NO TIME (version originale) Antonio Bertoli You’ve got no time, no time, plus de temps, no time to listen to the angels, plus de temps pour prier l’infinie de te rejoindre, no time, no time to go to the meetings, no time to see to the comets, plus de temps pour sonner les cloches de ta vie, no time, no time, no time, plus de temps, mon ami, my friend, no time to wash your eyes with the rain, no time to see yourself again, no time, no time, oh my friend, my friend, mon ami, time is falling on, le temps tombe amoureux de soi même, you’ve got no time, no time my friend, mon ami, no time, plus de temps, niente più tempo amico mio per tuffarti nello spazio infinito di un istante, no time per la tua mescalina, no time per rubare il fuoco agli dei, no time per vedere schiudersi le rose, no time per i Tarahumahara, no time per la lontananza, per il Messico, niente più tempo, amico mio, no time per la tua luna nera, per il tuo grido soffocato, niente più tempo per piangere, no time per l’apertura del cuore, per la stella del mattino, no time, il tempo è caduto su se stesso, amico mio, il tempo è un serpente attorcigliato sul lungo bastone dell’alchimista, è caduto il tempo, amico mio, il est tombé amoureux de soi même, time is falling on, has falled out, in, mon ami, mon très cher ami, dear friend, il tuo cuore dissolto in cometa, i tuoi occhi esplosi, le tue mani a percorrere il sogno di una pazza, amico mio, my friend, non c’è conoscenza che nell’amore, non c’è nell’amore che l’inconoscibile, my dear, oh my dear, una stella nera che brucia e un dio con gli occhi bendati, una dea in fiamme, un giglio nero, microfoni blindati, bianche e lucide camere d’ospedale, un dio morto, morto il padre e il Padre, morto il prete, morto il padrone, morto il lavoro, morta la scrittura, morta l’arte, la letteratura, morta la fatica, rotti i legami, rotti i confini, rotti gli indugi, rotte le vene degli occhi, rotte le unghie, mon ami, oh mon ami, amico mio, che brutta bestia la pazzia, che brutta bestia la normalità, mangiamo polvere di stella insieme almeno una volta al giorno per nutrire le nostre piccole anime, almeno una volta al giorno, una volta al giorno almeno, amico mio, angelo che non riposa, angelo nero e bianco solo nella morte, bianco solo nella voce, no time my friend, no time per lo sperma degli americani, no time per la stirpe degli assassini, no time my friend, no time, non c’è più tempo per il tuo corpo magro, per le tue lettere a te stesso, no time per il tuo ufficio di ricerche surrealiste, no, no, no, no time, no time, non abbiamo più tempo per le tue indagini sull’abisso, no time per la grande balena dell’io, per le corazzate dello spirito, no time per l’orda selvaggia del linguaggio, per la crudeltà, per la tua differenza, no time my friend, no time, no time, il tempo è caduto su se stesso, il est tombé amoureux de soi même, mon ami, plus de temps per i tuoi respiri, per i tuoi sospiri, no time per le tue battaglie col vento, mille fiori gialli sono sbocciati alla destra del sole, è pallido il giorno, il giorno è pallido e tenue, mon ami, è tenue e pallido il giorno ma c’è, my friend, oh my friend, il giorno è pallido e tenue ma c’è, sempre c’è nel giorno un’incrinatura del tempo, una ferita di luce intensa che ti ritrova sorridente, tu che non hai mai sorriso, che ti ritrova paziente, mon ami, tu che non hai mai pazientato, che ti ritrova tranquillo, my friend, tu che non sei mai stato tranquillo, my friend, mon ami, voilà ton temps enfin, here’s the time, your time, you’ve got finally your time, my friend, il tuo tempo sospeso per inseguire le code luminose delle comete, so long my friend, tutto il tempo di questa scrittura è stato tuo, tutto il tempo di questa lettura è stato tuo, è tuo, il tuo tempo, your time, ton temps, il mondo e lo spazio e il tempo infinito di questo momento NO TIME (transcription franco-française) Tu n’as pas le temps, pas de temps, plus de temps, pas de temps pour écouter les anges, plus de temps pour prier l’infini de te rejoindre, pas le temps, pas le temps d’aller aux réunions, pas le temps de voir les comètes, plus de temps pour sonner les cloches de ta vie, pas le temps, pas le temps, pas le temps, plus de temps, mon ami, mon ami, pas le temps de laver tes yeux avec la pluie, pas le temps de te revoir à nouveau, pas le temps, pas le temps, oh mon ami, mon ami, mon ami, le temps tombe, le temps tombe amoureux de lui-même, tu n’as pas le temps, pas le temps mon ami, mon ami, pas le temps, plus de temps, plus de temps mon ami pour plonger dans l’espace infini d’un instant, pas le temps pour ta mescaline, pas le temps pour voler le feu aux dieux, pas le temps pour voir éclore les roses, pas le temps pour les Tarahumahara, pas le temps pour le lointain, pour le Mexique, plus de temps, mon ami, pas le temps pour ta lune noire, pour ton cri étouffé, plus de temps pour pleurer, pas le temps pour l’ouverture du cœur, pour l’étoile du matin, pas le temps, le temps est tombé sur lui-même, mon ami, le temps est un serpent enroulé autour du long bâton de l’alchimiste, le temps est tombé, mon ami, il est tombé amoureux de lui-même, le temps tombe sur, est tombé dehors, dedans, mon ami, mon très cher, cher ami, ton cœur dissout en comète, tes yeux explosés, tes mains qui parcourent le rêve d’une folle, mon ami, il n’y a de connaissance que dans l’amour, il n’y a dans l’amour que l’inconnaissable, mon cher, oh mon cher, une étoile noire qui brûle et un dieu aux yeux bandés, une déesse en flammes, un dieu mort, père et Père sont morts, le prêtre est mort, le patron est mort, le travail est mort, l’écriture est morte, l’art est mort, la littérature, la fatigue est morte, les liens sont rompus, les limites sont rompues, les hésitations sont rompues, les veines des yeux sont rompues, les ongles rompues, mon ami, oh mon ami, mon ami, sale bête que la folie, sale bête que la normalité, nous mangeons ensemble de la poussière d’étoile au moins une fois par jour pour nourrir nos petites âmes, au moins une fois par jour, une fois par jour au moins, mon ami, ange qui jamais ne repose, ange noir et blanc uniquement dans la mort, blanc uniquement dans la voix, pas le temps mon ami, pas le temps pour le sperme des américains, pas le temps pour la lignée des assassins, pas le temps mon ami, pas le temps, il n’y a plus de temps pour ton corps maigre, pour tes lettres à toimême, pas le temps pour ton bureau de recherches surréalistes, non, non, non, pas le temps, pas le temps, nous n’avons plus le temps pour les investigations sur l’abîme, pas le temps pour la grande baleine du Moi, pour les cuirassés de l’esprit, pas le temps pour la horde sauvage du langage, pour la cruauté, pour ta différence, pas le temps mon ami, pas le temps, pas le temps, le temps est tombé sur lui-même, il est tombé amoureux de luimême, mon ami, plus de temps pour tes respirations, pour tes soupirs, pas le temps pour tes batailles contre le vent, mille fleurs jaunes ont éclos à la droite du soleil, il est pâle le jour et ténu, mon ami, il est ténu et pâle le jour mais il est là, mon ami, oh mon ami, le jour est pâle et ténu mais il est là, il est toujours dans le jour une faille du temps, une blessure de lumière intense qui te retrouve souriant, toi qui n’as jamais souri, qui te retrouve patient, mon ami, toi qui n’as jamais patienté, qui te retrouve apaisé, mon ami, toi qui n’as jamais été tranquille, mon ami, mon ami, voilà ton temps enfin, voici le temps, ton temps, tu as enfin ton temps, mon ami, ton temps suspendu pour poursuivre les queues lumineuses des comètes, adieu mon ami, tout le temps de cette écriture a été le tien, tout le temps de cette lecture a été le tien, à toi, c’est ton temps, ton temps, ton temps, le monde et l’espace et le temps infini de ce moment © Antonio Bertoli, 1993-1995