta manera quisiere orar” (EE, 252)22. Anche se questo modo è chiamato “contemplación”, però non lo è come la classica contemplazione ignaziana, ma piuttosto è una preghiera vocale e mentale nell’insieme. Contemplare in questo caso significa lavorare in naniera più sensibile e intuitiva, più semplificata forse, penetrando affettivamente nello stesso nucleo di quella verità che è pronunciata. Il significato di ogni parola, che non viene dalla persona che prega ma da Dio, come per esempio: Pater noster, penetra l’interno della persona, riavviva i suoi sentimenti più profondi dell’amore, creando l’unione con Dio. È dunque il Padre, che con il suo amore, e la sua Parola trasfigura l’interno della persona. Qui si vede una certa differenza nei confronti del «Primo modo di pregare», e anche qualche somiglianza per quanto riguarda la CA. Sostanzialmente però non è il culmine degli Esercizi come la CA, non suppone il cammino già percorso. Le parole del Pater noster esprimono i più profondi desideri della persona, suscitando nel suo cuore i sentimenti spirituali e cambiando pian piano il cuore della persona che prega secondo il Cuore di Dio Padre. Precisamente “esto es «contemplar» el significado de cada palabra [249]: dejar que la palabra, venida de fuera, establezca la comunión por el amor que despierta Ibidem, 519. Nel «Direttorio» del P. Polanco e nel Direttorio Ufficiale troviamo l’osservazione 21 22 che oltre Pater noster possono essere applicati alcuni passi della Sacra Scrittura, e soprattutto i Salmi; cfr. D. 20 (106), 325 e D. 33,34,43 (265), 739. L’originalita della Contemplatio ad amorem en mí”23. E da quel punto di vista questo modo di pregare somiglia un po’ la CA. Ma anche qui si vede la differenza fra due esercizi. Nella CA l’esercitante «respira» con l’amore di Dio non soltanto attraverso le Sue parole, ma per di più vive profondamente questa Parola, scambiando vicendevolmente con Essa “lo que tiene” (EE, 231), perché possa “en todo amar y servir a su divina majestad” (EE, 233). Ed è quello che differenzia la Ca da questo modo di pregare. Il «Terzo modo di pregare» (cfr. EE, 258-260), che è molto simile al «Secondo», “será por compás” (EE, 258). Quello che lo differenzia è il ritmo della preghiera. Il «Secondo modo» ha delle pause, e anche prolungamenti durante i quali la persona che prega gusta il significato delle parole o delle frasi. Qua invece, la preghiera consiste in questo che “con cada un anhélito o resollo se ha de orar mentalmente diciendo una palabra del Pater nostro”, o di altra orazione che si recita, “de manera que una sola palabra se diga entre un anhélito y otro, y mientras durare el tiempo de un anhélito a otro, se mire principalmente en la significación de la tal palabra, o en la persona a quien reza, e en la baxeza de sí mismo, o en la differencia de tanta alteza a tanta baxeza propria” (EE, 258). Questo modo di pregare abitua a recitare con attenzione e devozione sia le parole sia, come dice il P. Miró24, le frasi dell’orazione, utilizzando un elemento così semplice, tanto spontaneo e naturale come respiro25. Quello, che rende simile questi due ultimi modi di pregare con la CA è l’accoglienza di tutto ciò che viene da Dio, e la risposta data al Signore da parte dell’uomo. La dinamica simile, la troviamo nella CA. Il Suscipe è una offerta da parte dell’esercitante a Dio come la risposta alla Sua iniziativa, a tuto il bene ricevuto da Lui. Però qui c’è anche la differenza fra la CA e il terzo modo di pregare, nel modo di ricevere e di offrire. Nella CA non si usa il ritmo del respiro della persona che prega, o meglio l’esercitante non si limita ad usare tutti i suoi sensi, il corpo e la mente. Lì, non soltanto il respiro viene utilizzato ritmando le parole di una preghiera, ma tutta la persona entra nel contatto con Dio, ma anche con tutto l’universo per trovare ed amare Dio: “en todo”26. I «Tre modi di pregare» sono applicabili in qualsiasi parte degli Esercizi, e possono servire all’esercitante in qualsiasi momento, anche fuori S. Arzubialde, op. cit., 528. Cfr. D. 22-23 (40), 384-385. 25 Il P. Ballester, S.I., paragona questo modo di pregare con i metodi orientali; 23 24 cfr. M. Ballester, Métodos orientales del control respiratorio y tercer modo de orar ignaciano, „Manresa” 54 (1982) 167-173. 26 “In the Second and Third Ways, prayer formulae of the Church comprise the content of two types of personal prayer of a more contemplative quality”, M. Ivens, Understanding the Spiritual Exercises. Text and Commentary a Handbook for retreat Directors, Inigo, Traps Lane-New Malden 1998, 178. 89 Wacław Królikowski SJ di essi, come una preghiera più facile e più rilassante, o più atta per determinate situazioni della persona. Si può esercitarli “dentro de las semanas de Ejercicios sin esperar al fin, por ejemplo, en el día de descanso al terminar la primera”27, durante la «Quarta settimana» e in tutta la vita. Invece la CA ha un posto ben preciso e ben determinato negli Esercizi. I «Tre modi di pregare», particolarmente il «Secondo» e il «Terzo», si avvicinano più alla CA che il PeF, ma non sono iguali. 1.3. La CA e le contemplazioni dei misteri della vita di Cristo 90 Non ci soffermiamo, più di tanto, sulle fonti alle quali sant’Ignazio ha attinto e sulla tradizione patristica e medioevale in ordine alla contemplazione dei misteri della vita di Cristo28. Così come non sviluppiamo cosa si intenda per “misteri della vita di Cristo” e quale sia la loro valenza teologica per la nostra vita cristiana29. Cerchiamo, piuttosto, di comprendere in cosa consiste questo “modo di pregare”, proposto negli Esercizi; vogliamo vedere se c’è qualche somiglianza, o qualche differenza, fra il modo di pregare, indicato nella CA, e quello nelle contemplazioni dei misteri della vita di Cristo, che sant’Ignazio propone nella «Seconda», «Terza» e «Quarta settimana». La serie di contemplazioni sulla vita di Cristo, introdotta dal «Regno», è in continuità con la considerazione del PeF e le meditazioni della «Prima settimana». L’esercitante che ha chiesto nella «Prima settimana»: “Que debo hacer por Cristo” (EE, 53), adesso trova la risposta: seguire Cristo; scoprire in Lui alla luce del Suo Spirito, attraverso le contemplazioni, il modo concreto di fare come Lui ha fatto per la conquista del Regno di Dio. Per questo, nella meditazione del «Regno», l’esercitante chiede la grazia a nostro Signore, “para que no sea sordo a su llamamiento, mas presto y diligente para cumplir su sanctísima voluntad” (EE, 91). La continuità della materia del PeF e della «Prima settimana» degli Esercizi, riguarda anche il modo di preghiera. Cominciando dalla «Seconda settimana», l’esercitante passa dalla meditazione all’orazione più affettiva, all’immaginativa contemplazione di Cristo30. J. Calveras, Los tres modos de orar en los Ejercicios espirituales de San Ignacio, 27 Barcelona 1951, 157. Su quel tema possiamo trovare in: M. Ruiz Jurado, Linee teologiche strutturali degli 28 Esercizi Ignaziani, PUG, Roma 1998, 43-46; R. García Mateo, El misterio de la vida de Cristo en los Ejercicios ignacianos y en el Vita Christi Cartujano. Antología de textos, Madrid 2002. 29 A questo proposito troviamo gli studi di alcuni autori: Aa.Vv., I misteri della vita di Cristo negli Esercizi Ignaziani, CIS, Roma 1980; J. Alfredo, Teología de los misterios de la vida de Cristo, in: Ejercicios-Constituciones. Unidad Vital, Bilbao 1975, 176 -201; H. Rahner, Zur Christologie der Exerzitien, „Geist und Leben” 35 (1962) 14-38. 30 Cfr. J. M. Bover, De la meditación a la contemplación según San Ignacio, „Manresa” 6 (1930) 104-122. L’originalita della Contemplatio ad amorem Il modo di preghiera, proprio per le contemplazioni dei misteri della vita di Cristo, è presentato sin dal primo giorno della «Seconda settimana»: “Primera contemplación es de la Encarnación” (cfr. EE, 101-109), e “la segunda contemplación es del Nascimiento” (cfr. EE, 110-117), fino all’ultima contemplazione della «Quarta settimana», che è “la ascensión de Cristo nuestro Señor” (cfr. EE, 312). La CA, tutta concentrata sul servizio per amore, non viene iniziata subito con un’orazione preparatoria, ma con una nota, che riguarda due osservazioni: la prima, sulla natura dell’amore, che “se debe poner más en las obras que en las palabras” (EE, 230), e la seconda, sulla comunicazione reciproca in cui consiste l’amore: “El amor consiste en comunicación de las dos partes, es a saber, en dar y comunicar el amante al amado lo que tiene o puede, y así, por el contrario, el amado al amante” (EE, 231). In nessuna meditazione ignaziana, e neanche nelle contemplazioni dei misteri della vita di Cristo, incontriamo una nota introduttiva di questo tipo. È una caratteristica propria della CA, che con il suo significato profondo si differenzia dalle altre contemplazioni degli Esercizi. In certo senso si potrebbe paragonare questa nota sull’amore nella CA con il primo preambolo nelle contemplazioni dei misteri della vita di Gesù, dove si tratta di “historia de la cosa que tengo de contemplar” (EE, 102), dell’oggetto della contemplazione. Qua, invece l’oggetto della contemplazione è l’Amore, che si dona “más en las obras que en las palabras” (EE, 230), e che si comunica con tutto ciò “que tiene” (EE, 231). Non sono fatti storici dei Vangeli. Il preambolo, non una nota, non riguarda esattamente una scena evangelica, un mistero della vita terrena di Gesù, che l’esercitante contemplava nelle «Settimane» precedenti, ma una realtà fondamentale fra Dio e l’uomo, il culmine della loro amicizia, profondamente spirituale. Già qui si vede la differenza fra la «contemplazione» dei misteri della vita di Cristo e quella della CA. A parte della nota introduttiva alla CA, la differenza fra le contemplazioni, presenti nelle ultime tre «Settimane» degli Esercizi, e la CA, riguarda anche i preamboli, e non soltanto il loro numero, ma anche il contenuto. Nelle contemplazioni dei misteri della vita di Gesù, cominciando dalla «Seconda settimana», abbiamo tre preamboli, invece nella CA, come nelle meditazioni, solo due. Il primo preambolo, come leggiamo nel Direttorio Ufficiale, è una brevissima ricapitolazione storica, cioè, un breve accenno al mistero che si deve contemplare: “Repraesentatio historiae, seu mysterii quod meditandum occurrit”31. Il secondo preambolo consiste nella “composición, viendo el lugar” (EE, 103, 112). L’immaginativa composizione di luogo corrisponde con l’oggetto della preghiera. La lettura di una scena evangelica offre all’immagi D. 33, 34, 43 (150), 671. 31 91 Wacław Królikowski SJ 92 nazione alcuni dati perché possa esercitarsi senza che intervengano immagini estranee, legate all’immaginario inconscio dell’esercitante, ai suoi ricordi o desideri. È un mezzo che semplifica e fissa la preghiera. Nella CA, il preambolo che si riferisce alla composizione di luogo, non riguarda un evento della vita terrena di Gesù, ma una scena nella quale l’esercitante è invitato a “ver cómo estoy delante de Dios nuestro Señor, de los ángeles, de los sanctos interpelantes por mí” (EE, 232). In questa immagine vede con gli occhi dell’immaginazione di tutta «la corte celeste». Questo primo preambolo riguarda, non già la vita di Gesù come nelle altre contemplazioni, ma Dio Padre, Figlio e Spirito Santo, con la Vergine, gli Angeli e i santi che intercedono per l’esercitante. È un’immagine profondamente amorosa e riverente della Maestà divina, piena d’affetto spirituale. Sembra, che qui non è l’esercitante, che si presenta come servitorello, che guarda Gesù appena nato, Lo contempla, e Lo serve nelle Sue necessità, con ogni possibile rispetto e riverenza, come faceva nella contemplazione della Natività (cfr. EE, 114), ma è la Trinità che lo guarda con tanto amore, e gli Angeli e i Santi che intercedono per lui. Il terzo preambolo dei misteri della vita di Cristo è paragonabile con il secondo della CA. Qui, l’esercitante è chiamato a “domandar lo que quiero”, e in quel modo ad esprimere il suo desiderio di ottenere la grazia del Signore, e a disporre la sua volontà, gli affetti, l’affettività spirituale a Lui. Quindi “será aquí demandar conoscimiento interno del Señor, que por mí se ha hecho hombre, para que más le ame y le siga” (EE, 104). È una “luce divina data all’intelligenza, conoscenza spirituale, esperienziale, per una comprensione interna da cui sorgeranno, sotto l’azione della grazia, i sentimenti spirituali, gli affetti capaci di riscaldare, innamorare, trasformare il cuore”32. Nella CA invece, l’esercitante desidera “pedir cognoscimiento interno de tanto bien recibido”, perché “enteramente reconosciendo, pueda en todo amar y servir a su divina majestad” (EE, 233). Nei misteri della vita di Cristo, propri per la «Seconda settimana», l’esercitante chiede la grazia di conoscere intimamente Gesù per poter amarLo di più; invece nella CA chiede di amare in tutto Dio. Sono forse questi preamboli che ci danno di più la luce sulle somiglianze e le differenze fra la CA e le contemplazioni dei misteri della vita di Cristo. L’originalità della CA, la vediamo anche per quanto riguarda i punti che distribuiscono la materia della preghiera. Nei tre punti, che seguono i tre preamboli nella contemplazione dell’Incarnazione, e quella della Natività, si tratta di rendersi presenti al mistero con una triplice attitudine: 1. “ver las personas”; 2. “oír lo que hablan”; e 3. “mirar lo que hacen” (EE, 106-108)”. Dunque siamo posti dinanzi alle persone (chi sono); alle parole (cosa dicono); M. P. Aiello, Modi di pregare. Contemplazione, ripetizione, applicazione dei sensi, 32 „Appunti di spiritualità” 40 (1994) 51. L’originalita della Contemplatio ad amorem e alle azioni (cosa fanno). All’attività delle potenze dell’anima con riguardo al mistero della fede, si unisce l’attività dei sensi interni: «vedere», «ascoltare», «odorare e gustare», e anche «toccare», soprattutto dal momento che l’esercitante è inviato a servire la Madonna, Giuseppe e il bambino Gesù, appena nato (cfr. EE, 114), e negli altri misteri della vita di Cristo nella «Terza» e nella «Quarta settimana»33. E viene seguito dall’applicazione dei sensi34, con una piccola riflessione, è sempre mantenuta come quinto esercizio di preghiera, “facile valde et utile”35, a partire della «Seconda settimana». Però non viene proposta in quel modo nella CA. Paragonando i punti e l’applicazione dei sensi, presenti nelle contemplazioni dei misteri della vita di Cristo con i quattro punti della CA, vediamo che qui non abbiamo un riferimento ai sensi immaginativi, per “ver las personas”; “oír lo que hablan”; e “mirar lo que hacen” (EE, 106-108), ma un atteggiamento contemplativo di fede. L’esercitante sa ormai «riconoscere», vedere con gli occhi nuovi, e perciò “si situa in un nuovo orizzonte di lettura e interpretazione di se stesso, del mondo e della storia, che ormai gli appaiono segno trasparente della presenza e dell’amore di Dio”36. Nella CA abbiamo una logica contemplazione amorosa dell’amore discendente da Dio, quello che l’esercitante riceve da Lui, e l’ascendente in ricambio, l’amore che s’indirizza a Dio attraverso e nelle creature. Questo amore per Dio e per il creato si esprime nel servizio totale. Nel colloquio che conclude la contemplazione, l’esercitante chiede, secondo quello che sente nel suo cuore, di “más seguir e imitar al Señor nuestro” (EE, 109). Questa realtà è una grazia di somiglianza: “È una grazia di somiglianza che nasce dall’amore, dal «cuore»; di partecipazione alla sua stessa vita, così come Giovanni illustra il mistero del «rimanere» in Gesù. È una grazia di trasformazione, dono dello Spirito, per essere conformati a immagine del Figlio”37. Nella CA invece, questo colloquio è un’offerta totale di se stesso al Signore per poter in tutto amare e servire la sua Maestà. Da una parte la CA non è un esercizio superiore riguardo le contemplazioni dei misteri della vita di Cristo. Non si caratterizza, per la contrapposizione di essi, di un livello più alto: “No constituye un ciclo aparte-teocéntrico-, que venga a contraponerse, como algo nuevo y distinto, al ciclo de las tres Cfr. J. Calveras, Los cinco sentidos de la imaginación en los Ejercicios de San Igna- 33 cio, „Manresa” 20 (1948) 47-70. Cfr. K. Rahner, Le début d’une doctrine des cinq sens spirituels chez Origènes, 34 „Revue d’Ascétique et de Mystique” 13 (1932) 113-145. D. 33, 34, 43 (154), 677. 36 S. Rendina, La terza e la quarta settimana e la «Contemplatio ad amorem», 35 „Appunti di Spiritualità” 41 (1995) 62. M. P. Aiello, Modi di pregare. Contemplazione, ripetizione, applicazione dei sensi, „Appunti di spiritualità” 40 (1994) 50. 37 93 Wacław Królikowski SJ 94 últimas semanas”38. Però dall’altra parte nella CA l’unità interiore dell’edificio spirituale ignaziano viene offerta in modo più preciso e concreto. Tutto in essa, dice il P. Díez-Alegria, S.I., è teocentrico e cristologico insieme: “Son dos ciclos que se compenetran, que se superponen y entrecruzan. O mejor, es la unidad de un ciclo único y complejo – el ciclo trinitario e hipostático de lo sustancialmente divino -, ciclo que ha sido vivido por Ignacio a la vez en la totalidad de su contenido: «vn sentir, o más propiamente veer, fuera de las fuerças naturales, a la Sanctíssima Trinidad, para que aquella visión intellectual se me comunicasse, y con este sentir y veer, vn cubrirme de lágrimas y de amor, mas terminándose a Jesú y a la Sanctísima Trinidad vn respecto de acatamiento», (Constit-I, p. 108)”39. Dal punto di vista letterale la CA porta tre momenti nuovi, riguardo le contemplazioni dei misteri della vita di Cristo, che sottolineano la sua originalità. Sono: 1) La nota con due osservazioni sulla naturalità dell’ amore vero, dell’amicizia; 2) Due preamboli (e non tre), di quali il primo è la composizione del luogo, e il secondo è la richiesta di quello che voglio. Questo secondo preludio ci offre la logica intera di tutta la CA; 3) Quattro punti (è non tre) che sono un tipo di «riflexiones» che, “están articuladas por la dialéctica de la «llamada-respuesta» y constituyen la segunda parte de cada punto de la contemplación. Pero, de estas cuatro reflexiones, Ignacio desarrolla solamente la prima [234, 3-5] e inserta en ella una oblación: Tomad, Señor, y recibid”40. Possiamo confermare che la CA è diversa sia dal PeF, sia dai «Tre modi di pregare», sia dalle contemplazioni dei misteri della vita di Cristo. È una “«contemplación» y lo es ciertamente, más alta que las pasadas”41. 2. Il significato di amore nella Contemplatio ad amorem L’originalità della CA, la si vede non soltanto nel riferimento alla sua «contemplazione», ma ancor più nel riferimento all’amore, che, come abbiamo acennato, è proprio della CA ed è descritto da sant’Ignazio nella nota introduttiva con due osservazioni42. 2.1. Le due osservazioni preliminari sull’amore Siccome l’amore è una tendenza fondamentale dello spirito umano, “San Ignacio toma y supone las ideas naturales del amor aplicadas a la vida cristiana, y con ellas puede llenar el alma del Ejercitante del verdadero amor J. M. Díez-Alegria, La «Contemplación para alcanzar amor» en la dinámica espiri- 38 40 41 42 39 tual de los Ejercicios de San Ignacio, „Manresa” 23 (1951) 183. Ibidem. S. Arzubialde, op. cit., 489. I. Casanovas, Comentario y explanación de los Ejercicios, op. cit., 1007. Cfr. EE [230-231], in: Obras, op. cit., 272. L’originalita della Contemplatio ad amorem divino”43. La CA, tratta proprio dell’amore fra Dio e l’esercitante, sant’Ignazio la comincia con due osservazioni pratiche riguardanti questo fenomeno fondamentale della vita dell’uomo. Non troviamo cosa uguale in nessun altra considerazione, meditazione o contemplazione degli Esercizi. Nella prima osservazione sant’Ignazio sottolinea che “el amor se debe poner más en las obras que en las palabras”44. Secondo il P. I. Casanovas, S.I., “es la expresión del buen sentido humano aplicado a las relaciones del hombre con Dios”45. Il vero amore nasce nella volontà libera dell’uomo, però si manifesta pienamente nelle parole e nelle opere. Questa dimostrazione o intercambio dell’amore fra due persone, vicendevolmente sentito, riconosciuto, manifestato e accettato, “proprio de la amistad”, come dice il P. José Calveras, S.I., si deve porre “más en los favores reales u obras, que en las palabras de afecto, porque aquellas son manifestación más cierta del verdadero amor que late en el corazón”. Non però esclusivamente, “porque más que las obras se aprecia el amor con que se hacen, y éste se expresa directamente con palabras sinceras”46. Ma le parole sono sincere “sólo cuando se traducen en servicios generosos de amor desinteresado”47. Nella seconda osservazione sant’Ignazio precisa di più il suo concetto sull’amore e dice: “El amor consiste en comunicación de las dos partes, es a saber, en dar y comunicar el amante al amado lo que tiene o de lo que tiene o puede, y así, por el contrario, el amado al amante; de manera que, si el uno tiene sciencia, dar al que no la tiene, si honores, si riquezas, y así el otro al otro”48. Nell’amore dell’amicizia il primo posto occupa l’atteggiamento di “dar y comunicar”. La vita spirituale non consiste solo nel ricevere e nel sfruttare i doni ricevuti, ma anche nel rispondere al dono con il dono. Perciò, l’amore dell’amicizia non è solo operativo, ma anche comunicativo49. Questa comunicazione, che è propria per la gloria divina, si realizza in una forma I. Casanovas, Comentario y explanación de los Ejercicios, op. cit., 1008. EE [230], in: Obras, op. cit., 272. “Se mi amate, osserverete i miei comandamen- 43 44 47 45 46 48 49 ti(…); Chi accoglie i miei comandamenti e li osserva, questi mi ama” (Gv 14, 15. 21); “Chi dice: «Lo conosco» [amorosamente] e non osserva i suoi comandamenti, è bugiardo e la verità non è in lui” (1 Gv 2, 4); “Figlioli, non amiamo a parole né con la lingua, ma coi fatti e nella verità” (1 Gv 3, 18). I. Casanovas, Comentario y explanación de los Ejercicios, op. cit., 1009. J. Calveras, Ejercicios espirituales, op. cit., 150-151. D. López Tejada, op. cit., 661. L’amore delle parole è quello “que se queda en solos afectos regalados de la voluntad, el cual, o es fingido o es flaco, y que no tiene fuerza para llegar a las obras. Amor de obras es que tiene eficacia para obrar, y se extiende al cumplimiento de los mandamientos de Dios, y abraza los consejos, y se conforma, cuanto es posible en esta vida, con el beneplácito de la divina volontad”, L. de la Palma, Obras. Práctica y breve declaración del Camino espiritual, Madrid 1962, 904-905. EE [231], in: Obras, op. cit., 272. Cfr. D. Fleming, Communication in the Ignatian Tradition, „Ignis” 30 (2001) 7-14. 95 Wacław Królikowski SJ 96 perfettissima nell’interno della vita della Satnissima Trinità. Dio „va jusqu’à surélever, jusqu’à «diviniser» par l’infusion de sa grâce, ses fils adoptifs, pour leur permettre de jouir de lui comme lui-même, avec les seules limites qu’imposent, d’une part, leurs mérites respectifs, d’autre part, leur caractère essentiel d’êtres finis”50. La comunicazione amorosa, e conseguentemente la comunione vicendevole si esprime sia nel dono sia nel per-dono; nella «discesa» per elevare l’altro fino al livello nel quale sia possibile il mutuo intercambio. A proposito di questa seconda osservazione sull’amore vicendevole il P. Luis de la Palma, S.I. dice: „En la segunda nota se declara en qué género de obras consiste el amor; conviene a saber, en dar cada uno al otro de los bienes que tiene. De manera que ninguno se persuada que el amor le ha de salir de balde, sino que ha de ser a costa, si fuera menester, de todos sus bienes. Por lo cual, quien trate de ejercitarse en amor ha de entrar con resolución de perder de su honra y de su hacienda y de su comodidad y regalo, siempre que fuere menester para servir al amado; y de emplear su salud y su ciencia y todos sus talentos en lo que fuere de mayor servicio y voluntad del amado”51. Infatti, ciò che il Signore comunica all’uomo sono non solo i suoi “tan inestimables y costosos beneficios”52 – la luce, l’amore, la sapienza, la potenza e la bontà della su divina Maestà, “los tesoros de su felicidad”: come l’essere, la vita, i doni spirituali della sua grazia –, ma con essi, Lui stesso “se comunica”53, “dándosenos54”: “Llegándonos á participar de la eterna luz de su sapientia, y á tener con ella presente la infinita bondad y perfectión suya”55, “comunicándoos todos los thesoros de su felicidad para que seáys por participación eminente de su diuina perfectión lo que él es por essentia y natura”56. Queste due osservazioni sull’amore che sant’Igazio fa nei confronti della CA la rende diversa e molto caratteristica in paragone con le altre considerazioni, meditazioni o contemplazioni degli Esercizi. 2.2. Dall’amore nella meditazione del Regno all’amore nella CA L’esperienza dell’amore visuto nella meditazione del Regno è diversa da quella della CA. Nella CA l’esercitante non solo desidera la grazia del nostro Signore “para que no sea sordo a su llamamiento” – H. Pinard de la Boullaye, Exercices, op. cit., 240, la nota 4. L. de la Palma, Obras. Práctica y breve declaración del Camino espiritual, op. cit., 50 51 905; cfr. Id, Camino espiritual, L.3, c. 10-13, 633-647. MI, Epp. 1, 502. 53 MI, Epp. 10, 223: “la divina sapiencia se le communicará”. 54 MI, Epp. 1, 502, 514; EE [234], in: Obras, op. cit., 273. 55 MI, Epp. 1, 627. 56 MI, Epp. 1, 502. 52 L’originalita della Contemplatio ad amorem la grazia dell’ascolto della chiamata di Gesù; non solo vuole essere “presto y diligente para cumplir su sanctíssima voluntad”57, la grazia della risposta affettiva ed effettiva alla chiamata di Cristo, ma ancora di più chiede la grazia di poter “en todo amar y servir a su divina majestad”58. Nella meditazione del Regno l’amore dell’esercitante si manifesta attraverso il suo desiderio di ascoltare la chiamata di Gesù, e tramite la decisione libera di seguirLo nel Suo compimento della volontà del Padre59. Invece nella CA l’amore dell’esercitante e il suo servizio per la maggior gloria di Dio, vuole manifestarsi “en todo”. E nella CA, questa espressione “en todo”, ha “una densidad superior”60. Nella meditazione del Regno sant’Ignazio propone all’esercitante “un don de toda la persona. Pero esto supone aceptar en todo el hacerse conforme al Señor Jesús, tomando conciencia del carácter tanto personal como universal del llamamiento que propone”61. Invece nella CA, l’espressione “en todo”, si riferisce “a una totalidad abierta y, en cierto sentido, infinita, porque coincide con toda la vida”62. Nella meditazione del Regno l’esercitante ama ascoltando e seguendo Gesù, cammina con Amore, invece nella CA esso ama e serve come se fosse Gesù, “en todo”; si muove nell’Amore63. L’altro livello delle somiglianze e delle differenze fra la CA e la meditazione del Regno riguarda non soltanto il desiderio amoroso dell’esercitante di amare l’Amato ma anche la decisione. Nella meditazione del Regno l’esercitante esprime il suo amore operoso e comunicativo, si fa coraggio e si segnala di più (magis) “en todo servicio de su rey eterno y señor universal”, non solamente offrendo la propria persona al lavoro, “mas aun haciendo contra su propria sensualidad y contra su amor carnal y mundano”, facendo oblazione “de mayor stima y mayor momento”64. EE [91,2], in: Obras, op. cit., 245. EE [233], in: ibidem 272. 59 Cfr. J. Vives, Servir en libertad. La espiritualidad ignaciana como espiritualidad de 57 58 60 63 61 62 64 libertad para el Espíritu, libertad en el Espíritu, libertad de Espíritu, „Manresa” 63 (1991) 198-199. S. Decloux, En todo amar y servir. Para una comprensión del lema ignaciano, „Manresa” 63 (1991) 11. Ibidem. Ibidem, 12. Cfr. C. G. Plaza, Contemplando en todo a Dios. Estudio ascético psicológico sobre el «Memorial» del Beato Pedro Fabro, S.I., primer compañero de San Ignacio de Loyola, Fax, Madrid 1943, 200-202; J. M. Díez-Alegria, La «Contemplación para alcanzar amor» en la dinámica espiritual de los Ejercicios de San Ignacio, „Manresa” 23 (1951) 189. EE [97], in: Obras, op. cit., 247. 97 Wacław Królikowski SJ 98 Nella CA, l’esercitante dopo aver riconosciuto internamente il “tanto bien recibido”65, “los beneficios rescibidos de creación, redempción y dones particulares”66, che esprimono come la propria storia è un continuo dare e darsi all’esercitante lo stesso Signore, riflette in se stesso per rispondere con amore concreto all’Amore, per “offrescer y dar a la su divina majestad, es a saber, todas mis cosas y a mí mismo con ellas, así como quien offresce, affectándose mucho”67, e lo esprime così: “Tomad, Señor, y recibid toda mi libertad, mi memoria, mi entendimiento y toda mi voluntad, todo mi haber y mi posseer; vos me lo distes, a vos, Señor, lo torno; todo es vuestro, disponed a toda vuestra voluntad; dadme vuestro amor y gracia, que ésta me basta”68. Nella meditazione del Regno l’esercitante mostra il forte e sincero desiderio, e ferma determinazione della volontà, espressa nell’oblazione di se stesso, d’imitare Gesù nel sopportare ogni ingiuria e ogni vituperio e ogni povertà; è pronto ad accettare tutto questo per poter seguire Gesù in ogni circostanza della Sua vita. Invece nella CA, a parte queste forme d’amore, esprime di più, la totalità nell’offrirsi al Signore vivendo per Lui, amando con Lui e servendo in Lui. Questo atteggiamento amoroso dell’esercitante suppone le tappe precedenti: “Poder amar a Dios en todo, enteramente, en todas las cosas, momentos y circunstancias, supone el haber entablado seriamente amistad con El para vivirla habitualmente mediante la correspondencia de amore y servicios. Ahora bien, posible trabar con seriedad amistad con Dios sin previo enamoramiento de las divinas perfecciones, con gran concepto del amado y complacencia en él, y con arraigado afecto que llegue hasta la unión de voluntad, a mirarle como otro yo. Esto alcanzado, para entablar la amistad con Dios bastará la entrega o donación entera de sí mismo y de todas sus cosas69. Nella meditazione del Regno l’esercitante si concentra profondamente su Gesù Cristo, cercando di amarLo sempre di più, di imitarLo anche nel sopportare “todas injurias y todo vituperio y toda pobreza, así actual como spiritual”70. Invece nella CA “moviéndonos ya en una cierta plenitud de amor, nos enfrentamos con la multiplicidad de lo creado, a fin de reducirlo a la unidad”71. Però, questo fine divinamente ambizioso, “en tanto podemos proponérnoslo como objeto de un ejercicio del espíritu, en cuanto lo hemos 67 68 69 EE [233], in: ibidem 272. EE [234], in: ibidem, 273. EE [234], in:ibidem, 273. EE [234], in: ibidem, 273. J. Calveras, Sentido de los Ejercicios en el sistema espiritual de San Ignacio, „Manresa” 28 (1956) 155. 70 EE [98], in: Obras, op. cit., 247. 71 J. M. Díez-Alegria, La «Contemplación para alcanzar amor» en la dinámica espiritual de los Ejercicios de San Ignacio, „Manresa” 23 (1951) 190. 65 66 L’originalita della Contemplatio ad amorem alcanzado ya previamente por modo vital en la divina espontaneidad de la gracia”72. L’amore espresso nel Suscipe non si realizza più nel clima che dà l’impressione di una certa violenza e la preoccupazione per quello che è “contra su amor carnal y mundano”73, ma è attuata con una aspirazione spontanea dell’amore vittorioso e totale. Questa realtà ci fa vedere il significato particolare dell’amore nella CA. 2.3. L’amore nella CA e nelle contemplazioni L’amore di cui parla sant’Ignazio negli Esercizi, che “se debe poner más en las obras que en las palabras”74 e, che “consiste en comunicación de las dos partes”75, è l’amore dell’amicizia generosa e profonda. Questo amore amichevole nasce profondamente nel cuore dell’esercitante insieme con l’esperienza del perdono durante la «Prima settimana», dove immaginando Gesù Cristo presente e posto in croce, che si è offerto a “morir por mis pecados”76, si mette a parlare con Lui “así como un amigo habla a otro”77. Pur essendo stupito profondamente del Suo amore misericordioso, facendo “esclamación admirative con crescido afecto”78 per l’amore di Gesù che ci ha amati, e che è morto per noi “mentre eravamo ancora peccatori”79, “razonando y dando gracias a Dios nuestro Señor”80, scopre il desiderio di continuare questa nuova vita con il Signore, di vivere nell’amore con Cristo, e per questo, riflettendo su se stesso, domanda: “?Qué debo hacer por Cristo?”81. La risposta alla domanda dell’esercitante, che rivela il suo desiderio sincero di vivere con l’Amore, viene nella meditazione del Regno: “Yo quiero y deseo y es mi determinación deliberada, sólo que sea vuestro mayor servicio y alabanza, de imitaros en pasar todas injurias y todo vituperio y toda pobreza, así actual como spiritual”82. L’amore, sperimentato dall’esercitante nella considerazione del PeF83, nelle meditazioni della „Prima settimana”, e approfondito nella meditazione del Regno, verrà sviluppato ancora di più nelle meditazioni di „Due 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 72 73 Ibidem. EE [98], in: Obras, op. cit., 247. EE [230], in: ibidem, 272. EE [231], in: ibidem.. EE [53], in: ibidem, 238. EE [54], in: ibidem. EE [60], in: ibidem, 239. Rm 5, 8. EE [61], in: Obras, op. cit., 239. EE [53], in: ibidem, 238. EE [98], in: ibidem, 247. Cfr. J. Calveras, ¿Por qué no se habla de amor en el Principio y Fundamento?, „Manresa” 5 (1929) 225-237; L. Teixidor, La ley de la caridad en el Principio y Fundamento de los Ejercicios, „Manresa” 1 (1925) 193-203. 99 Wacław Królikowski SJ 100 bandiere”84, „Tre binari di uomini”85 e „Tre modi di umiltà”86, ma in modo particolare in tutte le contemplazione dei misteri della vita di Cristo nella „Seconda”, „Terza”, e „Quarta settimana” degli Esercizi. L’espressione dell’amore dell’esercitante nei confronti di Dio trova il suo posto particolare nel quarto giorno della „Seconda settimana”. Considerando nella meditazione delle „Due bandiere” il discorso che Cristo fa a tutti i suoi “amigos”, per inviarli per la missione, esprime il suo amore per Lui piuttosto nelle opere che nelle parole. Infatti, in questo giorno l’esercitante fa il triplice colloquio, ripetuto tante volte, con nostra Signora, con suo Figlio e Signore, e con il Padre Eterno, nei quali la sua anima si svuota totalmente. Il complemento e la perfezzione spirituale, l’esercitante lo offre nei „Tre modi di umiltà”, “que bien podrían llamarse «tres maneras de amor», porque contienen la más pura caridad divina. No parece que el hombre pueda dar más a Dios de lo que le da aquí el Ejercitante”87. L’ideale di tutta la vita dell’esercitante, che va tomando forma all’inizio di tutte le contemplazioni dei misteri della vita di Gesù Cristo, somiglia alla domanda della CA. Anche qui, dove l’amore viene espresso esplicitamente, si chiede la grazia del “cognoscimiento interno de tanto bien recibido”, perché “enteramente reconosciendo, pueda en todo amar y servir a su divina majestad”88. L’analogia è evidente, ma dall’altra parte c’è anche una chiara differenza che dà una grande luce sulla questione dell’originalità della CA. Nella «Seconda settimana» si pretende di amare il Signore di più: “Para que más le ame y le siga”89, invece nella CA si tratta di muoversi nell’Amore. La prima formula suggerisce un’idea del cammino verso l’Amore e nella Sua luce; la seconda fa sentire in certo senso il termine di questo cammino e, collegando profondamente l’amore e servizio, aiuta a muoversi nell’Amore90. A questo proposito il P. López Tejada, S.I. Scrive: “Existe un claro paralelismo y complementariedad entre la petición de la Segunda Semana [104] y esta petición [233]. En la Segunda Semana, se trata del seguimiento de Jesucristo a la luz de un mayor amor por Él, al sentirme amado por mi Redentor y Camino. Esta petición se refiere al amor causado por el hecho de sentirme inmediatamente amado por «su divina Majestad»: 86 87 88 89 90 84 85 Cfr. EE [136-148], in: Obras, op. cit., 253-256. Cfr. EE [149-157], in: ibidem, 256-257. Cfr. EE [165-168], in: ibidem, 259. I. Casanovas, Comentario y explanación de los Ejercicios, op. cit., 1012. EE [233], in: Obras, op. cit., 272. EE, [104], 248. Cfr. C. Plaza, Contemplando en todo a Dios, op. cit., 200-202; J. Melloni, La connaissance intérieure dans les Exercices, „Christus” 189 (2001) 108-109. L’originalita della Contemplatio ad amorem experiencia gracial que me impulsa a dejarme conducir «en todo» por el amor, en el Espíritu”91. Lungo gli Esercizi sant’Ignazio parla principalmente di due linguaggi di Dio: un linguaggio «immediato», quello della consolazione-desolazione92, e l’altro, quello che si manifesta nella Persona storica di Gesù, nella sua umanità e il suo mistero, che l’esercitante contempla cominciando dalla «Seconda settimana». Tutti due manifestano per eccellenza l’amore che si trasforma dalla chiamata alla sequela. Invece nella CA sant’Ignazio rivela un linguaggio della plenitudine; linguaggio che illumina lo spirito dell’uomo per contemplare Dio nel cuore del mondo e della storia, nella comunione con Dio Trino ed Unico in tutte le cose93. Ma è un linguaggio comprensibile per i perfetti. Nella CA, come osserva il P. Arzubialde: “Ignacio desvela otro lenguaje definitivo de plenitud; lenguaje por el que Dios se entrega a sí mismo en el Amor, en el don del ser y de la vida; lenguaje que ilumina el espíritu del hombre para contemplar a Dios en el corazón del mundo y de la historia, y por el que se le invita al hombre a la comunión con el Dios Trino en todas las cosas; pero lenguaje accesible principalmente a los perfectos, que por la asidua contemplación e iluminación del entendimiento, están más capacitados («son más aptos y dispuestos») para considerar, meditar y contemplar cómo está presente Dios en cada criatura, según su propia esencia, presencia y potencia, y para en ellas hacerle reverencia y rendirle adoración [39,6-7]”94. Non si tratta, conseguentemente, di una contrapposizione dei linguaggi esclusi, usati nelle contempazioni dei misteri della vita di Cristo e nella CA, ma piuttosto: “de la plenitud del Espiritu de Dios en las diversas manifestaciones de su Amor, que se manifiestan tanto en el ciclo cristológico como ahora en el propiamente pneumatológico, y por medio de los cuales Dios invade la vida del hombre penetrándola toda de su amor”95. L’amore, di cui parla sant’Ignazio negli Esercizi, che si deve porre più nelle opere che nelle parole e, che consiste nella comunicazione riceproca fra l’Amante e l’amato, come leggiamo nella nota all’inizio della CA, si sviluppa lungo tutte le «Quattro settimane». In modo particolare, l’osserviamo nelle contemplazioni dei misteri della vita di Cristo, dove l’esercitante cresce nella scuola dell’Amore, di Gesù Cristo, che cambia la sua vita e lo chiama a vivere con Lui nelle fatiche per regnare insieme nella gloria. L’amore e il servizio dell’esercitante per Cristo, che cresce lungo il cammino degli Esercizi con Cristo Gesù, trova il suo culmine e la sua totalità nella CA, dove in Cristo D. López Tejada, op. cit., 666. Cfr. EE [316-317], in: Obras, op. cit., 294-295. 93 Cfr. P. Guerrero, Para que yo, enteramente reconosciendo… Una contemplación 91 92 teilhardina para alcanzar amor, „Manresa” 66 (1994) 191-200. S. Arzubialde, op. cit., 492. 95 Ibidem. Cfr. J. M. Díez-Alegria, La «Contemplación para alcanzar amor», op. cit., 183. 94 101 Wacław Królikowski SJ e nella potenza dello Spirito Santo, vuole in tutto amare e servire la Santissima Trinità, e lo esprime nella preghiera Suscipe. L’amore al quale arriva all’esercitante nella CA è una continuazione dell’amore vissuto in tutti gli Esercizi, ma nello stesso tempo, è un amore ancora più profondo e totale96, è “un amore totale di Dio che infiammi a cooperare con Cristo nel reinserimento in Lui di tutte le creature”97. Quest’amore ha “une importance nouvelle”98, e come abbiamo visto, “neuve assurémente la considération de l’omniprésence et de l’immanence divines. Neuve encore celle de la conservation et du concours divin”99. Ed è proprio questo che lo caratterizza di più. Per ciò, la CA è un esercizio particolarmente originale. *** 102 Concludendo, vogliamo sottolineare che la CA, nella sua struttura e il significato, è un esercizio molto particolare, profondamente originale, e per ciò molto importante nella dinamica di tutti gli Esercizi spirituali di sant’Ignazio. La sua originalità consiste sia nel significato della parola «contemplazione», sia in quella dell’»amore». È una contemplazione, anche se il termine «contemplazione» ha qui un significato diverso da quello che questo termine aveva, applicato alla vita di Gesù, alle contemplazioni dei misteri della vita di Cristo. «Contemplare» la vita del Signore significa vedere le persone, ascoltare le parole, cnsiderare le azioni, dispiegando un’intensa attività spirituale. La CA significa certamente guardare le opere di Dio, quelle della creazione e della redenzione, e riflettere su di esse, ma significa soprattutto, lasciarsi illuminare dalla fede, perché la carità accenda il cuore nel desiderio di corrispondere con amore alle opere di amore di Dio verso di noi. Come osserva il P. Giuseppe de Rosa, S.I.: “Lasciarsi «fare» dallo Spirito Santo e ricevere la sua «unzione», cioè il sentimento e il gusto interiore che egli dona, in modo che l’esercizio dell’amore non sia soltanto un’attività, Secondo il P. Gilles Cusson la differenza fra l’amore sperimentato lungo le quattro 96 «Settimane» degli Esercizi e l’amore vissuto nella CA consiste proprio in questo, nella totalità: “L’amour de Dieu, lu dans la réalité de tous les jours, appellera ainsi ce retour d’amour, lequel s’exprimera en service du Seigneur. La différence avec la ligne d’expérience des Exercices, je dirais qu’elle ne réside qu’en ceci: c’est ici l’éclatement explicite de cette même voie. «En tout», précise la grâce à demander, dans la contemplation ignatienne: «en tout aimer et servir sa divine Majesté» (Ex no 233)”, G. Cusson, Conduis-moi sur le chemin d’éternité, Montréal 1973, 189-190. 97 D. G. Agresti, L’amore di Dio negli Esercizi di S. Ignazio, „Revue d’Ascétique et de Mystique” 26 (1956) 509. 98 M. Fédou, La symbolique de l’amour, „Christus” 159 (1993) 24. 99 H. Pinard de la Boullaye, Exercices Spirituels, op. cit., 247. L’originalita della Contemplatio ad amorem uno sforzo dell’uomo, ma sia un ricevere l’amore da Dio e dunque sia una risposta all’amore ricevuto”100. L’amore di cui parla sant’Ignazio in questa Contemplazione è il culmine dell’amore vissuto lungo tutte le «Settimane» degli Esercizi, perciò è un amore particolare, è un “amour auquel se rattache étroitement de la gratitude envers Dieu”101. Si caratterizza nella sua totalità sia nel riceverlo da Dio, sia nell’offrirlo alla Santissima Trinità, per poter “en todo” amarLa e servirLa. È un amore ancora più profondo e totale, nel quale l’esercitante vuole crescere sempre di più e in tutto amare e servire sua divina Maestà, ripetendo con san Paolo: “Non sono più io che vivo, ma Cristo vive in me”102. 103 G. de Rosa, Camminate nella carità. Gli Esercizi Spirituali di Sant’Ignazio di Loyo- 100 la, Cinisello Balsamo (Milano) 1994, 369. J. Lewis, Connaissance des Exercices, op. cit., 110. 102 Gal 2, 20a. 101 Die Jesuiten im Bildungswesen Russlands... StBob 4(2009) s. 105-132 Die Jesuiten im Bildungswesen Russlands vom 17. bis zum 19. Jahrhundert Georg Schuppener Universität Leipzig Leipzig, Deutschland 1. Bisherige Wahrnehmung Das Wirken der Jesuiten in Russland hat in der Vergangenheit zwar immer wieder Aufmerksamkeit gefunden, aber die Betrachtung konzentrierte sich thematisch vorwiegend auf missionarische Aspekte sowie räumlich auf die westlichen Territorien des Russischen Reiches, also auf deren Tätigkeit in Weißrussland, Litauen oder Polen. Zudem sind viele der Veröffentlichungen zu dieser Thematik bereits recht alt.1 Besonders beachtet wurde insbesondere die Epoche nach der Aufhebung des Ordens im Jahre 1773 durch das Breve „Dominus ac Redemptor“ von Papst Klemens XIV., das auf maßgeblichen Druck des französischen Königs entstand.2 Dieser Aufhebungsbeschluss wurde in den russischen Territorien ebenso wie in Preußen jedoch nicht vollzogen, so dass hier der Orden trotz Aufhebung im Unterschied zu anderen Ländern fortbestehen konnte. Vgl. z. B. A. Theiner: Die Neuesten Zustände der Katholischen Kirche beider Ritus in Polen und Rußland; Pisma i donesenija iezuitov o Rossii usw. „Die Neuesten Zustände der Katholischen Kirche beider Ritus in Polen und Rußland seit Katharina II. bis auf unsere Tage. Mit einem Rückblick auf die Russische Kirche und ihre Stellung zum heiligen Stuhle seit ihrem Entstehen bis auf Katharina II”, Augsburg, Wien 1841 (Verlag der Karl Kollmann’schen Buchhandlung, C. Gerold). 2 Vgl. A. Guillermou: Ignatius von Loyola, mit Selbstzeugnissen und Bilddokumenten, rowohlts monographien, Bd. 74. Reinbek 19933 (Rowohlt Taschenbuch Verlag), S. 126. 1 105 Georg Schuppener 106 Durch die so genannte „erste polnische Teilung“ von 1772 waren erst ein Jahr vor Erlass des päpstlichen Breves litauische und weißrussische Gebiete an Russland gefallen, in denen die Jesuiten Niederlassungen besaßen. Hierbei handelte es sich um die Kollegien in Polozk, Witebsk, Orscha und Dünaburg sowie um die Residenzen in Mohilew und Mścisław; ferner gab es noch 14 Missionsstationen. Insgesamt kamen durch die Annexion der Gebiete 209 Ordensangehörige, davon 97 Priester, unter russische Herrschaft.3 Die Zahl der Jesuiten wuchs in den Folgejahren noch. So betrug die Zahl der Ordensmitglieder im Jahre 1804 bereits 264.4 Das Wachstum verlangsamte sich allerdings, und in den Jahren zwischen 1811 und 1819 stagnierte die Zahl der Ordensangehörigen im gesamten Russischen Reich bei etwa 350.5 Russland war Ausgangspunkt der Bemühungen um die Wiedererrichtung des Ordens nach dessen Aufhebung,6 und von den im Russischen Reich tätigen Jesuiten gingen in den folgenden Jahren entscheidende Impulse hierfür aus.7 Daher ist in der Literatur das spezielle Interesse für Jesuiten in Russland meist zielgerichtet auf das „Überwintern“ des Ordens bis zu seiner Wiederzulassung.8 Aus dieser Ausrichtung des Interesses auf die Schritte zur Reorganisation des Ordens heraus wurde der übrigen Tätigkeit der Jesuiten in Russland bisher nur wenig Aufmerksamkeit zuteil. Dies gilt insbesondere für das Bildungswesen im russischen Kernland.9 Hierunter seien im Folgenden Angaben nach L. Koch: Jesuiten-Lexikon. Die Gesellschaft Jesu einst und jetzt. Paderborn 1934 (Verlag Bonifacius-Druckerei GmbH) Sp. 1575. ��� Geringfügig abweichende Zahlen z. B. bei M. Inglot: La Compagnia di Gesù nell’Impero Russo (1772-1820) e la sua parte nella restaurazione generale della Compagnia. Miscellanea Historiae Pontificiae 63. Rom 1997 (Editrice Pontificia Università Gregoriana), S. 5. 4 Vgl. A. Theiner: Die Neuesten Zustände der Katholischen Kirche beider Ritus in Polen und Rußland, S. 533. 5 Vgl. D. Beauvois: Les Jésuites dans l’Empire Russe 1772-1820, in: «Dix -Huitième Siècle» 8 (1976), S. 257-2721772-1820, S. 266. 6 Zur Interessenlage bei den Bemühungen um die Wiedererrichtung des Ordens vgl. E. Winter: Die Jesuiten in Russland, (1772 bis 1820). Ein Beitrag zur Auseinandersetzung zwischen Aufklärung und Restauration, in: Forschen und Wirken. Festschrift zur 150-Jahr-Feier der Humboldt-Universität zu Berlin 1810-1960. Bd. 3. Berlin 1960 (VEB Deutscher Verlag der Wissenschaften), S. 167-191. 7 Vgl. u. a. D. Beauvois: Les Jésuites dans l’Empire Russe 1772-1820, S. 259. 8 W. A. James: Paul I and the Jesuits in Russia, Washington 1977 (Dissertation maschinenschriftlich) S. ���������������������������������������������������������� 3, weist zudem darauf hin, dass die Thematik bei jesuitischen Historikern tendenziell apologetisch behandelt wurde. 9 Diese Feststellung trifft insbesondere für die Rezeption im deutschsprachigen Raum zu. 3 Die Jesuiten im Bildungswesen Russlands... diejenigen Territorien des Russischen Reiches verstanden, die bereits vor der ersten polnischen Teilung 1772 unter russischer Herrschaft standen. Die bisherige Wahrnehmung ist auch insofern eine Verkürzung, als die Jesuiten bereits früher im Russischen Reich tätig waren: Zwar waren sie im russischen Kernland im 16. und in der ersten Hälfte des 17. Jahrhunderts nicht präsent, sieht man von marginalen und vor allem sehr kurzen Episoden ab.10 In den 1680er Jahren aber konnten Jesuiten für wenige Jahre in Moskau eine kleine Niederlassung mit angegliederter Schule einrichten,11 ebenso Ende des 17. Jahrhunderts/Anfang des 18. Jahrhunderts.12 Im Jahre 1719 wurden die Jesuiten dann zunächst vertrieben.13 Spätere Aktivitäten blieben unbedeutend; und erst Anfang des 19. Jahrhunderts ist für St. Petersburg wieder eine nennenswerte Tätigkeit von Jesuiten im Bereich der Bildung zu verzeichnen.14 Insbesondere die frühe Zeit wird in der Literatur zu den Jesuiten in Russland in der Regel gar nicht oder nur als Marginalie behandelt. Allgemein lässt sich also feststellen, dass die Aktivitäten der Jesuiten im Bereich der Bildung bezüglich des russischen Kernlandes bislang noch nicht hinreichend beachtet wurden. Ziel dieser Abhandlung soll es sein, eingehender darzustellen, wie die Jesuiten auf die Bildung und das Bildungswesen in Russland Einfluss nahmen. Besonderer Wert wurde dabei darauf gelegt, die in verschiedenen Publikationen verstreuten Details zusammenzutragen. 2. Zum Forschungsstand Die Bedeutung der Jesuiten für das Bildungswesen in Europa ist in vielen Bereichen erkannt und bereits sehr ausführlich untersucht worden. Vgl. L. Koch: Jesuiten-Lexikon, Sp. 1574f. Bereits in den 1660er Jahren waren Jesuiten inkognito nach Russland gekommen. Sie wurden jedoch entdeckt und nach Sibirien verbannt. Vgl. dazu J. J. Zatko: The Organisation of the Catholic Church in Russia, 1772-84, “Slavonic and East European Review” 43 (1965), S. 303-313. 12 Vgl. L. Koch: Jesuiten-Lexikon, Sp. 1575, M. Okenfuss: The Jesuit Origins of Petrine Education, in: Garrard, J. G. (Hrsg.): The Eighteenth Century in Russia. Oxford 1973 (Clarendon Press), S. 106-130. 13 Vgl. L. Koch: Jesuiten-Lexikon, Sp. 1575. Dokumente zur Tätigkeit der Jesuiten Ende des 17./Anfang des 18. Jahrhunderts in Russland enthält der Band Pisma i donesenija iezuitov o Rossii konca XVII i načala XVIII veka. Rus���� sian Reprint Series 16. Nachdruck der Ausgabe St. Petersburg 1904. Den Haag 1965 (Europe Printing). 14 Vgl. L Grzebień (Hrsg.): Encyklopedia wiedzy o jezuitach, na ziemiach Polski i Litwy 1564-1995. Krakau 1996 (Wydział Filozoficzny Towarzystwa Jezusowego, WAM) [http://www.jezuici.krakow.pl/bibl/enc.htm], Artikel „Petersburg“. 10 11 107 Georg Schuppener 108 Ihr über Jahrhunderte währender prägender Einfluss im akademischen Leben insbesondere der katholischen Länder ist allgemein anerkannt.15 Die Tätigkeit der Jesuiten im Bildungswesen in Russland stellt in der Forschung hingegen ein Randthema dar, was im Wesentlichen zwei Ursachen besitzt: Erstens verkörpert dieser Teil der Geschichte der Jesuiten aus ordensgeschichtlicher Sicht nur eine nicht sehr bedeutende, wenn auch durch die Kontextbedingungen außergewöhnliche Episode. Zweitens wurde aus russischer Perspektive das Thema v.a. vom ideologischen Standpunkt erforscht. Vor der Oktoberrevolution wurden Untersuchungen zu den Jesuiten von der orthodoxen Kirche und nach der Revolution von der Kommunistischen Partei bestimmt. Aus diesem Grunde schreiben die meisten russischen (bzw. sowjetischen) Autoren der Tätigkeit der Jesuiten im Allgemeinen16 und in Russland im Besonderen mehr oder minder starke negative Auswirkungen zu.17 Dementsprechend sind viele russische (bzw. sowjetische) Werke, die sich den Jesuiten widmen, außerordentlich polemisch ausgerichtet.18 Michnevič beispielsweise führt Briefe als Belege dafür an, dass das russische Volk die Jesuiten hasse.19 Eine zweibändige Darstellung der Tätigkeit der Jesuiten in Russland legte bereits 1867 Moroshkin vor, wobei diese durch die orthodoxe Perspektive geprägt ist (der Verfasser war orthodoxer Priester) und den Jesuiten sehr negativ gegenüber steht. Während der erste Band des Werkes das Bildungswesen der Jesuiten nur in geringem Maße berücksichtigt, finden sich im zweiten Band eingehendere Ausführungen, die aber von einer sehr ausgeprägten negativen Grundhaltung den Jesuiten gegenüber durchdrungen sind.20 Von sowjetischen Historikern wurde ein Einfluss der Jesuiten auf das intellektuelle Leben, speziell auf das Bildungswesen Russlands, in der Regel verneint. Meist wird der Fokus des Betrachtungsinteresses auf die politische Ebene gerichtet und die Tätigkeit der Jesuiten in diesem Kontext als gelenkt Eine Auflistung der Literatur zu dieser Thematik würde hier den Rahmen sprengen. 16 Ein Beispiel für die polemisch-ideologische Auseinandersetzung mit dem Orden zu sowjetischer Zeit verkörpert die Publikation L. Velikovič: Černaja gvardija Vatikana, Moskau 1980 (Mysl) . 17 Vgl. S. G. Jakovenko: Iezuity i Rossija: Istoriograficeskij aspekt, materialy rossijskich archivov po istorii iezuitov v Rossii, in: Rossija i Iezuity. 1772-1820. Moskau 2006 (Nauka), S. 27-47, D. E. Michnevič: Očerki iz istorii katoličeskoj reakcii (iezuity). Moskau 1955 (Izdatelstvo Akademii Nauk SSSR). 18 So beispielsweise auch J. F. Samarin: Iezuity i ich otnoshenie k Rossii. Pis’ma k iezuitu Martynovu. Moskau 18703 (Tipografija Gratsheva). 19 Vgl. D. E. Michnevič: Očerki iz istorii katoličeskoj reakcii, S. 287. 20 M. Moroshkin: Iezuity v Rossii, s carstvovanija Ekateriny IIi do nashego vremeni. 2 Bde. St. Petersburg 1867. 15 Die Jesuiten im Bildungswesen Russlands... von auswärtigen Mächten dargestellt, zugespitzt sogar als Organ ausländischer Spionage.21 Anders hingegen ist die Beurteilung Eduard Winters, der einen intellektuellen Einfluss der Jesuiten – wenn auch mit negativem Vorzeichen – durchaus betont.22 Winter, der sich in der DDR mit der Thematik der Jesuiten in Russland befasste, begann seine betreffende Publikation im Jahre 1960 mit einer Rechtfertigung, dass und warum er sich überhaupt mit diesem Thema befasste.23 Zugleich betonte er, dass seiner Untersuchung der „Standpunkt des historischen Materialismus“ zugrunde liege.24 So sind zumindest auch die ersten Seiten seines Aufsatzes durchsetzt mit zahlreichen antijesuitischen Klischees, auf denen manche Spekulationen zur Betonung des negativen (d.i. reaktionären) Einflusses der Jesuiten in Russland aufbauen.25 Aber auch in der westlichen Literatur war die Thematik keineswegs selbstverständlich: Als Okenfuss in einer Publikation im Jahre 1973 einen Einfluss der Jesuiten auf das Bildungswesen unter Peter dem Großen nachzuweisen beabsichtigte, wies er darauf hin, dass auf Grund der betreffenden Forschungstradition von anderen Forschern ein solcher Versuch als „either heretical or obscure“ angesehen werden müsse.26 Zwar legte bereits im Jahre 1922 Rouët de Journel aus nicht-russischen Sicht eine Monografie über die Jesuiten und ihr St. Petersburger Kolleg vor,27 so dass in diesem Bereich bereits manches als erforscht gelten kann, doch mangelt es nach wie vor an einer umfassenden Übersicht;28 ebenso ist eine Einordnung in übergreifende Zusammenhänge jesuitischer Bildungsaktivitäten noch nicht erfolgt. In den letzten Jahren scheint sich die weitgehend extensive Befassung mit den Jesuiten im Kernland des Russischen Reiches zu wandeln: So finden sich immerhin ausführlichere Bemerkungen zur Rolle der Jesuiten in der russischen Bildungslandschaft in einem Sammelband, herausgegeben vom Institut für die Geschichte des Jesuitenordens und vom Institut für allgemeine Geschichte der Russischen Akademie der Wissenschaften, der So z.B. tendenziell bei D. E. Michnevič: Očerki iz istorii katoličeskoj reakcii, passim und speziell, S. 294. 22 Vgl. E. Winter: Die Jesuiten in Russland, passim. 23 So beginnt er (S. 167) seinen Aufsatz mit den Worten: „Man wird sich fragen, was dieses (…) Thema in einer Festschrift für die Humboldt-Universität soll.“ 24 E. Winter: Die Jesuiten in Russland, S. 167. 25 Vgl. ibid., S. 167ff. 26 M. Okenfuss: The Jesuit Origins of Petrine Education, S. 106. 27 M-J. Rouët de Journel: La Compagnie de Jésus en Russie. Un Collège de Jésuites a Saint-Pétersbourg 1800-1816. Paris 1922 (Librairie Académique Didier Perrin et Cie). 28 Dazu auch S. G. Jakovenko: Iezuity i Rossija, S. 39. 21 109 Georg Schuppener 110 sich mit den Jesuiten in Russland während des Zeitraums von 1772 bis 1820 befasst.29 Ferner behandelt eine Untersuchung von Schlafly die Frage, ob und wie die Ratio Studiorum am Jesuitenkolleg in St. Petersburg in dieser Periode befolgt wurde und inwieweit sie zum Erfolg der Jesuitenschulen in Russland beigetragen hat.30 Intensiv mit dem jesuitischen Schulwesen in Rußland befasst sich der Aufsatz von Larionova, der sich allerdings ebenfalls auf die Zeit Ende des 18./Anfang des 19. Jahrhunderts konzentriert und frühere schulische Aktivitäten der Jesuiten als bloße „Vorgeschichte“ qualifiziert.31 Eine weitere (ebenfalls jüngere) Publikation von Inglot, die sich mit demselben Zeitraum befasst, widmet sich schwerpunktmäßig den Jesuiten in Weißrussland.32 Auch ein Aufsatz von Beauvois konzentriert sich im Wesentlichen auf die polnischen, litauischen und weißrussischen Gebiete.33 Einen speziellen Aspekt untersuchte vor einigen Jahrzehnten bereits James, und zwar das Verhältnis zwischen Paul I. und den Jesuiten, speziell mit Blick auf die Person Gabriel Grubers.34 Wenngleich in der Abhandlung der Schwerpunkt des Interesses auf der Situation der Jesuiten im Russischen Reich allgemein, auf organisatorischen Fragen sowie auf Aspekten der Diplomatie liegt,so finden sich hier auch einige Informationen über die Aktivitäten der Jesuiten im Bildungsbereich, allerdings zeitlich beschränkt auf die Regierungsjahre Pauls I. Der Vollständigkeit halber sollen abschließend noch weitere Publikationen zu den Jesuiten in Russland genannt werden, die jedoch mit Blick auf das Bildungswesen weitgehend unergiebig sind: Kaum etwas zum Einfluss der Jesuiten auf das russische Bildungswesen mit Blick auf St. Petersburg oder Moskau bietet die Quellensammlung von Carayon.35 Auch der Aufsatz „I Gesuiti e la Russia“ von Simon bietet allein einen Überblick und bringt Vgl. Rossija i Iezuity. 1772-1820. Moskau 2006 (Nauka). Vgl. D. L. Schlafly: True to the Ratio Studiorum? Jesuit Colleges in St. Petersburg, “History of Education Quarterly” 37 (1997), S. 421-434. 31 Vgl. E Larionova: Das Schicksal der Jesuitenschulen in Rußland zu Beginn des 19. Jahrhunderts, in: Lehmann-Carli, Gabriela/Schippan, Michael/Scholz, Birgit/Brohm, Silke (Hrsg.): Russische Aufklärungsrezeption im Kontext offizieller Bildungskonzepte (1700-1825). Aufklärung und Europa. Schriftenreihe des Forschungszentrums Europäische Aufklärung e. V. Berlin 2001 (Berlin Verlag Arno Spitz GmbH), S. 311-322. 32 Vgl. M. Inglot: La Compagnia di Gesù nell’Impero Russo. 33 Vgl. D. Beauvois: Les Jésuites dans l’Empire Russe 1772-1820. 34 Vgl. W. James: Paul I and the Jesuits in Russia. 35 Vgl. A. Carayon: Documents inédits concernant la Compagnie de Jésus XX. Missions des Jésuites en Russie (1804-1824). Poitiers 1869 (Henri Oudin). 29 30 Die Jesuiten im Bildungswesen Russlands... zum 17. und 18. Jahrhundert nichts Neues.36 Ebenfalls wenig Neues bietet die Abhandlung über Katholiken in St. Petersburg von Rashkova.37 Trotz des Titels stellt der Einfluss der Jesuiten auf das Bildungswesen in Russland in der Abhandlung von Flynn38 nur den Hintergrund dar für die Untersuchung der sozialen und politischen Implikationen und Kontexte des Wirkens der Jesuiten in Russland, insbesondere auch im Spannungsfeld der ideologischen, religiösen und politischen Interessen. Die Inhalte jesuitischer Lehrtätigkeit werden nur am Rande berührt. Auch der Untertitel „Iezuity v Rossijskoj imperii“ der Monografie von Andreev verspricht mehr, als das Buch halten kann.39 Die Tätigkeit der Jesuiten im Russischen Reich spielt lediglich in zwei Kapiteln des Buches eine wesentliche Rolle. Insgesamt handelt es sich so eher um eine Darstellung der Ordensgeschichte allgemein mit einem kleinen Ausblick auf Russland. Keine Beachtung findet das Wirken der Jesuiten in Russland in der schon sehr alten Schrift von Iljin.40 Die bereits aus dem 19. Jahrhundert stammende Monografie von Dmitrij A. Tolstoj über das Stadtschulwesen zur Zeit Katharinas II. erwähnt die Jesuiten lediglich im Zusammenhang mit der sehr breiten Vorstellung des österreichischen Schulwesens, und dies im pauschal abwertenden Sinne.41 In der zweibändigen Darstellung zur Geschichte des römischen Katholizismus in Russland desselben Verfassers finden die Jesuiten zwar relativ ausführliche Beachtung, deren Tätigkeit im Bildungswesen - zumindest bezogen auf das russische Kernland42 - wird aber nur am Rande berücksichtigt, während vor allem religiöse und politische Gesichtspunkte im Zentrum des Interesses stehen.43 Vgl. C. Simon: I Gesuiti e la Russia, „La civiltà cattolica” 140 (1989), S. 355-367. R. T. Rashkova: Katoliki v Peterburge, in: Mnogonacionalnyj Peterburg. Isto����� rija, Religii, Narody. St. Petersburg 2002 (Iskusstvo SPB), S. 234-255. 38 J. T. Flynn: The Role of the Jesuits in the Politics of Russian Education, 1801-1820, “The Catholic Historical Review” 56 (1970), S. 249-265. 39 Vgl. A. R. Andreev: Istorija ordena iezuitov. Iezuity v Rossijskoj imperii XVI – načalo XIX veka. Moskau 1998 (Russaja panorama) 40 Vgl. A. Iljin: Iezuity i ikh vlijanie na istoriju čelovčectva. Moskau 1905 (Izdanie I. D. Cytina). 41 Vgl. D. A. Tolstoj: Die Stadtschulen während der Regierung der Kaiserin Katharina II. Aus dem Russischen übersetzt von Paul von Kügelgen. St. Petersburg 1887 (Buchdruckerei der Kaiserlichen Akademie der Wissenschaften), u.a. S. 18ff. 42 Anderes gilt für die westlichen Provinzen (Polen, Litauen, Weißrussland). 43 Vgl. D. A. Tolstoj: Le Catholicisme Romain en Russie. Études historiques. 2 Bde. Paris 1863/64 (Dentu), Bd. 1 und 2. 36 37 111 Georg Schuppener 3. Zum Einfluss der Jesuiten auf die Bildung in Russland 3.1. Allgemeines 112 Bildungsgeschichtlich ist die Expansion des Jesuitenordens, die sich nicht auf Europa beschränkte und bis ins 18. Jahrhundert fortdauerte, insofern von besonderer Bedeutung, als der Orden sein Augenmerk auf die Erneuerung des Bildungswesens legte. Da die von Ignatius von Loyola ursprünglich geplante Jerusalem-Mission unmöglich wurde, stellte die über die Ausbildung vermittelte Mission einen Schwerpunkt der Betätigung der Jesuiten dar. Den von den Jesuiten gegründeten Niederlassungen sollten Bildungseinrichtungen angegliedert sein (Schulen, Hochschulen), die auch Außenstehenden offen standen. Diese Ausrichtung findet sich bereits in den Richtlinien des Ordens („Constitutiones“) von 1551. Diese enthalten dezidierte Vorschriften über das Bildungswesen der Jesuiten, seinen Aufbau und seine Zielsetzung.44 Inhalte, Strukturen und Ausrichtung des jesuitischen Bildungswesens wurden in der „Ratio studiorum“ von 1599 konkretisiert, die in den folgenden Jahrhunderten die Aktivitäten im Bereich der Bildung im gesamten Orden regelte. Kollegien des Ordens wurden vornehmlich in Städten, häufig in Universitätsstädten und anderen Zentren der Bildung gegründet. Hierfür sprach, dass in solchen Städten die Möglichkeiten für eine Einflussnahme auf potenzielle zukünftige „Eliten“ am größten waren, die dann als Multiplikatoren dienen sollten.45 Bildung und Mission gehörten für den Jesuitenorden also immer zusammen. Dies gilt auch für das Wirken des Ordens in Russland.46 3.2. Die Anfänge Wie bereits andernorts gezeigt werden konnte, lässt sich ein indirekter Einfluss des jesuitischen Bildungssystems auf das russische Bildungswesen weit vor der Zeit Katharinas II. nachweisen: Die Slavo-Graeco-Lateinische Akademie unter Peter dem Großen orientierte sich am Vorbild der orthodo Vgl. G. M. Pachtler: Ratio Studiorum et Institutiones Scholasticae Societatis Jesu per Germaniam olim vigente. Bd. 1. Monumenta Germaniae Paedagogica. Nachdruck der Ausgabe 1887-1894. Osnabrück 1968 (Biblio-Verlag), Bd. 1, S. 8ff. 45 A. Ebneter: Jesuitenorden. Zürich, Einsiedeln, Köln 19842 (Benziger Verlag), S. 46. Weitere Schwerpunkte bildeten daneben die Überseemission und die Tätigkeit an europäischen Fürstenhöfen, sei es als Geistliche, als Berater oder Wissenschaftler. Vgl. S. Harris: Transponding the Merton Thesis. Apostolic Spirituality and the Establishment of the Jesuit Scientific Tradition, “Science in Context” 3 (1989), S. 29-65. 46 Vgl. u.a. dazu M. Moroshkin: Iezuity v Rossii, Bd. 1, S. 446. 44 Die Jesuiten im Bildungswesen Russlands... xen Schulen in der Ukraine, insbesondere in Kiew, die wiederum zumindest vom Lehrplan her weitgehende Übereinstimmung mit dem Curriculum an jesuitischen Kollegien aufwiesen.47 Während dieser Einfluss, der in das 16. Jahrhundert zurückreicht, allein indirekt und struktureller Natur war, gab es über einige Jahre Ende des 17./Anfang des 18. Jahrhunderts eine direkte Präsenz der Jesuiten im russischen Kernland. Die Jesuiten kamen im Zusammenhang mit diplomatischen Aktivitäten der Habsburger nach Moskau.48 So wurden sie auch vom Kaiser finanziert.49 In den 1680er Jahren weilten einige wenige Jesuiten in Moskau.50 Von etwa 168551 bis 1689 führten sie sogar eine Schule für römisch-katholische Ausländer. Auf Anordnung des Moskauer Patriarchen mussten sie allerdings 1689 binnen zweier Tage die Stadt verlassen, da ihnen unerlaubte Missionstätigkeit vorgeworfen wurde.52 Die Schule unterrichtete etwa 30 Schüler.53 Ende des 17. Jahrhunderts richteten erneut Jesuiten in der Moskauer Ausländersiedlung Nemetskaja sloboda eine Schule ein.54 Organisiert war die jesuitische Schule in Moskau wie ein Internat.55 Zwischen 1699 und 1705 unterrichteten insbesondere böhmische Jesuiten in Moskau. Im Jahre 1699 wurde seitens russischer Würdenträger der Wunsch geäußert, ihre Söhne lateinisch unterrichten zu lassen, was die Jesuiten durch ihre Schule ermöglichten. In der Tat richtete sich die Lehranstalt vor allem auf Kinder aus besseren Familien; die Ausbildung sollte auf den diplomatischen Dienst Vgl. M. Okenfuss: The Jesuit Origins of Petrine Education, S. 109ff. Vgl. P. Pierling: La Russie et le Saint-Siège Études Diplomatiques. Bd. 4 und 5. Paris 1907/12 (Librairie Plon), Bd. 4, S. 77ff. 49 D. E. Michnevič: Očerki iz istorii katoličeskoj reakcii, S. 292f., gibt an, dass der Kaiser einen Lohn von 800 Rubeln pro Jahr zahlte, einen in dieser Zeit durchaus beachtlichen Betrag. 50 Vgl. P. Pierling: La Russie et le Saint-Siège, Bd. 4, S. 94ff., D. E. Michnevič: Očerki iz istorii katoličeskoj reakcii, S. 286. Näheres dazu auch bei D. A. Tolstoj: Le Catholicisme Romain en Russie, Bd. 1, S. 111ff. 51 A. Andreev: Istorija ordena iezuitov, S. 69ff., gibt als Gründungsjahr 1684 an. 52 Vgl. E. Larionova: Das Schicksal der Jesuitenschulen in Rußland, S. 311. Zur Vertreibung der Jesuiten aus Moskau vgl. auch P. Pierling: La Russie et le Saint-Siège, Bd. 4, S. 110ff. 53 Vgl. A. Andreev: Istorija ordena iezuitov, S. 76ff. 54 Vgl. D. Schlafly: True to the Ratio Studiorum?, S. 425. 55 Vgl. A. Florovský: Čeští Jesuité na Rusi. Jesuité české provincie a slovanský východ. Prag 1941 (Nakladatelství Vyšehrad), S. 275. 47 48 113 Georg Schuppener 114 vorbereiten.56 Laut Berichten der Jesuiten stieg die Schülerzahl ständig und erreichte im Jahre 1700 bereits einen Stand von etwa 80 Schülern.57 Auf Grund der zwar anti-katholischen, aber pragmatischen Haltung Peters des Großen hatten die Jesuiten sogar die (allerdings vergebliche) Hoffnung, dass ihre Lehranstalt durch den Zaren formell als Akademie anerkannt werden würde.58 Immerhin hatte Peter der Große im April 1702 in einem „Toleranzmanifest“ mit Ausrichtung auf ausländische (speziell deutsche) Offiziere und andere Fachkräfte Sonderrechte und insbesondere freie Religionsausübung gewährt. Dieser zum Zwecke der Anwerbung motivierte Akt mag von Zeitgenossen auch als Ausdruck religiöser Liberalität (fehl-) gedeutet worden sein. Ziel war jedoch die Erleichterung der Gewinnung ausländischer Siedler, vor allem natürlich von Fachkräften. Als Folge dessen stieg die Zahl der Katholiken in Russland (wenngleich auf niedrigem Niveau) stark an.59 Die Orthodoxie in Moskau brachte den Jesuiten von Anfang an deutliches Misstrauen entgegen, so wies schon Patriarch Hadrian (gest. 1700) Peter den Großen auf die Gefahr hin, dass unter dem Einfluss der Jesuiten russische Zöglinge der Orthodoxie entfremdet werden könnten.60 Um den – von den Jesuiten wohl auch gesehenen – nahe liegenden Vorwurf der Missionstätigkeit und Prosyletenmacherei zu entkräften, wurden die russischen Schüler an bestimmten Tagen in orthodoxe Kirchen geschickt.61 Nach dem Tode des Patriarchen betrieb sein Nachfolger Stefan Jaworski die Schließung der Schule, wenn auch zunächst ohne Erfolg.62 Obwohl Jaworski den Jesuiten zunächst freundlich gegenübertrat, war er es, der – von den Jesuiten unerwartet – beim Zaren 1701 gegen die jesuitische Schultätigkeit eintrat.63 Die Schule der Jesuiten blieb jedoch erhalten. Im Jahre 1705 wäre sie dann aber beinahe tatsächlich aufgelöst worden.64 Vgl. E. Larionova: Das Schicksal der Jesuitenschulen in Rußland, S. 311. Vgl. A. Florovský: Čeští Jesuité na Rusi, S. 274. Hingegen gibt E. ������ Larionova: Das Schicksal der Jesuitenschulen in Rußland, S. 311, lediglich 50 Schüler sieben Jahre nach Gründung der Einrichtung an. 58 Vgl. M. Okenfuss: The Jesuit Origins of Petrine Education, S. 107. 59 Vgl. J. J. Zatko: The Organisation of the Catholic Church in Russia, S. 304. 60 Vgl. A. Florovský: Čeští Jesuité na Rusi, S. 277. 61 Vgl. ibid., S. 275f. 62 Vgl. Ibid., S. 277ff., M. Okenfuss: The Jesuit Origins of Petrine Education, S. 116. 63 Vgl. A. Florovský: Čeští Jesuité na Rusi, S. 251. Stefan Jaworski betätigte sich auch gegen die Protestanten kontroverstheologisch. So hinterließ er ein Manuskript zur Widerlegung der Lehre der protestantischen Kirche. Dieses wurde in Moskau unter dem Titel „Glaubensstein“ (Petra fidei) herausgegeben. Dieses Werk rief einen reichen Widerhall polemischer Schriften in Deutschland hervor. (Freundlicher Hinweis von Prof. Simon Ilizarow, Moskau). 64 Vgl. A. Florovský: Čeští Jesuité na Rusi, S. 278ff. 56 57 Die Jesuiten im Bildungswesen Russlands... Der massive Widerstand der orthodoxen Kirche gegen die Tätigkeit der Jesuiten lässt darauf schließen, dass der Einfluss der Jesuiten nicht gänzlich unbedeutend gewesen sein kann. Wenngleich sich die Abneigung der Orthodoxie gegen die Jesuiten wohl vor allem aus religiösen Aspekten speiste, war doch gerade deren Tätigkeit im Bildungswesen suspekt und einflussreich, weil das Bildungsangebot der Jesuiten die gesellschaftliche Elite ansprechen wollte, was offenkundig auch gelang.65 Dass die Befürchtungen von orthodoxer Seite nicht abwegig waren, belegt insbesondere die Tatsache, dass nicht nur Konversionen zu verzeichnen waren, sondern dass sogar ein russischer Adliger (Alexej Aldyženskij) aus Moskau einige Zeit nach dem Besuch der Jesuitenschule in den Jesuitenorden eintrat, und zwar im Jahre 1712 in Rom.66 Es verwundert daher nicht, dass auf Betreiben der Orthodoxie die Jesuiten schließlich doch durch ein Ukas vom 18. Mai 1719 aus Moskau verbannt wurden.67 Dennoch stellt der im Ukas genannte Vorwurf der Prosyletenmacherei nur einen Grund für die Vertreibung der Jesuiten dar, zumal die Aktivitäten der Jesuiten über Jahre hinweg geduldet worden waren. Für die politische Entscheidung, die Jesuiten auszuweisen, spielten offenbar die diplomatischen Verstimmungen eine wesentliche Rolle, die zwischen Russland und Österreich nach der Flucht des Zarewitsch Alexej im Jahre 1716 in die habsburgischen Länder entstanden.68 Die Moskauer Jesuiten wurden so stellvertretend Opfer außenpolitischer Probleme. 3.3. Tätigkeit ab Ende des 18. Jahrhunderts Ab Ende des 18. Jahrhunderts konnten Jesuiten erneut im Russischen Reich im Bildungswesen tätig werden, und zwar sowohl in St. Petersburg als auch andernorts. Sie eröffneten Missionen in mehreren Städten, so beispielsweise in Odessa, Astrachan, Tomsk, Saratow usw.69 Verbunden mit diesen Niederlassungen, deren Zielgruppen meist ethnische Minderheiten D. E. Michnevič: Očerki iz istorii katoličeskoj reakcii, S. 296, weist ferner darauf hin, dass die Kontakte der Jesuiten zum russischen Adel auch durch jesuitische Hauslehrer aufrecht gehalten wurden. 66 Vgl. A. Florovský: Čeští Jesuité na Rusi, S. 282. 67 Vgl. ibid., S. 283. Zu der Situation der Jesuiten bis zur Vertreibung vgl. auch P. Pierling: La Russie et le Saint-Siège, Bd. 4, S. 281ff. 68 Vgl. E. Larionova: Das Schicksal der Jesuitenschulen in Rußland, S. 311. 69 Vgl. M. Inglot: La Compagnia di Gesù nell’impero Russo, S. 114ff. Eine Übersicht über alle Niederlassungen findet sich dort auf S. 120. Zu den dortigen Jesuiten vgl. auch D. A. Tolstoj: Le Catholicisme Romain en Russie, Bd. 2, S. 171ff., 189ff. 65 115 Georg Schuppener 116 darstellten, waren in der Regel auch schulische Aktivitäten der Jesuiten.70 Allerdings standen die seelsorgerischen und missionarischen Tätigkeiten im Vordergrund.71 Rolle und Funktion der katholischen Kirche in Russland wurden durch ein im Jahre 1769 von Katharina II. erlassenes „Reglement“ geregelt.72 Katharina II. schätzte die pädagogischen Qualifikationen der Jesuiten hoch, was später neben diversen politischen Motiven ein zusätzlicher Grund dafür war, das päpstliche Breve zur Aufhebung des Ordens in Russland nicht umzusetzen.73 Selbst in der den Jesuiten distanziert bis negativ gegenüber stehenden Darstellung von Moroshkin finden sich folgende Ausführungen über die Jesuiten in St. Petersburg in jener Zeit: „Der Ruhm der angekommenen Jesuiten in Petersburg stieg, in der feinen Gesellschaft wurden ihr Verstand, ihre Kreativität, vielseitige Bildung, ihre Frömmigkeit, Bescheidenheit und Belehrungen ihrer Gespräche gerühmt.“74 In der Tat führte der Orden in den Jahren nach 1773 in Russland hoch qualifizierte Experten zusammen,75 die auf Grund der Aufhebung des Ordens in anderen Ländern nach Russland kamen.76 Der Orden wurde durch die Regierung unter Katharina II. stark protegiert.77 Dabei spielte eine wesentliche Rolle, dass die Jesuiten als stabilisierendes und loyales Element in den neuen westlichen Territorien gesehen wurden, wobei der Faktor der Loyalität insbesondere nach der Aufhebung des Ordens in anderen Ländern gegeben war.78 Bezeichnend hierfür ist, dass unmittelbar nach der ersten polnischen Teilung der Rektor des Polozker Kol legs, Stanisław Czerniewicz, nach St. Petersburg eilte, um dort persönlich die Zur Erweiterung des Tätigkeitsfeldes der Jesuiten vgl. insbesondere Moroshkin: Iezuity v Rossii, Bd. 2. Insgesamt sind diese Aktivitäten der Jesuiten in der russischen Provinz bislang noch wenig erforscht. 71 Man beachte dazu die Ausführungen bei D. A. Tolstoj: Le Catholicisme Romain en Russie, Bd. 2, S. 189ff. 72 Dazu vgl. M-J. Rouët de Journel: La Compagnie de Jésus en Russie, S. 22ff., R. T. Rashkova: Katoliki v Peterburge, S. 245, P. Pierling: La Russie et le Saint-Siège, Bd. 5, S. 2ff. 73 Vgl. D. Beauvois: Les Jésuites dans l’Empire Russe 1772-1820, S. 258. 74 M. Moroshkin: Iezuity v Rossii, Bd. 1, S. 374. [Übersetzung aus dem Russischen]. 75 Vgl. E. Winter: Die Jesuiten in Russland, S. 174. 76 Samarin: Iezuity i ich otnoshenie k Rossii, S. 344, weist in diesem Zusammenhang auch noch auf die Emigranten nach der Französischen Revolution hin. 77 Vgl. E. Winter: Die Jesuiten in Russland, S. 170ff. 78 Vgl. ibid., S. 169. Der ausschließlich negativen Bewertung Winters, dass Katharina II. und die Jesuiten quasi ein reaktionäres Zweckbündnis eingegangen seien, kann hier nicht gefolgt werden. 70 Die Jesuiten im Bildungswesen Russlands... Loyalität der Jesuiten zu bekunden.79 Anders als manche andere Geistliche emigrierten die Jesuiten nach der ersten polnischen Teilung nicht,80 was ihnen ebenfalls als Akt der Loyalität zugerechnet wurde. In Weißrussland sollten die Jesuiten auf Anweisung der Zarin die Ausbildung der katholischen Priester übernehmen. Das Interesse von Katharina II. und Paul I., der sich sogar an den Papst mit der Bitte wandte, die Jesuiten in Russland offiziell anzuerkennen, ist also durch die Loyalität wie auch durch die Bildung und die pädagogische Erfahrungen der Jesuiten zu erklären, die sowohl Katharina II. als auch Paul I. zu schätzen wussten.81 Deutlich wird diese Wertschätzung am Beispiel des Jesuitenpaters, Astronomen und Geografen Christian Mayer, der 1769 persönlicher Gast der Kaiserin war und durch Veröffentlichungen zum Wissenschaftsleben in St. Petersburg beitrug.82 Jahre später zeigte sich die Aufmerksamkeit, die Paul I. den Jesuiten schenkte, u.a. darin, dass der Zar im Mai 1797 das Kolleg der Jesuiten in Orscha besuchte.83 Neben den genannten Faktoren darf aber nicht unerwähnt bleiben, dass der Nichtvollzug des päpstlichen Aufhebungsbeschlusses von 1773 nicht aus persönlicher Sympathie oder Wertschätzung der Zarin den Jesuiten gegenüber erfolgte, sondern diese Entscheidung vielmehr politisch die Un-abhängigkeit Russlands gegenüber dem Papst demonstrieren und zugleich ein Zeichen gegen die Bourbonen darstellen sollte, die maßgeblich die Aufhebung des Ordens betrieben hatten.84 Gerade auf Grund dieser externen politischen Motive für die Duldung und Unterstützung der Jesuiten sowie wegen des rein orthodoxen Umfeldes blieb die Situation der Jesuiten in den folgenden Jahrzehnten im Russischen Reich immer schwierig und unsicher.85 3.4. Das Kolleg in St. Petersburg In der Regierungszeit Pauls I. war die Zahl der Katholiken in St. Petersburg deutlich gewachsen. Unter ihnen befanden sich auch einige, Vgl. D. Schlafly: True to the Ratio Studiorum?, S. 434. Nach der ersten polnischen Teilung formierte sich bereits Widerstand gegen die Jesuiten, der sich auf deren Verbot durch Peter den Großen im Jahre 1719 berief. Vgl. W. James: Paul I and the Jesuits in Russia, S. 16f. 80 Vgl. ibid., S. 20. 81 Vgl. u.a. S. G. Jakovenko: Iezuity i Rossija, S. 40ff. 82 Vgl. M. Inglot: La Compagnia di Gesù nell’Impero Russo, S. 44f. 83 Vgl. W. James: Paul I and the Jesuits in Russia, S. 128ff. 84 Vgl. D. Schlafly: True to the Ratio Studiorum?, S. 425. 85 Vgl. D. Beauvois: Les Jésuites dans l’Empire Russe 1772-1820, S. 258ff. 79 117 Georg Schuppener 118 |die in Weißrussland an Jesuitenkollegien ausgebildet worden waren.86 Zur Betreuung dieser Katholiken erlaubte Paul I. den Jesuiten die Gründung eines Kollegs, das von 1800 bis 1815 in St. Petersburg bestand.87 Dem Kolleg wurden bereits 1800 einige Gebäude übergeben, und zwar auf der Grundlage eines Ukases des Zaren, in dem er am 18. Oktober 1800 den Jesuiten die Kirche St. Katharina samt dazugehörigem Haus übertrug. Durch Alexander I. wurde dieser Rechtsakt 1801 kurz nach seiner Thronbesteigung bestätigt.88 Die Übergabe der Kirche St. Katharina samt Kirchenareal in St. Petersburg reiht sich ein in eine Folge von Entscheidungen Pauls I. in dieser Zeit zur Stärkung des Jesuitenordens und seines Bildungswesens89 und stellt eine direkte Folge der Gespräche Gabriel Grubers (1740-1805) mit dem Zaren dar.90 Gruber kann als wohl einflussreichster Jesuit in St. Petersburg in jenen Jahren bezeichnet werden. So wurde Gruber auch Rektor des genannten Kollegiums.91 Gruber, ein Mann mit zahlreichen Begabungen, war u.a. Ingenieur, Chemiker, Maler, Mechaniker und Mediziner und beherrschte mehrere Sprachen. In Wien geboren, studierte er in Graz, lehrte nach 1773 in Laibach als Professor für Mechanik und Hydraulik und kam 1784 nach Weißrussland, wo er im Kolleg von Polozk wirkte.92 Er beeinflusste wesentlich die Pläne Katharinas II. und vor allem Pauls I. zur Neuordnung des höheren Unterrichts.93 Ein wesentliches Bestreben Grubers und der anderen Jesuiten in St. Petersburg war es aber insbesondere, im Kreise des russischen und polnischen Adels Unterstützer für ihre Tätigkeit zu gewinnen.94 Darüber hinaus war Gruber auch im akademischen Milieu in St. Petersburg präsent: „Die Akademie der Wissenschaften in Petersburg zog sogar aus Vorträgen über technische Errungenschaften, die Gruber hielt, Vgl. W. James: Paul I and the Jesuits in Russia, S. 144f. Zu dessen Gründung vgl. M-J. Rouët de Journel: La Compagnie de Jésus en Russie, S. 37ff. Die folgenden Ausführungen zum St. Petersburger Kolleg orientieren sich - sofern nicht anders angegeben - an L. Grzebień (Hrsg.): Encyklopedia wiedzy o jezuitach, Artikel „Petersburg“. 88 Vgl. E. Larionova: Das Schicksal der Jesuitenschulen in Rußland, S. 312. 89 Hier sind auch zu nennen die Übergabe der Kontrolle über die Universität Wilna mit Ausnahme der medizinischen Fakultät an die Jesuiten, die Rückgabe von Besitzungen in Polen sowie die Unterstellung von Schulen dort unter die Leitung von Jesuiten. 90 Vgl. W. James: Paul I and the Jesuits in Russia, S. 182f. 91 Vgl. S. G. Jakovenko: Iezuity i Rossija, S.40. 92 Ausführliches zu Grubers Biografie, u.a. gestützt auf die Auswertung von Archivmaterial, bietet W. James: Paul I and the Jesuits in Russia, S. 72ff. 93 Vgl. L. Koch: Jesuiten-Lexikon, Sp. 738f. 94 Vgl. M. Moroshkin: Iezuity v Rossii, Bd. 1, S. 370. 86 87 Die Jesuiten im Bildungswesen Russlands... Nutzen.“95 Unterstützung erhielten die Jesuiten jedenfalls von Mitgliedern der Akademie der Wissenschaften, da manche von ihnen bereits länger mit Jesuiten in Korrespondenz standen; zudem galten auch einigen von Jesuiten entwickelten Geräten, u.a. einer Maschine zum Stoffschneiden, das Interesse und die Anerkennung von Mitgliedern der Akademie.96 In welchem Maße die Jesuiten religiös auf die Mitglieder der St. Petersburger Akademie Einfluss nehmen konnten, ist jedoch bislang ungeklärt.97 Im Jahre 1802 wurde Gruber durch die Generalkongregation von Polozk mit der Führung des Ordens beauftragt und widmete sich im Folgenden als General der Gesellschaft Jesu der Entwicklung der Ordenstätigkeit in Russland.98 Insbesondere zu Zar Paul I. besaß Gruber gute Kontakte und übte starken Einfluss auf ihn aus,99 ebenso auf Maria Fedorovna.100 Modern formuliert, leisteten die Jesuiten eine sehr intensive und erfolgreiche Lobbyarbeit.101 Dieser starke Einfluss der Jesuiten auf die Meinungsbildung einflussreicher Kreise in St. Petersburg zur Zeit Pauls I. wird selbst bei Moroshkin herausgehoben.102 Paul I. sah in den Jesuiten insbesondere ein Mittel gegen die geistigen Folgen der Französischen Revolution.103 Wohl auch durch den Einfluss Grubers besaß Paul I. eine gewisse Affinität zum Katholizismus, die Vgl. E. Winter: Die Jesuiten in Russland, S. 174. Vgl. W. James: Paul I and the Jesuits in Russia, S. 146f. 97 Obwohl es viele Literaturquellen in Bezug auf die Geschichte der St. Petersburger Akademie der Wissenschaften gibt, mangelt es an Angaben zur Bedeutung des Religionssubstrats in der Tätigkeit von Mitgliedern dieser wissenschaftlichen Vereinigung. Es ist genau bekannt, wer, wann und woher nach Russland kam, die Konfession wird allerdings zumeist auf Grund indirekter Angaben festgestellt. Es fehlen genaue Informationen über Gläubigkeit einzelner Wissenschaftler, bestimmter Fachgruppen u.Ä. Entscheidend für den Umzug nach Russland waren für ausländische Wissenschaftler die notwendigen Bedingungen für ihr Schaffen und ihren Alltag: Vergütung, Klima, Bequemlichkeiten und darunter auch Bekenntnisfreiheit, obwohl diese bei weitem nicht das Wichtigste war. (Freundlicher Hinweis von Prof. Simon Ilizarow, Moskau.) 98 Vgl. L. Koch: Jesuiten-Lexikon, Sp. 738f. 99 Vgl. J. Flynn: The Role of the Jesuits in the Politics of Russian Education, S. 255, E. Winter: Die Jesuiten in Russland, S. 175ff. 100 Vgl. W. James: Paul I and the Jesuits in Russia, S. 132ff. 101 Vgl. auch ibid., S. 145ff. 102 Vgl. M. Moroshkin: Iezuity v Rossii, Bd. 1, S. 487ff. Larionova: Das Schicksal der Jesuitenschulen in Rußland, S. 311, schreibt den Jesuiten sogar „die Vorherrschaft über die ganze lateinische Geistlichkeit in Rußland“ zu, allerdings ohne diese Einschätzung zu belegen. 103 Vgl. D. Schlafly: True to the Ratio Studiorum?, S. 425, 427. 95 96 119 Georg Schuppener 120 neben der Tatsache, dass er die Jesuiten für einen systemstabilisierenden Faktor hielt, wesentlich zur Protektion der Jesuiten durch den Zaren beitrug.104 Im Jahre 1801 gründeten die Jesuiten an ihrem St. Petersburger Kolleg eine Schule,105 die große Akzeptanz fand und binnen weniger Monate schon über 100 Schüler zählte.106 Bereits 1802/03 konnten die Jesuiten ferner ein Konvikt für Adlige errichten, und im Jahre 1806 wurde schließlich ein eigenes Collegium Nobilium eröffnet.107 Im Jahre 1805 zählte diese auch „Adelspension“ genannte Einrichtung bereits 56 Schüler.108 Damit bestanden in St. Petersburg zwei jesuitische Bildungseinrichtungen: die erstgegründete allgemeine Schule (im Folgenden „Paulinum“ genannt) und die Adelsschule mit Internat,109 die später zu einer der größten adligen Bildungseinrichtungen der Hauptstadt aufstieg.110 Zwar sind Schülerlisten nicht überkommen, aus den bekannten Namen lässt sich jedoch rekonstruieren, dass am Paulinum vor allem Ausländer und einige Russen, die aber nicht aus dem Hochadel stammten, inskribiert waren, während die Adelsschule Schüler aus den höchsten Kreisen des russischen Adels versammelte.111 Finanziell waren die Einrichtungen in St. Petersburg gut abgesichert, richtete sich doch insbesondere die Adelsschule an „Kinder aus den einflußreichsten Adelsfamilien des Reiches“.112 Zwar erhoben jesuitische Schulen kein Schulgeld für den Unterricht, jedoch waren für den Lebensunterhalt im Collegium Nobilium 600 Rubel113 pro Jahr zu zahlen – ein vergleichsweise moderater Betrag, erhielt doch ein mittelmäßiger Hauslehrer bis zu 1.500 Rubel jährlich.114 Vgl. auch W. James: Paul I and the Jesuits in Russia , S. 1f. Eine ausführliche Aufstellung des Lehrplanes samt Stundentafel findet sich bei vgl. M-J. Rouët de Journel: La Compagnie de Jésus en Russie, S. 55ff. 106 Vgl. ibid., S. 83. 107 Ausführliches bei ibid., S. 102ff. 108 Vgl. A. Andreev: Istorija ordena iezuitov, S. 100. 109 Derartige Einrichtungen für Adelige gab es nicht allein bei den Jesuiten, sondern auch an den Universitäten, so in Moskau. Vgl. D. Bayuk: La renaissance russe au 19e siècle: l’importation des savoirs scientifiques européens et des idées humanistes, http://www.cefres.cz/pdf/bayuk.pdf, Zugriff am 24. 8. 2007, S. 9ff. 110 Vgl. E. Larionova: Das Schicksal der Jesuitenschulen in Rußland, S. 312. 111 Vgl. D. Schlafly: True to the Ratio Studiorum?, S. 428. 112 Vgl. E. Winter: Die Jesuiten in Russland, S. 176. 113 M. Moroshkin: Iezuity v Rossii, Bd. 2, gibt in seiner Darstellung über die Einrichtung hingegen einen Preis von 1.000 Rubeln an. 114 Vgl. D. Schlafly: True to the Ratio Studiorum?, S. 428. 104 105 Die Jesuiten im Bildungswesen Russlands... Die jesuitische Lehranstalt trat in Konkurrenz zu den bereits existierenden Bildungseinrichtungen.115 Zwar war es nach dem von Katharina II. erlassenen „Reglement“ der römisch-katholischen Kirche nur gestattet, junge Leute der eigenen Konfession in Schulen zu unterrichten, und durch Alexander I. war dies hinsichtlich der Jesuiten 1801 noch einmal bekräftigt worden, die Existenz der Jesuitenschulen, die sich auch an eine orthodoxe Klientel richteten, wurde aber von der Regierung wegen des offenkundigen Bedarfs und der Defizite der staatlichen Lehreinrichtungen dennoch geduldet.116 Die Eröffnung dieser Einrichtungen fiel zudem in eine Zeit wesentlicher Reformen im Bildungswesen: Seit 1802 hatte Zar Alexander I. eine Politik verfolgt, deren Ziel die Schaffung eines einheitlichen Bildungssystems darstellte. Mit einer Reihe von Dekreten sollte das säkulare Bildungssystem reorganisiert und neu strukturiert werden, wobei insbesondere ein breiter Zugang zur Schulbildung gewährleistet werden sollte. Dieser progressive Ansatz widersprach den Interessen großer Teile des Adels, so dass in den nächsten Jahrzehnten konservative Kräfte letztlich mit Erfolg gegen diese Entwicklung steuerten. Zumindest partiell sahen diese die Jesuiten als ihre Verbündeten an.117 Zugleich erfüllte die jesuitische Lehranstalt ein wesentliches Bedürfnis weiter Kreise des Adels, die für ihren Nachwuchs westliche Bildung wünschten, vor allem wenn sie durch Reisen oder eigene Studien bereits selbst mit westlicher Bildung in Berührung gekommen waren. Allerdings waren die Jesuiten nicht die einzigen, die eine solche Bildung anboten, sondern neben der Möglichkeit von Privatlehrern gab es auch Internate, die von Emigranten geführt wurden.118 Inhaltlich zielten die jesuitischen Schulen in Russland auf eine nahezu enzyklopädische Bildung,119 was sich auch an der St. Petersburger Einrichtung gut nachweisen lässt. Der Lehrplan am Paulinum orientierte sich an demjenigen von Polozk und wies einige Abweichungen zu den Vorgaben der Ratio Studiorum auf: So fehlte der Griechischunterricht. Dafür enthielt Im 18. Jahrhundert wurde in St. Petersburg ebenso wie in Moskau und später auch in Kazan ein (akademisches) Gymnasium gegründet. Vgl. dazu u.a. D. A. Tolstoj: Das Akademische Gymnasium und die Akademische Universität im XVIII. Jahrhundert, id: Ein Blick auf das Unterrichtswesen Russlands im XVIII. Jahrhundert bis 1782. Nach handschriftlichen Documenten des Archivs der Akademie der Wissenschaften. Aus dem Russischen von Paul von Kügelgen. St. Petersburg 1886 (Buchdruckerei der Kaiserlichen Akademie der Wissenschaften). 116 Vgl. E. Larionova: Das Schicksal der Jesuitenschulen in Rußland, S. 312f. 117 Dazu ausführlicher bei D. Edwards: Count Joseph Marie de Maistre and Russian Educational Policy, 1803-1828, “Slavic Review” 36 (1977), S. 54-75. 118 Vgl. D. Schlafly: True to the Ratio Studiorum?, S. 426. 119 Vgl. E. Winter: Die Jesuiten in Russland, S. 181. 115 121 Georg Schuppener 122 das Curriculum Russisch im ersten Jahr, dann fakultativ Deutsch oder Französisch; auch der Mathematik wurde eine größere Rolle zugewiesen, als in der Ratio vorgesehen, indem sie nämlich in allen sechs Klassen unterrichtet wurde. Ferner wurden statt griechischer oder römischer Rhetorik in der fünften Klasse technische Inhalte wie Mechanik, Architektur usw. behandelt.120 Der Lehrplan der Adelsschule wich noch mehr von den Vorgaben der Ratio Studiorum ab.121 Ausweislich des Lehrplanes von 1807 war das Curriculum der Adelsschule außerordentlich breit und ambitioniert angelegt:122 In den ersten drei Klassen sollten Französisch und Latein unterrichtet werden, ferner Geografie, besonders mit Blick auf Russland, allgemeine antike und römische Geschichte, Mythologie, Arithmetik, Algebra, weiterhin die Anfangsgründe der Geometrie, des Zeichnens, des Tanzes und der Musik. In der vierten Klasse widmete man sich der französischen und russischen Poetik, der Geschichte der Neuzeit, insbesondere Russlands, der Geometrie und Trigonometrie, Tanz und Musik sowie ggf. der deutschen und englischen Sprache. In der fünften Klasse wurden die Grundlagen der russischen und französischen Aussprache/Rhetorik, die zivile und militärische Architektur, Tanz und Musik sowie deutsche und englische Sprache gelehrt. Fakultativ wurde ferner Fechtunterricht angeboten. Der Lehrplan der sechsten Klasse sah Logik, Metaphysik, Experimentalphysik und Mechanik vor, ferner die Anfangsgründe des Natur-, Zivil- und Staatsrechts. Die siebte Klasse sollte sich schließlich mit Physik und Fragen des Rechts befassen. Ein Überblick über die vorgesehenen Inhalte123 zeigt die Modernität des Konzeptes, das speziell mit den modernen Fremdsprachen und den polytechnischen Komponenten Parallelen zum Modell der Realschule aufwies. Ein solcher Stundenplan entsprach somit den Bedürfnissen des sich westlich Vgl. D. Schlafly: True to the Ratio Studiorum?, S. 428f. Vgl. ibid., S. 429f. 122 Vgl. L. Grzebień (Hrsg.): Encyklopedia wiedzy o jezuitach, Artikel „Petersburg“, und M. Moroshkin: Iezuity v Rossii, Bd. 2, S. 122ff. 123 Von E. Larionova: Das Schicksal der Jesuitenschulen in Rußland, S. 315, wird auf das Fehlen der Fächer Ästhetik, Statistik und politische Ökonomie, die beispielsweise im enzyklopädischen Lehrplan des Lyzeums in Zarskoje Selo zu finden sind, hingewiesen. Teile dieser Fächer mögen allerdings innerhalb der Geografie, der Geschichte der Neuzeit oder auch den künstlerischen Fächern behandelt worden sein. Verglichen mit dem Lehrplan des akademischen Gymnasiums in St. Petersburg erscheint derjenige bei den Jesuiten in jedem Falle anspruchsvoller und hinsichtlich der Anforderungen der Zeit geeigneter zu sein. Zum akademischen Gymnasium vgl. D. A. Tolstoj: Das Akademische Gymnasium und die Akademische Universität im XVIII. Jahrhundert, S. 1-139. 120 121 Die Jesuiten im Bildungswesen Russlands... orientierenden Adels.124 Der Unterschied der Zielgruppe zwischen Paulinum und Adelsschule zeigt sich insbesondere in der Rolle des Lateinischen, dem am Paulinum deutlich größerer Wert beigemessen wurde, wohl nicht zuletzt auf Grund der Herkunft der Schüler.125 Wegen der Aufhebung des Ordens in anderen Territorien war es den Jesuiten möglich, in Russland Ausländer zu versammeln, „die nicht nur in allen möglichen Sprachen in den Jesuitenschulen unterrichten konnten, sondern auch ausgezeichnete Spezialkenntnisse, sogar auf dem Gebiete der Technik und Architektur, besaßen.“126 Aus diesem Grunde liegt es nahe, dass der vorgestellte Lehrplan nicht bloß proklamatorischer Natur war, sondern auch in die Praxis umgesetzt wurde. Der ambitionierte Lehrplan besaß deutliche Ähnlichkeiten mit den Inhalten, die im Rahmen der Bildungsreform unter Zar Alexander in den Jahren 1803/04 für das Curriculum der Gymnasien vorgegeben wurden.127 Dennoch stellte eine Inspektion im Jahre 1806 fest, dass die 1803 erlassenen „Provisorischen Regelungen für die Volksbildung“ von den Jesuiten nicht eingehalten wurden. Diese schrieben vor, dass dieselben Lehrbücher wie in staatlichen Schulen verwandt werden mussten und die Universitäten die Zulassung von Lehrpersonal und die Lehrprogramme kontrollieren sollten. Die Abweichungen wurden nach persönlicher Intervention des Jesuitengenerals Tadeusz Brzozowski beim Zaren jedoch toleriert.128 Feststellbar ist hinsichtlich der Inhalte jedenfalls eine gewisse Kongruenz mit den staatlichen Lehranstalten und Vorschriften, was durch die Erfordernisse der Zeit bedingt wurde.129 Trotz der bereits erwähnten inhaltlichen Abweichungen folgten Lehrmethodik und - struktur an beiden jesuitischen Schulen in St. Petersburg eng den Vorgaben der Ratio Studiorum.130 Das Alter für den Beginn der Ausbildung war mit etwa neun bis zehn Jahren angesetzt; niemand unter sieben und über zwölf Jahren sollte die Ausbildung beginnen.131 Das Studienjahr begann am 1. September und lief bis Ende Juli, der August war für Ferien vorgesehen.132 Vgl. D. Schlafly: True to the Ratio Studiorum?, S. 430. Vgl. ibid. 126 E. Winter: Die Jesuiten in Russland, S. 174. 127 Vgl. D. Edwards: Count Joseph Marie de Maistre, S. 55f. 128 Vgl. E. Larionova: Das Schicksal der Jesuitenschulen in Rußland, S. 313. 129 Vgl. ibid., S. 316. Sie betont dazu insbesondere: „Den damals bestehenden Lehrsystemen fehlte der scharfe Gegensatz, auf den de Maistre beharrlich verwies.“ 130 Vgl. D. Schlafly: True to the Ratio Studiorum?, S. 431. 131 Vgl. M. Moroshkin: Iezuity v Rossii, Bd. 2, S. 122ff., E. Larionova: Das Schicksal der Jesuitenschulen in Rußland, S. 315, gibt als Aufnahmealter neun bis zwölf Jahre an. 132 Vgl. M-J. Rouët de Journel: La Compagnie de Jésus en Russie, S. 107. 124 125 123 Georg Schuppener 124 Im letzten Monat des Studienjahres wurden die Kenntnisse geprüft.133 In öffentlichen Prüfungen wurde das vermittelte Wissen auch nach außen präsentiert. Diese öffentlichen Veranstaltungen wurden auch von Prominenten, wie beispielsweise vom Bildungsminister A. K. Razumovskij, besucht.134 Bibliotheken und Sammlungen von Anschauungsmaterialien besaßen für die jesuitische Tätigkeit in der Lehre immer eine wesentliche Bedeutung: Schon die Niederlassung der Jesuiten in Moskau Anfang des 18. Jahrhunderts besaß eine passabel ausgestattete Handbibliothek.135 Auch das St. Petersburger Kolleg verfügte während seines Bestehens ein knappes Jahrhundert später nicht nur über eine reiche Bibliothek, die aus Büchern aus Polozk136 zusammengestellt wurde und die im Jahre 1815 ungefähr 7.000 Bände umfasste, sondern zum Kolleg gehörte auch ein so genanntes „Museum“, in dem mathematische, physikalische und astronomische Instrumente versammelt waren, die u.a. zu Unterrichtszwecken eingesetzt wurden. Über die Realien wussten die Jesuiten auch die Aufmerksamkeit der Öffentlichkeit zu gewinnen. So richteten sie auf dem Kirchengelände in St. Petersburg eine Apotheke ein und stellten in der Kirche Erfindungen und Produkte der Jesuiten aus, was in der Öffentlichkeit großen Eindruck machte.137 Angesichts des anspruchsvollen Lehrplanes und der guten Ausstattung der jesuitischen Schule vertrauten nicht wenige Familien des russischen Hochadels ihren Nachwuchs dieser Einrichtung an.138 Auch die internationale und hoch qualifizierte Lehrerschaft machte das Lehrangebot der Jesuiten attraktiv.139 Während andernorts Garantien für die Qualität der Ausbildung fehlten und andere Privateinrichtungen bei der Auswahl der Pädagogen eine gewissen Zufälligkeit mit sich brachten, konnten die Jesuiten ein klares Konzept und hoch qualifiziertes Personal aufweisen.140 Demgemäß wurde die Einrichtung von Schülerseite gelobt; so wurde das hohe Niveau des Unterrichts positiv hervorgehoben, aber auch die familiäre und liberale Atmosphäre, die mit einer gewissen Meinungsfreiheit verbunden war.141 Vgl. M. Moroshkin: Iezuity v Rossii, Bd. 2, S. 122ff. Vgl. D. Schlafly: True to the Ratio Studiorum?, S. 431. 135 Vgl. A. Florovský: Čeští Jesuité na Rusi, S. 284. 136 Die Bibliothek in Polozk umfasste 35.000 wissenschaftliche Bücher. Ferner gab es dort ein physikalisches Laboratorium. Vgl. D. Bayuk: La renaissance russe au 19e siècle, S. 9. 137 Vgl. W. James: Paul I and the Jesuits in Russia, S. 191f. 138 Eine Liste derjenigen adligen Familien bietet E. Winter: Die Jesuiten in Russland, S. 182. 139 Vgl. D. Schlafly: True to the Ratio Studiorum?, S. 432. 140 Dazu auch E. Larionova: Das Schicksal der Jesuitenschulen in Rußland, S. 312. 141 Vgl. ibid. 133 134 Die Jesuiten im Bildungswesen Russlands... Außerdem bot die Einrichtung für den Adel einen Ausweg aus dem öffentlichen Schulwesen, das im Rahmen der Reorganisation des Bildungswesens unter Alexander I. zumindest in den ersten Jahren einen egalitären, d.h. klassenlosen Zugang zu allen säkularen Schulen vorsah.142 Es handelte sich somit quasi um eine Elite-Anstalt, die über den russischen Adel hinaus auch andere einflussreiche Bevölkerungsschichten in St. Petersburg ansprach: In St. Petersburg akkreditierte Diplomaten schickten ihre Kinder auf diese Schule oder gaben sie sogar in das zugeordnete Pensionat, ebenso französische Emigranten, in der Regel Adlige, sowie Mitglieder des in St. Petersburg lebenden polnischen Hochadels.143 Insofern konnten die Jesuiten in St. Petersburg in den wichtigsten Kreisen der Gesellschaft die Inhalte ihres Curriculums nachhaltig verbreiten. Gerade durch das Collegium Nobilium und dessen Ausrichtung auf den russischen Adel konnte das St. Petersburger Kolleg einen nicht unerheblichen Einfluss auf Bildung und Erziehung erzielen.144 So wurden dort Söhne aus den Familien Tolstoj, Stroganow, Nowosilzew, Golizyn, Schuwalow, Wjasemski, Gagarin, Puschkin, Rastoptschin, Kamenski u.a. unterrichtet.145 Bemerkenswert ist auch, dass sich bei dem später eingerichteten staatlichen Lyzeum in Zarskoje Selo im organisatorischen Bereich deutliche Reminiszenzen an die Struktur und Abläufe des jesuitischen Kollegs erkennen lassen: Zu nennen sind hier u.a. die Unterbringung der Schüler in kontrollierbaren Einzelzimmern, die Trennung von der Familie während der Schulzeit, das Prämierungssystem, das Aufnahmealter der Zöglinge146 sowie die sechsjährige Ausbildungsdauer.147 Hinsichtlich der inhaltlichen Ausrichtung jedoch fehlte dem Lyzeum eine klare Zielrichtung und Struktur, was dann auch von Absolventen anders als bei den jesuitischen Einrichtungen negativ gewertet wurde.148 Vgl. D. Edwards: Count Joseph Marie de Maistre, S. 55f., 60. Vgl. E. Winter: Die Jesuiten in Russland, S. 182. 144 Vgl. M. Inglot: La Compagnia di Gesù nell’Impero Russo, S. 108ff. 145 Vgl. C. Simon: I Gesuiti e la Russia, S. 360, Andreev: Istorija ordena iezuitov, S. 100. 146 Dieses Indiz sollte jedoch nicht überbewertet werden. Denn auch an der bereits 1779 an der Universität Moskau gegründeten Adelspension galt, dass das Alter der aufzunehmenden Schüler nicht weniger als neun und nicht mehr als 14 Jahre betragen sollte. Vgl. dazu D. A. Tolstoj: Ein Blick auf das Unterrichtswesen Russlands im XVIII. Jahrhundert bis 1782. Aus dem Russischen übersetzt von Paul von Kügelgen. Beiträge zur Kenntnis des Russischen Reiches und der angrenzenden Länder Asiens 2. Neudruck der Ausgabe St. Petersburg 1885. Osnabrück 1969 (Biblio Verlag), S. 53. 147 Vgl. E. Larionova: Das Schicksal der Jesuitenschulen in Rußland, S. 316. 148 Vgl. ibid., S. 317f. 142 143 125 Georg Schuppener 126 Neben dem Unterricht boten die jesuitischen Schulen natürlich auch ein spezielles religiöses Umfeld, das hinsichtlich der missionarischen Ziele der Jesuiten nicht ohne Wirkung blieb: „Folge dieser systematischen Arbeit der Jesuiten war eine Reihe sehr beachtlicher Konversionen zur römischkatholischen Kirche“, speziell aus Kreisen des Hochadels.149 Da Mission und die Förderung von Konversionen verboten waren, gestaltete sich die Situation der Jesuiten jedoch nicht einfach: Schon um die Jahrhundertwende hatte es durch einen lutherischen Pfarrer in Polozk gegen die Jesuiten den Vorwurf der Prosyletenmacherei gegeben,150 und anders als in Weißrussland richtete sich die Erziehung in der Hauptstadt primär nicht an die katholische Jugend, sondern die Klientel bestand in St. Petersburg insbesondere aus Schülern aus orthodoxen Familien. Gerade die erzieherische Tätigkeit im religiösen Bereich blieb daher besonders heikel.151 Dies lässt sich auch vor dem Hintergrund des Schicksals der Jesuiten und ihrer Tätigkeit in Moskau Anfang des 18. Jahrhunderts sehen. Zum missionarischen Erfolg der Jesuiten und den Konversionen trug bei, dass das Ansehen der Orthodoxie und die Bindung an sie im Adel im späten 18. Jahrhundert nur gering waren.152 Auch scheint der lange Kontakt der russischen Oberschicht in St. Petersburg mit Emigranten aus dem französischen Adel das Interesse für die katholische Kirche geweckt und gestärkt zu haben; ferner wird vielerorts auf die Wirkung der Salonpredigten des Grafen Josef de Maistre hingewiesen.153 3.5. Ausweisung aus St. Petersburg Mission und Förderung von Konversionen verstießen gegen die Grundlagen, auf denen die Tätigkeit der Jesuiten im Russischen Reich und speziell in St. Petersburg überhaupt zugelassen worden war. Proselytenmacherei war explizit untersagt, und als Bedingung für die kaiserliche Exequatur des päpstlichen Breves vom 5. März 1801 zur Anerkennung der Tätigkeit der Jesuiten in Russland war dieses Verbot bekräftigt worden.154 Insofern scheint es zunächst wenig verwunderlich, dass im Jahre 1815 auf Betreiben der Orthodoxie die Jesuiten aus St. Petersburg ausgewiesen und damit auch E. Winter: Die Jesuiten in Russland, S. 183. Hier findet sich auch eine Auflistung der Konversionen. 150 Vgl. W. James: Paul I and the Jesuits in Russia, S. 172. 151 Vgl. C. Simon: I Gesuiti e la Russia, S. 360. 152 Vgl. D. Schlafly: True to the Ratio Studiorum?, S. 427. 153 Vgl. E. Larionova: Das Schicksal der Jesuitenschulen in Rußland, S. 319. 154 Vgl. E. Winter: Die Jesuiten in Russland, S. 180. 149 Die Jesuiten im Bildungswesen Russlands... das Kolleg und die zugehörigen Einrichtungen geschlossen wurden.155 Es sei aber darauf hingewiesen, dass aus den oben genannten Gründen die Konversionen nicht allein den Jesuiten zugeschrieben werden können – generell war eine Aufgeschlossenheit dem Katholizismus gegenüber in St. Petersburg ein Phänomen der Zeit. Eine explizite Mission innerhalb der jesuitischen Schulen lässt sich zudem nicht belegen.156 Sie entspricht auch nicht dem schulischen Ansatz der Jesuiten. Dass die Vertreibung der Jesuiten gerade 1815 erfolgte, scheint nicht unwesentlich auch durch die innen- und außenpolitische Situation Russlands bedingt gewesen zu sein: Nach dem Ende der Napoleonischen Kriege und mit der Schaffung einer Friedensordnung in Europa rückten innenpolitische Aspekte wieder stärker in den Vordergrund. Auch das antikatholische Wirken der russischen Bibelgesellschaft in dieser Zeit ist hier zu erwähnen. Konkreter Anlass für die Vertreibung mag zwar die in diesem Zusammenhang häufig genannte Konversion des Neffen des Oberprokurators des Allerheiligsten Synods, des Fürsten Golizyn, gewesen sein. Dieses Ereignis kann jedoch nur als ein Element in einer vielschichtigen Motivlage gelten, die für die Ausweisung ursächlich war. Nach der Aufhebung des Kollegs in St. Petersburg wurden die Petersburger Jesuiten nach Polozk eskortiert, die Materialien und Papiere des Kollegs Gegen die Jesuiten bestand in der Orthodoxie eine lange und tief verwurzelte Abneigung, die u.a. aus der Rolle der Jesuiten bei der Union von Brest (1596) resultierte. Vgl. dazu D. Schlafly: True to the Ratio Studiorum?, passim. Speziell zur Rolle der Jesuiten bei der Union von Brest vgl. W. James: Paul I and the Jesuits in Russia, S. 213ff., M. Šejnman: Papstvo. Naučno-populjarnaja serija. Moskau 1959 (Akademija nauk SSSR), S. 147ff. Auch die Mitwirkung von Jesuiten bei den Bemühungen der Päpste Gregor XIII., Sixtus V., Clemens VIII. und Paul V., den Katholizismus in Russland einzuführen, gehört in diesen Kontext. Hierbei handelt es sich vor allem um die Unterstützung der katholischen polnischen Könige und Fürsten gegenüber Russland sowie die Protektion des Falschen Demetrius. Die Rolle der Jesuiten in allen diesen Bereichen wird in der sowjetischen bzw. russischen Literatur ausführlich und mit negativer Bewertung dargestellt. Vgl. z.B. ibid., S. 145ff. Dementsprechend wird dort auch deutlich herausgehoben, dass zu den Forderungen, die der Anführer der ukrainischen Befreiungsbewegung Bohdan Chmelnizki stellte, gehörte, die Kirchenunion abzuschaffen, die Verfolgung der orthodoxen Kirche einzustellen und den Jesuiten zu verbieten, in der Ukraine zu leben. Diese Anforderungen wurden zum Bestandteil des Abkommens, das 1649 zwischen Bohdan Chmelnizki und Johann Kasimir unterzeichnet wurde. Vgl. ibid., S. 150. 156 Vgl. E. Larionova: Das Schicksal der Jesuitenschulen in Rußland, S. 319. Larionova hält daher die Konversionen nur für einen Vorwand für die Ausweisung der Jesuiten. 155 127 Georg Schuppener waren jedoch zuvor beschlagnahmt worden.157 Alle Maßnahmen wurden mit großer Härte durchgeführt.158 Im letzten Jahr seines Bestehens versammelte das St. Petersburger Kolleg 27 Jesuiten, davon 20 Patres, fünf Scholastiker und zwei Koadjutoren.159 Im Vergleich zu anderen Kollegien der Jesuiten im Russischen Reich stellte damit das St. Petersburger eines der mittelgroßen dar; das größte befand sich in Polozk mit weit über 100 Jesuiten (bezogen auf das Jahr 1809), was seine Ursache vor allem auch im dort angesiedelten Noviziat hatte.160 3.6. Exkurs: Das Polozker Kolleg 128 Auch wenn der Fokus dieser Darstellung sich auf die Einflüsse der Jesuiten auf das Bildungswesen in den Kerngebieten des Russischen Reiches (in den Grenzen vor 1772) richtet, sollen aus gegebenem Anlass zur Akademie in Polozk hier einige wenige Details genannt werden – dies vor allem deshalb, weil dieses Kolleg für den Jesuitenorden im Russischen Reich insgesamt und speziell auch für die Einrichtungen in St. Petersburg in mehrfacher Hinsicht eine wichtige Rolle spielte (s.o.).161 Die Einflüsse der Jesuiten auf das Bildungswesen in Weißrussland allgemein hier darzustellen, würde hingegen auf Grund der Vielzahl an Einzelheiten den Rahmen der Möglichkeiten sprengen. Außerdem wurde diese Thematik bereits andernorts ausführlich dargestellt.162 Wichtiges Ziel der Jesuiten war es, die Bildung der jungen Generation in den westlichen Territorien des Russischen Reiches zu übernehmen bzw. maßgeblich zu beeinflussen.163 In den ehemals polnisch-litauischen bzw. weißrussischen Gebieten konnte der Orden dabei bereits an frühere Traditionen anknüpfen. Durch Zar Alexander I. erhielten die Jesuiten im Jahre 1812 die Erlaubnis, in Polozk eine Akademie zu eröffnen. Genauer handelte es sich Vgl. D. Beauvois: Les Jésuites dans l’Empire Russe 1772-1820, S. 270. Ein Bericht über die Vertreibung der Jesuiten findet sich bei Carayon: Documents inédits, S. 263ff. 158 Vgl. E. Larionova: Das Schicksal der Jesuitenschulen in Rußland, S. 318. 159 Vgl. M. Inglot: La Compagnia di Gesù nell’Impero Russo, S. 111. 160 Vgl. D. Beauvois: Les Jésuites dans l’Empire Russe 1772-1820, S. 267. Zum Noviziat in Polozk vgl. P. Pierling: La Russie et le Saint-Siège, Bd. 5, S. 82ff. 161 Die folgenden Ausführungen stützen sich – sofern nicht anders angegeben - auf M. Inglot: La Compagnia di Gesù nell’Impero Russo, S. 104ff. 162 Näheres dazu ibid., S. 95ff., oder auch bei P. Pierling: La Russie et le Saint-Siège, Bd. 5, S. 40ff., 82ff., W. James: Paul I and the Jesuits in Russia, S. 56ff. 163 Vgl. dazu u.a. M. Moroshkin: Iezuity v Rossii, Bd. 1, S. 445ff. 157 Die Jesuiten im Bildungswesen Russlands... um die Umbenennung des dortigen Jesuitenkollegs in Akademie des Jesuitenordens.164 Diese Akademie erhielt alle Privilegien einer Universität.165 Sie umfasste drei Fakultäten: eine Theologische Fakultät, eine Philosophische Fakultät, die die exakten Wissenschaften einschloss, sowie eine Fakultät der alten und neuen Sprachen. Akademische Grade konnten erworben werden in der Theologie sowie im kanonischen und zivilen Recht. Der Lehrkörper war international zusammengesetzt, und das Spektrum der unterrichteten Fächer erscheint beeindruckend. Beachtlich ist vor allem, dass neben den Theologienahen Fächern auch andere wie Mathematik, Mechanik, Experimentalphysik, Architektur, Astronomie, Naturgeschichte, Chemie, Botanik und Zoologie präsent und z.T. personell gut ausgestattet waren.166 Die Erhebung des Polozker Kollegs zur Akademie war insofern auch für das jesuitische Bildungswesen in anderen Teilen Russlands bedeutsam, als Alexander I. in seinem Ukas alle in Russland existierenden und künftigen Lehranstalten der Jesuiten der Aufsicht dieser Akademie unterstellte.167 Damit war ein wesentlicher juristisch-organisatorischer Widerspruch, in dem u.a. die St. Petersburger Einrichtungen zu den rechtlichen Vorgaben über das Schulwesen standen – nämlich die eigentlich erforderliche Kontrolle durch eine Universität –, behoben. Im Jahre 1813 gab es an der Polozker Akademie 84, im Jahre 1820 bereits etwa 700 Studenten. In dieser Zeit wurden um die 100 Studenten zum Doktor promoviert. Allerdings wurde bereits zum Ende des Jahres 1816 die Verleihung von wissenschaftlichen Graden an der Polozker Akademie suspendiert, ausgenommen hiervon war lediglich die Theologische Fakultät.168 Dies bedeutete eine nicht unwesentliche Abwertung, die – nach der Aufhebung des St. Petersburger Kollegs – einen weiteren Schlag gegen die Jesuiten darstellte, um sie aus nicht-theologischen Einflussbereichen zu drängen. Mit der Ausweisung im Jahre 1820 endete endgültig die Tätigkeit der Jesuiten im Russischen Reich. Die Polozker Akademie und die ihr untergeordneten Schulen wurden aufgelöst.169 Alle Bestände, u.a. die Bibliothek, wurden zerstreut bzw. verkauft.170 Vgl. E. Larionova: Das Schicksal der Jesuitenschulen in Rußland, S. 317. Vgl. D. Beauvois: Les Jésuites dans l’Empire Russe 1772-1820, S. 265. 166 Eine Liste der Fächer und der Lehrkräfte findet sich bei M. Inglot: La Compagnia di Gesù nell’Impero Russo, S. 106. 167 Vgl. E. Larionova: Das Schicksal der Jesuitenschulen in Rußland, S. 317, D. A. Tolstoj: Le Catholicisme Romain en Russie, Bd. 2, S. 185. 168 Vgl. id: Le Catholicisme Romain en Russie, Bd. 2, S. 210. 169 Vgl. E. Larionova: Das Schicksal der Jesuitenschulen in Rußland, S. 320. 170 Vgl. D. A. Tolstoj: Le Catholicisme Romain en Russie, Bd. 2, S. 212. 164 165 129 Georg Schuppener 4. Fazit 130 Dass den Jesuiten unter Peter I. Ende des 17. Jahrhunderts die Eröffnung einer Schule in Moskau gestattet wurde, kann primär als eine Maßnahme gelten, die sich an die dortigen Ausländer richten sollte. Zugleich bedeutete dieser Schritt aber auch eine Öffnung eines Fensters zur nicht-orthodoxen Welt, wodurch auch westliche Bildung ins Russische Reich gelangen konnte.171 Die durch die Zaren immer wieder gewährten religiösen Sonderrechte für Ausländer, Garantien für freie Religionsausübung bedeuteten für die Jesuiten jedoch keineswegs die Erlaubnis zu Missionierung bzw. zur Förderung von Konversionen. Für einen Orden, dessen Ausrichtung nicht unwesentlich darauf beruhte, über das Bildungswesen potenzielle Eliten für den katholischen Glauben zu gewinnen, war diese Grundlage äußerst delikat, zumal mit den gesellschaftlich höheren Schichten eine besonders sensible Klientel angesprochen wurde. In der zweiten wesentlichen Periode jesuitischer Bildungstätigkeit im russischen Kernland gegen Ende des 18. und zu Anfang des 19. Jahrhunderts befand sich die Bildungslandschaft in Russland in einer Umbruchsphase, in der Strömungen aus unterschiedlichen Richtungen von aufklärerischen bis hin zu traditionell konservativen Kräften zutage traten.172 Insofern fiel die Tätigkeit der Jesuiten in eine einerseits instabile, zugleich aber auch durchaus aufnahmebereite Situation des Bildungswesens. Insbesondere letzterer Aspekt, verbunden mit dem ambitionierten und bewährten inhaltlichen Programm der Jesuiten in der Lehre, vermag zur Erklärung des Erfolges der jesuitischen Lehranstalten herangezogen werden. Die Ausbildung und die Klientel der Schulen waren elitär, so dass diese als die besten Bildungseinrichtungen in der Hauptstadt gelten konnten.173 Gerade diese elitäre Ausrichtung der Einrichtung machte sie für den russischen Hochadel und andere Eliten in St. Petersburg attraktiv, insbesondere auch vor dem Hintergrund der zunächst aufklärerisch -egalitären Prägung der Bildungsreformen unter Alexander I.174 Vgl. auch A. Florovský: Čeští Jesuité na Rusi, S. 283. Vgl. Flynn: The Role of the Jesuits in the Politics of Russian Education, S. 250ff., D. Edwards: Count Joseph Marie de Maistre, S. 54, 71ff. 173 So z. B. D. Edwards: Count Joseph Marie de Maistre, S. 60. 174 D. Schlafly: True to the Ratio Studiorum?, S. 433, weist darauf hin, dass kaum Belastbares über die langfristigen Einflüsse der Jesuiten auf die Lebensläufe ihrer Schüler ausgesagt werden könne. Allerdings führt er gegen die in der Literatur weit verbreitete Darstellung der Jesuiten als Vermittler rein anti-aufklärerischer, konservativ-traditioneller Werte an, dass allein fünf ehemalige Schüler der Jesuiten als Dekabristen (Teilnehmer des Dezemberaufstandes 1825) sich gegen das autokratische, zaristische Regime stellten. Dies passt im Übrigen wiederum in das generell negative Bild, das Moroshkin: Iezuity v Rossii, Bd. 2, über die Bildungstätigkeit der Jesuiten vermittelt, so spricht er beispielsweise auf S. 301 von der „Verderbnis der künftigen Generation“ durch die Bildungstätigkeit der Jesuiten. 171 172 Die Jesuiten im Bildungswesen Russlands... Erfolge aus Sicht der Jesuiten stellten wohl auch die Konversionen dar, insbesondere von Mitgliedern einflussreicher adliger Familien. Die Bemühungen um die Ausweisung der Jesuiten waren insofern folgerichtige Gegenreaktion der Orthodoxie und zugleich Beleg dafür, welch ernstzunehmende Gefahr die Orthodoxie in der Tätigkeit der Jesuiten sah. Dass die Ausweisung zunächst aus St. Petersburg erfolgte, andernorts aber Bildungseinrichtungen der Jesuiten noch einige Jahre fortbestehen konnten, zeigt, dass primär die Einflussnahme der Jesuiten auf die Machtelite beendet werden sollte, während das Bildungswesen der Jesuiten per se geschätzt wurde. Bildung ohne zumindest latente Mission konnte es aber für die Jesuiten nicht geben, so dass auch andernorts der Konflikt mit der Orthodoxie zwangsläufig war und daraus die endgültige Ausweisung der Jesuiten und das Ende ihrer Tätigkeit im Bildungswesen folgte. 175 Sowohl im Ukas von 1815 als auch in jenem von 1820, mit denen die Verbannung der Jesuiten bestimmt wurde, wird die Förderung von Konversionen als Verbotsgrund angeführt.176 Die Vertreibung der Jesuiten aus dem Russischen Reich und die Ablehnung ihres Bildungswesens erfolgten nicht unwesentlich im Namen der Aufklärung.177 Wie sich jedoch aus den Lehrplänen der Adelsschule in St. Petersburg ablesen lässt, ist in diesen aber ein strikt anti-aufklärerischer Ansatz gar nicht erkennbar. Moderne und praxisnahe Bildung, z.B. die modernen Sprachen, gehörten durchaus zum Programm der jesuitischen Schulen. Auch die von Schülerseite beschriebene gewisse Liberalität in Meinung und Rede kann im Sinne aufgeklärter Ideen gesehen werden. Insofern war das Vorgehen gegen die Bildungseinrichtungen der Jesuiten nur ein vermeintlicher Akt der Aufklärung. Eine wesentliche Folge dieses Vorgehens gegen die Jesuiten stellte jedenfalls der Verlust an Potenzial im Bereich der klassischen Bildung dar, und auch die Monopolisierung der Bildungslandschaft lässt sich in diesem Zusammenhang kritisch bewerten.178 Die Jesuiten wurden im Laufe von nicht einmal 150 Jahren viermal ganz oder teilweise aus Russland verbannt: 1689, 1719, 1815 und schließlich 1820.179 Die Tätigkeit der Jesuiten wurde also immer wieder unterbrochen. Trotz dieser fehlenden Kontinuität kann aber festgehalten werden, dass der Orden dennoch in den wenigen Jahren seines Wirkens im Russischen Reich als ernstzunehmender Faktor in der Bildungslandschaft wahrgenommen wurde. Ausführlicheres zu den Gründen für das Verbot bei J. Flynn: The Role of the Jesuits in the Politics of Russian Education, S. 249f. und S. 261ff. 176 A. Theiner: Die Neuesten Zustände der Katholischen Kirche beider Ritus in Polen und Rußland, S. 533f., Winter: Die Jesuiten in Russland, S. 189. Zur Mission und dem Verbot der Jesuiten vgl. auch Rashkova: Katoliki v Peterburge, S. 249. 177 Vgl. E. Larionova: Das Schicksal der Jesuitenschulen in Rußland, S. 320. 178 Vgl. ibid., S. 321. 179 Vgl. auch Samarin: Iezuity i ich otnoshenie k Rossii, S. 275f. 175 131 Georg Schuppener Abschließend darf auch nicht vergessen werden, darauf hinzuweisen, dass die Fortexistenz des Ordens im Russischen Reich nach dem Jahre 1773 dazu beigetragen hat, die Traditionslinie jesuitischer Bildungstätigkeit fortzuführen, auch wenn der Orden nach seiner Wiederzulassung seine frühere führende Position im Bildungswesen der katholischen Länder Europas nie wieder erreichen konnte. 132 Die Feier der Begräbnisliturgie in den altorientalischen Kirchen StBob4(2009) s. 133-144 Die Feier der Begräbnisliturgie in den altorientalischen Kirchen Vasyl’ Rudeyko Ukrainian Catholic University Lviev, Ukraina 1. Einführung „Gestern plötzlicher Tod von Frau Verhovskoy. Als ich kam, versuchten gerade zwei Sanitäter, sie durch künstliche Beat­mung wiederzubeleben. Häßlichkeit und Schmach des Todes. Ihr am Boden ausgestreckter Körper und all die im Raum vor­handenen Habseligkeiten; alles, was man zum Leben braucht, und was angesichts des Todes in seiner Nutz- und Sinnlosigkeit so schrecklich wird. Doch dann eine langsame, siegreiche Ver­wandlung dieser Häßlichkeit durch das Gebet, durch seinen Rhythmus, seine Macht zu verwandeln, zu verklären, zu zeigen, dass Gott und nicht der Teufel das letzte Wort hat, dass der Tod kein Absturz ist in die Welt der Nichtexistenz, in die Scheol, das Böse”.1 Diese Worte hat am 8 Mai 1978 Vater Alexander Schmemann in sein Tagebuch geschrieben. Das Gebet in der Ostkirche ist immer ein Zeichen des Sieges Gottes über die Welt. Man betet, weil man glaubt, dass Gott in seiner Allmacht alles machen kann und es auch tut um unser Heiles willen. Die Auferstehung Christi ist ein Grund für uns zu hoffen und zu beten, auch wenn menschliches Erachtens nach keine Hoffnung mehr besteht. In der Mitte der Hoffnungslosigkeit des Todes feiert die Kirche, durch die Verheißung des ewigen Lebens gestärkt, die Begräbnisliturgie. „Die Kirche betet nicht für die Toten; sie ist (muß sein) ihre ständige Auferstehung, denn die Kirche ist Le­ben inmitten des Todes, ist Sieg über den Tod, die universale Auferstehung“.2 A. Schmemann, Aufzeichnungen 1973-1983, Göttingen, 2002, S.285. Ibid., S.79. 1 2 133 Vasyl’ Rudeyko 2. Begräbnisliturgie in den Kirchen des christlichen Ostens 134 In den Kirchen des Ostens spielt die Begräbnisliturgie eine gewichtige Rolle und ihr wird sogar manchmal sakramentaler Rang zugeschrieben.3 Eine Bestattung wird normalerweise nicht ohne den Priester gefeiert. In einigen östlichen Kirchen vergleicht man die Begräbnisliturgie mit der Taufe, in der ein Christ, der in Christus gestorben ist, in das ewige Leben übergeht. Eine Auffälligkeit der orientalischen Kirchen ist die Fülle der Begräbnisformulare, die praktisch für alle Fälle angepaßt sind. Ein klarer Unterschied gibt es besonders zwischen dem Begräbnis der Kleriker und dem der Laien. In manchen Kirchen werden Frauen und Männer unterschiedlich begraben. Es gibt auch eine Fülle an Formularen für Kinderbegräbnisse. Eine große Rolle in der Entwicklung der Begräbnisriten der verschiedenen orientalischen Kirchen haben die kulturelle Umgebung und die vorchristlichen Begräbnisbräuche der Länder, in denen die einzelnen Kirchen beheimatet sind, gespielt. An dieser Stelle kann z.B. die Totenklage („Totengeschrei“) bei den Kopten oder die Kolyba-Speise (eine besondere, aus gekochten Weizen, Rosinen, Nüssen und Honig vorbereitete Mischung) bei den Byzantinern erwähnt werden. Der Form nach kann die Begräbnisliturgie wie eine Eucharistiefeier (bei den Kopten z.B.), ein Stundengebet (Morgengottesdienst bei den Byzantinern) oder ein selbständiger Gottesdienst ohne Beziehung auf die anderen gottesdienstlichen Formen gefeiert werden. Nicht in jeder Kirche wird die Eucharistie am Begräbnistag gefeiert. In manchen Kirchen werden die Toten auch nicht in die Kirche gebracht, falls sie Laien sind, wogegen Kleriker immer in die Kirche gebracht werden, weil es der Ort ist, mit dem sie in ihrem irdischen Leben besonders verbunden waren. Das Grundschema der Begräbnisliturgien ist in allen orientalischen Kirchen fast das gleiche: 1. Das Ritual der Waschung des Leichnams 2. Eine Vigilfeier im Hause des Verstorbenen 3. Die Begräbnisprozession 4. und die Beisetzung. Die Grundstruktur erscheint sehr einfach. Dabei sind die Riten und Gebete sehr lang und kompliziert. Die Entwicklung der Liturgie war hier nicht unproblematisch. Dieses kann man sehen, wenn man sich die Begräbnisformulare genauer anschaut. 3. Die Koptische Kirche Obwohl die koptische Kirche eigentlich keine „letzte Ölung” im Sinne eines Sterbesakramentes kennt, wird der Sterbende doch mit dem so ge W. De Vries, Sakramententheologie bei den Nestorianern, Roma, 1947, S.251. 3 Die Feier der Begräbnisliturgie in den altorientalischen Kirchen nanten „Öl der Apokalypse” gesalbt.4 Am Karfreitag wird in den Pfarrkirchen im Anschluß an die Terz und Sext das ganze Buch der Apokalypse gelesen. Dabei brennen sieben Olivenöllampen. Das Öl wird am Ende des Gottesdienstes gesegnet und alle in der Kirche werden damit gesalbt. Man nimmt es auch mit nach Hause und verwendet es als Heilmittel gegen Skorpionsstiche oder zur Bannung der Angst. Etwas von diesem Öl gießt der Priester auch dem Verstorbenen auf den Kopf. Für ungetaufte Kinder wird es als Taufe gerechnet. Man legt den Verstorbenen mit dem Kopf nach Westen, in die Himmelrichtung, in der das Reich der Toten gesehen wird. Was die Sterbekommunion angeht, ist die Tradition bei den Kopten nicht eindeutig. Man glaubt zwar, dass für den würdigen Empfang des Sakraments körperliche und geistige Gesundheit notwendig ist, aber davon kann aus pastoralen Gründen abgesehen werden.5 Wenn man die Weltvorstellung des vorchristlichen Ägypten kennt, wird man sich nicht wundern, dass die Kopten eine Totenklage und ein besonderes Ritual der Waschung des Leichnams haben. In der Totenklage spiegelt sich die Angst gegen die finsteren Gestalten des Totenreiches, die auch den Heiligen nicht fremd war, wider.6 In dieser Sicht glaubt man, dass selbst die Muttergottes und der Hl. Josef nur durch die Hilfe Christi aus den Händen der Gestalten der Finsternis entfliehen können. Die Waschung des Leichnams wird manchmal mit einem Priester gefeiert, der das Psalterium liest.7 Das Untergewand des Toten muß im „Jordan” eingetaucht werden (in einem Taufbecken) als ein Zeichen der empfangenen Reinigung vor dem Eintritt vor das Angesicht Gottes. Eine Erinnerung an die ursprüngliche Einbalsamierung wird durch das Umgeben des Leichnams mit Blumen und Parfümen beim Einsargen sichtbar. Am Anfang und am Ende der Prozession wird ein Kalb oder ein Ochse geschlachtet und den Armen ausgeteilt.8 Diese Verteilung ist ein schönes Zeichen der Nachfolge Christi – gib alles den Armen und folge mir nach.9 Eine große kulturelle Leistung des Christentums ist die Wiederbelebung dem Verstorbenen gehöriger Güter bei dem Begräbnis. Es werden keine Grabbeigaben mit ins Grab gelegt. Das Vermögen stirbt nicht mit dem Verstorbenen, sondern wird wieder lebendig und gebrauchsfähig durch die Almosen. Während der Prozession zur Kirche und dann zum Grab singt man, Vgl. L. Störk, Der koptische Begräbnisritus, in: H.-J. Becker, H. Lühlein, (Hrsg.), Liturgie im Angesicht des Todes. Judentum und Ostkirchen I, Ottilien, 1997, S.630. 5 Vgl. ibid., S.631. 6 Vgl. ibid., S.639. 7 Vgl. ibid., S.633. 8 Vgl. ibid., S.634-635. 9 Vgl. Mt 19.21. 4 135 Vasyl’ Rudeyko 136 durch diakonische Rufe: „Gedenke meiner, o Herr, wenn Du in Dein Reich kommst!” ermuntert, das Trisagion. Die koptische Kirche hat die vielleicht reichste Auswahl der Formulare für die Begräbnisliturgie. Es gibt Begräbnisformulare für Bischofe, Priester, Diakone, Mönche, Nonnen, Männer, Frauen (wobei unterschieden wird, ob sie mit dem natürlichen Tod oder bei einer Geburt gestorben war), männliche und weibliche Kinder, sowie eigene Formulare für das Begräbnis in der Osterzeit.10 Die Gebete sind sehr zu Herzen gehend und tröstlich. Gott wird in ihnen als Schöpfer und Erlöser gepriesen. Die Schöpfung des Menschen, die Auflösung dieses zeitlichen Geschöpfs und seine ewige Auferstehung ist ein Mysterium Gottes, für das die Gläubige sehr dankbar sein soll, auch für den Abschied aus dieser Welt.11 In den Gebeten ist zudem die altkirchliche Auffassung vom Schoß Abrahams bewahrt, gemäß dem alle Verstorbenen zusammen mit den Heiligen zuerst in einen Ort hingehen, der oft „Paradies“ genannt wird, wo sie auf die Auferstehung der Toten warten, um gemeinsam mit allen in das vollendete Reich Gottes einzutreten.12 Im Mittelpunkt des Gebetes steht nicht nur die Fürbitte für die Person des Verstorbenen, sondern für die ganze gegenwärtige Kirche: „…und gib ihm Ruhe an diesem Ort (dem Schoß Abrahams V.R.); unser aber auch erbarme Dich und mach uns würdig, ungeschadet Dir zu dienen. Die Betrübten tröste. Die, die noch leben, unterstütze. Die, die als Waisen geblieben sind, versorge. Und allen, die sich versammelt haben und ihre Sorgen teilen, erbarme Dich ihrer und segne sie. Gib ihnen den himmlischen Lohn in der kommenden Welt in der Ewigkeit”.13 Wenn Gott auf die Menschen schaut, kann niemand sich rechtfertigen, auch wenn er nur einen Tag auf der Erde gelebt hat.14 Deswegen betet man und hofft, dass die Kinder durch das Erbarmen Gottes und durch die Fürbitten der Schutzengel zu den anderen Entschlafenen Kindern zugezählt werden, die in den Palästen Gottes versammelt sind und die „die hundert vierundvierzig tausend“ der Apokalypse bilden. Als Trost für die Eltern gilt ein Gebet um die weitere Nachkommenschaft: „… wir flehen zu dir, unser Herr Jesus Christus, für deine Diener - seine (des Kindes V.R.) Vater und Mutter, deren großes Leid und Seufzen des Herzens zu Dir emporsteigt in Tränen und Trauer. Du als Guter und Menschenfreund kamst in die Stadt Nain und hast den Sohn der Witwe lebendig und unbeschadet auferweckt. Auch für diese, Vgl. R.M. Wooley, Coptic Offices, London, 1930, S.109-154. Vgl. ibid., S.112. 12 Vgl. J. Mateos, The Evolution Of The Byzantine Liturgy. Part III, in: John XXIII Lectures Vol.1, 1965 Byzantine Christian Heritage, New York, 1966, S.103. 13 Ibid., S.112. 14 Vgl. ibid., S.113. 10 11 Die Feier der Begräbnisliturgie in den altorientalischen Kirchen o Herr, erwecke andere Nachkommenschaft an seiner Stelle, auf dass sie (die Eltern) Freude anstatt ihrer Trauer bekommen”.15 4. Äthiopische Kirche Die Feier des Begräbnisses der äthiopischen Kirche heißt auch Ritus des Verhüllens. Es wurde im vierzehnten Jahrhundert aus dem Koptischen und Arabischen ins Äthiopische übersetzt und stammt aus dem Begräbnisritual der Kopten.16 Das Ritual aber wurde überarbeitet und enthält einige Züge, die dem Koptischen nicht bekannt sind. Alles beginnt im Haus des Verstorbenen mit einer Totenwache oder einer Vigil. Es wird die Wasserweihe gefeiert und der Tote wird gewaschen und gesalbt. Es gibt eine bestimmte Ordnung der Vigil, die aus 150 Psalmen, 15 Schriftcantica, 5 Lieder Salomo, dem Johannesevangelium und zwei Marienliedern, die sich normalerweise am Ende des liturgischen Psalters der Äthiopier befinden, besteht.17 An sich ist das eine monastische Vigilfeier. Die Waschung wird zweimal durchgeführt, einmal mit normalem Wasser und einmal mit geweihtem. Über das Kleid des Verstorbenen spricht man ein so genanntes Mariengebet, das im Grunde genommen eine Apokryphe über den Tod Mariens ist.18 Besonders wird im Gebet die Wichtigkeit der Buße und der Reue betont. Der Verstorbene muß ein Meer aus Feuer durchqueren, dass nur mit der Tränen der Buße gelöscht werden kann. Durch das Gebet soll der Verstorbene die Gnade Gottes finden. Die Waschung reinigt den Leib aus der Befleckung der Krankheit und ermöglicht ihm, in das Kirchengebäude einzutreten.19 Der Verstorbene wird siebenmal mit einem Stück Stoff umwickelt und siebenmal mit dem Zeichen des Kreuzes bezeichnet. Dies soll ihm als Zeichen der Zugehörigkeit zum Himmelreich dienen. Der Tod ist ein Übergang aus der Welt der Finsternis in die Welt des Lichtes, darum zündet man das Licht an – ein Zeichen des Sieges über die Finsternis. Der Tod hat eine neue Bedeutung durch die Auferstehung Christi erhalten. Während der Prozession wird der Psalm 118 in sieben Abschnitten verlesen. Der Psalm 118 ist in der Vätertradition ein Auferstehungspsalm und wird oft als ein eschatologisches Lied während der Vigil verwendet. Eine genaue Unterscheidung zwischen den Begräbnisriten der Laien und des Klerus kennt die äthiopische Kirche ähnlich wie die anderen altorientalischen Kirchen. Die Laien werden z.B. nicht in die Kirche getragen, sondern vor der Kirche niedergelegt, was ihrem Stand entspricht. Die, die Ibid. Vgl. F. E. Dobberan, Der äthiopische Begräbnisritus, in: H.-J. Becker, H. Lühlein, (Hrsg.), Liturgie im Angesicht des Todes, I, op.cit., S.659-660. 17 Vgl. ibid., II, S.866-867. 18 Vgl. ibid., S.882-886. 19 Vgl. ibid., S.869. 15 16 137 Vasyl’ Rudeyko 138 in der Welt arbeiten, sollen auch aus der Welt genommen werden, die Priester aber aus der Kirche, wo sie sich für das Wohl der Kirche mühten.20 Es wird in der Regel die Eucharistie gefeiert. Die Zeremonie in der Kirche endet mit einem Abschiedskuß und dem Ausgießen des Öls über den Verstorbenen. Ein Kuß ist ein Ausdruck der Zugehörigkeit zur Familie (zur Kirche bei den Christen), dabei denkt man auch an den Friedenskuß, der innere Freude und das Vertrauen zum Ausdruck bringt. Danach gehen die Leute zum Grab, wo man nach dem Absolutionsgebet die Verwandten des Verstorbenen ruft, die in der Anwesenheit des Abtes eines nahe liegenden Klosters für seinen Verwandten die Almosen geben sollen. Der Abt wird als Zeuge vor Gott angesehen.21 Die Gebete des äthiopischen Begräbnisrituals sind sehr trostreich. Es werden zwei Wege der Seele gezeigt – die Himmel und die Unterwelt. Sehr wichtig dabei ist die christliche Hoffnung auf die Gnade Gottes.22 Ein Christ soll den Tod nicht fürchten, weil durch das Kommen Christi der Tod eine neue Bedeutung hat: „Du aber, o Seele, fürchte dich nicht, denn durch die Barmherzigkeit des Weltenherrschers, des Herrn, unseres Gottes bedeutet dieser Tod das ewige Leben”.23 Besonders schön sind die Seligpreisungen der äthiopischen Begräbnisfeier: „Glücklich ist der, welcher zum Bildner seiner Seele geworden ist, bevor er stirbt! Glücklich ist der, welcher seinen Nächsten geliebt hat! Glücklich ist der, welcher Armen gegeben hat! Glücklich ist der, welcher sich selbst erniedrigt hat! Glücklich ist der, welcher die Kirche geliebt hat! Glücklich ist der, welcher nicht mitten im Leben stirbt (als Lebendiger)! Glücklich ist der, welcher vor dem Herrn in Ehrfurcht steht! Glücklich ist der, welcher für seine Seele nicht nur auf das Erbarmen Gottes gerechnet hat! Glücklich ist der, welchen die Engel loben und mit Freude aufnehmen! Glücklich ist der, welcher sich für das Erbarmen Gottes vorbereitet hat”.24 5. Ostsyrisch-chaldäische Kirche Man legt den Verstorbenen mit dem Gesicht nach Osten und dann erfolgt eine rituelle Waschung des Leichnams, bei der ein Priester eine Nokturn im Haus oder auf dem Dach des Hauses betet.25 Interessant ist, dass die Mönche während dieser Waschung ihres Kleides nicht entblößt werden, sondern durch das Kleid gewaschen werden. Jeder wird so bekleidet wie es seinem Stand entspricht. Eine wichtige Vorschrift in den Formularen der Begräb 22 23 24 25 20 21 Vgl.ibid., S.873. Vgl.ibid., S.874. Vgl.ibid., S.877. Ibid., S.880. Ibid., S.882. Vgl. ibid., II, S.1037-38. Die Feier der Begräbnisliturgie in den altorientalischen Kirchen nisliturgie der Chaldäer lautet: „… und man kleidet ihn in weiße Gewänder wie am Tag seiner Hochzeit”.26 Der Tod ist ein Festtag, eine Einladung zur ewigen Feier der Hochzeit Christi. Darum soll man nicht klagen und weinen, sondern sich freuen, dass unser Bruder oder unsere Schwester gewürdigt sind, an diesem Fest teilzunehmen. Ein Kommentator der chaldäischen Liturgie aus dem 9.Jahrhundert zeigt am Beispiel der Totenliturgie den Unterschied zwischen den Heiden, die keine Hoffnung nach dem Tod haben und Christen, die voll Hoffnung den Abschied seiner Verwandten in ein wahres Leben feiern.27 Es wird nie ein Kreuz mit ins Grab gelegt, der Priester darf auch nicht die Erde in Kreuzform ins Grab werfen. Ein Kreuz zu begraben ist bei Chaldäer keine gute Sitte. Das machen nur gottlose Menschen. Die Vigilfeier im Hause des Verstorbenen hat einen sehr volkstümlichen Charakter und besteht aus zwei Psalmen mit Refrain: „Du der den Toten Leben gibt, verherrlicht werde Dein Name!“ und Hymnen zwei verschiedener Arten: die ursprünglich kirchlichen Hymnen, die eine gute Theologie vom Tod und Auferstehung enthalten, und die mehr volkstümlichen Hymnen, die das Gefühl der Trauer und des Verlustes bewahren.28 Die menschliche Traurigkeit des Gesangs wird aber immer wieder durch die priesterlichen Gebete unterbrochen, in denen nur von der Verherrlichung Gottes die Rede ist. Man soll immer und für alles Gott loben und verherrlichen, besonders in der Stunde des Todes. Die Schriftlesungen in der Begräbnisliturgie der Chaldäer sind aus dem Alten Testament und der Apostelgeschichte genommen und nicht aus dem Evangelium und den neutestamentlichen Briefen, wie es in den anderen ostkirchlichen Riten der Fall ist. Das hängt wahrscheinlich damit zusammen, dass der Verstorbene in der Regel nicht in die Kirche getragen wird (bei einem Laien), sondern direkt zum Friedhof. Wenn ein Priester begraben wird, liest man auch aus dem Ersten Korintherbrief und aus dem Johannesevangelium.29 Es werden in der chaldäischen Begräbnisliturgie wenigstens drei eschatologische Themen für die Hinterbliebenen verkündet. Der Tod führt einen Menschen nicht in Nichtsein. Die menschliche Seele lebt weiter und wartet auf die allgemeine Auferstehung und das Gericht Gottes gemäß ihrer Taten. Trotz des Sündenfalls wurde durch das Kommen Christi in diese Welt das Abbild Gottes im Menschen erneuert. Durch Christus haben wir die Hoff W. Macomber, Die Totenliturgie in der chaldäischen Kirche, „Concillium“ 4(1968), S.90. 27 Vgl. S.ibid. 28 Vgl. S.Ibid. 29 Vgl. G. P. Badger, The Nestorians and their Rituals, II, London, 1852, S.300. 26 139 Vasyl’ Rudeyko 140 nung, als Söhne und Töchter Gottes wieder das ewige Leben zu erlangen. Ein Eigengut der chaldäischen Kirche ist die typologisch gedeutete Lehre von der Unsterblichkeit, die von Theodor von Mopsuestia stammt. Am Anfang hatte Adam nur eine bedingte Unsterblichkeit, durch Christus aber haben wir die echte Unsterblichkeit bekommen. An dieser Welt der echten Unsterblichkeit haben wir schon jetzt Anteil durch den Empfang der Sakramente, aber nur durch den Tod und die allgemeine Auferstehung ist ein vollkommener Eintritt in diese Welt möglich.30 Der wichtigste Teil der chaldäischen Begräbnisliturgie ist die Prozession zum Friedhof. Der Tod ist eine Reise aus „dieser Welt der Unbeständigkeit und Sterblichkeit zur glorreichen Welt der Sündenlosigkeit und Unsterblichkeit“.31 Der Verstorbene wird mit dem Kopf nach vorne aus dem Haus getragen bis an die Grenze der Stadt oder des Dorfes. Dort werden die so genannten „Drei Troparia“ gesungen, die Bahre wird gedreht so, dass man ihn jetzt mit den Füßen nach vorne zum Grabe trägt.32 Der Verstorbene wird jetzt auch am Anfang der Prozession getragen und nicht am Ende wie zuvor. Das ist ein schöner Ausdruck des Verabschiedens. Der Tote führt jetzt die Prozession zum ewigen Leben, zu dem wir alle nachfolgen sollen. Unter vielen Prozessionsgesängen sind hier zwei – der erste und der letzte – besonders zu erwähnen. Der Verstorbene sagt seine Abschiedsworte: „Leb wohl, du irdische Wohnung, die du den nicht retten kannst, der dich besitzt; denn ich gehe, um den Ort des Lichtes zu sehen, an dem die Gerechten nach ihrer irdischen Mühsal ihre Wohnstatt haben”.33 Und vor dem Eintritt in den Friedhof hört er schon die Worte: „Unser Gott kommt und weckt den Verstorbenen auf; er bringt allen Verschiedenen Hoffnung”.34 Am Grab wird in den Gebeten hauptsächlich von der Auferstehung gesprochen: „Gesegnet sei das mächtige Gebot deiner Majestät, das zum Tode führt und zum Leben wiederherstellt, zur Unterwelt fahren und wieder auferstehen läßt, und unsere Leiber in der Auferstehung mit der Herrlichkeit umkleidet…”35. 6. Westsyrisch-antiochenische Kirche „Jede Seele wird Dämonen überliefert; sie entkommt ihrer Gewalt allein durch die Almosen, die Sühnegebete und die fortwährenden Opfer“ – lehrt Vgl. W. Macomber, Der ostsyrisch-chaldäische Begräbnisritus, in: H.-J. Becker, H. Lühlein, (Hrsg.), Liturgie im Angesicht des Todes, I, op. cit., S.690-691. 31 Ibid., S.691. 32 Vgl. ibid., II, S.1038-39. 33 W. Macomber, Die Totenliturgie in der chaldäischen Kirche, op. cit., S.91. 34 Ibid. 35 Ibid., S.92. 30 Die Feier der Begräbnisliturgie in den altorientalischen Kirchen Jakob von Edessa36. Dementsprechend gestaltete sich früher auch der Ritus des Begräbnisses bei den Westsyrern. Der Tote wurde mit dem Öl gesalbt. Die Salbung bei dem Eintritt in diese Welt soll uns vor der Gefangenschaft der Leidenschaften bewahren, bei dem Austritt aber von der Gefangenschaft der bösen Geister. Der Verstorbene, so glauben die Westsyrer, führt auch einen Kampf gegen die bösen Mächte der Finsternis und deswegen braucht er die Kraft der Salbung37. Die Begräbnisliturgie vergleicht man mit der Taufe. Aber schon zu Zeiten des Barbareus (+1286) war dieses Ritual der Salbung im Verfall und nur für die Priester vorbehalten. Bei den Laien warf man Staub in den Sarg statt Öl. Die Salbung der Toten bezeichnet Barbareus als „das Mysterium“38. Die Begräbnisfeier heißt auch „Ordnung der Verhüllung“, weil der Verstorbene in einen Stoff eingehüllt wird – eine Parallele zu den Leichentüchern des Herrn. Ein Christ in seinem Tod wird in den Tod Christi mit hineingenommen, um auch an seiner Auferstehung Anteil zu erlangen39. Ein weiterer Name für das Begräbnis ist die „Ordnung der Begleitung“. Ein Christ stirbt nicht allein. Er wird von der ganzen Kirche als ihr Mitglied auf dem Wege zu Christus begleitet. Die Taufe und Eucharistie sind dabei sehr wichtig, denn nur in der Kirche, durch die heiligen Sakramente gestärkt, kann ein Christ an das Ziel dieser Reise gelangen40. Der Gottesdienst gliedert sich in drei Teile oder so genannte Dienste. Der erste Dienst ist dem Gedanken der Fürbitte gewidmet. Das verstorbene Glied der Kirche tritt in seinem Tod vor Christus ein. Zwar getauft und im wahren Glauben gestorben, hat er dennoch gesündigt und bedarf des Flehens der Kirche um Christi Erbarmen, denn nur so kann er in den Augen Gottes als rein angesehen werden41. Der zweite Dienst beginnt mit dem Lobpreispsalm 103 und in den Hymnen werden die Gedanken des Lobpreises, der Danksagung, und der Verherrlichung weiterentwickelt. Dem Herrn „ist es zugefallen, den Toten beigezählt zu werden und den Becher zu trinken, den Adam gemischt hat“42. „Der lebenspendende König wird von den Höhen aus erstrahlen, um die Toten zu beleben und die Begrabenen aufzurichten. Und sie werden sich sofort Vgl. J. Madey, Der westsyrisch-antiochenische Begräbnisritus, in: H.-J. Becker, H. Lühlein, (Hrsg.), Liturgie im Angesicht des Todes, I, op. cit., S.697. 37 Vgl. ibid., S.698. 38 Ibid. 39 Vgl. ibid., S.703. 40 Vgl. ibid., S.703-704. 41 Vgl. ibid., S.707. 42 J. Madey, Die Ordnung der Bestattung Verstornener nach dem Ritus der Syro-Antiochenischen Kirche, Paderborn, 1995, S.29. 36 141 Vasyl’ Rudeyko aus den Gräbern erheben, um dir (Christus V.R.) den Lobpreis darzubringen, o, du der Toten Erwecker”43. Im dritten Dienst werden die Themen der Fürbitte und des Lobpreises wiederholt und die Hoffnung ausgedrückt, dass durch den Empfang der heiligen Mysterien der Verstorbene zu den Scharen aufgenommen wird, die Christus gefolgt sind im Vertrauen auf die Worte: „Wer meinen Leib ißt und mein Blut trinkt und an mich glaubt, der bleibt in mir und ich in ihm, und ich werde ihn erwecken am Jüngsten Tage“.44 In diesem Dienst wird auch ein Wortgottesdienst gefeiert und die Totensalbung durchgeführt.45 7. Armenische Kirche 142 Das älteste Zeugnis für die Begräbnisliturgie bei den Armeniern ist ab 5. Jh. zu Zeiten des Patriarchen Sahak nachweisbar. Die vorchristlichen Bräuche waren sehr grausam, mit viel Geschrei und sogar mit blutigen Selbstverletzungen verbunden. Johannes Mandakuni (+499) beschreibt und verurteilt in einem seiner Briefe diese Bräuche, die zum Teil auch von Christen gepflegt wurden46. Aus allen diesen Bräuchen ist bis heute nur das Tieropfer geblieben, was von syrischen und byzantinischen Kirchen oft als Rückfall in die alttestamentliche Praxis angesehen wurde47. Ein solches Opfer wird nicht nur an den Totengedächtnistagen gefeiert, sondern auch an hohen Kirchenfesten, als Buß- und Sühneleistung für die eigenen wie auch für die Sünden des Verstorbenen. Das geschlachtete Tier wird danach zubereitet, und es findet ein Mahl statt. Johannes Mandakuni spricht von der karitativen Bedeutung des Mahles, die in seinen Tagen schon in Vergessenheit waren. In dem Sinne, wie es Johannes uns darstellt, kann man dieses Mahl mit der Tierschlachtung als Almosen bei den Kopten und Äthiopier vergleichen. Es gibt Klerus-, Mönchs-, Laienbegräbnisformulare, sowie ein Formular für das Begräbnis der ungetauften Kindern schon im 10 Jh48. Das Klerusformular ist das längste und das Mönchsformular ist das kürzeste in dieser Handschrift. Die Mönche werden in der Regel ähnlich wie die Laien begraben, nur trug man sie nicht in die Kirche, da sie innerhalb des Klosters begraben wurden. Ibid., S.33. Vgl. Joh 6,47.53-56. 45 Vgl. J. Madey, Die Ordnung der Bestattung Verstornener nach dem Ritus der Syro-Antiochenischen Kirche, op. cit., S.44-48. 46 Vgl. S. Weber (Hrsg.), Ausgewählte Schriften der armenischen Kirchenväter, München, 1927, S.235-237. 47 Vgl. A. B. Schmidt, Das armenische Bedräbnisritus, in: H.-J. Becker, H. Lühlein (Hrsg.), Liturgie im Angesicht des Todes, I, op. cit., S.743. 48 Vgl. ibid., S.746. 43 44 Die Feier der Begräbnisliturgie in den altorientalischen Kirchen Der Gottesdienst ist dreiteilig: • Offizium im Hause des Verstorbenen, wo der Bußpsalm 50 gebetet wird und eine Waschung des Leichnams stattfindet. • Prozession zur Kirche (wie bei den Syrern): der verstorbene Laie bleibt vor der Kirchentüre, der Kleriker wird in die Kirche getragen. • Prozession zum Friedhof und zurück zum Trauerhaus. Die wichtigste liturgische Handlung findet auf dem Friedhof statt und wird im Hause des Verstorbenen abgeschlossen. Diese Nachfeier soll ein Trost und eine Erbauung für die Verwandten des Verstorbenen sein. Dadurch wird sichtbar, dass die Kirche sich um ihre betrübten Kinder kümmert. Die Liturgie läßt die Verwandten nicht einfach am Friedhof zurück, wo sie dann mit ihrem Verlust alleine bleiben. Damit unterscheidet sich die Tradition der armenischen Kirche von anderen orientalischen Kirchen. Die Struktur der Begräbnisfeier der armenischen Kirche folgt der eines Wortgottesdienstes. Im Laufe der Geschichte wurden die liturgischen Elemente wesentlich erweitert, aber die Grundstruktur blieb weiter die eines Wortgottesdienstes. Die Gebete sind meistens anamnetischen Charakters, normalerweise an Gott-Vater ausgerichtet. Die Hauptthemen sind: Erschaffung, Sündenfall, Kommen Christi, Hoffnung auf die Barmherzigkeit Gottes bei der Wiederkehr49. Was die Hymnographie der armenischen Begräbnisliturgie angeht, kann man feststellen, dass viele Hymnen aus dem liturgischen Gut des Taufritus, der Karwoche, der Osterliturgie und der Epiphanie genommen sind, es gibt aber auch spezifische Totenhymnen50. Hier kann sehr allgemein gesagt werden, dass sich die Motive auf die Menschwerdung und das Pascha-Mysterium ausrichten. Der Tod ist der Eintritt der Seele in das Brautgemach Christi zur himmlischen Hochzeit mit Christus. Das Grab ist nur eine zeitliche Ruhestätte des Leibes, wo der Leib auf die Wiederkunft Christi wartet51. 8. Georgische Kirche Die ursprüngliche Begräbnisliturgie der georgischen Kirche ist uns leider nur aus den Handschriften bekannt. Diese Kirche hat später den byzantinischen Ritus übernommen und damit ist ihre vorherige Liturgietradition aus dem Gebrauch gekommen. Aus einer Handschrift aus den 10. Jh. können wir etwas über die alte georgische Begräbnisliturgie erfahren. Von allen orientalischen Riten sind die Gebete der georgischen Begräbnisliturgie die kürzesten. Das bedeutet aber nicht, dass dieser Ritus Vgl. ibid I, S.1221. Vgl. A. B. Schmidt, Das armenische Bedräbnisritus, in: ibid., I, S.761. 51 Vgl. ibid., S.763. 49 50 143 Vasyl’ Rudeyko der ärmste ist. Gerade umgekehrt, sind diese Gebete sehr tief und enthalten eine reiche und klare Theologie. Der Mensch hat gesündigt und muß dadurch in die Erde zurückkehren, aus der er erschaffen wurde. Aber durch den Tod und Auferstehung Christi sind wir aus dieser Verderbnis befreit. Der Tod ist ein Übergang zum Königreich Christi geworden52. Es werden in den Gebeten der Geist wie auch die Seele erwähnt. Gott ruft die Menschen, weil er sie liebt. Man soll diesen Ruf nicht fürchten, denn Gott ist ein Lebensspender53. Die Seelen befinden sich in der Ruhestätte der Seelen, wo sie auf den Tag der Auferstehung warten. Der Verstorbene ist beim Sterben nicht allein, weil die Engel für die Erbarmung seiner Seele beten54. 9. Zusammenfassung 144 Als Zusammenfassung möchte ich gern einige Gedanken des russischen Liturgiewissenschaftlers Alexander Schmemann zum Thema Tod einfügen: „Der Tod ist das Zentrum von Religion und Kultur, und die Haltung eines Menschen zum Tod bestimmt seine Haltung zum Leben. Jede Leugnung des Todes verschlimmert nur die Neurose (Unsterblichkeit), wie es auch seine Annahme tut (Asketentum, Ablehnung des Fleisches). Nur der Sieg über den Tod ist die Antwort und setzt die Transzendenz beider voraus, der Leugnung wie der Annahme - der «Tod verschlungen vom Sieg». Die Frage ist: «Was ist dieser Sieg?» Recht oft weiß man die Antwort nicht mehr. Deshalb ist man hilflos im Umgang mit dem Tod. Der Tod enthüllt – muß enthüllen – nicht den Sinn des Todes, sondern den Sinn des Lebens. Das Leben soll nicht als Vorbereitung auf den Tod verstanden werden, sondern als Sieg über den Tod, so dass in Christus der Tod zum Triumph des Lebens wird. Wir lehren über das Leben ohne Beziehung zum Tod und über den Tod, als stünde er nicht in Beziehung zum Leben. Wenn das Christentum das Leben nur als Vorberei­ tung auf den Tod versteht, dann macht es das Leben sinnlos und reduziert den Tod auf jene «andere Welt», die nicht existiert, weil Gott nur eine Welt, nur ein Leben geschaffen hat. Es macht sich selbst und den Tod ebenso sinnlos wie den Sieg; es vermag die Neurose des Todes nicht zu lösen. Interesse am Schicksal der Toten über das Grab hinaus nimmt der christlichen Eschatologie jeden Sinn. Die Kirche betet nicht für die Toten; sie ist (muß sein) ihre ständige Auferstehung, denn die Kirche ist Le­ben inmitten des Todes, ist Sieg über den Tod, die universale Auferstehung“55. 54 55 52 53 Vgl. ibid., II, S.1254. Vgl. ibid., S.1256. Vgl. ibid., S.1259. A. Schmemann, Aufzeichnungen 1973-1983, op. cit., S.78-79. Book Reviews Book Reviews M. Lesiecki CP, Teologiczna pasja. Problematyka konkupiscencji śladami Karla Rahnera, Wyd. Rhetos, Warszawa 2009, pp. 383. Il lavoro del padre-passionista Mirosław Lesiecki è dedicato alla passione nel senso teologico, sopratutto sotto l´aspetto della concupiscenza. Questo viene espresso dal titolo stesso del suo libro: “La passione teologica. La problematica della concupiscenza secondo Karl Rahner”. Presentiamo qui questa interessantissima ed accuratissima indagine. Per tutta la vita di Karl Rahner, il concetto di concupiscenza accompagnava le sue riflessioni teologiche: dal primo articolo pubblicato nel 1941, interamente dedicato alla concupiscenza – fino ai testi scritti negli ultimi anni prima della morte, avvenuta nel 1984. L’approccio del teologo a questa problematica si evolve notevolmente in funzione dei diversi contesti di sviluppo del suo pensiero. Pertanto, concentrandosi sulla questione della concupiscenza, anche se ci può sembrare stretta, padre Lesiecki coglie l’occasione di toccare molte problematiche accennate nelle ricche opere di Rahner e di seguirne l’evoluzione. Il primo capitolo tratta di un articolo fondamentale sulla concupiscenza, pubblicato nel 1941, relativo alle tendenze neoscolastiche, predominanti in quell’epoca, che sono state criticate da Rahner. L’articolo si riferisce ad una precedente critica di F. Lakner, docente di dogmatica della stessa facoltà di teologia di Innsbruck, dove lavorava anche Rahner. Lesiecki comincia quindi con la presentazione delle osservazioni critiche di Lakner che rimprovera l’assenza di un equilibrio teologico tra i due aspetti della concupiscenza: da un lato come caratteristica della natura sensibile e spirituale dell’uomo, dall’altro lato come uno degli effetti del peccato originale. Per confermare la critica, Lesiecki si sofferma su qualche esempio dell’approccio classico dell’epoca, di provenienza tedesca, e successivamente passa alla presentazione del primo testo di Rahner dedicato alla concupiscenza. 145 Book Reviews 146 Rahner distingue qui una dimensione teologica della concupiscenza come conseguenza del peccato di Adamo. Anche se si concentra sulla situazione attuale dell’uomo all’ombra del peccato originale, tuttavia la descrizione comprende una certa visione della situazione prima del peccato – del dono dell’integrità originaria come assenza della concupiscenza. Il teologo tedesco tiene conto del concetto post-tridentino del carattere preternaturale dell’integrità originaria che è legato al presupposto che la natura umana non richeda questo dono come debito e perciò la concupiscenza rimane in qualche modo “naturale” all’uomo. Al fine di difendere la “naturalità”, Rahner confuta le idee secondo le quali la concupiscenza possa essere esclusivamente una “brama malvagia”, rivolta verso oggetti moralmente proibiti oppure limitata alla facoltà appetitiva meramente sensibile. Il concetto metafisico di natura umana richiede piuttosto di attribuire a tutti i desideri un carattere non solo sensibile, ma anche spirituale ed inoltre di far sì che precedano – in quanto spontanei – ogni atto di libertà umana. Perciò la libertà dalla concupiscenza, nel senso teologico, non può essere considerata come libertà da ogni atto appetitivo spontaneo che deve necessariamente precedere la decisione di libertà. E questo porta Rahner a definire la concupiscenza teologica (assenza dell’integrità originaria) come “un desiderio spontaneo dell’uomo che precede la sua decisione libera e persiste contro di essa”. Rahner completa questa definizione alla luce della fenomenologia della libertà umana: da un lato unisce la libertà alla tendenza di disporre di se stesso come di un insieme nei confronti di Dio, dall’altro lato descrive questa tendenza (in riferimento alla filosofia esistenzialista) come protesa a dominare il dualismo tra la natura (quindi quello che viene dato) e la persona che deve disporre di se stessa e prendere una posizione verso quello che viene dato. In questa prospettiva, la concupiscenza nel senso teologico, si manifesta in un dualismo che emerge nell’uomo dal dualismo tra la materia e lo spirito. La concupiscenza consiste nel fatto che l’uomo non riesce a superare il dualismo tra la persona e la natura “neanche nel modo in cui questa dominazione si potrebbe pensare come totale in uno spirito finito”. Proprio a motivo della concupiscenza in senso teologico, “il concreto essere umano” non è in tutta la sua ampiezza “un’espressione pura e una rivelazione esplicita del centro attivo personale che dispone di se stesso”. Comunque anche questo concetto iniziale di Rahner merita le osservazioni critiche che Lesiecki formula nel suo libro. Da un lato infatti il detto concetto presuppone una visione “idealistica” dell’uomo primitivo, prima del peccato, come se la sua materialità non si opponesse in alcun modo al suo spirito. Il primo uomo si manifesta simile ad un angelo, con l’unica differenza che per la sua materialità si realizza con atti spirituali, sempre nuovi, nei quali la sua persona si esprime univocamente e totalmente. Dall’altro lato, questa visione dell’integrità sopralapsaria di Adamo fa sì che l’integrità infralap- Book Reviews saria di Gesù e Maria, come postulata dalla teologia, sembri “paradossale”, poiché vi coesistono il dolore che non si può “autoritariamente” eliminare, e la libertà dalla concupiscenza come “pieno potere”, per includerle nella decisione completa portata verso Dio come espressione e manifestazione di piena dedizione di se stesso a Dio. Contro questo approccio “paradossale”, Lesiecki rileva: invece di riconoscere in Gesù la vera rivelazione dell’integrità umana, Rahner, sempre nello spirito della stessa tradizione che offriva le visioni inimmaginabili di Adamo, riconosce la rivelazione in paradiso per poi, alla luce di queste visioni, percepire Gesù come “paradossale”... Lesiecki nota qui il primo esempio di ciò che in seguito diventa sempre più intenso, ossia una tensione tra l’approccio alla condizione umana “all’ombra di Adamo” che offusca la percezione teologica del mistero di Gesù e la visione riconosciuta conseguentemente alla luce di Cristo che fa trasformare la visione tradizionale dell’uomo primitivo. Il secondo capitolo del libro di Lesiecki tende a presentare il testo del 1941 nella sua versione nuova, pubblicata nel 1954. La concupiscenza viene studiata sullo sfondo non tanto della teologia neoscolastica, ma in riferimento all’esperienza umana, intesa alla luce della spiritualità e della mistica cristiana. Vista la relazione tra Adamo e Cristo, accennata nel primo testo, l´autore si riferisce soprattutto alla dissertazione teologica di Rahner che riguarda la motivazione biblica e patristica, discussa all’epoca, della devozione al Sacratissimo Cuore di Gesù. Il titolo stesso della tesi di dottorato di Rahner suggerisce che si tratta di un’interpretazione “tipologica”, da parte dei Padri della Chiesa, della scena evangelica sotto la croce – Gesù trafitto, come il “secondo Adamo”, dal fianco del quale è uscita l’Ecclesia come “seconda Eva”, il sacramento fondamentale di Gesù, simbolizzato dall’acqua e dal sangue che sgorgano dal Suo costato, come annuncio del dono dello Spirito Santo, operante nel mistero (sacramentum) dell’Ecclesia, con particolare riferimento al sacramento del Battesimo e dell’Eucaristia. In una breve presentazione delle riflessioni di Rahner, Lesiecki indica due possibilità da lui accennate, che saranno importanti per la futura evoluzione del suo pensiero. Da un lato la questione del messaggio paolino contenuto nella Prima lettera ai Corinzi 15,45, nella quale l’Apostolo reinterpreta la visione biblica della creazione di Adamo presa dalla Genesi 2,7, alla luce di Gesù Cristo. Per il momento, Rahner tralascia questa questione, ma qui c´è un esempio di un nuovo approccio al primo uomo, nel quale, ancora prima del peccato, si può trovare gli elementi che indicano Gesù Cristo, e successivamente vengono riconosciuti come tali soltanto alla luce della Sua rivelazione nella pienezza dei tempi, comunque già preesistenti – sin dall’inizio. E’ proprio quell’elemento, già presente in Adamo che lo dispone a Cristo, indica, da un altro lato, un esistenziale soprannaturale talmente importante per future riflessioni di Rahner, che permetterà al teologo di ri- 147 Book Reviews 148 conoscere che una dimensione “naturale” della concupiscenza, sottolineata nella prima versione del relativo testo, è nonostante tutto “innaturale” perché opposta all’esistenziale soprannaturale rimasto dopo il peccato. Un’altra dimensione dello sfondo che supera i limiti della teologia neoscolastica importante per la visione approfondita della concupiscenza è una visione spirituale e mistica dei Padri della Chiesa. Il “primo” Rahner le dedicava molta attenzione, come comprovato da un’edizione, tradotta e notevolmente completata da lui, dell’opera sullo stesso tema di un gesuita francese, M. Viller. L´attenzione di Lesiecki si concentra sulle riflessioni disseminate nel libro sull’integrità paradisiaca, quindi sull’apatheia attribuita ad Adamo prima del peccato; Rahner la accenna brevemente nel suo testo sulla concupiscenza, precisando che l’apatheia come libertà dalle passioni che sono nate dopo il peccato è comunque una cosa diversa per il cristiano ideale e per l’uomo primitivo. Nello studio di Rahner, Lesiecki trova un’indicazione importante di Clemente Alessandrino: non è Adamo, ma è Cristo l’unico e vero paradigma, anche per comprendere la libertà dalla concupiscenza. Sono preziose anche le riflessioni di Rahner che confermano che il concetto di apatheia proprio dei Padri della Chiesa, benché attinto dalla filosofia degli stoici, è ben diverso da quello stoico, poiché significa non un’assenza assoluta di qualsiasi “passione”, ma la subordinazione delle passioni ad una passione fondamentale – ad un desiderio di cercare Dio. Di conseguenza, per esempio da Climaco, esistono diversi livelli dell’apatheia, legati al livello di devozione con il quale l’uomo devoto a Dio, sottomette a Dio tutte le passioni che dopo il peccato tentano di farlo allontanare dall’unico obiettivo vero – Dio stesso. Tuttavia, la teologia della morte, sviluppata da Rahner, è stata di estrema importanza per la revisione del testo sulla concupiscenza. Il filo conduttore della riflessione è stato influenzato dall’interesse di Rahner verso la filosofia esistenzialista che, nello studio più famoso di Heidegger, portava a concepire l’esistenza umana come “l’essere per la morte”. Nell’approccio teologico, Rahner si riferiva alla stessa distinzione tra la natura e la persona che è stata già adoperata nella sua prima riflessione sulla concupiscenza. Un ulteriore passo per avvicinare le riflessioni sulla concupiscenza a quelle sulla morte, è stato l’approfondimento della questione di “naturalità” e di “innaturalità” della morte nella concreta esistenza umana. La stessa “naturalità” include, come nella riflessione sulla concupiscenza, i due significati che sembrano mescolarsi: essa significa essenzialmente la “natura”, distinta dalla “persona”, e per di più, viene adesso ulteriormente caratterizzata come “neutralità” per due significati opposti che dipendono dal modo personale di accettarla, sia seguendo l’esempio di Adamo peccatore, sia attraverso la luce di Cristo senza peccato; nello stesso tempo, si trova qui la “naturalità” contraddistinta dalla soprannaturalità come l’elemento dello “stato paradisiaco” che è stato Book Reviews bloccato prima del peccato per poter essere sbloccato proprio dopo il peccato ed essere operante negli uomini. Nelle sue prime riflessioni sulla teologia della morte, Rahner non approfondisce più di tanto la sua descrizione della paradisiaca “morte senza morte”. Tuttavia, nella sua monografia mariologica, inedita durante la sua vita, alla quale ha aggiunto un appendice sulla teologia della morte, immagina che una “morte” paradisiaca non lascerebbe nessun cadavere, il che significherebbe l’assunzione immediata di un nuovo corpo che noi stiamo attualmente aspettando come la “risurrezione del corpo”… Sembra comunque che preferisca evitare una visione così fantastica. Perciò egli privilegia sostanzialmente la constatazione generale che la conseguenza del primo peccato, la quale non dovrebbe essere, nella morte concreta dell’uomo sia il suo carattere “nascosto”, connesso non solo alle spoglie mortali rimaste, ma anche all’impossibilità di una valutazione esplicita della dimensione personale della morte. Di pari passo alle riflessioni esistenzialiste e filosofiche, Rahner rileva l’innaturalità della morte – presumendo che nella concreta natura umana, dopo il peccato, ci sia l’esistenziale soprannaturale che mette in evidenza sia “la conseguenza penale” intesa come perdita dell’assenza paradisiaca della morte come il “nascondere” della fine, sia come la partecipazione alla morte salvifica di Cristo. Soltanto nel secondo caso si può notare il riferimento a Cristo, invece nel primo caso il riferimento ad Adamo domina indipendentemente da Cristo. Il che porta alla descrizione, ugualmente “paradossale”, dell’elemento “naturale” della morte di Cristo, come nel caso della Sua concupiscenza: ciò che “di per sè” si manifesta come l’abbandono da parte di Dio dopo il peccato, grazie all’accettazione da parte di Cristo, viene trasformato – non esternamente, ma proprio internamente nella presenza di Dio – in una dedizione di tutto l’uomo a Dio. Però, l’uso dell’esistenziale sopranaturale per giustificare l’innaturalità anche della morte, accettata da Cristo stesso, fa sì che l’elemento di Cristo nell’esistenziale (inteso come soprannaturale) sia ancora sottomesso alla visione di Adamo e alla sua “innaturale” morte. Nelle riflessioni di Rahner, questa ripetuta sottomissione dell’approccio a Cristo a quello di Adamo, ossia a quello che dovrebbe essere la condizione di Adamo prima del peccato, indipendente da Cristo, è connessa ad un ulteriore presupposto di “connaturalità” dei doni preternaturali di Adamo e della grazia santificante che gli è stata data. Ecco qui le radici di un’opposizione classica del “primo” Rahner tra l’ordine di Adamo e quello di Cristo – intesi come sfondo sul quale sia l’integrità, sia la morte di Cristo sembrano essere “paradossali”… Lesiecki osserva qui una specie di regresso dalla riflessione scolastica che si allontanava da Agostino, nella quale lo spostamento dell’accento sulla grazia santificante, grazie al mettere insieme la condizione originaria di Adamo e la grazia di Cristo, ha permesso di attribuire agli elementi “preternaturali” un carattere secondario nel concetto del 149 Book Reviews 150 peccato originale: è stato più facile distinguere gli elementi adamitici della grazia paradisiaca (libertà dalla concupiscenza e dalla morte) dall’elemento di Cristo, connesso al carattere santificante e soprannaturale della grazia. Rahner invece, avendo riconosciuto gli elementi adamitici come connaturale fattore della grazia concessa nel paradiso, ha riunito più strettamente la visione “idealistica” di Adamo a quella di Cristo che tuttavia veniva descritto non tanto realmente, nella sua integrità e mortalità, correlata alla concreta natura umana, ma piuttosto “paradossalmente”, e cioè in maniera esagerata, poiché il modello di quello che “doveva” essere la natura umana, non è stato Cristo, ma ritenuta come iniziale l’immagine di Adamo. Quando Rahner riconosce alcuni elementi dell’attuale condizione dell’ uomo come “innaturali”, è sempre legato ad un presupposto relativo all’ elemento stesso che non esisteva nell’uomo prima del peccato. Di conseguenza la “conclusione” sul peccato inteso come la “causa” dell’attuale condizione innaturale non è altro che un’esplicazione dei presupposti che vengono concretamente considerati come le “conseguenze” del peccato… Finché Rahner ritiene “innaturale” il fatto che la morte sia accompagnata dalle spoglie mortali oppure che il dolore “nasconda” l’integrità la quale invece dovrebbe rimanere “evidente” come la piena dominazione sulla corporeità, egli rimane sempre convinto che una situazione contraria era la conseguenza “connaturale” della grazia concessa al primo uomo. Tuttavia gradualmente, e già cominciando dalla riflessione mariologica sulla verginità della Madre di Dio nella nascita del Figlio, Rahner si apre alla possibilità che l’aspetto fisico del dolore non necessariamente debba essere una conseguenza “innaturale” del peccato originale, per cui la concupiscenza non consiste più nell’impossibilità di fare del “dolore” un’espressione pura di una decisione personale, ma si manifesta piuttosto nel fatto che tutto ciò che rimane naturale (ed appartiene alla vita) e ragionevole è considerato come “contrario” all’atteggiamento umano. Il dolore può essere considerato - grazie a Gesù - come l’elemento naturale della vita non solo perché Gesù, nella sua morte, ha “trasformato” i “segni” del peccato originale in un sintomo della partecipazione alla Sua grazia, ma semplicemente per un approccio, meno “paradossale”, non prevenuto, a tutto quello che appartiene alla natura umana nel nostro concreto ordine del mondo. L’approccio a Gesù non serve qui a giustificare la “vecchia” immagine di Adamo e la sua situazione paradisiaca, all’ombra della quale si valuta anche l’opera di Cristo, ma serve a guardare, alla Sua luce, più profondamente il primo uomo e la sua situazione prima del peccato. L’evoluzione dell’approccio di Rahner nella suddetta direzione è presentata nel terzo capitolo del lavoro di Lesiecki - proprio sullo sfondo di una cristologia approfondita dalla dimensione evolutiva. Eppure le prime riflessioni del teologo tedesco che cercava proprio di tenere conto della teoria dell’evoluzione, riguardano le questioni inerenti alla dottrina del peccato ori- Book Reviews ginale, e cioè la questione del monogenismo. Egli esamina infatti la possibilità di aprire la dottrina tradizionale al poligenismo, però in fin dei conti difende il monogenismo, attingendo ad ulteriori argomentazioni relative ad un carattere, tutto particolare, del primo uomo inteso come il “capo” dell’umanità, per di più, come una “fonte” trascendentale per tutti i suoi discendenti. Il teologo spera infatti che tale visione possa essere utile per confermare un’antica e attualmente minacciata dottrina della elevazione paradisiaca di Adamo. In effetti, come Lesiecki nota, la “trascendenza” dell’uomo prima del peccato, permetteva di attribuirgli tutte le caratteristiche “fantastiche” che gli attribuiva Rahner stesso nei suoi primi testi. Ed è proprio per quello che il teologo non solo difendeva il monogenismo, ma si è spinto oltre per trovare una “prova metafisica” della sua verità. Più tardi abbandona questa tesi, senz’aver notato però che il suo difetto consisteva nell’attribuire ad Adamo, inteso come “fonte” trascendentale dell’umanità, il ruolo che appartiene soltanto a Cristo inteso come il Primogenito di tutta la creazione. Una variazione graduale dell’approccio ad Adamo apportano le riflessioni sul valore teologico delle “manifestazioni” del primo uomo sullo sfondo della teoria dell’evoluzione. Lesiecki nota qui una disponibilità crescente dell’autore ad attribuire all’uomo sopralapsario le caratteristiche “selvagge”. Il teologo non ribadisce più “il carattere paradossale” dell’integrità di Cristo ma nonostante tutto invece di ritenerlo come modello dell’umanità, accenna solo che già nel “paradiso” il dolore o le forme “selvagge” della vita non devono compromettere la “felicità” sopralapsaria… Anche nel testo del 1961, colpisce la fermezza con la quale Rahner rileva l’immagine “angelica” del primo uomo secondo cui senza il primo peccato i successivi non sarebbero stati possibili... Tuttavia, egli utilizza adesso tale tesi per ridurre l’esistenza del paradiso ad un “attimo”, in modo da poter concepire i doni preternaturali come doni che avrebbero dovuto essere, ma che in realtà non sono mai esistiti. Il carattere virtuale dei doni preternaturali permette di conservare la loro immagine tradizionale – con l’unica differenza che a causa del peccato, non sono mai esistiti in realtà. Il concetto viene successivamente assunto dai teologi M. Flick e Z. Alszeghy che però hanno preso le distanze dalle posizioni del “primo” Rahner, ma non hanno notato l’evoluzione delle sue opinioni. Le successive riflessioni di Rahner sul primo uomo, fatte sullo sfondo della teoria dell’evoluzione, contengono diversi elementi antichi e nuovi sul concetto dell’integrità paradisiaca e della sua assenza, ossia di concupiscenza. La visione antica è confermata da una descrizione di una “disposizione totale di se stesso”, che poteva manifestarsi anche “nell’uomo primitivo”: era sufficiente un “momento integrale” nel quale l’uomo disponeva del suo essere nella decisione personale”. Il nuovo elemento invece consiste nell’unire l’integrità alla “totalità” riferita adesso a tutta la vita e non ai singoli atti che possono essere “momentaneamente” integrali, sia per l’uomo infralapsario, sia per l’uomo 151 Book Reviews 152 paradisiaco. Questo significa una visione nella quale il primo uomo va visto non come “perfetto”, ma come principiante che necessita di ulteriore crescita e sviluppo nella storia per poter raggiungere il compimento solo alla fine. Un’ulteriore relativizzazione dei doni preternaturali concessi al primo uomo si può trovare nel testo del 1970. Innanzitutto, la loro descrizione è secondo Lesiecki generica, vaga e poco chiara. Alla fine dei conti si giunge alla definizione dell’integrità sopralapsaria intesa come “pura” libertà che si realizza in modo puro nella condizione senza peccato. Teologo polacco nota il carattere tautologico di tale definizione: la libertà sopralapsaria è una libertà anteriore al primo peccato, la libertà supra lapsum e ciò corrisponde alla spiegazione della concupiscenza intesa come libertà che viene descritta insieme al peccato (il primo peccato e i peccati successivi). In altre parole, se il carattere nascosto della libertà che Rahner continua a connettere alla concupiscenza “che non dovrebbe essere”, viene ricondotto in anticipo al peccato, allora l’elemento proprio “che non dovrebbe essere” diventa il peccato che giustifica il senso nascosto della libertà. Pertanto, mentre Rahner continua a sostenere che l’uomo deve reclamare contro il carattere “nascosto” della libertà, sia nella concupiscenza, sia nella morte, ciò significa che egli intende definitivamente questa protesta come rivolta contro il peccato “che non dovrebbe essere”. Lesiecki dimostra di seguito che tutto da ciò che Adamo “doveva essere libero” prima del peccato – il suo “avrebbe dovuto” dei doni soprannaturali e il “non dovrebbe essere” del peccato – vengono riportate al suo “dovere” di trasmettere la grazia a tutta l’umanità. Rahner unisce pertanto questa concezione alla visione tradizionale di Adamo inteso come “capo” dell’umanità. A questa idea si aggiunge però un nuovo elemento nel momento in cui Rahner applica alla sua spiegazione la visione scotista nella quale la grazia sopralapsaria fu data già ad Adamo a motivo di Cristo che rimane quindi il fondamento non solo infralapsario, ma anche sopralapsario, della santità per tutta l’umanità, come il Primogenito di tutta la creazione. Il che permette di distinguere, nella grazia di Adamo, il suo elemento fondamentale, legato a Cristo, e l’elemento che doveva essere trasmesso da Adamo – con i doni preternaturali che gli sono stati concessi. Secondo Rahner, l’assenza della grazia santificante, che “doveva” essere trasmessa da Adamo (Adamo nell’ottica poligenista inteso come humanitas originans) deve essere dialetticamente concepita con la presenza di Cristo che trasmette sempre la “grazia (almeno come offerta) e che invece non è stata trasmessa a motivo di Adamo”. Il fatto che Cristo trasmette la grazia “sempre” quindi anche dopo il peccato di Adamo, trova giustificazione proprio nella cristologia evolutiva sviluppata da Rahner. In questa prospettiva non c’è nessun posto di rilievo per Adamo che abbia la funzione di “ricapitolare” come “capo” tutta l’umanità derivante da lui. Questo atto rimane piuttosto un compito di ogni persona, ma solo ed esclusivamente Book Reviews grazie al fatto che nella storia umana appare Gesù Cristo come vero Capo, come Primogenito di tutta la creazione, capace di ricapitolarla pienamente. Nell’ottica evolutiva della cristologia, l’autocomunicazione di Dio, secondo Rahner, assume due modalità: di un’offerta per l’uomo e di un’accettazione da parte dell’uomo. Lesiecki nota una relazione tra le due modalità e l’autocomunicazione trinitaria di Dio come Padre in Gesù Cristo e nello Spirito Santo. L’applicazione di questa concezione alla storia umana fa emergere due approcci relativi all’efficienza della grazia offerta agli uomini in Gesù e nello Spirito. Partendo dalla concezione tradizionale di Adamo, teologo polacco arriva a comprendere che la grazia “originariamente” offerta all’uomo non è stata che la “grazia sufficiente” e non efficiente poiché Adamo l’ ha persa. Siccome però possiamo sperare che la grazia offerta in Cristo, la vera grazia originaria offerta agli uomini, sia quella efficiente, allora la visione tradizionale della grazia originale richiede una nuova interpretazione. I due approcci alla grazia originale sono stati presentati nello studio di Lesiecki sullo sfondo di due tipi delle affermazioni di Rahner relative alla libertà umana. Da un lato, la libertà originaria come “il più intimo centro della persona”, è considerata come fonte sia delle azioni buone, sia di quelle cattive. A questa caratteristica della soggettività umana che può essere definita come concezione adamitica della libertà originaria, è opposta, dall’altro lato, la concezione cristiana che parte da Cristo e che trova conferma nei testi dei mistici: la libertà “originaria” nel centro intimo della persona diventa qui la fonte del “si” nei confronti di Dio con tale immediatezza che viene dalla Sua grazia intesa come l’autocomunicazione nel più profondo centro dell’uomo. Rahner dimostra inoltre che la libertà fondata sull’accettazione della grazia di Cristo è più originaria e più profonda nell’intimo dell’uomo. Dal “cuore della libertà originaria” emerge un “si” fondato sulla grazia operante proprio nel “centro del cuore”, mentre un “no” rimane come se fosse una cosa superficiale, legato ad uno strato più esterno dell’intimo umano. Tale “no” è “libero” nel senso adamitico, dove la libertà viene realizzata in opposizione a Dio, e invece non è libero nell’ottica di Cristo. Lesiecki dimostra che il sopraccitato approccio “stratificato” alla libertà originaria permette di descrivere in modo più chiaro il rapporto tra l’esistenziale soprannaturale e il peccato originale. Un approccio dialettico ai due elementi dell’origine umana postulati da Rahner non significa la loro “equivalenza”. Difatti se l’elemento adamitico (connesso al “no” nei confronti di Dio) non ha la stessa profondità del “si” fondato sulla grazia di Cristo, il rapporto tra l’esistenziale soprannaturale e l’elemento adamitico deve essere esaminato in modo diverso, in qualche senso stratificato. L’esistenziale soprannaturale assume una forma più profonda all’interno dell’uomo, come la grazia che Cristo concede sempre; Lesiecki propone di chiamarla “grazia originale”, che agisce più profondamente e caratterizza l’origine umana e l’intimo umano in 153 Book Reviews 154 modo più pieno della superficiale assenza della grazia che non è stata trasmessa da Adamo e che costituisce il peccato originale. Questa concezione completa la definizione tridentina del peccato originale: essa riconoscendo ai nostri inizi il peccato originale all’ombra della grazia che “doveva” trasmettere Adamo, viene completata grazie ad un ulteriore scoperta della grazia originale – anche tenendo conto della visione biblica di Gesù inteso come “il Primogenito” e “l’Origine” della creazione. Ciò fa sì che non sia il peccato di Adamo al primo posto come originale, ma la grazia di Cristo che viene sempre comunicata. Le riflessioni fondate sulla visione di Rahner trovano un’ulteriore delucidazione biblica che approfondisce la visione tradizionale della relazione tra Adamo e Cristo. Da un lato, Adamo, come il “tipo” di Cristo ha il significato più importante di un’indicazione di “Gesù” che “viene” dopo Adamo come il suo “antitipo”. Il primo uomo si può e si deve contemporaneamente comprendere come la prima “traccia” visibile della Parola creatrice nascosta che doveva rivelarsi pienamente in Gesù inteso come il vero Uomo. In questa concezione approfondita, Cristo merita il nome di “archetipo”, modello originario, inizialmente incluso nel “tipo” del primo uomo successivamente rivelato in Gesù e grazie a Lui in noi come predestinati dal Padre “ad essere conformi all’immagine del Figlio suo” (Rom 8, 29). In questa direzione va anche la reinterpretazione paolina (1 Cor 15, 45) che offre una delucidazione su Cristo sotto aspetto della visione originaria della creazione (Gen 2,7). Dall’altro lato, alla luce della riflessione di N. Lohfink, anche l’esegesi della Genesi 3 pone un punto di domanda sull’approccio tradizionale al “capo” riferito ad Adamo, il che fa negare al capostipite dell’umanità uno status teologico di colui che “doveva” trasmettere la grazia, e quindi anche di essere causa della perdita, che non dovrebbe essere, dei doni sopralapsari. L’importanza crescente dell’approccio all’origine alla luce di Cristo che supera la visione tradizionale, ossia quella all’ombra di Adamo, si manifesta anche nell’evoluzione del pensiero di Rahner che si può notare nella sua esposizione del “peccato di Adamo”. Per lungo tempo egli insisteva nella visione tradizionale, dove il “non dovrebbe essere” del peccato si unisce all’idea del “dovrebbe essere” della grazia o della volontà originaria di Dio secondo la quale la grazia dovrebbe essere trasmessa a tutta l’umanità tramite ‘Adamo’. Nello stesso tempo, il teologo tedesco sollevava molte oservazioni critiche riguardanti il “peccato del mondo”. A suo avviso, tale concetto non corrispondeva alla dottrina tridentina; egli sosteneva che, secondo questo concetto, “il non dovrebbe essere” del peccato di Adamo non si distingueva da altri peccati che altrettanto non dovrebbero essere stati. Tuttavia, nella sua visione evolutiva del mondo, entrambi i significati continuano ad avvicinarsi l’uno all’altro. Lesiecki nota che anche il primo peccato, inteso come “non dovrebbe essere” causa della perdita dei doni preternaturali che “dovrebbero esserci”, subisce qui una certa relativizzazione: per perdere la situazione sopralapsaria, ossia Book Reviews la situazione libera da un’oggettivazione della colpa”, sono difatti sufficienti i peccati veniali che già essi di per sè potrebbero rendere la condizione umana “nascosta” ed ambivalente, come ciò è stato presupposto per esempio nella concupiscenza intralapsaria. Quindi la descrizione della condizione umana insieme alla colpa “originaria” si avvicina ancora di più al concetto del “peccato del mondo” dove non esiste una differenza essenziale tra il “primo” peccato e i peccati successivi. In ogni caso, anche nell’ultimo grande testo di Rahner sul peccato originale coesistono ancora uno accanto all’altro due diversi significati sia il ”dovrebbe essere” della grazia di Adamo, sia il “non dovrebbe essere” del suo peccato. Oltre al significato tradizionale, ritenuto dall’autore obbligatorio per la definizione tridentina, appare un altro significato secondo il quale il peccato semplicemente non dovrebbe esistere e lo stato sopralapsario è definito in modo tautologico come l’assenza di qualsiasi peccato. Comunque più sorprendente ancora è il fatto che la concupiscenza diventa una “rappresentante” di tutti gli elementi che “non dovrebbero essere” dell’attuale condizione dell’uomo i quali corrispondano all’assenza della grazia di Adamo che “doveva esserci”. L’accento crescente posto sulla concupiscenza intesa come elemento costante della situazione umana è connesso alla tendenza “dell’ultimo” Rahner ad evidenziare la concupiscenza “gnoseologica” come caratteristica di una situazione di pluralismo nel mondo contemporaneo. Il quarto capitolo è proprio dedicato a tale questione. Prima di tutto, Lesiecki osserva qui un trasferimento della riflessione sulla concupiscenza da una dimensione individuale ad una dimensione sociale e politica. Il primo passo verso questa direzione, si trova nell’articolo di Rahner sulle problematiche di potere. La connessione tra il potere e la concupiscenza fa sì che il teologo tedesco imposti le sue relative considerazioni secondo una struttura simile a quella applicata alle riflessioni sulla concupiscenza: attribuisce al potere una “naturalità” ambivalente - da un lato derivante da Dio, e dall’altro fin ad un certo punto “innaturale” poiché emersa soltanto dopo il peccato. Nella prima dimensione, il potere è legato a dei limiti della libertà umana, e nella seconda, si aggiunge un legame alla lotta e alla violenza. Nelle due dimensioni si manifesta pure un pluralismo della realtà umana al quale Rahner dedica sempre più attenzione. Nelle sue analisi pastorali e teologiche ribadisce un carattere specifico del pluralismo moderno nella società, decisamente diverso dalla situazione antica, molto più omogenea. Il nuovo pluralismo va di pari passo ad un crescente antagonismo, ed è proprio il carattere agonico della situazione contemporanea che permette al teologo di collegare il pluralismo alle caratteristiche tridentine della concupiscenza intesa come data ad agonem. Rahner distingue due modi, competitivi tra di loro, di assumere una posizione “agonica” verso il pluralismo: da un lato, un “abbandono” 155 Book Reviews 156 (Gelassenheit) al Dio di amore, che porta via in Gesù il peccato del mondo, e dall’altro lato, un “fanatismo settario” come tentativo di “imporre” a tutti una sola concezione del mondo che assume diverse forme nel mondo contemporaneo. In entrambi i casi, trattasi anche di opporsi al peccato. Il peccato difatti potrà essere superato solo al “ritorno” di Cristo inteso come compimento della storia umana, ma il superamento stesso del peccato rimane un compito continuo per i cristiani. Un altro passo nelle riflessioni di Rahner consiste nell’unire il pluralismo del mondo contemporaneo alla secolarizzazione intesa come giusto diritto alla “laicità” che la Chiesa deve accettare. La tentazione consiste in un “integralismo falso” che cerca di sottomettere all’autorità della Chiesa tutti gli aspetti della vita sociale. Uno sguardo più profondo alla situazione pluralista che la vede unita alla concupiscenza come elemento inevitabile della vita umana potrebbe fungere da rimedio a questa tentazione. In quest’ottica, la “situazione concupiscente” del mondo pluralista non deve essere necessariamente concepita come un peccato da combattere, ma per analogia alla concupiscenza data ad agonem richiede un’accettazione paziente, senza indulgere al peccato. La concupiscenza comunque può anche portare al peccato che si manifesta in tentativi estremi, fanatici o integralistici (totalitari!) di superare il pluralismo. Nella riflessione di Rahner, oltre alla dimensione sociale della concupiscenza, Lesiecki nota anche una relativizzazione specifica della concupiscenza intesa come conseguenza del “peccato” di Adamo: già i tentativi stessi di distinguere “nettamente” l’aspetto “innocente” da quello ”impuro” della situazione concupiscente possono portare al peccato. Le riflessioni sulla dimensione sociale e gnoseologica della concupiscenza si concludono nella riflessione finale di Rahner sulla “virtù senza nome” che permetterebbe all’uomo di accettare la situazione esistente, senza indulgere ai comportamenti peccaminosi ed estremi. Il teologo infine definisce questa virtù come “una pazienza intellettuale nei confronti di se stessi”. Nella sua descrizione, essa si manifesta come Gelassenheit, „abbandono”, che i mistici tedeschi ersero come l’atteggiamento ideale. Lesiecki nota che nell’intero testo dell’ultimo articolo di Rahner non appare neanche una volta la menzione di concupiscenza, tuttavia l’indicazione stessa della Gelassenheit mistica dimostra chiaramente che si tratta qui di sopportare la situazione concupiscente – con il comportamento che corrisponde alla famosa, forse la più “vibrante”, parola di Rahner sul cristiano futuro visto come mistico che sopporta con pazienza la sua situazione e quella del mondo, nella carità che in primo luogo è paziente e sopporta tutto (cfr. 1 Cor 13,4n). Nel quinto, ultimo capitolo del suo lavoro Lesiecki continua a seguire le tracce di Rahner ma fa un passo in avanti. Il ruolo fondamentale gioca qui l’approfondimento delle sue tesi alla luce del testo biblico e quindi sotto un aspetto che per il teologo tedesco è stato piuttosto presupposto che spiegato, Book Reviews è qui di rilevante importanza. Viene analizzata prima la terminologia riguardante il “desiderio”. Lesiecki nota, innanzitutto sugli esempi della letteratura sapienziale, che lo stesso termine epithymia può significare le aspirazioni sia positive, che negative del cuore umano: il desiderio apprezzabile di sapienza oppure “i capricci” che possono portare al peccato. In questo senso negativo, si può parlare della concupiscenza che è apparsa dopo il peccato. Proprio questo porta nel libro di Lisiecki alle riflessioni fondamentali di san Paolo nella Lettera ai Romani. Per interpretare dei passi chiave della Lettera ai Romani sulla concupiscenza, il teologo polacco si rivolge all’esegesi di H. Schlier che – come Rahner – è aperto alla riflessione nello spirito esistenzialista. Lesiecki si sofferma prima sulle riflessioni della Lettera ai Romani (1, 19-32) che fanno riferimento alla visione sapienziale dell’uomo primitivo e del suo peccato. La perdita della sapienza di cuore, donata da Dio, si manifesta qui come “l’accecamento”, l’oscuramento, legato all’abbandono (di se stessi) ai desideri che tramite l’allontanamento da Dio cominciano a regnare, dominando il cuore umano in modo da farlo diventare “concupiscente”, e quindi “egoistico”. Un altro passo nelle riflessioni dell’Apostolo sulla concupiscenza presuppone una nuova situazione, dovuta a Gesù Cristo che introduce l’uomo alla “novità della vita”; per cui il peccato non deve più regnare nel nostro “corpo mortale” sì da “sottometterci” ai suoi desideri (Rom 6,12). Questi desideri rimangono un segno dell’uomo “vecchio” che non è definitivamente morto durante il battesimo. Da questa parte, incombe sempre la tentazione dell’egoismo connesso alla concupiscenza. Non dobbiamo comunque essere “obbedienti” a questa tentazione perché la situazione nuova è legata alla nuova obbedienza alla quale, anche da peccatori ci siamo mostrati capaci; Paolo rende grazie a Dio per questo passaggio miracoloso, in cui pur essendo stato schiavo del peccato, l’uomo si è mostrato obbediente “di cuore” (6,17). Poi di seguito, l’Apostolo cerca di unire le due dimensioni in una sola visione dialettica: da un lato i desideri connessi al peccato che nascono nel cuore e cominciano a “regnare”, e dall’altro lato la possibilità di aprire un cuore “obbediente” ai desideri, ad una nuova, più profonda obbedienza – allo Spirito dell’Amore. Il passaggio è descritto da Paolo nella riflessione nella quale non parla del “cuore” inteso come l’intimo dell’uomo, ma parla di sè, e più precisamente del proprio “io” (Romani 7,7n). Nell’esegesi di Schlier il teologo polacco nota la stessa tensione come quella nella riflessione di Rahner sulla relazione dei due tipi di approccio all’uomo: all’ombra di Adamo e alla luce di Cristo. Schlier ritiene che “l’io” paolino significa “l’uomo all’ombra di Adamo” anche se precisa sin dall’inizio che questo si realizza “evidentemente alla luce del Vangelo”. Tuttavia, mentre Paolo definisce quell’io come “l’uomo interiore”, l’esegeta lo confronta con un’altra riflessione dell’Apostolo nella quale “l’uomo interiore” significa esplicitamente un uomo nuovo nello 157 Book Reviews 158 Spirito dopo il battesimo. Nel primo caso, Schlier vede una categoria, tutta particolare, “dell’uomo creato” come “transempirico”, poiché nella concreta esperienza umana non percepiamo l’uomo “come una creatura” che non sarebbe stata peccaminosa. Lesiecki comunque nota un’ulteriore possibilità: l’uomo “primitivo”, inteso come Adamo prima del peccato, può essere anche una creatura “transempirica” di cui sta parlando l’esegeta. In tal caso, il suo carattere “transempirico” significherebbe che nella nostra esperienza, segnata dal peccato, non possiamo avere un’accesso diretto ad esso. Questo permette a Liciecki di considerare con maggiore profondità la lotta descritta da Paolo: da una parte, c´è qui l’uomo percepito “all’ombra di Adamo”, e dall’altro lato – “l’uomo interiore” inteso come “primitivo”, non solo come “creato”, ma percepito anche in modo veramente “originario”, quindi alla luce di Gesù Cristo – come uomo “interiore” che, in Romani 7, 22, deve essere concepito ugualmente a 2 Corinzi 4,16; Efesini 3,16. La luce del Vangelo illumina un approccio più profondo al vero “interiore” dell’uomo creato in Cristo quindi a quello che poteva essere dato in Adamo prima del peccato, come “ragione cordiale” o “cuore pensante”, più tardi “offuscato” dal peccato, ma in fin dei conti, grazie a Gesù di nuovo splendente, a partire da questa obbedienza “di cuore” che l’uomo ha dimostrato verso il Vangelo. Dopo aver valutato la visione paolina, Lisiecki passa alla Lettera di san Giacomo nella quale il rapporto tra la sapienza originaria che Dio ha dato all’uomo e la sapienza “demoniaca” che si rivolge contro Dio, illustra il passaggio dal desiderio alla concupiscenza, sullo sfondo del primo peccato da Genesi 3. La “concupiscenza”, sotto ulteriore forma di “brama” è frutto della sottomissione alla sapienza demoniaca che domina l’uomo e si manifesta nella sua invidia omicida. Un passo successivo sulle tracce di Rahner, sempre nello stesso capitolo dello studio di Lesiecki, porta a guardare come la sua visione è stata recepita dalla teologia moderna. Il teologo polacco osserva che il punto finale verso il quale evolve gradualmente il pensiero di Rahner, e cioè l’approccio più realistico all’integrità originaria intesa come libertà nella situazione libera dal peccato, appare ai teologi contemporanei come punto di partenza. In questa prospettiva, il peccato dei primi uomini ha iniziato una situazione peccaminosa che da quel momento, in maniera inevitabile e profonda, incide su ogni vita umana, sin dal suo concepimento. La concupiscenza appare come tendenza egoistica ad indulgere al peccato, come manifestazione dell’amor proprio quindi di quell’amore di “se stessi” che non si è ancora sottomesso all’amore di Dio che sta alla base e all’origine di ogni vita umana; allora gli impulsi delle facoltà appetitive e i desideri dell’uomo che di per sè sono buoni, si rivolgono verso una direzione che dà origine alle concupiscenze che portano al peccato. Book Reviews Simili accenti, sono presenti nel documento ecumenico Dichiarazione congiunta sulla dottrina della giustificazione e nella relativa Appendice. La concupiscenza è qui correlata “all’egoismo” ossia all’amor proprio che porta al peccato. Questo significa che anche da parte cattolica si apre il nuovo approccio alla peccaminosità del giustificato nel quale continua a farsi sentire “l’uomo vecchio” che fa ricordare la necessità di un continuo rinnovamento fino a quando l’egoismo sotto forma di concupiscenza continua ad impedire un totale abbandono all’amore di Cristo, affinché quest’ultimo riempia pienamente la vita cristiana. Infine, nel’ultimo passo sulla scia di Rahner il teologo polacco si sofferma sulla riflessione antropologica di R. Girard. La sua analisi del desiderio umano o della brama umana sottolinea il loro carattere mimetico, per natura predisposto all’imitazione. L’elemento positivo è dominante; lo si coglie dalla creazione dell’uomo a immagine di Dio. In questa luce diventa chiaro che la soddisfazione del desiderio è possibile solo in via di imitazione dell’immagine piena e vera che si rivela in Gesù. Tuttavia, anche la natura mimetica del desiderio porta l’uomo al peccato mentre l’uomo imita le persone portate dall’amor proprio verso la rivalità, verso lo scandalo che viene rappresentato nella Bibbia da Satana. Di conseguenza, l’antimodello sotto forma di amor proprio potrà essere vinto, tolto fino in fondo, soltanto “dall’arcimodello” di un amore vero inteso come dedizione di se stesso, rivelata in Gesù crocifisso. Le riflessioni di Girard che indicano anche le implicazioni sociali della rivalità mimetica, confermano una rilevante importanza della concupiscenza intesa sia come bramosia che come desiderio che non è negativo di per sè ma diventa tale, se imita i modelli suggeriti dall’amor proprio, in particolare sotto la più brutale forma, quella demoniaca, invece di aprirsi all’amore rivelato da Gesù come vera immagine di Dio. Jacek Bolewski SJ 159 Studia Bobolanum Editors: ul. 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